On y était! Retour sur Rock en Seine 2012…

On y était! Retour sur Rock en Seine 2012…

Comme de nombreux habitués de l’évènement, on attendait beaucoup de ce dixième anniversaire de Rock en Seine. Des groupes rares, des reformations attendues, des têtes d’affiche impensables, des buzz retentissants… Peut être trop à en croire cet enthousiasme qui a peiné à nous gagner alors que la programmation de cette nouvelle édition se dévoilait progressivement. A défaut, comme la météo réservée pour l’occasion, le grand rendez vous annuel des festivaliers parisiens a préféré faire la pluie et le beau temps, lâchant ici une éclaircie inattendue, là une averse qu’on voyait venir de loin… Bien sûr, on ne sera pas reparti bredouilles pour autant, juste avec la certitude que le festival n’aura aucun mal à laisser de meilleurs souvenirs l’an prochain.

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Vendredi 24 août

GRIMES – DIONYSOS – THE SHINS
BLOC PARTY – SIGUR ROS – PLACEBO – C2C…

Tout juste arrivée d’Ibiza, Grimes (photo ci-dessous) portait encore au cou les marques de la soirée de la veille, ces tampons noirs de discothèque qu’on aurait cru pensés pour sa tenue de scène. A quelques minutes de défendre son nouvel album, la jeune canadienne faisait sa balance devant un public surpris de l’entendre interpréter la quasi intégralité de son hit “Genesis”. Consciente de cette situation pour le moins absurde, elle écourtait pour mieux revenir, consciente que l’horaire de passage qui lui avait été attribué ne l’aiderait pas à rayonner de mille feux. Néanmoins, accompagnée d’un danseur étrange et peu divertissant, elle balançait les titres attendus, ceux qu’elle joue et chante simultanément au risque de perdre parfois en esthétique et de manquer d’emballer son show en proposant ni plus ni moins qu’une version live quasi parfaite de ses disques. Dommage donc qu’il lui ait manqué ce petit grain de folie… Celle que Dionysos n’a apparemment pas perdu à en croire son frontman toujours autant monté sur ressorts.

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On ne rêvait toujours pas, et ce n’est pas Bloc Party qui nous aura mis sur la bonne voie. Avec, sous le bras, un nouvel album dont la brit-pop baigne allègrement dans le stoner, Kele et ses ouailles s’apparentaient à une vilaine farce, ne parvenant même plus à réveiller les morts avec les tubes de leurs premiers disques qui, à l’époque pourtant, ne se faisaient pas prier pour provoquer quelques mouvements de foule.  Il fallait donc patienter jusqu’à The Shins, et la belle éclaircie qui va avec, pour rentrer de plein pied dans cette édition 2012, et profiter pleinement des grandes chansons d’un James Mercer (photo ci-dessus) honorant dignement son contrat en alternant brillamment tubes d’antan et survol du dernier disque.

Ce n’était rien pourtant comparé à ce que Sigur Ros (photos ci-dessous) préparait en coulisse. Si le doute pouvait encore planer quant à la capacité des islandais à entrainer le public dans leur univers – notamment dans le cadre d’un festival – il a suffi d’une chanson pour que Jonsi et sa bande le dissipe définitivement. La prestation, magistrale et envoutante sous les yeux d’une Scarlett Johannson toute à son aise dans la fosse aux photographes, offrait même une première à Rock en Seine: un silence total dans un public conquis et respectueux du voyage, de l’extase et du frisson proposés par le groupe. Sans conteste un grand moment de cette édition. Loin de celle de C2C dont on attendait pourtant beaucoup. Les quatre génies, si convaincants sur disque et malgré un jeu de lumière intéressant, se montraient trop poussifs pour embarquer la foule dans leur jeu, et clôturer dignement cette première soirée qu’ils étaient à même de transformer en feu d’artifice inaugural, délaissé généreusement par un Placebo sur le déclin.

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Samedi 25 août
THE BOTS – BASS DRUM OF DEATH – MAXIMO PARK – NOEL GALLAGHER’S HIGH FLYING BIRDS – EAGLES OF DEATH METAL – THE BLACK KEYS – MARK LANEGAN

C’est sur la plus petite des quatre scènes qu’il fallait se rendre en ce début de deuxième journée. Les deux talentueux gamins de The Bots (photo ci-dessous) – 14 et 17 ans – ouvraient le bal en y interprétant, sous les yeux de leurs parents, un punk rock énergique et sale, sans prétention mais rendu sympathique par la précocité déconcertante de ses interprètes qui n’ont pas eu de mal à habiter un plateau qu’on aurait pensé trop grand pour eux. La preuve, le guitariste/chanteur ne s’est pas privé de monter sur l’échafaudage de la scène pour laisser quelques souvenirs impérissables de plus dans les têtes du public présent, souriant à défaut d’être ébahi. Jeunes, et déjà le sens du spectacle. Dingues ces Américains…

Logiquement, Bass Drum Of Death (photo ci-dessous) a connu toute les difficultés à prendre le relais. Auteur d’un album pourtant très réussi, puisant autant chez White Stripes que The Hives, le combo – surement trop statique – offrait un concert passable malgré des titres efficaces qui n’ont pas manqué d’être relevés par un noyau de fans ayant répondu présents. Toujours mieux pourtant que Maximo Park qui, sur la Grande Scène, tentait de faire aussi bonne figure qu’à ses premières heures. En vain.

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Même lieu, mais un peu plus tard, l’Angleterre était encore à l’honneur avec l’arrivée sur scène d’un de ses plus fiers représentants. Sans son frère Liam qu’il n’a peut être plus beaucoup croisé depuis la venue avortée d’Oasis à Saint Cloud en 2009, Noel Gallagher (photo ci-dessous) venait défendre son premier album solo, faisant remarquer malgré lui qu’il avait bien mieux vieilli que ses compatriotes passés avant lui. Accompagné de musiciens qu’on aurait cru échappés du plateau télé de Vivement Dimanche, il déroulait comme impassible un répertoire personnel qui n’était évidemment pas sans rappeler Oasis, dont il interprétait d’ailleurs quelques titres en fin de set, parmi lesquels les historiques “Whatever” et “Don’t Look Back In Anger” qui n’ont pas manqué de fédérer.

Génie de programmation, il ne fallait pas mieux que Eagles Of Death Metal pour remettre les idées en place et électriser une foule rendue gentillette et nostalgique. Plus que jamais durant ces trois jours, le rock n’roll était alors à l’honneur. Potards à onze sur toute la rangée d’amplis Orange (et oranges donc), postures viriles et provocatrices adéquates, Jesse Hugues – moustaches fournies, bretelles de rigueur – et sa bande dégainaient titres maison et reprise pour le plus grand plaisir d’un parterre qui ne s’attendaient certainement pas à tant de générosité avant l’arrivée des Black Keys (photos ci-dessous). Attendu par quelques milliers de vieux fans, par quelques dizaines de milliers d’autres surtout impatients d’entendre le fameux “Lonely Boy”, le duo – entouré depuis quelques temps d’un backing band sur certains titres – déroulait une set list sans surprise, presque en demi teinte tant, définitivement rodé, il semblait en mode pilote automatique. Les Black Keys parcouraient leur discographie, assenaient quand même quelques blues de leurs premières heures, faisant patienter la foule inimaginable qu’ils ont su convaincre en seulement quelques mois.

Après avoir attendu le fameux tube histoire de mesurer son impact sur la foule, on finissait la soirée avec Mark Lanegan (photo ci-dessous). Comme toujours, le bougre puisait dans sa discographie, dans son magnifique dernier album surtout, se tenant immobile en milieu de scène sous un jeu de lumière qui l’était tout autant. Alors que les plus férus ne pouvaient espérer mieux pour finir en beauté, d’autres gagnés par l’ennui retournaient plus vite que prévu au bercail. Pourquoi pas…: le troisième jour à Rock en Seine demande toujours force et persévérance…

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Dimanche 26 août
PASSION PIT – STUCK IN THE SOUND – GRANDADDY – SOCIAL DISTORTION – BEACH HOUSE – FOSTER THE PEOPLE – GREEN DAY

Habitué de l’évènement qu’il avait connu en Avant Seine à ses débuts, Stuck In The Sound jouait cette fois à domicile sur la Grande Scène, défendant vaillamment son oeuvre, notamment un dernier album assez efficace pour faire patienter les quelques fans de Green Day, bien vissés au premier rang depuis le début de l’après midi. Mais c’est à l’opposé qu’allait se révéler la grosse surprise du jour. Un poil en retard, Passion Pit (photo ci-dessous) rappelait sur la scène Pression Live à quel point il maniait habilement l’art de la mélodie et du refrain accrocheur tout au long d’un show très agréable ou il n’a pas manqué de joué ses tubes – de “The Reeling” à “Carried Away” en passant par “Take a Walk” – devant un public totalement conquis.

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Rien de mieux pour se mettre en jambe avant l’évènement du jour pour tout amateur d’indie rock: le retour sur scène de Grandaddy. Accompagné de ses fidèles musiciens, le tout bordé de vidéos plutôt drôles, Jason Lytle (photo ci-dessus) déroulait un set sans accroc et plein de maitrise qui n’a pas manqué de ramener de vieux souvenirs en surface, titres phares à l’appui. Certains avaient déjà eu l’occasion de les voir, d’autres jamais. Pour beaucoup désormais, Grandaddy est un fantasme réalisé. Encore tout emoustillé, on tentait alors l’expérience Social Distortion (photo ci-dessous), poussive, répétitive et finalement fatigante. Tout comme celle de Beach House (photo ci-dessous), mais pour d’autres raisons. Patiemment attendu par toute une horde de fans, le duo (trio sur scène) de Baltimore venait pour la première fois présenter son nouvel album au public français, tout en n’oubliant pas de servir quelques titres du désormais fameux “Teen Dream” qui lui a ouvert beaucoup de portes il y a deux ans. Sur une scène rendue sombre par la seule présence de néons blancs derrière lui, le groupe enchainait des singles mélodiquement et émotionnellement assez forts pour faire oublier son immobilisme. A l’instar de Lanegan, Beach House aurait peut être été plus à son aise un peu plus tôt dans l’après midi.

D’autant que ça nous aurait aussi permis de quitter les lieux plus tôt, de ne pas avoir l’occasion de croiser le regard Rimmel de Billie Joe Armstrong chargé de mettre un terme à la fête avec Green Day. Les punks ont pris leur mission au pied de la lettre, faisant de leur prestation une énorme fête du slip, un cirque sans pareil tombant sans aucune gêne ni sursaut d’orgueil dans le pathétique. Chaque titre était interrompu pour faire participer le public, le faire chanter, lui faire lever les bras, le faire taper des mains… Les grimaces se suivaient et se ressemblaient, quelques personnes du public étaient invitées sur scène pour feindre une certaine proximité avec les fans, quand on n’atteignait pas totalement le point de non retour: ces moments ou Green Day stoppait tout pour divertir ses chers adolescents à coups de farces et attrapes, de jouets, de torches, et d’effets de lumière qui ne faisaient rire qu’idolâtrés et “idolatrants”. Un gros nez rouge qui, finalement, transformait en détail insignifiant ce qui aurait pu s’avérer fatal à d’autres: ces musiciens planqués derrière les amplis pour notamment assurer les parties guitares quand Billie Joe levait lui-même les mains en l’air. Peut être le seul luxe que peuvent désormais s’offrir ces trois californiens, quand le notre aura été d’éviter la cohue de la sortie: quand les groupies suppliaient un rappel, nous étions déjà loin…

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Photos: Maxime Dodinet pour Mowno.com


2 Commentaires
  • MRM
    Posté à 18:20h, 01 septembre Répondre

    Tout a fait d’accord avec l’auteur, cette édition ne restera pas dans les annales bien qu’elle ait été vendue comme celle des 10 ans (techniquement c’était la 10ieme édition et les 10 ans c’est l’année prochaine)…

    On attend tellement plus de Rock en Seine que malgré quelques perles (Beach House, Sigur Ros, Dope D.O.P) on reste sur notre faim… Une analyse complémentaire à lire sur le blog MRM Rock en Seine 10 ans une fête ratée

  • Tweek
    Posté à 22:36h, 02 septembre Répondre

    Impression globale partagée, sauf pour C2C que je trouve énorme. Je tiens à ajouter quelques points positifs: le cadre, la bouffe (oui, ça compte dans un festival!), et les performances de Hyphen Hyphen( jeunes et extrêmement prometteurs) et les hollandais de Dope DOD qui ont tenu le public dans la paume de leur main pendant 45 minutes bien grasses. Peut mieux faire pour un dixième anniversaire.

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