On y était! Retour sur La Route du Rock Eté 2011…

On y était! Retour sur La Route du Rock Eté 2011…

Rendez vous incontournable pour tous les aoutiens mélomanes, La Route du Rock proposait cette année encore un plateau des plus alléchants, ou tout le monde pouvait y trouver son compte. Peu surprenant en y repensant, ne manquait vraiment que le soleil pour que cette collection été reste définitivement comme une des plus belles vécues par les festivaliers bretons. Retour sur trois jours humides, dans les bottes comme dans le pantalon…

toproute

Vendredi 12 août

BOTIBOL – ELECTRELANE – MOGWAI – SUUNS – ZOMBIE ZOMBIE – APHEX TWIN

Sur toutes les lèvres depuis l’annonce officielle de la programmation, cette Route du Rock 2011 commença sous les meilleurs auspices avec la désormais traditionnelle “Foot is not dead”, où votre webzine préféré fut représenté au sein de l’équipe du blog F-mr, arrivée troisième après quelques victoires à l’arrachée. Après les étirements d’usage, direction la plage Bonobo pour le premier concert de cette vingtième édition.

C’est à Botibòl que revenait l’honneur d’inaugurer le festival devant une assemblée assez décontractée, couchée sur les transats ou assise devant les premières bières. L’auteur de “Born From a Shore” livra un concert des plus gracieux, fleurant bon la désinvolture des vacances. Accompagné par Arch Woodman à la batterie, le songwriter a présenté la quasi-intégralité de son album, ainsi qu’un inédit, poussant la voix avec une facilité déconcertante. Ses titres les plus pop – notamment le fameux “We Were Foxes” – firent mouche tandis que les compositions folk finirent d’endormir certains plagistes. Bonne nouvelle: le soleil (personnage clé du festival) finissait d’éclairer la scène à la conclusion du concert.

Après quelques difficultés pour localiser les navettes et s’y incruster, le Fort de Saint-Père se présentait devant nos yeux, malheureusement trop tard pour voir Anika et encore juste pour Sebadoh. De l’avis général, si la première a peiné à convaincre, probablement trop isolée sur la grande scène, Sebadoh raviva la flamme des plus anciens, sans toutefois rester au moment de faire le bilan du festival.

C’est donc avec Electrelane que les hostilités débutèrent vraiment pour nous. Une vraie bonne nouvelle pour tous ceux qui ont suivi le parcours des quatres filles de Brighton. Elles viennent seulement de se reformer et pourtant, l’impression générale est celle d’un groupe qui n’aurait jamais splitté. En retrait lors des premiers titres, Electrelane est progressivement monté en puissance avec un set alternant l’hypnotisme et le (très) dansant. Avec un public acquis à leur cause, elles se sont laissées aller à reprendre “Smalltown Boy” et “The Partisan”, dans une effusion sonore poussant le Fort à son paroxysme. Ceux qui avaient loupé les dates parisiennes ont même laissé quelques larmes de joie, à l’instar des vieux qui pensaient ne jamais revoir Sebadoh. Electrelane a livré l’un des meilleurs concerts de ces trois jours avec, en point d’orgue, un magnifique “Long Dark” qui finit d’achever béotiens et fanatiques.

Vint ensuite le tour de Mogwaï, présenté avec beaucoup d’émotion par Verity. L’ordre de passage n’était pas dû au hasard, les écossais constituant la suite logique des anglaises. Comme on pouvait s’y attendre, le combo a joué fort, très fort, son “Hardcore Will Never Die But You Will“. Étirant ses compositions au maximum, jouant sur nos tensions, il a bâti un concert sans failles. Moins froid que par le passé, visiblement ravi d’être présent sur scène, le quatuor a déroulé avec facilité et maitrise. Encore fade lors de “Rano Pano”, le set fut définitivement lancé avec “Mexican Grand Prix”, premier point culminant d’un concert tellurique, sonore et intense. Mogwaï fait du Mogwaï, rien d’extravagant, simplement envoûtant.

Si Mogwaï n’appelait pas spécialement à la danse, Suuns pouvait en revanche y prétendre, surtout à une heure avancée où le public commençait à être bien chaud. Les Québécois commencèrent avec “Arena”, toujours épique, petit tube électronique qui permit – déjà – de séduire tout le Fort. On ne pouvait rêver meilleure introduction. Fidèles à leurs précédents concerts, les Suuns ont construit une setlist mêlant quelques morceaux de leur EP ne figurant pas sur “Zeroes QC”. Ainsi, ceux qui n’avaient jamais jeté une oreille dessus ont eu l’agréable surprise de découvrir le très bon “Disappearance of the Skyscraper”, et surtout le bijou “Optimist”, véritables compléments de l’album. Certains doutaient encore de l’efficacité de Suuns sur une grande scène, les doutes sont désormais définitivement levés. Ce groupe prend une dimension hallucinante et la conclusion avec “Sweet Nothing” peut l’attester. Aboutissement tubesque d’un concert définitivement trop court, comme d’habitude avec Suuns. Là encore, un des moments forts de ce premier soir, définitivement le plus dense des trois jours. La relève fut dignement assurée par la moitié de Zombie Zombie, l’ex-Married Monk Etienne Jaumet. Bien réchauffé par les breuvages, je vous passerai les détails les plus techniques pour simplement écrire que son set sur la scène de la Tour fut l’interlude parfait. Armé de ses claviers et d’un sax, son électro synthétique a fédéré tous les festivaliers désireux de bouger leur cul. Parfait.

Enfin, l’apothéose de ce Vendredi fut l’arrivée de l’homme aux multiples pseudonymes: Richard D. James aka Aphex Twin. Ce dernier s’est volontairement effacé au profit de ses spectateurs, dévisagés par des caméras avant d’être morphés en direct, ou souillés par des pixels colorés. Une performance technique encore inédite qui servit de support visuel détonnant à un concert apocalyptique. Grâce à des basses au niveau sonore indécent, Aphex Twin a joué avec nos sens, visuellement d’abord mais aussi physiquement. Petit à petit, ce dernier set est monté en régime pour finir en drum’n’ bass pour le moins hardcore. Fatigué par cette longue soirée, courbaturé par la “Foot is not dead”, je ne vis pas les dernières minutes de ce show, mais tous ceux qui restèrent ne l’ont pas regretté. Toutes les pensées étaient déjà tournées vers le lendemain avec une pluie qui s’annonçait comme le fil rouge de ce Samedi avec Battles en guise de consécration.

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Samedi 13 août

LOW – CULTS – BLONDE REDHEAD – THE KILLS – BATTLES

En cette nouvelle journée, La Route du Rock a donc retrouvé son fidèle compagnon: la pluie, qui n’allait pas la lâcher durant sept heures de suite, et à laquelle seul Battles aura finalement échappé. D’abord, les vétérans de Low ont centré leur set très sobre et intense autour de leur dernier album “C’Mon“, dont la beauté pure s’est confirmée sur scène. Le groupe a mis tout le monde d’accord dès le premier morceau interprété avec un “Nothing But Heart” plus brut que sur disque, mais d’autant plus beau. La guitare d’Alan, saturée puis claire, comme le drum kit réduit de Mimi, ont démontré que le groupe n’a généralement pas besoin de grand chose pour transmettre des émotions que trop peu de groupes parviennent à laisser échapper. “Especially Me”, “Try To Sleep”, “You See Everything”… La setlist est délibérément orientée vers la mélodie, tendance déjà affichée sur “C’Mon”. Le groupe fera également plusieurs retours sur son grand “The Great Destroyer” et quelques autres jolis moments de sa discographie. 18 ans de vie déjà pour Low, et peut-être le sommet de sa carrière jusque là. Plus beau que jamais en tout cas. Où comment faire que la pluie ne compte pas, ou que, au contraire, elle contribue à la magie du moment.

C’est au tour de Cults de se présenter sous une pluie battante. Personne ne rechigne finalement, et la musique le vaut bien, notamment ce “Go Outside”, clairement un des plus gros tubes de ces derniers mois qui aura contribué à révéler le combo aux oreilles du monde entier. Au delà de ce titre, c’est finalement un set très girls group sixties qu’affiche Cults, jusque dans son apparence plutôt soignée. On ignore quelle carrière leur est promise, mais les chansons s’avèrent plutôt bonnes, bien que leur interprétation scénique ne soit pas des plus convaincante, leur chanteuse mettant un temps un peu trop de temps à trouver la justesse de son chant.

Stoppés par les intempéries en 2004, les Blonde Redhead avaient l’occasion de se venger cette année en offrant un concert dont le répertoire allait parler tant aux fans les plus récents, qu’à tous ceux qui avaient connu la désillusion il y a sept ans. Pourtant, et pour être honnête, le meilleur de Blonde Redhead est certainement derrière lui. Logique donc que les compositions de “Misery Is Buterfly” furent les plus acclamées… Un concert par moments un peu froid, aucune communion avec le public, mais beaucoup de chansons intenses et poignantes, quelles soient interprétées par l’un des deux jumeaux Pace, ou par Kazu. Convaincant, finalement.

Non, Kate Moss n’a pas accompagné son Kills de mari sur le domaine de Saint-Père… Une fois sur scène, Jamie et Alisson déballent la plupart des tubes qui ont fait leur histoire. Rapidement pourtant, on peut établir un premier constat: c’est lui qui porte la culotte. Le son de guitare volontairement cradingue accapare l’attention, au point qu’on ne croie malheureusement pas beaucoup au jeu de scène d’Alisson. Stéréotypé, attendu, sans surprise, fatiguant dès la troisième chanson, le tout manque d’un peu de sincérité. Reste que le duo aura réussi à stopper la pluie, pour le plaisir de Battles qui s’apprête à monter sur scène.

Lors de la première partie de sa tournée qui a suivi la sortie de “Gloss Drop“, les avis ont toujours été mitigés. Des concerts propres, presque trop… Rien de similaire à l’accueil de leur magistral premier album… On attendait donc de voir si les choses avaient changé en quelques semaines, si la machine Battles tournait désormais plein pot. La réponse ne se fit pas attendre: une claque, peut-être le meilleur concert de cette édition 2011. Un John Stanier (batterie) hors-norme et surpuissant tout au long du set, un Ian Williams aussi efficace qu’énervant, et un Dave Konopka qui se fond de plus en plus dans le décor. “Ice Cream”, “Sundome”, mais aussi un “Futura” dantesque et hypnotique auront contribué à faire le Battles de ce samedi soir sur la Terre. En bonus, on a même pu profiter de la présence de Kazu Makino sur “Sweetie & Shag”. Mais, la cerise sur le gâteau ne fut autre que ce retour au premier album via un “Atlas” toujours aussi magique. Effacées les déceptions scéniques printanières, Battles s’assume enfin sans son ex-leader. Magistral.

Dimanche 14 août

JOSH T. PEARSON – HERE WE GO MAGIC – OKKERVIL RIVER – CAT’S EYES – FLEET FOXES – CROCODILES

C’est en se rendant à la conférence de presse de Josh T.Pearson, ancien Lift To Experience, qu’on se rend compte à quel point on a certainement manqué un grand concert. Un moment avec les journalistes partagé entre fatigue, sens de l’humour décapant, et émotion intense, au moment d’aborder son dernier album en date, retraçant ses récentes et douloureuses mésaventures amoureuses. On imagine alors Josh, seul avec sa guitare sur la scène du Palais du Grand Large, déballant ses déboires sans se cacher, plaçant quelques vannes cinglantes entre deux chansons. Dommage, on aurait aimé voir ca…

Vers 19h15, et avec un soleil retrouvé, c’est le Here We Go Magic de Luke Temple qui se présentait au public pour un vrai concert de début de soirée. Reposant et attrayant, son meilleur moment fut “Fangela”, superbe chanson tirée de l’album éponyme du groupe. Les Américains laissaient alors la scène à leurs compatriotes d’Okkervil River, sources d’avis contraires dans l’assemblée. Simple découverte pour certains,  déception pour d’autres en raison du manque de personnalité et de surprise d’un groupe qui peut s’avérer si envoutant sur disque. Certes, tous n’ont peut-être pas démontré toute leur valeur ce soir mais, malgré tout, la prestation fut plaisante et énergique. Mitigé, mais de là à être déçu…

Après eux, le Leader de The Horrors et sa compagne présentaient pour la première fois en France leur projet commun qui ne peut évidemment pas se débarrasser totalement de la comparaison quand celui-ci prend le micro. En live, les compositions sont plus dures, plus saturées, plus lourdes. Mais c’est lorsque sa compagne chante que la différence se fait. Elle y interprète toute en douceur des petites chansons de pop baroque (“The Best Person I Know”, “I’m Not Stupid”), comme pour marquer le contraste avec son compagnon. Toutefois, rien ne viendra en faire un des concerts mémorables de ce cru 2011.

Point d’orgue légitime de cette soirée, Fleet Foxes vivait là son concert français le plus important en termes d’assistance depuis son éclosion en 2007. A en croire sa surprise et son émotion lors de son entrée sur scène, Robin Pecknold n’y est pas resté indifférent. Ému, le public le sera également. Car après seulement trois titres, on a déjà la sensation d’assister au plus beau concert de cette édition de la Route du Rock. Seule la musique compte avec Fleet Foxes, toujours maitre des harmonies vocales magnifiques venant servir des compositions qui prennent toujours plus d’ampleur sur scène. L’enchainement “White Winter Hymnal” et “Ragged Wood” sonne un retour au premier album, “He Doesn’t Know Why” reste toujours aussi épique. Dès lors, grâce aux grands “Battery Kinzie”, “Grown Ocean”, ou encore “Helplessness Blues”, on comprend définitivement toute la beauté du dernier album de ces fins musiciens et vocalistes d’exception. Voir Fleet Foxes en live, c’est voir la plus belle Amérique musicale sur scène, d’une beauté spectaculaire…

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Forcément, passer après une telle messe n’est pas chose facile. Crocodiles, auteur d’un album plutôt sympathique l’année dernière, se voient un peu surpassés sur cette scène, certainement l’une des plus grandes sur laquelle ils soient montés. Les chansons sont là, sont bonnes, mais on ne croit pas trop à l’attitude un peu stéréotypée de leur chanteur qui use et abuse de toutes les poses rock possibles et imaginables. Il y aura malheureusement de grosses longueurs durant ce concert qui pousseront pas mal de personnes à quitter les lieux en cette nuit froide, à défaut d’être pluvieuse. Les plus durs au mal y trouveront pourtant leur compte…

mondkopfCar, devant une foule prête à lâcher la bride, Dan Deacon a réussi à créer une liesse digne des JMJ. Manipulant le public comme un GO du Club Med, le gourou a lâché des morceaux barrés, electro, rock, hip-hop, messianiques. Même un boy-scout nourri au lait aurait chanté la gloire de Satan. Devant cette nouvelle secte, seul au micro, derrière ses claviers et ses samplers, Deacon est celui qui marqua définitivement le caractère inoubliable de sa programmation.

Enfin, s’il y en a un qui n’oubliera pas cette Route du Rock de si tôt, c’est bien Mondkopf. Le Rennais avait, en guise de cadeau d’anniversaire, le privilège de conclure définitivement le festival. Bien loin de la ouate de “Galaxy of Nowhere”, Paul Régimbeau avait bien décidé de se servir de la brutalité de son nouveau disque, “Rising Doom“. Dès le début du set, servi par des basses indécentes de puissance, il créa le club à ciel ouvert, lançant définitivement la jeunesse au son de ses uppercuts sonores. C’était sans compter les aléas techniques, jusque là inexistants depuis le début de l’évènement: le Français fut contraint de s’arrêter durant plusieurs minutes puisque, après le non-lancement des visuels prévus, c’est le reste de son matériel qui lâcha. Las, les jambes usées, les oreilles décomposées, cet intermède marquait pour nous  la conclusion de cette vingt-et-unième Route du Rock, probablement l’une des meilleures de son histoire.

Crédits photos: Maxime Dodinet, Alter1Fo.com
Article co-écrit par Maxime Dodinet et Jeremy Le Bescont


1 Commentaire
  • Bob
    Posté à 18:33h, 31 août Répondre

    Depuis quand Mondkopf est Rennais? (Parisien si je ne m’abuse…)

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