Montréal, cette terre indie rock que le reste du monde envie

Montréal, cette terre indie rock que le reste du monde envie

Vue d’Europe, la scène rock québécoise a longtemps été résumée au post rock de Constellation Records (Godspeed You! Black Emperor, Fly Pan Am, Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra (photo ci-dessous à gauche)…), au giron indie rock du label Arts & Crafts, et aux quelques groupes ayant réussi à s’exporter avec assez de succès pour qu’on en oublie les considérations géographiques. Depuis quelques mois pourtant, les choses ont changé : dans le sillon des Arcade Fire, Ought, Wolf Parade ou Suuns (photo ci-dessous à droite) ayant tous contribué à imposer Montréal et plus largement le Québec sur la carte du rock, une nouvelle génération plutôt biberonnée à l’indie rock, au punk et au garage n’a pas manqué de s’engouffrer dans la brèche et finir par se faire un nom jusque sur le Vieux Continent. Stimulée par la concurrence importante offerte par le reste du pays, plus particulièrement par la voisine Toronto, et forte d’une diversité croissante au fil des années, Montréal a beau avoir perdu le son si caractéristique qui était le sien, la ville est bel et bien devenu aux yeux de tous un centre névralgique pour les amateurs d’art, et plus particulièrement de musique. Bien que touchée par le phénomène de gentrification et des réglementations anti-bruit qui suivent généralement de très près, la métropole québécoise continue de voir s’abattre sur elle des vagues de jeunes bien décidés à concrétiser leurs inspirations artistiques.

Et le contexte y est plutôt favorable, la scène underground étant très importante, et les concerts très prisés par le public, presque deux fois plus qu’à Chicago par exemple. Nouveau venu dans le décor, Pottery constate : ‘Montréal est l’endroit ou tout le monde va au Canada, c’est pourquoi peu de musiciens en sont vraiment originaires. Si vous avez besoin de quelqu’un pour votre groupe, vous trouverez forcément ici tant il y a le choix. Les rencontres y sont nombreuses, les gens ne se cantonnent pas à leur scène, cherchent de nouvelles personnes avec qui jouer’.
Nos confrères de Vice tirent un constat similaire, tout en relativisant : ‘C’est un petit paradis artistique, avec ses loyers relativement modestes, une scène culturelle énergique, et une communauté solidaire. Néanmoins, le public montréalais tarde souvent à reconnaitre ses talents locaux, les forçant souvent à devoir se créer d’autres publics ailleurs dans le monde avant de recevoir la validation de leur propre scène’. Sans conteste, les quelques représentants de la scène rock québécoise actuelle que l’on a pris soins de sélectionner ci-dessous ne vont pas tarder à trouver chez nous de quoi convaincre durablement les mélomanes les plus exigeants d’outre Atlantique. Si ce n’est pas déjà fait. New York, Los Angeles – même Londres plus proche de nous – ont bel et bien de quoi trembler.

MONTREAL EN 10 GROUPES INCONTOURNABLES

POTTERY

A en croire toutes les promesses affichées par son premier Ep, Pottery a tout retenu de ses concerts aux côtés de Thee Oh Sees ou Parquet Courts. Transe hypnotique, envolées post punk mélodiques et dansantes, un don pour moderniser et faire groover des influences garage sixties… Le sextet québécois récolte les fruits de son exigence, sur scène comme en studio ou il a enregistré un premier album très attendu.

CHOCOLAT

Chocolat nage dans des eaux modales, au confluent d’un hardo-jazz et d’un surf-métal métissé d’une certaine tradition de songwriting que les médias réduisent souvent à l’appellation folk. Une variation sur le genre du récit initiatique qui amène le groupe sur des orbites d’où l’espace n’apparaît plus comme un kaléidoscope, mais bien comme des rochers froids d’un blanc brillant, d’une pureté fascinante et tranchante comme le ciseau des ailes du faucon ou des crocs du chacal.

CORRIDOR

Les Montréalais de Corridor, tout récemment signés chez Sub Pop, chantent en français, utilisent des éléments familiers, mais les assemblent et les brouillent d’une manière que vous n’avez peut-être jamais entendue auparavant. Il existe une interaction entre leurs deux guitares rappelant la nouvelle vague mutante de la fin des années 70 de XTC, The dB’s ou encore des Feelies, avec un sens de la mélodie qui témoigne de l’amour du psychédélisme des années 60 et de la pop ensoleillée.

JESUSLESFILLES

Jesuslesfilles a sorti trois albums et un EP, d’un rock garage succinct mais pas garroché, réfléchi mais urgent, réfléchi dans l’urgence, tirant ses mélodies d’inspirations nineties. Un exercice de tensions et d’essences qui s’est développé au travers de sa discographie, primée en 2014 au GAMIQ (Album rock de l’année pour Le Grain d’Or) et enrichie l’an passé de Daniel, son dernier album en date. Celui qu’il est venu défendre en France il y a quelques jours, dans le cadre de sa première tournée européenne.

VICTIME

Élevé au dance punk et au post-punk le plus tortueux, Victime multiplie les assauts de guitares aigues comme les frondes criardes. Euphorisant dans ses mélanges plein de bon goût et d’application, le groupe s’évertue à creuser sa personnalité au fil de ses humeurs, comme en atteste son dernier Ep Mi-Tronc Mi-Jambe qui risque fort de le sortir de l’ombre.

PRIORS

Priors joue un garage punk rapide et nerveux qui ne ressemble à aucun autre au sein d’une scène pourtant riche en représentants. Quelque part au milieu des Wire, Hot Snakes, Buzzcocks et New Bomb Turks, le groupe montréalais prend un malin plaisir à maltraiter les oreilles, tout en perçant sa furie d’éclairs pop ou psychédéliques.

PONCTUATION

Originaire de Québec mais désormais résident de Montréal, Ponctuation est composé des frères Chiasson qui, depuis 2011, ont mis la main sur la formule magique démontrant que l’on peut atteindre une éthique purement rock’n’roll sans renoncer à ses particularités, et chanter en français avec une voix tranchante et acérée comme une lame punk. Le duo oscille entre garage, surf music et rock aux frontières du kraut rock, sans jamais délaisser le soin apporté aux mélodies.

CRABE

Formé en 2007, Crabe est un groupe d’art punk fusionnant des structures complexes et des mélodies surréalistes. Unique en son genre tant, au travers de sa musique, il laisse parler sa liberté, sa spontanéité et son humour décelable dans une poésie absurde généralement inaudible, le duo dévoile avec Notre Dame de la Vie Intérieure, son dernier et septième album, une approche plus assagie que par le passé. Mais non moins passionnante.

LEMONGRAB

Formé par trois jeunes gilles qui ne savaient alors pas grand chose de leurs instruments, Lemongrab a sorti cette année son premier album. Neuf titres décomplexés et à l’énergie communicative qui piochent dans le post punk et le rock garage : une fusion qui ne demande qu’â être vérifié en live ou les ressemblances avec Shame et Savages se révèlent.

SILVER DAPPLE

Après quelques Eps et un premier album noisy pop sorti en 2011, Silver Dapple a signé son retour l’an passé avec Moody Boots, une nouvelle salve mélancolique partagée entre post punk et douces mélodies héritées de ses autres influences dream pop.

PLAYLIST


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