Activity – ‘Spirit In The Room’

Activity – ‘Spirit In The Room’

Album / Western Vinyl / 04.08.2023
Darkwave

Activity est un groupe qui saborde avec minutie la vie de ses albums, pourtant remarquables. Unmask Whoever, son premier effort, était paru dans les affres de la première pandémie. Cette fois-ci, publié en plein mois d’août, alors que tous les esprits ont quitté la pièce pour rejoindre les plages, Spirit In The Room ressemble au testament d’une formation qui préférerait ne pas exister. Etrange, alors, de continuer à produire. Du fond de ses ténèbres, il doit rester au quatuor une once de vanité qui le convainc de la valeur de son travail, mais laisse le hasard se charger de sa réputation.

Quel dommage, tellement Spirit In The Room est brillant et aurait mérité de rencontrer le public avant sa déconnexion estivale. Toujours en équilibre entre dream pop et trip hop, les new yorkais maîtrisent le chaud et le froid avec délice et instillent une intranquillité savoureuse et addictive qui nous accroche des premières boucles de Departement Of Blood aux glissandos chaloupés de Susan Medical City

On pourrait faire l’erreur de croire l’album élaboré sous psychotropes : basses lourdes et mortifères frisant la transe, voix rugueuses, presque inarticulées, accords traînants, claviers en nappes lourdes, beaucoup de ces éléments pris séparément pourraient faire fuir, mais le groupe possède un sens mélodique imparable, manie l’alternance ou la juxtaposition des voix masculines et féminines de Rees et DiGioia à merveille, et stratifie ses compositions dans une alchimie si fine que Spirit In The Room est aussi fascinant à suivre qu’un urbex dans une usine en ruine.

La ruine en question, pour Activity, ce serait plutôt la fin du cycle civilisationnel que nous vivons. Le groupe l’affirme, l’album est ‘hanté par la technologie, par la perte d’êtres chers, par le capitalisme et la mort incessante de l’humanité, la marche vers la destruction de l’environnement’. Le groupe sublime cette matière noire grâce à l’électronique, aussi à l’aise avec l’enivrant trip hop de Department Of Blood, Careful Let’s Sleepwalk ou Icing, que l’éther dream pop et l’écho des voix de Where The Art Is Hung, Ect Frag, ou Where The Art Is Hung.

Le groupe finira certainement par emporter les derniers réticents avec ses accents plus pop et apaisés, mais aussi denses et maîtrisés, nous emportant dans la surprenante balade carillonnée Sophia ou les impeccables Heaven Chords et I Saw His Eyes. Il est probable que ce dernier titre foisonnant soit fidèle à l’image que les new yorkais souhaitent qu’on ait d’eux : une toile de Bosch qui ne cesse de harponner le regard, où l’apparent chaos révèle une beauté curieuse. Et finalement, on adhère pleinement à l’idée que Spirit In The Room soit une sorte de Jardin des Délices.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Department Of Blood, Careful Let’s Sleepwalk, I Like What You Like, I Saw His Eyes


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