Primavera Sound 2022, les 10 concerts attendus

Les Savy Fav, dont le dernier album Root For Ruin est sorti en 2010, a remis le pied à l’étrier pour le bonheur de ses fans, mais aussi de tous les autres qui ont aussi eu l’occasion de le voir en live un jour. Car on se rappelle forcément d’un concert de la bande de Tim Harrington, ce charismatique frontman ayant passé les dix dernières années à écrire des livres pour enfants, mais capable de tout pour marquer les esprits une fois monté sur scène. Hurler au loup en déambulant dans le public, glisser un spectateur dans son large t-shirt moite sont quelques uns des souvenirs que Les Savy Fav a déjà laissé à jamais. Rien de mieux pour se mettre dans l’ambiance à l’entame de cette nouvelle édition du Primavera Sound.

C’est une chose de voir Low en concert, c’en est une autre d’apprécier le trio dans le confort et la fraicheur de l’Auditori Rockdeluxe, bien connu pour avoir déjà été le théâtre des plus fortes émotions du Primavera Sound. Déjà à l’affiche en 2019 pour la sortie de Double Négative, Alan Sparhawk et Mimi Parker répondent donc de nouveau présents pour défendre le magnifique et disruptif Hey What sorti l’an passé. Jamais cacophoniques alors que tout pourrait les mener facilement au chaos, ils mêlent interférences et glitches à leurs mélodies pour emmener leur musique de plus en plus abstraite au delà des genres. L’acoustique du lieu saura assurément mettre tout leur talent en valeur. Un moment immanquable.

En 1991, les trois filles le criaient haut et fort : ‘nous sommes Bikini Kill, et nous voulons la révolution’. Devenu la référence pour tous les groupes féministes apparus après elles, Bikini Kill n’avait jamais envisagé de se reformer depuis 1997, date à laquelle les américaines ont raccroché leurs instruments. Le futur en aura voulu autrement : saoulée de voir les hommes raconter leur propre histoire, et parce que l’actualité laisse toujours la place à la révolte, Hanna, Vail et Wilcox renfilent bikinis et bottes pour fouler de nouveau le terrain. Promis, ce concert ne sera pas un diner de gala ! 

Du fait de sa discographie débordante et de ses nombreuses apparitions, on croit tout savoir de King Gizzard & The Lizard Wizard. C’est sans compter sur la capacité de ces australiens à régulièrement se réinventer, et à sans cesse s’en aller découvrir de nouveaux terrains de jeu. Le petit dernier Omnium Gatherum en atteste en compilant tous les genres parcourus depuis dix ans. Rien que ses quelques morceaux laissant place à pas mal d’improvisation suffiront amplement pour ravir l’assistance du Primavera Sound. A noter que le groupe se produira à 4 reprises durant cette édition. Plus d’infos ici.

Si vous ne craignez pas les acouphènes, rapprochez vous de Lightning Bolt, duo frénétique qui apprécie tout particulièrement jouer à même le sol, au milieu du public, un répertoire naviguant historiquement entre le math rock et le noise rock. Avec Sonic Citadel, dernier album sorti en 2019, Brian Chippendale et Brian Gibson laissaient pourtant poindre quelques élans pop au milieu d’un chaos toujours parfaitement maitrisé. Trois ans plus tard, reste à savoir ce que le groupe a secrètement préparé durant ces derniers mois de réclusion propices à la création. 

Groupe indie majeur des années 90, Jawbox a fait ses armes sur le label Dischord (Fugazi), avant de s’en aller goûter au cruel monde des majors qui ne lui a pas laissé beaucoup de chances. Reformé brièvement en 2009 à l’occasion du apparition sur le plateau télé de Jimmy Fallon, J Robbins et sa bande ont officiellement relancé la machine en 2019, avec autant d’énergie et d’intensité qu’au moment de leur séparation. En studio avant cette venue européenne, il se pourrait que le quatuor réserve quelques surprises au public du Primavera.

Ne pas manquer Idles est une évidence tant le groupe anglais est indissociable des dernières années d’actualité rock. Ultra convaincant sur disque, le quintet l’est encore plus sur scène ou ses prestations sont généreuses, fédératrices, et époustouflantes de don de soi. Avec toujours l’amour de son prochain en tête, Idles fait de chacun de ses concerts une tempête punk moite et féroce, l’expression d’une force de la nature qui vient affronter les âmes aussi courageuses qu’il ne l’est. Auteur d’un excellent dernier album, occasion pour lui de se remettre en question afin de ne pas tourner en rond, Idles n’a jamais déçu en live. 

Ils ont 20 piges, montent un groupe avec des potes, y versent tout ce qu’ils sont et ce qu’ils aiment, pour finalement sortir Bright Green Field, un des meilleurs albums de l’année 2021, sur le mythique label Warp. On parle de Squid, formation répartie entre Brighton et Londres qui empile depuis cinq ans les guitares post punk, les lignes de basse funk, et les synthés ambient. En octobre dernier lors de notre interview, le guitariste Louis Borlase nous assurait que le collectif avait beaucoup écrit depuis son premier album, et promettait déjà de nouvelles choses en concert. Ce Primavera sera l’occasion de le vérifier.

Partout ou Big Thief est, l’émotion y est aussi. En tournée mondiale juste avant que la pandémie nous tombe dessus, la bande d’Adrianne Lenker nous aura finalement accompagné bien malgré elle vers le monde d’après. Le réentendre aujourd’hui fait non seulement naitre la nostalgie, mais aussi réapprécier les belles choses. D’autant que son double album Dragon New Warm Mountain I Believe In You est une généreuse source de réconfort. Le retour du groupe au Primavera Sound sera, comme partout ailleurs sur cette tournée, une messe folk à ne pas manquer.

Viagra Boys est un phénomène à part. Punk dans l’âme et dans son exécution, le groupe suédois saupoudre son rock de funk, de jazz, de spoken word, et de pop de façon à le rendre imprévisible. Capable d’habiter la scène comme personne, l’extravagant Sebastian Murphy est un frontman de la trempe des Joe Talbot et Amy Taylor : qu’on adore ou qu’on tique sur son groupe, il marque les esprits. Et si les Viagra Boys offraient au public de Primavera la primeur de quelques titres du prochain album à sortir en juillet, la fête n’en serait que plus belle encore.