29 Juin 18 Putain déjà – Fugazi fête les 25 ans de ‘In On The Kill Taker’
Si In On The Kill Taker fait figure de pilier dans la discographie de Fugazi tant il en est peut-être le plus représentatif, l’album n’a pas été des plus faciles à enfanter. Dans une récente interview croisée entre Ian MacKaye et Steve Albini (traduite par nos soins ici), le premier y allait de ces mots : ‘en 1991, nous bossions sur de nouveaux morceaux et nous étions face à un mur. J’ai alors suggéré au groupe de partir un peu de la ville pendant un weekend pour enregistrer deux titres avec Steve. C’était une façon de s’aérer l’esprit, de faire respirer ces idées qui agonisaient‘. Si la collaboration entre le groupe et le producteur n’a rien donné de satisfaisant à l’époque, ce troisième chapitre de l’oeuvre du groupe de Washington DC n’en fut pas moins une réussite.
Au-delà d’ouvrir ses géniteurs à de nouvelles méthodes de travail, ‘l’album jaune’ – comme certains le qualifient familièrement – dressait le bilan du chemin parcouru jusque-là, mais offrait également de nouvelles perspectives au groupe. De fait, on retrouvait chez In On The Kill Taker l’agressivité des débuts (Facet Squared, Public Witness Program, Great Cop), une émotion de plus en plus présente (Rend It), mais aussi l’expression de nouvelles atmosphères et influences qui n’en finiront plus d’être développées ensuite : 23 Beats Off, Cassavettes et Instrument invitaient une tension inédite dans les compositions du groupe, Smallpox Champion défendait l’idée d’une complexité croissante, tandis que les complaintes électriques devenaient officiellement ici un des pans de l’identité du quatuor, appelé à amener beaucoup de relief au fil des concerts à suivre (Sweet and Low, Last Chance For a Slow Dance).
A équidistance de l’urgence de Repeater et de la sensibilité de Steady Diet of Nothing, l’intemporel In On The Kill Taker frappe encore aujourd’hui par ses moments de tension extrême sans cesse exprimés dans une énergie retenue, et parfaitement orchestrés par les guitares corrosives du duo, toutes deux volontairement mises au premier plan, aux dépends d’une section rythmique maître jusqu’alors. Néanmoins, MacKaye et Picciotto n’y ont jamais sous estimé l’importance de conserver l’aspect mélodique des morceaux, tout comme leurs changements de rythme réguliers amenant à autant d’envolées que de breaks surprenants. Fort d’un panel d’émotions intenses et maîtrisées, d’une richesse et une densité propre aux albums débordant d’idées, In On The Kill Taker voyait le jour le 30 juin 1993. Ecoute intégrale à l’occasion de son 25ème anniversaire.
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