Adulkt Life – ‘Book of Curses’

Adulkt Life – ‘Book of Curses’

Album / What’s Your Rupture? / 06.11.2020
Noisy post punk

Dans la vie, le hasard fait quand même bien les choses. Prenez le cas de Chris Rowley, vétéran de 55 ans de la scène punk et riot grrrl anglaise. Bien que totalement éloigné du monde de la musique depuis la fin des années 1990, il lui aura suffi d’une rencontre fortuite avec John Arthur Webb chez un disquaire londonien pour démarrer une amitié et… un groupe. Après avoir fait germer cette idée, le duo décide alors de recruter deux autres membres – dont l’employé adolescent de la boutique – et roulez jeunesse…! Book Of Curses est donc le premier album du fraîchement formé Adulkt Life. Et quel début ! C’est concis, énergique, passionnel. Il ne faut au groupe que 10 titres et tout juste 26 minutes pour faire l’étalage de son talent abrasif. Pas besoin de plus pour du punk qui montre que c’est encore dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe.

Chris Rowley a beau ne pas avoir touché un micro depuis l’époque d’Huggy Bear, on le sent ici comme un poisson dans l’eau. Même rage cinglante face aux inégalités sociales, même dégoût contre l’étroitesse d’esprit généralisée. Il nous balance sa frustration dans un sentiment d’urgence, comme sur le noisy County Pride et son accompagnement de cris d’un saxophone en fin de vie. Sa manière de délivrer ses paroles est une des marques sonores d’Adulkt Life.

John Arthur Webb est d’ailleurs en terrain connu avec le noise. Sa discographie avec Male Bonding parle d’elle-même concernant son amour pour les expérimentations. Du coup, quoi de plus normal pour Adulkt Life que de vouloir rendre hommage au groupe culte et ultra influent Flipper sur le titre du même nom ? Le morceau, le plus long de l’album, est la pièce épique et centrale de Book Of Curses. Anormalement calme, avec ses lignes de basse et de guitare toutes en simplicité, Flipper maintient la tension avant de partir en cacahuète dans une dernière minute chaotique.

Quoi de plus normal aussi que de saluer le talent de Steve Kroner, guitariste des Ô combien importants Nation Of Ulysses ? Autant vous prévenir, Stevie K se doit d’être écouté avec le volume à fond de balle pour faire chier les voisins. Avec ce rouleau compresseur punk hardcore, on tient là un des bangers de l’année.

Adulkt Life a plus d’un tour dans son sac et ne contente pas uniquement de faire un maximum de bruit en un minimum de temps. Ils sont plus que capables de baisser l’intensité et de pondre des mélodies aux riffs bougrement efficaces, comme sur Whistle/Country. Et si vous avez besoin de votre fix post punk sombre et inquiétant, on ne peut que vous conseiller le New Curfew clôturant l’album.

Book Of Curses témoigne de l’ineptie de l’expression ‘plus c’est long, plus c’est bon’. Malgré la courte durée de l’album, l’impact est net et tranchant. C’est aussi la confirmation coup de poing que, en tant que punk quinquagénaire, on peut encore bousculer et questionner l’ordre social. C’est plutôt encourageant et ça permet de réfréner les ardeurs des sempiternels ‘c’étAit quAnD mêMe miEuX AvanT’. Il ne reste plus qu’à souhaiter qu’Adulkt Life ne soit pas un groupe éphémère, parce qu’il ne faut pas se leurrer : on aura toujours besoin de punk purificatoire.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
County Pride, Whistle/Country, Flipper, Stevie K


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