Putain déjà – Wu Tang Clan et A Tribe Called Quest fêtent les 25 ans de ‘Enter The Wu Tang (36 Chambers)’ et ‘Midnight Marauders’

Putain déjà – Wu Tang Clan et A Tribe Called Quest fêtent les 25 ans de ‘Enter The Wu Tang (36 Chambers)’ et ‘Midnight Marauders’

Il y a 25 ans, le 9 novembre 1993 exactement, deux albums sortaient pour marquer d’une pierre blanche une journée très spéciale dans l’histoire du hip hop. D’un côté, A Tribe Called Quest confirmait avec Midnight Marauders le talent largement entrevu au fil de ses deux premiers disques, notamment sur The Low End Theory; de l’autre, le groupe new yorkais le plus mythique faisait une entrée fracassante dans le rap game avec Enter The Wu-Tang (36 Chambers). Si chacun d’eux n’a pas manqué de faire l’unanimité au sein des aficionados du genre, rares étaient ceux capables à l’époque de mesurer à quel point, 25 ans plus tard, ils seraient toujours considérés – malgré leurs différences – comme deux classiques, deux monuments incontestés de la musique urbaine, dont l’influence dépassa largement les frontières du hip hop.

De leur côté, et avec un rare talent, Q-Tip ses acolytes basaient leur musique sur des productions jazz, funk, soul et rhythm’n blues des années 70, dont la chaleur comme les rondeurs offraient la résonance adéquate à leur discours positif et conscient, jamais dénué d’humour. Award Tour, Electric Relaxation, et Oh My God sont autant de titres qui auront contribué à installer en haut des charts ce Midnight Marauders au son plus grave et à l’orientation plus funk que ses prédécesseurs.

Mais ce troisième album soulignait surtout la qualité exceptionnelle des flows singuliers de Q-Tip et Phife Dawg, plus complémentaires que jamais (Award Tour, Steve Biko, The Chase Part II). Sans nul doute, les deux Mcs ont contribué à faire de ce disque une des oeuvres les plus originales depuis l’avènement du Bomb Squad. Perçu à l’époque comme précurseur d’un second Golden Age, mais aussi comme ce qui est sorti de mieux du collectif Native Tongues (comprenant également Jungle Brothers et De La Soul), Midnight Marauders offrait soudainement au hip hop de la côte Est, jusqu’alors plus habitué à des sonorités plus bruyantes et agressives, de se décomplexer : une voie que n’ont pas manqué d’emprunter des talents futurs comme J Dilla, Little Brother, Jean Grae ou Talib Kweli.

A quelques kilomètres seulement, à Staten Island, le jeune Wu Tang Clan perpétuait plutôt la tradition du coin. Tout en restant fidèles à un son nettement plus hardcore, les neuf Mcs allaient devenir ensemble le groupe les plus influent que le genre ait connu, et même au delà. Pour preuve, qu’on écoute du rap ou non, peu probable qu’on ne soit jamais laissé aller à quelques pas de danse sur Wu Tang Clan Aint Nuthing ta F’Wit, C.R.E.A.M., Protect Ya Neck et Tearz, les quatre titres les plus incontournables d’un Enter The Wu-Tang (36 Chambers) devenu illico une référence pour la frange la plus hardcore du hip hop. 25 ans plus tard, l’album rap le plus célèbre de l’histoire reste un des plus emblématiques de la musique des années 90, au même titre que le Nevermind de Nirvana.

Et il n’y avait qu’une somme incroyable de talents qui puisse offrir un telle destinée à un opus enregistré dans un petit studio en raison d’un budget limité, avec tous les membres regroupés, gagnant leur place à coups de battles arbitrées par RZA. Conçu principalement à partir de samples de classiques soul et d’extraits de films shaolin, porté par le savoir faire unique et inédit du producteur dont le son très ‘street’ et ‘poussiéreux’ était en partie hérité du matériel moyenne gamme alors utilisé, Enter The Wu-Tang (36 Chambers) s’est aussi ancré dans le New York du milieu des années 90 grâce à l’adhésion du public aux particularités vocales de chacun des membres du groupe, principalement inspirés par les arts martiaux, les cartoons, la marijuana et plus généralement la vie urbaine. Celle qui lui a bien rendu car, à défaut d’avoir squatté immédiatement les charts, l’album trouva d’abord un écho dans les quartiers du monde entier, sensibles à ce son lo-fi, brut et underground, dont les imperfections en auraient presque fait un succès accidentel.

Reste que le Wu Tang Clan a pu compter sur tout son talent, son charisme, son authenticité pour devenir le classique des classiques, ouvrir la voie aux jeunes talents d’alors répondant aux noms de… Nas, Jay-Z ou Mobb Deep, et remettre définitivement en lumière une scène new yorkaise depuis longtemps éclipsée par le hip hop West Coast et le g-funk de Dr Dre. Le producteur Q-Tip aussi n’y resta d’ailleurs pas indifférent en contribuant, quelques mois seulement après la sortie de Midnight Marauders, aux oeuvres de quelques uns des artistes suscités. Alors qu’un quart de siècle est désormais avalé, et qu’on peut pleinement mesurer leur impact sur les générations suivantes, l’occasion vous est donnée de réécouter ces deux monuments en intégralité.

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