Coups de bulles en Avril – L’actualité BD

Coups de bulles en Avril – L’actualité BD

topavril

Ca y est, c’est le printemps, la chaleur revient, les fleurs bourgeonnent, et les e?tals des librairies aussi: beaucoup de bonnes choses ce mois-ci, dont quelques suites qu’on attendait depuis un sacre? moment, que nous vous décortiquons plus en détails dans ces Coups de Bulles d’Avril. Et comme le printemps c’est aussi la saison des amours, on vous a re?serve? une petite surprise a? la fin. Mais chut!


larmes“Les Larmes de l’Assassin”
Thierry Murat
Futuropolis
19,5 x 26,5 cm
128 pages

www.futuropolis.fr
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On a failli omettre de vous parler de ce tre?s bel album paru en Fe?vrier. Librement adapte? du best-seller de la litte?rature jeunesse signe? Anne-Laure Bondoux, “Les Larmes de l’Assassin” traite d’un sujet a? la fois complique? et cliche?: le syndrome de Stockholm, a? savoir cette empathie que peuvent parfois ressentir les victimes pour leur bourreau. Une maison isole?e au bout du monde, en pleine Patagonie, la? ou? personne n’arrive par hasard. Paolo vit avec ses parents une enfance a? la dure, a? l’image de la nature environnante, perpe?tuellement gifle?e par les vents. Un jour, un homme arrive. Pas par hasard, donc. Angel Allegria fuit la Police, et doit trouver refuge la? ou? personne ne pensera a? le chercher. Une nuit, et deux cadavres plus tard, Angel de?cide d’e?pargner Paolo. S’ensuit alors une relation complexe entre l’homme et l’enfant. Mais cet e?quilibre fragile sera mis a? mal par un nouvel arrivant… Thierry Murat, par le choix de ses couleurs, re?ussit parfaitement a? rendre ce climat presque surnaturel que le cadre de l’histoire impose. Les partis pris d’une mise en cases tre?s sobre et d’une narration aux de?pens des dialogues (quasi inexistants donc) accentuent e?galement cette sensation de se trouver en suspension, hors du temps et de la normalite?. Le livre e?vite ainsi les habituels cliche?s pathos pour au contraire caresser la complexite? de l’a?me humaine. Une tre?s belle lecture.

we-are-the-night2_couv“We Are The Night T.2”
Ozanam & Kieran
Ankama Editions
19 x 27 cm
80 pages

www.ankama-editions.com
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Previously on “We Are The Night”. Oui, on aurait bien besoin d’un re?capitulatif fac?on “24H Chrono” pour se remettre a? jour avant de de?marrer la suite et fin de cette nuit dont on vous avait parle? ici il y a presque un an de?ja?. On avait alors laisse? nos 19 personnages au de?but d’un braquage. Et avant que l’aube ne se le?ve dans quelques heures, beaucoup de vies seront transforme?es a? jamais. L’intrigue d’Ozanam est savamment construite (presque trop, a? vrai dire, on sent parfois que certains rebondissements n’arrivent que pour mieux relier tous les personnages les uns aux autres, mais bon on chipote…), s’inspirant des fondus cine?matographiques avec talent pour faire ses transitions, absolument impeccables. De son co?te?, Kieran a un trait de?ja? tre?s personnel pour une premie?re œuvre. Nous sommes e?galement toujours aussi fans des couleurs d’Epicq qui donnent a? cette nuit – qu’on imagine effectivement e?touffante – une atmosphe?re pesante et moite. Au final, le duo aura eu la bonne ide?e de s’arre?ter a? deux tomes pluto?t que de tomber dans le pie?ge du feuilleton qui s’essoufflerait force?ment. “We Are The Night” occupera votre dimanche soir bien mieux que n’importe quel film de TF1!

blast2_couv“Blast T.2, L’Apocalypse selon Saint Jacky”
Manu Larcenet
Dargaud
21,6 x 27,8 cm
208 pages

www.dargaud.com
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On ne vous avait pas parle? du Tome 1 de “Blast” puisqu’il e?tait paru juste avant qu’on ne de?marre cette rubrique sur Mowno. Mais si vous vous inte?ressez un poil a? la BD, vous avez force?ment entendu parler de cette nouvelle se?rie de Manu Larcenet. Le dessinateur a eu un tel succe?s commercial avec ses se?ries du “Retour a? la Terre” puis du “Combat Ordinaire” qu’il peut aujourd’hui se permettre de sortir chez Dargaud une œuvre ambitieuse et sombre, plus proche de ce qu’il sortait a? ses de?buts chez Les Re?veurs. Pour ceux qui n’auraient pas lu le Tome 1, Polza Mancini est un marginal entendu dans les locaux de la Police. Il est a priori soupc?onne? de violence sur une femme, entre la vie et la mort a? l’ho?pital. Les inspecteurs enque?taient sur lui depuis un bail, et veulent qu’il explique son geste. Polza veut bien raconter. Mais il veut prendre son temps. 200 pages plus tard, on n’en savait pas beaucoup plus sur les raisons de son incarce?ration et pourtant on s’e?tait pris une calotte litte?raire et graphique en bonne et due forme. Autant vous dire que les 200 pages de ce Tome 2 ne vous en de?voileront pas beaucoup plus, mais Larcenet aura a? nouveau re?ussi a? nous embarquer dans une intrigue mene?e de main de mai?tre, entre polar pur, re?cit social et de?lires psychotropes. Ses personnages tre?s fouille?s sont aussi fascinants que flippants. On parie que la se?rie inte?ressera vite le cine?ma (avec Franc?ois Hadji-Lazaro dans le ro?le de Polza?) me?me si le re?sultat sera probablement de?cevant. C’est que la lenteur du re?cit est justement toute la raison d’e?tre de ce livre. Ceci dit, la se?rie comptera cinq volumes. Et si Larcenet re?ussit a? en sortir un par an (ce qui serait de?ja? pas mal vu l’emploi du temps du bonhomme), c?a veut dire qu’on en a encore pour trois ans a? morfler avant de connai?tre la fin. Inhumain!

sublife2_couv“Sublife T.2”
John Pham
Editions Cambourakis
18 x 25 cm
64 pages

www.cambourakis.com
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Autre suite qu’on attendait depuis un bail (voir ici), ce deuxie?me tome de “Sublife” est encore plus de?routant que son pre?de?cesseur. Pour la simple et bonne raison qu’on n’y retrouve que tre?s peu des personnages croise?s dans le premier livre. Au contraire, John Pham y de?veloppe ce qu’on avait envisage? comme une simple petite parenthe?se spatiale dans le premier tome, survole a? peine deux de ses anciens personnages principaux et de?marre une nouvelle histoire muette au style graphique tre?s diffe?rent, comme s’il s’agissait d’un film vu sur un e?cran (par les autres personnages?). Cette troisie?me histoire a d’ailleurs de forts relents de “Mad Max”. La premie?re lecture est donc un peu de?cevante puisqu’on avait vraiment envie de connai?tre la suite des aventures pourtant banales et quotidiennes des autres personnages. C’est d’ailleurs tout le talent de l’auteur que de re?ussir a? cre?er un suspense a? partir de trois fois rien. Mais, apre?s re?flexion, John Pham est peut-e?tre bien en train de poser les bases d’une œuvre plus complexe qui elle aussi risque d’avoir besoin de temps pour prendre tout son sens? On n’est pas dans la merde… On en reparle dans un an. (soupirs)

une-vie-sans-barjot_couv“Une Vie sans Barjot”
Appollo & Oiry
Futuropolis
20 x 28,5 cm
64 pages

www.futuropolis.fr
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A deux jours pre?s, on vous parlait de ce livre dans la rubrique du mois dernier. Et c’est dommage parce que la transition avec “Branleur(s)” (voir ici) e?tait toute trouve?e. “Une Vie sans Barjot” parle en effet plus ou moins de la me?me chose. Ou pluto?t, non, il traite exactement de l’inverse. Dans “Branleur(s)”, un post-ado revient dans la ville de son enfance et retrouve ses potes perdus de vue depuis des anne?es. Et dans “Une Vie sans Barjot”, Appollo & Oiry nous racontent l’histoire d’un post-ado qui s’appre?te justement a? quitter la ville de son enfance et les potes qui vont avec. Matthieu est en effet un jeune bachelier qui part le lendemain pour Paris pour commencer ses e?tudes a? l’universite?. Il lui reste une nuit pour faire ses adieux a? ses potes, a? sa ville, a? son adolescence. Et une nuit pour de?clarer sa flamme a? Noe?mie. Ce qui aurait pu e?tre une bluette de plus pour trentenaires nostalgiques est en fait une tre?s fine exploration de cette pe?riode transitoire entre l’enfance et l’a?ge adulte. Matthieu n’est plus un gosse. Il est de?ja? extre?mement conscient de ce que la vie lui re?serve. Mais il veut juste en profiter une dernie?re fois. Et on a tous connu ces moments bizarres ou? l’on se mettait une e?norme pression pour que tout se passe bien alors que les gale?res s’enchai?naient. Mais hors de question de rendre les armes. Tant que la nuit dure, il y a de l’espoir. Appollo & Oiry signent un livre au ton tre?s juste, juste ce que faut de tendre et de dro?le.

ho_couv“Ho!”
Ivan Brunetti
Editions Cambourakis
15 x15 cm
112 pages

www.cambourakis.com
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Attention, a?mes sensibles, passez votre chemin. Ce petit recueil est une ve?ritable horreur. Ivan Brunetti a pourtant un coup de crayon assez nai?f qui rappelle les grandes heures du strip ame?ricain. On se croirait presque dans les “Peanuts” de Charles Schulz. Enfin, si Charlie Brown et Snoopy parlaient pe?dophilie, scatologie, sodomie, meurtre, nazisme et tout autre tabou auquel vous pouvez penser. Le cartoonist de Chicago semble n’en avoir aucun, lui. Ou bien c’est au contraire une manie?re de les exorciser par l’humour (noir, vous imaginez bien…)? Et le pire c’est que c?a marche. On se surprend en effet a? exploser de rire devant des atrocite?s. Pas a? chaque coup non plus, soyons honne?te. Ce genre de nume?ros de haute voltige humoristique ne?cessite force?ment quelques gamelles pour re?ussir une magnifique pirouette de temps en temps. “Ho!” est une compilation de ses meilleurs dessins parus dans ses pre?ce?dents “Haw!” et “Hey!” + quelques ine?dits. Et c’est le genre de livres que vous ressortirez en fin de repas avec des potes pour leur montrer jusqu’ou? certains peuvent aller. S’il reste quelques a?mes sensibles malgre? nos avertissements, sachez qu’en plus le monsieur enseigne a? la prestigieuse Universite? de Columbia a? Chicago. Mais que fait la police?

lou-taxi-de-nuit-couv“Lou, Taxi de Nuit”
Jacobsen
Dynamite
29,7 x 21,2 cm
96 pages

www.lamusardine.com

Bon, vous e?tes seuls, la?? Su?rs? Non, c’est que faudrait pas qu’on se fasse choper, hein. Je vous ai de?gotte? une BD e?rotique (et je dis e?rotique pour ne pas me faire engueuler par mon re?dac-chef, hein, parce qu’en fait c’est carre?ment porno) pour fe?ter le retour des beaux jours avec son lot de jolies filles dans les rues. Oui, excusez, les filles, je ne m’adresse plus qu’aux mecs, la?, parce que cet album risque de leur parler plus qu’a? vous (mais je ne demande qu’a? e?tre contredit). Pourtant, ce “Lou, Taxi de Nuit” – paru initialement en 1996, et ici re?e?dite? dans la collection “Dynamite” des e?ditions de La Musardine – ne tombe pas (trop) dans les cliche?s les plus e?cule?s (attention, on re?prime ses jeux de mot pourris) de la profession. Comprendre par la? que le dessin de Jacobsen est touffu (attention encore), que l’intrigue aussi loufoque soit-elle a le me?rite de ta?ter de l’humour et du fantastique, et que le personnage principal est loin de se laisser manipuler par tous ces ma?les en chaleur sans au moins rendre des coups. Bref, les mecs, vous me remercierez de vous avoir fourni les arguments de vos excuses quand vous vous ferez chopper par votre douce en train de suer a? grosses gouttes en tournant ce livre dans tous les sens.

Bonne lecture et au mois prochain!


2 Commentaires
  • Wandrille
    Posté à 20:55h, 06 avril Répondre

    Hum les débuts de Larcenet aux rêveurs, c’est… c’est un peu oublier qu’avant Larcenet a eu tout une vie d’auteur chez Fluide, Glénat, Dargaud et caetera…

    Les premiers livres aux rêveurs arrivent bien après Bill Baroud.

  • kalcha
    Posté à 22:34h, 06 avril Répondre

    Alors, je me suis mal exprimé, c’est vrai, ma phrase peut être comprise de plusieurs manières. Je voulais dire comme les premiers livres qu’il a publiés chez Les Rêveurs (cf. “Presque” notamment). Mais tu as raison de préciser.

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