Putain déjà – Nirvana fête les 30 ans de ‘Bleach’

Putain déjà – Nirvana fête les 30 ans de ‘Bleach’

Nirvana doit beaucoup au producteur Jack Endino. C’est en effet lui qui, après avoir enregistré la première démo du groupe en 1988, la met entre les mains de Jonathan Poneman. Sa curiosité titillée par les dix titres qu’il vient d’entendre, le boss du label Sub Pop invite alors la bande de Kurt Cobain à donner un concert dans un petit club de Seattle, et se prend en pleine tronche la fureur que le quatuor dégage sur scène. Définitivement convaincu, il convoque le groupe en studio et lui offre l’inauguration du Sub Pop Singles Club avec son titre Big Cheese, accompagné de Love Buzz, reprise de Shocking Blue. La discographie de Nirvana était dès lors inaugurée.

Le groupe signe alors un contrat de licence avec Sub Pop et retourne en studio – toujours en compagnie d’Endino – en vue de la sortie d’un premier maxi. Une trentaine d’heures plus tard, il en ressort avec un premier album en tous points représentatif de l’énergie et de la spontanéité qui font ses concerts. Facturé 600 dollars seulement par le producteur, Bleach doit néanmoins faire avec les finances du label, alors majoritairement investies dans les carrières de Mudhoney et Tad. Sub Pop fait donc patienter Nirvana pendant quelques mois, jusqu’au 15 juin 1989 ou cassettes et vinyles voient enfin le jour. Sans aucun budget promotionnel accordé à son album, le groupe s’applique à convaincre au fil de ses tournées américaines puis européennes, et s’accorde les faveurs des critiques qui voient en lui la naissance d’un nouveau courant rock. Bleach incarne alors à lui seul la définition du grunge (Blew, School), bordé d’une sensibilité pop assumée par Kurt Cobain (About a Girl).

L’influence de Led Zeppelin, Metallica et Black Sabbath (Scoff, Swap Meet, Sifting) planent sur ce premier album d’un punk expéditif ponctué de quelques éclairs pop, et d’une armée de riffs redoutables (Floyd The Barber, Negative Creep) qui n’auront pas suffi à rendre Sub Pop des plus confiants. Ne tablant pas au delà des 5000 ventes, le label dû pourtant se rendre à l’évidence deux ans plus tard alors que Nirvana se targuait de dépasser les 40 000 albums vendus en Amérique du Nord au moment ou il s’apprêtait à déposer dans les bacs le monument Nevermind qui allait définitivement changer son destin, et écrire un des chapitres les plus importants de l’histoire du rock. Mais, bien qu’il contienne quelques titres très recommandables, c’est surtout par l’expression d’un talent encore à l’état brut et par l’incarnation de la période pré-Grohl que Bleach justifie véritablement son intérêt. Ecoute intégrale à l’occasion de son trentième anniversaire.

ECOUTE INTEGRALE


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