Putain déjà – Shellac fête les 25 ans de ‘At Action Park’

Putain déjà – Shellac fête les 25 ans de ‘At Action Park’

Il y a 25 ans, Shellac repoussait loin, très loin les frontières du post-hardcore, avec la sortie de son premier album At Action Park. Genre de niche alors largement dominée par Fugazi, ce mélange savant d’art-punk, de noise, et de math-rock reprit le flambeau de la musique underground/alternative là où le grunge l’avait laissé avec la célébrité de Nirvana et, quelques mois avant la sortie du disque, la mort de Kurt Cobain. Shellac – nouveau trio d’un Steve Albini alors déjà largement estimé tant pour ses nombreuses productions DIY que pour ses précédentes formations chicagoans (Big Black, Rapeman) – définissait les contours de ce nouveau genre. Un style précis à la fois abondant et minimal, des guitares tant saturées que claires qui découpent l’espace, portées par la basse ample et rugueuse de Bob Weston (Volcano Suns) et la frappe anguleuse, chirurgicale de Todd Trainer (Brick Layer Cake). Tous ces ingrédients portèrent un vent nouveau sur le milieu de l’underground américain.

Rapidement reconnu par ses pairs, At Action Park – dont le nom cible ce parc d’attraction de Vernon tristement célèbre des années 80 pour son record d’accidents souvent glauques – est teinté d’un cynisme acide cher à Steve Albini. L’album s’ouvre sur l’immense intro de My Black Ass, un titre- étendard, aussi abrasif qu’étrange, dont la rythmique tortueuse se mêle comme un fil barbelé à des sonorités métalliques, rampantes et tourmentées. Les morceaux s’enchaînent ensuite au gré d’une sorte de démence, imparables de rage schizophrène (Crow), dans un jeu de ricochets silence/violence (Song of the Minerals). Difficile de parler d’une ambiance, d’une atmosphère, tant cette déconstruction eurythmique laisse peu de place à la rêverie. On est comme happés du premier au dernier bruit de note, sans pouvoir un seul instant prendre du recul face à l’immanence d’une oeuvre d’exactitude chaotique, dont l’influence se fait toujours sentir aujourd’hui, sur le pan hardcore/ art-punk bien sûr, mais également dans un registre plus expérimental (avec Black Midi par exemple). Écoute intégrale pour l’occasion.

 

ECOUTE INTEGRALE


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