This Will Destroy Your Ears, Landes of the three !

This Will Destroy Your Ears, Landes of the three !

Avant de partir pour une tournée au long cours, le trio landais This Will Destroy Your Ears a rôdé son nouveau fourgon et les titres issus de son dernier disque lors d’une série de release parties qui le menaient d’un atelier de shape à Seignosse à la Ferronnerie de Pau, jusqu’à l’International à Paris. C’est sur la route qui mène à l’antre du label A Tant Rêver du Roi qu’on a pu discuter avec le groupe, notamment au sujet de Everybody Knows Mickey, un nouvel album plein de vigueur.

A l’heure des release parties, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ? Est-ce que vous ressentez une certaine pression, de l’excitation ?

Quentin : On est content que l’album sorte. On a attendu plus d’un an après l’avoir enregistré. Maintenant, on y est !
Pierre-Johann : C’était frustrant d’avoir des nouveaux morceaux, et de ne pas pouvoir les jouer en live, de ne pas pouvoir les tester même si on en faisait tourner deux ou trois. En même temps, on va se retrouver avec un set totalement différent, donc dans une position moins confortable. C’est un renouveau.
Quentin : Notre style a évolué depuis nos débuts, donc il faut qu’on s’y adapte en live. Et puis il y a pas mal de morceaux qu’on n’avait pas joués depuis l’enregistrement !

Quelles ont été les évolutions majeures dans le groupe entre Clear et Everybody Knows Mickey, que ce soit dans les méthodes d’écriture ou d’enregistrement ?

Pierre-Johann : Pour Clear, on venait de se rencontrer. Désormais, on se connaît depuis cinq ans, donc on se laisse plus de temps sur des choses qu’on aurait abandonné plus vite par le passé.
Quentin : On a pris plus de temps pour ce nouvel album. Deux semaines exactement, alors qu’on en avait pris qu’une seule pour le premier.

Le fait d’avoir votre propre studio vous a aidés dans ce sens ?

Pierre-Johann : Oui, c’est la première fois qu’on peut pré-enregistrer quelques trucs, ce qui permet de faire des démos. Le mixage s’est fait en Angleterre chez Alex Greaves (Heavy Lungs, LICE, DITZ) qui devait venir nous enregistrer. À la base, on voulait quelqu’un qui fasse les deux, mais ça n’a pas pu se faire à cause du COVID. Du coup, on a fait appel à Henri D’Armancourt (Steve Amber, The Psychotic Monks) parce qu’il nous fallait un œil extérieur.

La question qui me taraude depuis le début… Qui est Mickey ?

Pierre-Johann : C’est l’athlète sur la pochette. Mickey est un Anglais installé en France depuis trente ans. Cette photo a été prise par Ian Graham, qui est aussi un anglais vivant en Dordogne et qui fait beaucoup de photos live. On s’est rencontré à un concert de Idles, puis on s’est revu avec le groupe John, et on s’est vite très bien entendu. Quand on est tombé sur cette photo sur son compte Instagram, on lui a demandé qui était ce gars, et il nous a répondu : ‘Everybody Knows Mickey !’. C’est une vedette locale qui a eu mille vies dans l’Angleterre des années 80 : il a été toy-boy (équivalent anglais des Chippendales), il a été marin, il a même joué Rocky dans une adaptation de The Rocky Horror Picture Show à Brighton. Sur la pochette, il fait un strip-tease dans un bar de village pour la dame qui est morte de rire, et qui fêtait ce jour-là ses 96 ans. Il est venu à Seignosse pour la release party, et il n’a pas pu s’empêcher de se désaper. Il est en pleine forme, même à 65 ans.
Magali : Ian Graham était aussi là pour la release de Seignosse. On avait exposé certaines de ses photos étant donné qu’il a fait pas mal de groupes de la scène actuelle, de Idles aux Viagra Boys en passant par Fontaines DC.
Pierre-Johann : Ian est complètement sourd à force de faire des concerts. On s’appelle This Will Destroy Your Ears, donc on était fait pour s’entendre !

Le ton est grave tout au long de l’album. Est-ce qu’il y a un thème central qui justifie cela ? D’ailleurs, où trouvez-vous l’inspiration de manière générale ?

Magali : Disons qu’on a quelque chose de mélancolique dans la joie ! Et puis, il y a le contexte général qui joue : le COVID, le réchauffement climatique sont des choses qui nous touchent. Il y avait déjà ce ton sur Clear, mais c’est peut être plus prononcé et plus assumé maintenant.
Pierre-Johann : Après, les thèmes abordés viennent souvent de tranches de vie, ou d’une simple expression qui nous plaît. Par exemple, Modern Is Already Old vient du blog de La Féline qui s’appelle Moderne, c’est déjà vieux. On a des ados qui nous disent que les années 80 c’est la préhistoire, que Facebook est un truc de vieux alors que, pour mes parents, c’est moderne. Bref, il y a des trucs à peine sortis qui se retrouvent vite périmés tellement le rythme s’accélère. On a aussi I Love You By The Way, un morceau sur ce copain qu’on a tous, qui sait tout du COVID. Voilà, on aime bien croquer des choses à droite à gauche qui nous renvoient au quotidien, à ce qui nous entoure.

Côté influences, on aurait tendance à vous rapprocher de groupes comme Metz ou USA Nails, mais il y a aussi une empreinte indé sur l’album, celle d’Interpol ou des Black Angels. Ce sont des musiques que vous écoutez aussi ?

Pierre-Johann : C’est marrant parce qu’on nous a souvent fait la remarque pour les Black Angels, notamment pour le morceau Horse Pills, alors que je suis un peu passé à côté de ce groupe. C’est plutôt Quentin qui écoute ça, mais on écoute beaucoup de musiques différentes.
Quentin : Oui, on nous l’a aussi dit pour le premier album, alors que ça me parait moins évident. J’aime beaucoup le jeu de Peter Hayes avec BRMC également, je pense que ça s’entend un peu…

Justement, quelles sont vos dernières claques musicales ?

Magali : Moi j’adore Jean Jean, c’est trop bien ! Kitch aussi, encore chez A Tant Rêver du Roi. Il a tous les meilleurs groupes !
Pierre-Johann : LIFE avec qui on a joué récemment. Sinon, je me suis refait Daughters sur recommandation du programmateur de l’Atabal, à Biarritz. Après, je citerais des groupes plus pop, comme Alaska Gold Rush ou BOPS qui nous ont mis de bonnes claques en live.
Quentin : Je dirais Just Mustard qui réinvente My Bloody Valentine, et puis Delacave et Hyperculte que j’avais vu au festival L’Île Sauvage en Dordogne. Il y avait aussi un groupe belge, Why The Eye. Ils font de la techno primitive qui peut rendre les gens fous. Je n’avais pas vu ça depuis longtemps … Et puis il y a Crows dans les disques sortis cette année.

Chorégraphes, vidéaste… Vous avez tous des activités dans le secteur artistique. Est-ce que ça influence votre musique ?

Pierre-Johann : Oui, forcément, parce qu’on prend les choses dans leur globalité. Quentin a un formation d’électricien aussi et est maintenant régisseur, donc on se fait nos pédales, nos vidéos aussi.

Lors de votre release party de Seignosse, vous avez invité des claviéristes sur scène. Est-ce que ça pourrait être une évolution pour le groupe, d’avoir un quatrième membre à plein temps ?

Pierre-Johann : À un moment donné, on s’était posé la question pour une deuxième guitare, mais on avait peur de perdre notre côté power trio…
Quentin : On a bâti ce son assez massif à trois, donc il faudrait qu’un quatrième musicien y trouve sa place, avec pas mal de choses à reprendre à zéro.
Pierre-Johann : Il y a une boucle de clavier sur Horse Pills par exemple, mais on a réussi à la reproduire en live avec une pédale sur ma guitare. C’est la preuve qu’on peut encore rajouter quelques éléments par ci par là, en les incorporant sur nos instruments.
Pierre-Johann à Quentin : Je suis sûr que tu arriverais à jouer du clavier avec les pieds en même temps que tu joues de la basse. La bassiste de Sloy faisait ça !
Quentin : Il y a des synthés qui existe pour cela. Par exemple, le Moog Taurus se joue avec les pieds, avec un son de dingue. C’est mon rêve, mais il coûte une fortune maintenant !

Le disque sort aussi sur Brutalism Records au Royaume Uni, où vous avez déjà pas mal tourné. Quelle est votre histoire avec ce pays ?

Magali : C’est une histoire d’amour ! On a fait notre première tournée là-bas !
Pierre-Johann : On y avait quelques contacts et on se revendiquait un peu du son anglais. Donc on a demandé à USA Nails s’ils pouvaient nous trouver quelques plans, et on s’est retrouvé à Portsmouth, dans un pub, sur un plateau de cinq groupes dont Black Midi. Ils étaient mineurs à l’époque, et accompagnés par leurs parents !
Quentin : Là-bas, ils ont moins d’œillères. Ils mélangent, ils réinventent…
Pierre-Johann : Ils aiment les choses différentes. Ils préfèrent voir un groupe qui joue mal mais qui propose un truc jamais vu, plutôt qu’un groupe bien en place, dans un style classique.
Quentin : Si tu mets de l’énergie, ils s’en foutent que tu ne sois pas le meilleur du monde. Puis le public se déplace pour voir des concerts, pas pour boire des coups avec les potes et fumer des clopes dehors, comme c’est parfois le cas en France. A l’heure où ça doit débuter, tout le monde est en place devant la scène, et ça joue tous les soirs. C’est leur culture. À Bristol, on a vu ce gars, Big Jeff, qui se fait une date tous les soirs depuis plus de trente ans. Il est devenu une sorte d’influenceur malgré lui : si Big Jeff est à ce concert, c’est celui où il faut être !
Pierre-Johann : On y retourne en février car on a une release à faire avec le label là-bas. Puis, cette fois, on va monter jusqu’en Ecosse.

Votre nouveau camion va tenir le choc ?

Pierre-Johann : Ah oui, Jean Louis est décédé sur le pont d’Aquitaine à Bordeaux. Il est mort en beauté. On a toujours donné un petit nom à nos camions. Le premier, c’était Georges, un Master de 1981 qui ne dépassait pas les 80km/h. Là, on en a un nouveau, mais on n’arrive pas à le baptiser, il a une tête trop moderne. En tout cas, il a intérêt à nous emmener jusqu’en Ecosse !

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