Absrackt Keal Agram – “Cluster Ville”

Absrackt Keal Agram – “Cluster Ville”

Cluster Ville[Album]
04/02/2003
(Gooom/Chronowax)

C’est dans un bar, pendant les dernières Transmusicales, que j’ai entendu pour la première fois cet album du duo de Morlaix. Reconnaissant des éléments d’une recette qui me fait souvent frissonner, je me suis précipité vers la sono pour demander ce qui passait. Le mec me répond tout sourire que c’est le prochain Abstrackt Keal Agram qui n’est pas encore sorti. “T’es au moins le cinquième qui me le demande depuis dix minutes”, ajoute t-il fièrement. Si ça, ça ne sent pas l’album terrible, alors je n’y comprends plus rien..

On avait déjà particulièrement scotché sur le premier opus du groupe sorti chez Monopsone qui révélait littéralement le talent de AKA dans une scène electro hip hop européenne déjà bien riche. Non content de confirmer ce statut avec ce “Cluster Ville”, les deux hommes se payent même le culot de faire avancer la machine, de s’aventurer sur des terrains beaucoup plus expérimentaux (“Jason Lytle”) et ce n’est pas tout, réussit à proposer des featurings de qualité (Atoms Family, James Delleck, La Caution). Pour ne pas trop nous dépayser, AKA débute son album par deux morceaux hip hop instrumentaux comme il sait bien le faire, sortes de fin de fût de qualité de l’effort précédent. “Piece” s’avère particulièrement convaincant grâce à son beat appuyé, sa ligne de basse qui vous emmène vous noyer dans des samples subtils donnant un relief considérable au morceau. C’est surtout à partir de “Brouillard” que le duo s’embarque non sans risque dans un univers expérimental ou nos repères deviennent soudainement troubles. Pour nous remettre de cette émotion, “Mata Hari”, dont les flows d’Alaska et Cryptic de la Atoms Family ne font que lui redonner plus de crédibilité, vient redonner une couleur hip hop presque digne d’une ressemblance avec des productions Def Jux par exemple. Mais Abstrackt Keal Agram n’a rien à prouver dans ses efforts instrumentaux et le montre avec “A.C”, “Petersbourg” et “Audio Crash”, tous trois faisant certainement un des moments fort de cet opus, mêlant habilement influences hip hop et expérimentations électroniques. Pas étonnant de voir apparaître là dessus les hallucinés James Delleck et La Caution (“L’Oreille Droite”), ravis de collaborer avec des artistes français semblant leur convenir à merveille

L’album de la confirmation étant toujours une étape délicate pour un groupe ayant fait forte impression lors de son premier impact, Abstrackt Keal Agram semble insolemment dépasser ce stade. Gagnant en maturité et marquant une évolution des plus intéressantes, “Cluster Ville” est ni plus ni moins la certitude qu’il faudra définitivement compter sur le duo dans les années à venir. Alors que la France pouvait complexer face à la grande créativité et crédibilité des artistes outre manche, elle peut désormais se vanter de tenir une des ficelles de la scène electro hip hop de demain. Tout simplement incontournable

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