Putain déjà – Fugazi fête les 30 ans de ‘Repeater’

En 1989 avec 13 Songs, Fugazi compilait ses premiers Eps et scellait sa marque de fabrique en prenant ses distances avec le hardcore dont Minor Threat – précédent projet d’envergure de Ian MacKaye – s’était fait un des plus dignes représentants. A peine un an plus tard, le quatuor de Washington D.C. sortait donc ce que beaucoup considèrent comme son premier véritable album, suite musicale logique de son prédécesseur.

Pourtant, quelque chose a changé : MacKaye n’est plus l’unique compositeur du groupe, il chante ses paroles aux autres pour s’assurer que tout le monde s’y retrouve, et personne est écarté du processus de composition, y compris Guy Picciotto désormais guitariste à plein temps. Avec déjà plusieurs tournées à son actif, le groupe a déjà pu roder quelques titres en live (Merchandise et Turnover notamment), une expérience qui se révéla bénéfique une fois entré dans les murs du Inner Ear Studio en compagnie de Ted Niceley.

Qualifié par certains journalistes de version américaine du Solid Gold que Gang of Four signait dix ans plus tôt, Repeater aborde une multitude de thèmes qui sont chers à ces précurseurs du post hardcore : la cupidité et le consumérisme (Merchandise), la sexualité, la violence (Repeater), le respect de la vie privée, comme la mort et la drogue (Shut The Door) sont autant de sujets qui ornent ces 11 nouveaux morceaux (14 pour la version CD à sortir au mois de mai suivant).

Rendu avant gardiste par la parfaite interaction entre le batteur Brendan Canty et le bassiste Joe Lally, comme celle qui unit les deux guitaristes, Repeater est peu à peu devenu un album incontournable. Avec plus de 250 concerts donnés entre mars 1990 et juin 1991, le disque fut intensément soutenu sur la route, jusqu’à cumuler 300 000 ventes le même été : un score à peine croyable pour Dischord Records qui, de surcroit, se fait un adepte de la promotion minimale. 30 ans après sa sortie le 19 avril 1990, les ventes se comptent désormais en millions. Ecoute intégrale pour l’occasion.