Ce qu’il ne faut pas manquer au Pitchfork Music Festival Paris 2021…

L’artiste belgo-caribéenne Charlotte Adigéry et son partenaire musical de longue date Bolis Pupul préparent le terrain d’un disque commun à sortir en début d’année prochaine chez Deewee, label des incontournables Soulwax qui co-écrivent et co-produisent l’album. Topical Dancer illustre parfaitement la spécificité du son de Charlotte et Bolis : profond et efficace à la fois. Ils ont l’art et la manière de revisiter certains genres pourtant familiers avec toujours un côté décalé ; les chansons semblent défaites ou un peu bancales, mais ce sont des morceaux qui font vibrer les clubs. Vous êtes prévenus.

Des trois projets du vibrant londonien King Shabaka Hutchings, Sons of Kemet est le plus ancien, vraisemblablement le plus accessible. Your Queen Is a Reptile leur a d’ailleurs permis de récolter le très fameux Mercury Prize. Autant lever le suspense intenable : Black To The Future, quatrième opus du groupe sorti cette année, est absolument fidèle à ses prédécesseurs tout en étant encore plus accompli, plus dansant et plus nécessaire. À n’en point douter donc, leur pièce maitresse à ce jour qui donnera un coup de projecteur supplémentaire à la vibrante scène jazz londonienne actuelle.

L’Angleterre doit posséder un laboratoire secret où des scientifiques font pousser allègrement des graines de musiciens post-punk. C’est au tour de TV Priest de rentrer dans la danse. Les quatre bonhommes tirent leur épingle du jeu en proposant bien plus que du sous-Gang Of Four, et en utilisant avec intelligence une signature sonore aussi exaltante que tapageuse. Humour british oblige, les traits d’esprits et les vannes sarcastiques sont constamment au menu. C’est sûr, la messe de TV Priest va en convertir un sacré paquet.

Pilier de la nouvelle scène londonienne, Talk Show rejoint la cours de ceux qui s’appliquent à réinventer le code post punk. Repéré par Felix White de The Maccabees, le groupe mêle la saturation des guitares à la voix grave à la fois parlée et chantée de son chanteur Harrison Swann, sans jamais s’attarder au delà des trois minutes. Sombre mais intense, la musique de Talk Show fait preuve d’une puissance extraordinaire en live, qui ne manquera pas de marquer les esprits des festivaliers parisiens présents dans le cocon du Supersonic.

Tout juste signé chez Domino, Wet Leg n’a pour l’instant que deux singles à son actif. Assez pour convaincre tant le duo s’inscrit dans la lignée de compatriotes tels que Dry Cleaning, adeptes d’un parlé-chanté théâtral posé sur une instrumentation aussi minimale qu’efficace. Entre post punk glacial et rock faussement amorphe, avec un penchant pour le disco français, Rhian Teasdale et Hester Chambers rentrent dans les têtes pour ne plus en sortir.

Solaire. Il y a des disques où l’évidence s’impose dès la première écoute. Juillet par En Attendant Ana en fait partie. Le charme total opérant à l’écoute pourra certes rappeler d’autres réussites du genre, d’Electrelane à Say Sue Me, plaçant de fait le groupe sur la carte mondiale d’une internationale indie pop sensible et intemporelle — de Brighton à Paris, en passant par Busan en Corée du Sud, le Mexique rêvé de Calexico et les contrées gelées de Broken Social Scene…

Les guitares furieuses et imprévisibles, les percus algorithmiques et excitées, les boucles obsédantes et la dissonance portée en étendard ne sont pas l’apanage des anglais. Les rouennais d’Unschooling font ça très bien aussi de ce côté du Channel, Aussi jouissif, excitant et déstabilisant que ce qu’on aime entendre chez Black Midi ou Crack Cloud, le groupe confirme son implantation dans le paysage rock en affirmant tranquillement son style. Elle est décidément belle, la relève !

Le revival post punk se répand comme une trainée de poudre de l’autre côté de la Manche, et se décline à foison histoire d’en exploiter tous les filons. Ainsi, après que les groupes les plus applaudis de ces dernières années se soient appliqués à raviver les souvenirs de leurs ainés, d’autres construisent des ponts au sein même de cette nouvelle génération. Et parmi les plus brillants architectes en devenir, Yard Act fait plutôt bonne figure en piochant à la fois chez Sleaford Mods, Madness et Idles. Vivement le 7 janvier que l’album sorte !