25 Oct 17 A. Savage – ‘Thawing Dawn’
Album / Dull Tools / 13.10.2017
Country folk rock
Andrew Savage n’a pour ainsi dire jamais chômé. Membre à la fin des années 2000 des bien nommés Teenage Cool Kids ou bien encore du groupe Fergus & Geronimo, l’américain fondait par la suite Parquet Courts, sa formation la plus reconnue mondialement et la plus acclamée du paysage indie rock actuel. Pour autant, c’est cette année que le chanteur guitariste a choisi pour s’accorder une parenthèse et s’aventurer en solo au travers d’un premier album intime et rustique, quittant ainsi les sonorités garage punk plus habituelles pour aller lorgner du coté de la country et des ballades folk, ses premiers coups de coeur.
‘Thawing Dawn’, c’est son titre, est un recueil de compositions écrites tout au long de ces dix dernières années. Des titres mêlant nostalgie, romance et complaintes, en résumé la meilleure photographie à l’instant T de ce natif texan qui s’interroge encore et toujours sur ses tourments personnels ainsi que sur le monde qui l’entoure. Epaulé par des musiciens venus d’autres formations telles que Woods, Ultimate Paintings ou encore Psychic TV, Andrew Savage trouve ici l’équilibre parfait pour mettre en son ce qui restera comme ses textes les plus matures et personnels à ce jour. Et nombreux sont les thèmes présents sur ce disque. Il aborde par exemple la politique et rappelle notamment sur ‘Buffalo Calf Road Woman’ avec quelle manière indigne les États-Unis ont traité et bafoué le droit des peuples autochtones d’Amérique du Nord à l’époque. Une injustice qu’il essayera de mettre en parallèle avec celle toujours d’actualité sous l’ère Trump. Toujours clair de sens, il explique sur le titre éponyme sa vision des croyances, expliquant que ‘les religions sont aussi éloignées de la foi que le soleil l’est de l’ombre‘. Simple, basique. Sur ‘Eyeballs’, Savage chante l’amour en y mêlant autodérision et douleur (‘But have I showed you my eyeballs lately ? Could you see that I’ve been hurting inside ?‘).
Musicalement, il y a du Pavement qui plane sur ce disque (‘Phantom Limbo’, ‘Indian Style’) ainsi que du Leonard Cohen (‘Ladies From Houston’), deux influences que le songwriter américain chérit depuis toujours. Et bien qu’il n’ait jamais été freiné au sein de Parquet Courts, Savage peut désormais se laisser aller à ses penchants les plus country (‘Winter in the South’) comme à des tentatives plus minimalistes (le sublime ‘Wild Wild Horses’). Mais ‘Thawing Dawn’ n’est pas pour autant un album purement acoustique comme aurait pu le laisser sous-entendre la guitare présente sur la pochette du disque. L’électricité trouve moyen de reprendre ses droits afin de semer parfois l’anarchie la plus totale (‘What Do I Do’).
A défaut de publier l’album le plus passionnant de l’année, on peut concéder à Andrew Savage le fait d’avoir réalisé l’un des disques les plus habiles, intimistes et cohérents de 2017. Et le message qui est à retenir ici est le suivant : toujours garder la tête froide, et cela même quand le monde autour de nous continue de partir en vrille. Tout un programme donc en attendant impatiemment le prochain opus de Parquet Courts.
A ECOUTER EN PRIORITE
‘Eyeballs’, ‘Wild Wild Horses’, ‘Indian Style’
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