Lecture musicale – “Fargo Rock City” de C.Klosterman

Lecture musicale – “Fargo Rock City” de C.Klosterman

fargoFARGO ROCK CITY
Confessions d’un fan de heavy metal en zone rurale
Chuck Klosterman
(Collection Rivages Rouges)
02/11/2011
288 pages

Nos vies sont hantées par ces petits repères sur l’échelle du temps, ces passions éphémères qui nous habitaient jadis et que l’on feint de détester aujourd’hui parce qu’on ne les assume plus totalement. Chuck Klosterman – écrivain et journaliste musical parmi les plus réputés d’Amérique du Nord – les appelle les “plaisirs coupables”. Pour lui, comme pour tous ceux qui ont acheté leurs premiers disques durant les années 80, le heavy metal en est un, et c’est justement ce qui rend l’approche de “Fargo Rock City” si intéressante.

Car, au fil de ces quasi 300 pages, l’auteur rend un hommage à la fois drôle et sincère à un genre devenu progressivement la risée de l’intelligentsia rock, mais qui bouleversa sa vie quand il découvre Motley Crue grâce à son frère alors qu’il n’était encore qu’innocence et naïveté. Originaire d’un village de 500 habitants dans le Dakota du Nord, Klosterman ne verra alors plus jamais la vie de la même façon. Dès lors, les Van Halen, Kiss, Def Leppard, Poison, Whitesnake, Guns’n Roses, Metallica et Judas Priest deviendront sa raison de vivre, et incarneront quelques-uns des personnages principaux d’une adolescence passée à découvrir les codes, les subtilités, et les clichés du genre.

Sur le ton autobiographique type du journal intime, et sans jamais vouloir à tout prix persuader le lecteur, Chuck Klosterman exprime avec honnêteté, humour, et beaucoup d’ironie, son amour pour le heavy metal, tout en livrant en parallèle son lot d’analyses et de critiques qui puissent le justifier d’un point de vue historique et social. C’est d’ailleurs ce qui fait que “Fargo Rock City” ne s’adresse pas seulement aux fans de glam rock, de hair metal, de glitter rock ou de hard rock, les nombreux dérivés ici volontairement disséqués avec toujours plus d’humour que de respect.

Tout y passe donc. Si le livre s’attarde forcément sur des sujets particulièrement pointus (l’évolution du genre, les caractéristiques des groupes, des paroles de chansons mises en parallèle avec la personnalité de leurs auteurs), il sait aussi généraliser pour intéresser tout le monde. Ainsi, que l’on soit objectif ou non suivant l’affection que l’on porte au heavy metal, chacun peut sourire sans gêne à la lecture d’anecdotes, d’analyses très personnelles de l’imagerie, du langage, des préjugés, controverses et clichés (alcool, sexe, satanisme…), mais y trouver aussi un peu d’instruction, comme quand Klosterman replace le sujet dans la conjoncture politique qui était la sienne à l’époque.

Avec “Fargo Rock City”, je voulais montrer une chose, c’est que la pop music n’est pas importante pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’elle fait“. Une fois la lecture de cette autobiographie achevée, difficile de ne pas admettre que l’auteur a réussi son coup: s’il ne parvient pas à nous convaincre de l’héritage laissé par le heavy metal des eighties, il nous fait mieux comprendre pourquoi il a pu à ce point toucher toute une génération qui, peut être, l’assumera désormais plus ouvertement.

FARGO ROCK CITY EN MUSIQUE
Ecoutez quelques-uns des titres auxquels l’auteur fait référence dans le livre

Fargo Rock City by Choquet on Grooveshark


1 Commentaire
  • maxhysteria
    Posté à 22:52h, 19 septembre Répondre

    master piece!!!

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