Les 50 disques français de la décennie

Les 50 disques français de la décennie

Il y a quelques semaines, notre sélection des 100 disques les plus marquant de la décennie 2010-2019 consacrait le rappeur américain Kendrick Lamar, les passionnants belges d’It It Anita, sans oublier les australiens de Tame Impala, les allemands de Moderat ou la jeune britannique Kate Tempest. Mais nos frenchies dans tout ça ? Au final, seulement 10% de cette sélection consacrait des artistes de l’Hexagone. Une faible part qui nous a logiquement interpelé, interrogé, et poussé à rétablir une certaine justice en élisant les 50 disques français de la décennie. Car il y a toujours eu du talent en France et la flamme ne s’est jamais éteinte.
Cocoricoooooooo ! Voici donc un complément 100% hexagonal qui tâche de ratisser large pour représenter au mieux la diversité musicale de notre pays durant ces dix dernières années. Cette sélection rend donc hommage à une scène française qui – qu’elle soit rock, psychédélique, portée sur le rap, acoustique ou expérimentale, électronique ou pop – est toujours restée en constante ébullition. Elle ne fera évidemment pas l’unanimité, mais il y en a pour tout le monde et pour tous les goûts au sein de cette liste subjective et chronologique qui vous permettra peut être de (re)découvrir certaines des œuvres qui ont marqué de leur empreinte cette décennie qui s’achève.

CHLOE
One In Other
Kill The Dj – 2010

Chloé s’enfonce délibérément ici dans l’obscurité pour mieux emmener son registre vers des univers inattendus. Post punk, post rock lancinant et hypnotique s’invitent dans les sous sols electro ou des zombies habillés de latex se trémoussent au ralenti sur des tracks sublimes, intriguants, malsains et marécageux. La preuve qu’on peut dresser de belles oeuvres d’art sans couleur ni contraste.

PNEU
Highway to Health
Head Records – 2011

PNEU s’est offert pour la première fois une vraie session studio en compagnie du génial producteur Kurt Ballou à Salem (USA) pour en ressortir avec 9 titres sévèrement burnés, entre percées bruitistes, déferlantes rythmiques, mélodies courageuses et ferme intention de nous faire danser. Un troisième album qui, non seulement répondait aux attentes, mais allait bien au-delà.

PAPIER TIGRE
Recreation
Africantape / Murailles – 2012

Fort d’une inspiration à son apogée et d’une maitrise à son comble, Papier Tigre livre ici un album bluffant de cohérence et d’imprévisibilité. Un disque merveilleusement porté par un sens de la composition singulier, une mécanique rythmique bien huilée, des mélodies efficaces, un groove atypique, et dont il se dégage finalement une sérénité des plus époustouflantes.

ELECTRIC ELECTRIC
Discipline
Africantape – 2012

La porte d’entrée avant l’enfer, le purgatoire des dernières jubilations. Electric Electric y décline toute sa palette et prouve que, aussi complexes soient ses compositions, elles restent terriblement diaboliques. Sans jamais tomber dans la facilité, le groupe plonge dans ses propres ruptures, sillonne ses incessantes saccades et prolonge jusqu’à l’apoplexie ses autoroutes de transe.

FORDAMAGE
Volta Desviada
Kythibong – 2012

Plutôt que de se réinventer ou d’opter pour une remise en question, Fordamage a préféré approfondir ici ce qu’il connaît et ce qu’il maîtrise le mieux : de la transe électrique mêlée à de l’énergie chaotique. En neuf titres, les nantais entretiennent ici leur différence et creusent encore plus un sillon sur lequel ils semblent avoir définitivement mis main basse. Tout un programme.

LE REVEIL DES TROPIQUES
Le Réveil des Tropiques
Music Fear Satan – 2012

Fort de son expérience forgée par diverses formations, Le Réveil des Tropiques pond humblement un double album surprenant, autant par son contenu que par la façon qu’il a de vous envouter. Une heure et demi d’expérimentations psychédéliques et noise, krautrock et post rock pour le plus grand plaisir des accrocs d’hallucinations musicales, époque Pink Floyd ou Mogwai.

MELODY’S ECHO CHAMBER
Melody’s Echo Chamber
Domino – 2012

Enregistré entre Aix-en-Provence et Perth en Australie, cet album restera comme l’une des œuvres pop et psychédéliques les plus marquantes de la décennie. Accompagnée d’un Kevin Parker au sommet de son art, Mélody Prochet offre ici la rencontre parfaite entre Stereolab et Broadcast, sur un album doté d’une production sonique et de chansons diablement entêtantes.

KLUB DES LOOSERS
La Fin de l’Espèce
Modulor – 2012

Sombre et hypnotique, Fuzati offre ici l’album le plus mémorable de sa carrière. Entre punchlines cinglantes et instrumentations voluptueuses surfant entre psychédélisme, pop et sonorités jazz, le versaillais dépeint la trentaine tout juste atteinte, la banalité du quotidien et son rapport complexe aux femmes. Un chef d’œuvre de noirceur et de cynisme, entre schizophrénie et désillusion.

LA FEMME
Psycho Tropical Berlin
Born Bad – 2013

Illustré par une sublime pochette signée Elzo Durt, le premier album de La Femme aura réussi à instaurer le groupe comme l’une des nouvelles révélations de la scène musicale française. Psycho Tropical Berlin lorgne du coté du krautrock, et mélange surf pop et new wave tout en faisant quelques clins d’œil aux années yéyé. Un disque malicieux et démoniaque qui en devient jubilatoire.

CANKUN
Culture of Pink
Hands In The Dark – 2013

Captivante et atypique, cette œuvre contemplative puise ses influences dans des ambiances moites et tropicales, à la fois sauvages et urbaines, pour un rendu instantané et cinématographique. Entre psychédélisme world et œuvre ambiante, Culture Of Pink est un voyage sonore et sensoriel qui réussi à prouver que complexité peut parfois rimer avec doux plaisir et extase.

MARVIN
Barry
Africantape – 2013

Guidé par la vision d’un rock qui a fini par n’appartenir qu’à lui, Marvin est devenu grand. Avec Barry, dernier album de leur carrière, les montpelliérains renouent avec la puissance et la transe de leurs premières déflagrations, en y incorporant avec brio mélodies et relief. Le disque assène claque sur claque, sans essoufflement ni fausse note. De quoi grimper au rideau jusqu’à ronger la tringle.

TOTORRO
Home Alone
Recreation Center – 2014

Préférant l’efficacité immédiate aux plans alambiqués que le post rock impose parfois jusqu’à en devenir redondant, Totorro se lâche dans des compositions fluctuantes, ouvertes aux passages aériens ou heavy, et même popisantes dans leurs envolées mélodiques émo. Valeur sûre de la nouvelle génération, le groupe rennais parvient ainsi à briser les codes d’une musique parfois trop cérébrale.

JESSICA 93
Rise
Teenage Menopause – 2014

Soutenu par sa basse lourde et hypnotique, sa boite à rythme martiale et ses guitares lancinantes, Rise ne déconcertera pas les nombreux fans de son prédécesseur Who Cares?. Mais si la redondance lassera probablement certaines oreilles, le plaisir est sincère de retrouver la patte du banlieusard, tout comme de renouer avec ses pop-songs aux influences fleurant bon Burzum.

FOREVER PAVOT
Rhapsode
Born Bad – 2014

Réminiscence savante et délicate d’une époque que nous n’avons pas connu, Rhapsode dévoile un univers entêtant et cinématographique, et voit Emile Sornin s’inscrire dans cette remarquable mouvance hexagonale menée par Dorian Pimpernel, Aquaserge ou encore Orval Carlos Sibelius. Un disque beau comme un voyage, à la fois mature et déroutant.

PIANO CHAT
Lands
Kythibong – 2014

Il y a tant de niveaux de lecture sur ce premier album de Piano Chat. Vous y percevrez son approche très personnelle de la musique autant que son immense talent à jongler avec les instruments sans jamais rien se refuser. Avec ses bidouilleries 8-bit, ses arrangements électroniques, et ses quelques squelettes de compositions folk, Lands est une œuvre imparable, attachante et mélancolique.

THE HEALTHY BOY
Dolce Furia
Kythibong – 2014

The Healthy Boy promène sa voix ténébreuse tout au long de 4 compositions plus que jamais imprégnées de la patte de Zëro qui l’accompagne ici. Tous se lancent alors dans une traversée aussi bouleversante qu’émouvante, entre clapotements de délicats arpèges électriques, orages blues frappés d’éclairs noise, et brises tourmentées coiffant des canons de beauté.

ZËRO
Places Where We Go In Dreams
Ici d’Ailleurs – 2014

Débarrassé d’arrangements qui contribuaient jusque là amplement à la complexité de ses compositions, Zëro fait simple, va droit à l’essentiel, avec la spontanéité et l’énergie débridée d’une dernière semonce. Mais là encore, le groupe trouve le moyen de varier les plaisirs, en privilégiant la mélodie ou en affublant ses morceaux d’une atmosphère particulière, captivante.

ZENZILE
Berlin
Yotanka – 2014

Bien qu’il ne se soit jamais trop éloigné des influences dub de ses débuts, le quintet angevin se laisse ici porté par de nouvelles envies, et réussit à électriser sa science du groove à l’aide de sonorités venues tout droit du krautrock et de la musique électronique allemande des années 70 à 80. En mettant Berlin à l’honneur, Zenzile se modernise, et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne.

MR OIZO
The Church
EdBanger – 2014

C’est exilé à Los Angeles – en signant sur le label Brainfeeder de Flying Lotus – que Quentin Dupieux déroule, en bon avant-gardiste de l’absurde, dix titres dancefloor agressifs et sans compromis, faits de boucles hypnotiques formatées au marteau. Ne vous étonnez pas si vous avez la sensation de grignoter ici des lames de rasoir plutôt que des crackers au fromage, c’est normal.

MONDKOPF
Hadès
In Paradisum – 2014

Ou s’enfonce Mondkopf ? Dans quel cercle nous emmène t-il avec Hadès ? Vers celui de la techno, de la noise, ou du métal ? Un peu tout cela à la fois, même s’il serait malvenu de réduire son registre à une somme d’influences sans fondement. Le temps de dix titres, il donne ainsi à sa musique de nouveaux enjeux, questionne son potentiel narratif par le biais de ce troisième album abouti.

QUADRUPEDE
Togoban
Black Basset – 2014

Quadrupède a canalisé ses idées pour ériger un math rock electronica à plusieurs niveaux de lecture, évoquant Battles, Electric Electric ou 65daysofstatic. Le duo use brillamment ici de la frappe millimétrique d’un batteur nerveux, comme d’un guitariste superposant les riffs avec autant d’aisance qu’il tire une mélodie ou use de claviers pour définitivement projeter les titres en orbite.

ODEZENNE
Dolziger Str.2
Tôt ou Tard – 2015

Le disque du changement pour un groupe qu’on ne peut plus étiqueter tant est il est devenu unique et singulier, le point commun des grands artistes paraît-il. Avec ses poésies incisives et sa diversité instrumentale, Dolziger Str.2 est l’un des albums français les plus réussis et novateurs de la décennie, chef d’œuvre intemporel d’un trio devenu le meilleur observateur de notre époque.

FILIAMOTSA
Like It Is
Aagoo – 2015

Filiamotsa sonne l’heure des retrouvailles, convie tous les musiciens ayant oeuvré avec lui jusque-là. Mais pas que : il ajoute aussi à la liste des convives un quatuor à cordes, le guitariste Olivier Mellano ici particulièrement à l’aise et inspiré, comme l’illustre et omniprésent G.W. Sok (The Ex) jamais en manque de fructueuses collaborations, notamment aux côtés de Oiseaux Tempête.

JC SATAN
JC Satan
Born Bad – 2015

Porté par un souffle de liberté de force 8, plus que jamais affranchi des lois du rock garage dont il ne s’est de toute façon jamais revendiqué, JC Satan délivre 10 morceaux tissant l’énième témoignage d’un groupe qui explose toutes les marges de progression. Plus que jamais tourné vers un avenir qui s’annonce radieux, le collectif s’ouvre ici la voie d’une reconnaissance bien méritée.

GABLE
Jolly Trouble
Ici d’Ailleurs – 2015

A l’image de sa cover dessinée par l’illustratrice allemande Angela Dalinger, cet album se veut fun, excentrique et décomplexé. Les bricolages sonores qui ont toujours fait la marque du groupe caennais forment ici un joyeux bordel audacieux et savamment orchestré. GaBLé ne se fixe aucune limite et aborde tous les styles avec humilité et malice pour un album loin d’être élitiste.

FRANCOIS VIROT
Marginal Spots
Born Bad – 2016

Du rock slacker sans prétention, mais bien plus vibrant que 95% des productions actuelles du genre balancées de l’autre côté de l’Atlantique. Avec ses compositions à la candeur et l’ingéniosité affolantes, et qui donneraient parfois l’impression de frôler la sortie de route, François Virot a façonné une œuvre simplement humaine et aux imperfections assumées.

LESCOP
Echo
Pop Noire – 2016

Véritable disque de musique nocturne, à la fois fantomatique et sensuel, Echo est un album bourré de tubes qui ont autant leurs places dans les années 80 qu’aujourd’hui en 2020. En piochant chez Etienne Daho, Daniel Darc ou encore Taxi Girl, Lescop continue en véritable vagabond de nourrir la noirceur de sa musique cold wave, mais parvient à la rendre ici plus lumineuse que jamais.

GLORIA
In Excelsis Stereo
Howlin Banana – 2016

Gloria est un projet discret qui ne veut faire parler de lui que par sa musique. Le groupe confectionne une pop 60’s bercée par le souffle lointain de cette glorieuse décennie, et qui s’anime dans des morceaux dressés à coup de fuzz, de doux claviers et de chants féminins que Phil Spector et Lee Hazlewood jalousent depuis la prison et les cieux.

YANN TIERSEN
EUSA
Mute – 2016

Attiré par l’idée d’un retour aux sources et à quelque chose de plus organique, le brestois puise ici dans son intimité et dans sa sensibilité la plus profonde pour rendre un hommage personnel à l’île de Ouessant – Eusa en breton – dans ses terres natales. Enregistré en piano solo dans les studios d’Abbey Road, le disque mêle sentiments d’immensité et de minimalisme. Magistral.

NOYADES
Go Fast
SK – 2016

Les lyonnais de Noyades nous éclaboussent avec urgence de leur rock noise instrumental, puissant et généreux. Dans un fracas sonore permanent, la transe est au rendez vous, la vigueur déployée coupe la respiration à qui se laisse prendre au jeu de cet assemblage massif et nerveux qui, à haut volume, plonge l’auditeur dans un état d’euphorie. 

VOLIN
Volcan
Antipodes – 2017

Maîtrisé, cohérent, et d’une facilité insolente, ce premier album voit Volin étinceler par la finesse de sa musicalité, de ses arrangements, et par sa capacité à explorer des territoires d’influences allant de Grizzly Bear à Sigur Ros, de Boards Of Canada à Here We Go Magic, le tout consolidé par un chant possédé, en français. Une fierté de plus pour la pop tricolore, et pour la langue d’Aragon.

CANNIBALE 
No Mercy For Love
Born Bad – 2017

Empêtré dans un son chaud comme un été sans fin, No Mercy For Love est un album moite et soigné qui convoque Timber Timbre et Nick Cave autour de rythmes indolents venus d’Amérique Latine et d’Afrique. Avec une aisance de jeune premier qui pousse au regard un peu perdu et à l’applaudissement nourri, Cannibale a réussi à poser sa marque sur cette décennie.

ZOMBIE ZOMBIE
Livity
Versatile – 2017

Il y a sur Livity ce groove impérial du fond des âges, cet échange atmosphérique entre synthés analogiques et percussions subtiles, cette spontanéité dans la transe qui emmène l’auditeur dans des atmosphères de planète glacée et de pistes de danse enfumées où ne survivent que les derniers rescapés de la nuit. Zombie Zombie récite ici ses gammes avec une facilité déconcertante.

M.A BEAT!
Sans Soleil
BMM – 2017

Combinaison parfaite entre sampling, sonorités acoustiques et électroniques, les nancéens jouent ici de leurs nombreuses influences (hip-hop, psychédélisme, jazz, krautrock) pour créer de véritables voyages auditifs, quasi cinématographiques. Sombre et lumineux, doux et turbulent, Sans Soleil est un disque réussi, aventureux, fait avec goût, intelligence et beaucoup d’élégance.

AQUASERGE
Laisse Ca Etre
Almost – 2017

Sur Laisse Ça Être – traduction de Let It Be, en bonne blague franchouillarde et francophile – les toulousains exploitent tout leur talent pour mélanger le jazz et le rock progressif à la traditionnelle chanson française dont les inspirations vont de Gainsbourg à Stereolab, de François de Roubaix à Bertrand Burgalat. Un tour de force savamment harmonieux et magique.

MARIETTA
La Passagère
Born Bad – 2017

Insaisissable, Marietta échappe toujours à ce qui pourrait le ranger derrière un costume trop bien taillé. Ce deuxième album solo – produit par le talentueux Chris Cohen – souffle un vent nouveau sur l’univers du musicien. Chant en français plus affirmé et production spacieuse font basculer ce disque dans une nouvelle dimension où la beauté assoit encore un peu plus l’imprévisibilité de son auteur.

RAOUL VIGNAL
The Silver Veil
Talitres – 2017

The Silver Veil est une magnifique parenthèse qui sait merveilleusement bien stopper et figer le temps, dans un monde qui semble aller de plus en plus vite et perdre totalement le contrôle. Le lyonnais présente ici une collection de chansons folk, intimes et suaves, enregistrées dans la grisaille de Berlin, et où les murmures rappellent au bon souvenir de Nick Drake.

ETIENNE DAHO
BLITZ
Mercury – 2017

Le pape de la pop française dévoile l’album le plus abouti et aventureux de sa carrière. Hommage visible à tout ce qui l’a façonné, du Velvet Underground à Syd Barret en passant par Marlon Brando, cette œuvre obscure et multicolore est le coup de maitre d’un artiste qui n’a cessé de vouloir relier avant-garde et musique populaire. Un défi à l’image de ce que se doit d’être la pop aujourd’hui.

FLAVIEN BERGER
Contre Temps
Pan European – 2018

Flavien Berger signe avec Contre-Temps un disque plein de groove, de fantasmes et de justesse. En combinant la pop et l’expérimentation, et en s’inspirant d’univers cinématographiques, il navigue entre les temps et les modes, donnant l’impression d’avoir trouvé la combinaison ultime, et faisant défiler un cortège de plans-séquences dont la part d’onirisme n’est plus à démontrer.

VOX LOW
Vox Low
Born Bad – 2018

D’un côté, un furieux goût pour l’electro, incarné par des morceaux aux portes de la techno, celle qui fait danser le poing levé. De l’autre, une rigueur post-punk mêlée à des atmosphères lancinantes et progressives. Voilà en quelques mots comment résonne ce premier album de Vox Low. Un disque qui respire la sérénité et la force tranquille, fait par de grandes personnes à qui on ne la fait plus.

MERMONTE
Mouvement
Room Records – 2018

Armé de ce Mouvement énivrant à vous filer le tournis, offrant plus que jamais une place prépondérante au chant, Mermonte voit son exigence de tous les instants le porter vers toujours plus de grâce, de douceur, de profondeur et d’émotion. La musique française a trop rarement pu se targuer d’une telle aisance naturelle à composer de la grande musique.

BRACE! BRACE!
Brace! Brace!
Howlin Banana – 2018

N’a-t-on pas tous rêvé un jour de voir éclore ce groupe ? Celui qui combinerait parfaitement le meilleur des 90’s avec ce qu’il y a eu de plus génial durant les années 2000/2010 ? De belles ballades, une ribambelle de tubes, un son captivant, et des chansons dignes de ce nom, c’est finalement tout ce que l’on attend d’un bon disque non ? Et bien Brace Brace vous le sert ici sur un plateau en or.

BRYAN’S MAGIC TEARS
4AM
Born Bad – 2018

Sans doute le groupe garage le plus romantique du Paris actuel, la bande offre une succession de titres langoureux, à la splendeur paisible et aux nuances multiples, dans une lente ascension régie par un torrent d’effets shoegaze. Véritable bourrasque de mélodies et de grondements, vous ressortirez troublé et touché par ce disque pour somnambules aux idées bleues.

GRAND BLANC
Image au Mur
Entreprise – 2018

Voici le genre d’œuvre dont on aurait aimé vivre les prémices et la création. Le genre d’album où un groupe décide qu’il n’y aura désormais plus de limites ni de barrières. C’est ainsi que Grand Blanc a abordé les choses avec Image au Mur, en se sentant libre et en se faisant plaisir, tant dans l’expérimentation du studio que dans l’écriture des textes. Ça s’entend, et ça fait un bien fou.

BIRDS IN ROW
We Already Lost The World
Deathwish – 2018

Birds In Row a toujours préféré en découdre derrière ses instruments plutôt que se noyer dans les reflets ou les postures. Depuis 2009, les lavallois sillonnent le monde, déversant sur leur passage un hardcore flamboyant qui n’a cessé de gagner en maîtrise avec le temps. Impressionnant et bouleversant à la fois, We Already Lost The World installe durablement le groupe au sommet du genre.

JOHNNY MAFIA
Princes de l’Amour
Dirty Water – 2018

Passé de mafieux inoffensifs à jeunes et redoutables parrains incarnant le punk garage américain à la française, Johnny Mafia se contente de nourrir son plaisir d’aligner les tubes, en laissant son talent naturel faire le reste. Fort de son homogénéité, Princes de l’Amour peut compter sur cette fraicheur et cette spontanéité qui vous pètent à la gueule du premier au dernier accord.

LYSISTRATA
Breathe In/Out
Vicious Circle – 2019

Breathe In/Out a l’audace éclatante d’une vraie réussite. Sa phase de conception est un défi relevé à bout de corde, soumise au traitement sans concession de l’assemblage aléatoire, et la direction prise sur cet album pousse l’ardeur plus loin encore. Lysistrata peut bien aller vite et tout recouvrir de sueur, il assure sa place sur les podiums d’un rock intraitable et définitivement excitant.

THE PSYCHOTIC MONKS
Private Meaning First
Vicious Circle – 2019

A l’heure où beaucoup se contentent de ressasser la musique plutôt que de la faire avancer, The Psychotic Monks remet les pendules à l’heure, ramène le rock à ses plus belles valeurs, et gomme toute notion de frontière pour mieux foncer tête haute vers un avenir qui n’attend que lui pour écrire son nom dans les livres d’histoire. L’ovni du paysage rock français actuel.

LE VILLEJUIF UNDERGROUND
When Will The Flies in Deauville Drop?
Born Bad – 2019

Avec ses mélodies simples et nonchalantes, ses rythmes funs parfois bancals, voici un disque qui fleure bon le naturel et le fait maison. Quarante minutes où l’on se plait à flâner entre le cool et le sexy, comme si Mac DeMarco revisitait le One Foot In the Grave de Beck, ou bien encore comme si Lou Reed se faisait produire par la bande des Fat White Family ou des Insecure Men.

BERTRAND BELIN
Persona
Cinq 7 – 2019

Personne n’aura eu autant de classe que Bertrand Belin en 2019. Avec Persona, l’artiste atteint l’excellence, aiguise cette poésie qui parle autant d’amour que de thèmes sociaux. En crooner impeccable, il dessine avec une extrême finesse les contours d’une musique abordable, subtilement arrangée, et d’une densité de détails qui ne cessent de se révéler à chaque écoute.

PLAYLIST


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