08 Juin 19 Putain déjà – Sonic Youth fête les 10 ans de ‘The Eternal’
On a toujours un mal fou à voir partir les groupes qu’on aime, y compris quand – surs de leurs faits et de leur talent – ils ronronnent depuis déjà quelques années. En 2009, alors qu’il rejoignait le label Matador et mettait au monde un The Eternal frappé d’une peinture de John Fahey représentant le cycle de la vie, Sonic Youth n’affichait certes pas sa plus profonde inspiration, mais une vigueur de jeune premier, à mille lieux de laisser penser que, 28 ans après les premiers, ces douze titres seraient à jamais les derniers.
Remonté à bloc après s’être replongé dans l’incontournable Daydream Nation alors tout juste réédité, le quatuor new yorkais s’offrait une seconde jeunesse en vue de ce nouvel album. En revoyant sa méthode de travail surtout : finies les répétitions à rallonge, Gordon, Moore, Ranaldo, et Shelley (rejoints par Mark Ibold (Pavement) à la basse en remplacement de Jim O’Rourke) privilégiaient de nouveau la magie du moment, composaient et enregistraient une poignée de titres par sessions de quelques jours. En résultait des élans de pop décapée (Antenna, Leaky Lifeboat, What We Know, Thunderclap For Bobby Pyn), de noise dissonante (Anti-Orgasm), des titres frondeurs (Sacred Trickster), d’autres d’une rugosité saine (Calming The Snake, Poison Arrow)… Autant de ficelles que Sonic Youth convoquait pour s’éloigner des Sonic Nurse et Rather Ripped parfois jugés trop complaisants, pour rassembler tous les meilleurs ingrédients de sa longue discographie, et ainsi boucler la boucle.
Si on peut aujourd’hui y voir un condensé involontaire des talents du groupe floutant un au revoir en approche, The Eternal aura surtout, malgré un léger manque d’âme et de profondeur dans sa globalité, eu le mérite de laisser un monstre du rock contemporain s’en aller sur de belles chansons plus conventionnelles que par le passé, plutôt que sur une fausse note. Ecoute intégrale à l’occasion du dixième anniversaire de l’épilogue Sonic Youth.
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