10 Mai 19 Putain déjà! – Weezer fête les 20 ans du ‘Blue Album’
Avant de sombrer littéralement dans la pop FM qui l’englue depuis une poignée d’albums maintenant, Weezer a su dès ses débuts s’accaparer le genre power pop. Comme si les Big Star, Cheap Trick, Replacements, Sugar, Lemonheads ou Pixies n’avaient jamais existé avant lui. Un tour de force que la bande de Rivers Cuomo doit à son Blue Album, ce miracle aussi immédiat que précurseur qui se répétera deux ans plus tard avec Pinkerton pour ne plus jamais se reproduire.
Pourtant, tout n’a pas été si simple pour le groupe. Considéré comme un nouveau venu opportuniste par le public comme par certains médias n’entendant dans sa musique qu’un mélange habile des Pixies et de Nirvana, Weezer n’a pas convaincu tout de suite. Certifié disque d’or sept mois après sa sortie (une éternité pour l’époque), ce n’est que progressivement que The Blue Album a su révéler l’efficacité de son mélange de rock alternatif, de trash et de power pop, mais aussi souligner toute sa singularité, incarnée par des refrains tubesques et des guitares heavy dissimulant à peine un sens de l’humour particulier et une vulnérabilité palpable.
Ce n’est qu’une fois toutes ces prises de conscience acquises que Rivers Cuomo voyait ses talents de compositeur enfin reconnus et que l’alternative Weezer finissait par incarner parfaitement les années 90 elle aussi, au même titre que Nirvana quelques mois plus tôt. Porté par quelques singles devenus aujourd’hui d’incontournables classiques (Buddy Holly, Undone – The Sweater Song et Say It Ain’t So), le disque sonnait pour de bon le glas du grunge et ouvrait grandes les portes à la génération émo qui, par ses mélodies et ses sensibilités affichées sans fard, allait elle aussi marquer la décennie en suivant les pas d’un Rivers Cuomo également précurseur en exprimant sans retenue des préoccupations nouvelles, entre intimité familiale et problématiques adolescentes.
Pour toutes ces raisons auréolant ce premier album considéré pour toujours comme un des plus grands disques de son époque mais aussi comme une vitrine déterminante du rock des années 90, Weezer gagnait enfin sa légitimité. Et même si le groupe s’est appliqué ensuite à réduire en cendres cette marque de fabrique que tout le monde lui attribuait sans hésitation jusqu’à son cinquième album Make Believe, réécouter aujourd’hui ce premier disque éponyme, très exactement 25 ans après sa sortie, procure encore un plaisir certain.
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