Alabaster DePlume – ‘Come With Fierce Grace’

Album / International Anthem / 08.09.2023
Jazz

Un an après l’acclamé Gold, le troubadour mancunien Alabaster DePlume nous propose un nouvel opus encore plus complexe à classer. Dès le jouissif Sibomandi, Come with Fierce Grace nous plonge en terrain connu. Mais si le son lancinant de sax demeure reconnaissable entre mille, les parties vocales sont tamisées, nous proposant un retour vers une fibre plus minimaliste que ses prédécesseurs.

L’album fut élaboré à partir du matériel collecté pendant les sessions d’enregistrement de Gold dans le ‘hub créatif’ du Total Refreshment Centre à Londres. Après une longue tournée, Angus Fairbairn (son vrai nom) consacra donc une bonne partie de son année 2023 à triturer les restes du matériel opulent collecté au studio londonien, pour finalement nous livrer une oeuvre complète, bien que relativement éclatée.

Greek Honey Slick découle d’une improvisation avec l’omniprésent Tom Skinner (The Smile et feu Sons of Kemet). Et comme toujours, DePlume embrasse la spontanéité, le morceau étant inspiré par la chute d’un pot de miel grec. Malgré cette cruelle désillusion qui aurait plongé dans la dépression toute personne normalement constituée, Alabaster y puisa une énergie vivifiante, enregistrant dans la foulée une session improvisée en duo avec le batteur. Il ajouta par la suite des synthés et de la basse pour finalement signer une pièce étrange au dénouement délicieusement onirique.

Le son sirupeux de son saxophone illumine ici tout l’album. Pour ceux qui ont eu l’opportunité de croiser la route d’Alabaster DePlume, l’optimisme irradie de sa personne. Ce disque n’y fait pas exception tant il propose une lecture apaisée du monde d’aujourd’hui. Difficile de résister à la combinaison de sons foutraques et de sax enlevé du musicien. L’ambiance est toujours tamisée et authentique. Principalement instrumental, à l’exception d’apparitions vocales furtives (Momoko Gil), il semble vouloir par moment étirer le temps ou au contraire le compresser, comme sur le sublime Naked Like Water au groove imparable teinté de rythmique kraut.

Le résultat de ce collage de sons épars est certes plus aride et exigeant, mais il sonne comme une invitation irrésistible à se balancer sur une rocking chair en dégustant un whisky bien tourbé, ou un thé nappé d’un nuage imaginaire de miel méditerranéen.