Steven Wilson, la réinvention permanente

Steven Wilson, la réinvention permanente

Il est 19h15 ce jeudi 1er juin quand on rencontre Steven Wilson dans une petite chambre cosy du Terrass’ Hotel à Montmartre. Malgré une journée promo marathon débutée neuf heures plus tôt, le Britannique, pieds nus comme à son habitude, nous accorde quarante minutes d’entretien en toute décontraction, entre réflexion sur son statut de star ‘underground’, décryptage de son prochain album à paraître le 18 août sur son nouveau label, Caroline, et retour sur son glorieux passé.

Tu as près de 30 ans de musique et une cinquantaine d’albums derrière toi en solo ou avec tes différents projets, de nombreuses collaborations également comme avec le groupe de death metal Opeth, et pourtant la bio écrite par le label te décrit comme ‘le plus grand artiste britannique underground’… Qu’est-ce que ça fait d’être toujours underground malgré ces 30 ans de carrière ?

Steven Wilson : C’est assez frustrant… Je comprends ce qu’ils veulent dire. Ils disent que je suis un artiste qui a de nombreux fans, vend des disques, donne des gros concerts, mais tu ne trouveras en revanche aucune preuve de mon existence dans les médias ‘mainstream’. Mais c’est vraiment frustrant car je n’ai jamais trouvé que ma musique était difficile à apprécier, en particulier ce dernier disque. Et de savoir que des millions de personnes qui aiment la musique n’auront jamais l’occasion d’entendre ce que je fais ou même de savoir que j’existe, ça fait chier !(rires) Tous les artistes, qu’ils soient musiciens, cinéastes ou écrivains, veulent partager leurs œuvres avec le plus de monde possible. Si tu penses que ce que tu fais est spécial, tu as envie de le partager. Ce n’est pas une question de faire de l’argent ou de devenir une pop star, juste de voir ce que tes œuvres créent chez les gens, que ça les rend heureux, que ça les met de bonne humeur… Donc c’est très frustrant, parce qu’il n’y a pas un seule fan de musique qui n’ait jamais entendu ou eu l’occasion de se faire une idée de Coldplay ou de Radiohead. En revanche, 99% des gens qui aiment la musique n’ont jamais entendu parler de moi ! Et s’ils n’ont jamais entendu parler de moi, ils ne peuvent même pas décider s’ils aiment ce que je fais ou pas… Alors que je suis persuadé qu’ils adoreraient ! (rires)

C’est cette étiquette d’artiste ‘prog’ qui pose problème selon toi ?

Bien sûr ! Personnellement, je ne me suis jamais considéré comme un artiste ‘prog’, même si je comprends qu’on utilise ce qualificatif quand on parle de moi puisqu’il y a tout un ADN prog dans ma musique. Mais il y a toujours eu d’autres éléments aussi, cette sensibilité pop ou électronique, l’écriture de ballades ou de morceaux plus jazz… C’est parfois très compliqué de faire écouter quelque chose en toute objectivité à quelqu’un qui a décidé de te mettre dans une case.

‘Prog’ est même devenu une insulte aujourd’hui…

Et c’est aussi un univers dont les médias pensent qu’il ne peut pas être ‘mainstream’ aujourd’hui. Ce à quoi je réponds : Pink Floyd ! L’un des plus grands groupes du monde… Les Beatles, Led Zeppelin, Queen, Radiohead, Muse, Sigur Rós… Chez tous ces groupes, on retrouve une sensibilité prog ! Apparemment, ma musique est du mauvais côté de la ligne… Mais tu sais quoi, c’est en train de changer. Par exemple, demain, je fais Paris Match, Télérama, VSD et Rolling Stone. Il y a cinq ans, je n’aurais sans doute pas eu l’occasion de parler à tous ces médias.

Avec ‘To The Bone’, tu sors un album plus orienté pop/rock, dans la veine des grands albums des années 80 enregistrés par Peter Gabriel, Talk Talk ou Kate Bush. Malgré tout, il sonne totalement comme un album de Steven Wilson, comme si c’était une évolution naturelle après ‘Hand. Cannot. Erase‘.

Je pense aussi. Certaines personnes entendent le mot ‘pop’ et tout de suite tirent des conclusions hâtives. Les Beatles sont pop. Ils sont sans doute le plus grand groupe pop de l’histoire. Mais la plupart des gens pensent immédiatement à ce qu’il y a de plus mainstream. Pour ma part, quand je pense ‘pop’, je pense à la manière dont Kate Bush est pop, la manière dont Tears For Fears est pop, dont les Beatles ou Prince étaient pop… Bowie ! Bowie est pop ! Et la musique sur ‘To The Bone’ est tout aussi ambitieuse et sophistiquée qu’elle l’est sur mes autres albums. La différence est plutôt dans la façon dont j’ai écrit ces chansons, leur aspect mélodique. Même si je tenais à ce que les morceaux soient toujours aussi épiques, ambitieux et prétentieux ! (rires) Mais tu as raison, c’est une évolution naturelle après ‘Hand. Cannot. Erase’, je me suis juste penché différemment sur le songwriting.

Et tu as aussi changé presqu’entièrement de groupe pour l’occasion. Est-ce que ça faisait partie de ce processus et de cette envie d’explorer de nouvelles voies ?

Oui, c’était conscient. Je joue d’ailleurs presque toutes les parties de guitare sur l’album car je voulais qu’elles soient relativement simples, très mélodiques, très directes et naturelles…

Guthrie Govan, qui joue sur tes trois précédents albums, est beaucoup plus technique…

C’est un guitariste exceptionnel, très mélodique, mais il peut aussi être très technique. Et je pense que ça n’aurait pas convenu au ton général de l’album. Mon style convenait mieux. Je ne suis pas le meilleur guitariste du monde, mais j’ai un son, qui est évidemment une extension de mon chant et de mon songwriting. J’ai joué aussi pas mal de basse et de claviers sur l’album. J’ai travaillé avec un batteur et un bassiste qui sont plus focalisés sur le feeling et moins sur la technique. Deux musiciens qui ne sont pas associés au monde du rock progressif.

Mark Feltham joue de l’harmonica sur deux morceaux et les premières notes de ‘To The Bone’ rappellent d’ailleurs son travail sur ‘The Rainbow’ qui ouvre l’album ‘Spirit of Eden’ de Talk Talk. ‘Spirit of Eden’, ‘Colour of Spring’, ce sont deux albums que tu aimes particulièrement ?

Oui, et Mark joue sur de nombreux albums que j’adore ! Il joue aussi sur ceux de The The dans les années 80 et j’ai grandi en les écoutant. En tout cas, il est pour moi associé à tous ces albums pop très ambitieux des années 80. Il a un son incroyable ! Et on n’entend plus vraiment ce genre de son aujourd’hui, ce qui est bien dommage.

Il a un son reconnaissable entre mille.

Exactement. Mark fait une chose et il la fait extrêmement bien. C’est le contexte autour de lui qui change, qu’il joue sur un album de Talk Talk ou sur le mien. Mais ce qu’il a fait sur mon album est extraordinaire et aurait pu être fait il y a trente ans sur ‘Mind Bomb’ ou sur ‘Colour of Spring’. Le son de son harmonica est intemporel, il pourrait se trouver sur un disque de blues des années 50 ou 60. Il a cette faculté à faire tout de suite forte impression quand on l’écoute, parce que c’est très émouvant… On aurait pu remplacer l’harmonica par une guitare, mais c’est un instrument tellement omniprésent que ç’aurait été trop évident. Le fait que ce soit un harmonica, c’est ce qui fait qu’on tend l’oreille. Et c’est ce qui m’avait marqué quand j’écoutais ‘Spirit of Eden’ ou ‘Colour of Spring’ à l’époque, ce son est unique.

Ninet Tayeb, qui avait déjà participé à ‘Hand. Cannot. Erase.’, est partout sur cet album. Votre duo sur ‘Pariah’ est magnifique, elle laisse vraiment parler sa voix rock. Dis-nous en un peu plus sur elle, comment vous en êtes venus à travailler aussi régulièrement ensemble.

Je connais Ninet depuis longtemps déjà. Elle avait 19 ans la première fois que je l’ai rencontrée, et elle venait tout juste de remporter un concours de chant qui passait à la télé en Israël. Après ça, elle a eu énormément de succès et est devenue une sorte d’icône. A l’époque, elle faisait de la pop très mainstream, mais j’ai suivi son évolution avec attention et petit à petit elle est parvenue à se réinventer, à devenir une véritable artiste. C’est très dur de réussir ça. George Michael y est parvenu, Robbie Williams plus ou moins… Mais c’est vraiment très compliqué de se sortir de cette case d’icône pop pour devenir un vrai songwriter. Ninet a réussi tout ça. Elle a changé de look, elle a appris à jouer de la guitare, elle est passée en quelque sorte de Katy Perry à PJ Harvey… Ce fut dur pour elle, mais elle y est arrivée. Les médias l’ont maltraitée parce qu’ils n’acceptaient pas ce changement. Exactement ce qu’on disait tout à l’heure, sur les gens enfermés dans des cases par les médias… Mais je vois la réaction du public quand elle monte sur scène avec moi pour chanter : les gens sont abasourdis ! J’ai de la chance, vraiment, de pouvoir travailler avec elle.

Il y a un autre duo sur l’album, ‘Song Of I’ avec Sophie Hunger, une chanson très viscérale qui sonne un peu comme du Nine Inch Nails avec une touche symphonique qui rappelle l’univers de Craig Armstrong également.

Perso, j’y vois plus l’influence de Depeche Mode, même si Trent Reznor lui-même est très influencé par Depeche Mode. Mais je dirais quand même que l’influence directe pour cette chanson, c’est le Depeche Mode période ‘Violator’ ou ‘Ultra’, des chansons comme ‘I Feel You’ ou ‘Barrel Of A Gun’… J’adore toute cette période.

‘Detonation’ est une chanson qui évoque le terrorisme au nom de Dieu. Est-ce que c’était une nécessité pour toi d’écrire sur ce sujet-là, qui fait désormais partie intégrante de nos vies ?

Je pense, oui. Non pas que ça aurait été irresponsable de ne rien écrire à ce sujet-là, mais ç’aurait été étrange, surtout quand on regarde ce sur quoi j’ai écrit par le passé. Comme ça aurait été bizarre de ne pas écrire sur la crise des réfugiés (‘Refuge’, ndr) ou sur le concept de ‘post-vérité’ (‘To The Bone’, ndr). Pour quelqu’un comme moi, ça aurait été bizarre de ne pas en parler. Comme si Roger Waters ne parlait pas de tout ça sur son dernier album… Attention, je ne me compare pas à Roger Waters ! Mais nous écrivons tous les deux sur le monde dans lequel on vit. J’en reviens encore une fois aux idées préconçues que les gens ont sur le rock progressif : ils pensent que le rock progressif n’est que question d’espace, de hobbits et d’elfes ! Mais ça ne m’a jamais intéressé ! J’ai toujours écrit sur les filles qui me bousillaient la tête, sur le monde autour de moi, les réseaux sociaux, ce genre de choses… Aujourd’hui le terrorisme est là, il fait partie de nos vies comme tu le disais, ce n’est pas quelque chose qui se passe loin de nous.

Tu es un artiste très prolifique, engagé pendant un temps dans différents projets (Porcupine Tree, No-Man, Blackfield, Bass Communion pour n’en citer que quelques uns, ndr). Est-ce parce que tu ne veux pas arrêter de faire de la musique ou simplement parce que tu ne peux pas arrêter ?

Ce n’est pas que je ne puisse pas arrêter, car parfois je trouve ça très difficile. Il y a des moments où j’ai beaucoup de difficultés à écrire et enregistrer de la musique. Je pourrais arrêter d’écrire des chansons, mais je ne veux pas. J’ai une éthique de travail très stricte que je tiens de mon père, et je ne peux pas ne rien faire. Vraiment, je ne peux pas. J’ai essayé pourtant. Une fois, je me suis retrouvé en vacances sur la plage avec un livre, j’ai fini par écrire des paroles de chanson ! C’est presqu’une malédiction. Je sens que j’ai besoin de continuer à faire de la musique, parce que je ne saurais pas quoi faire autrement… Mais crois-moi, c’est de plus en plus dur. Car plus ton catalogue s’agrandit, moins il te reste de musique à écrire…

Justement, je voulais te demander si tu avais peur parfois de perdre cette créativité à force de sortir autant d’albums, d’être engagé dans tant de projets différents ?

Tout à fait. C’est plus dur de se surprendre soi-même. Et c’est quelques chose que j’ai toujours cherché à faire, ne pas me répéter. C’est pour ça que ‘To The Bone’ est différent de ‘Hand. Cannot. Erase.’ qui est lui-même différent de ‘The Raven That Refused To Sing’ et ainsi de suite. Cette idée de se réinventer va de paire avec l’admiration que j’ai pour des artistes comme Bowie, Zappa ou Prince. Ils faisaient toujours quelque chose de différent de ce que leurs fans attendaient d’eux. La plupart des artistes donnent à leurs fans ce qu’ils veulent entendre… Mais les autres, les Bowie, les Prince, les Zappa, ils se rendent la vie très difficile. Ce serait facile pour moi de sortir un autre ‘Hand. Cannot. Erase.’. Enfin, pas facile, mais disons plus facile. Mais je ne voulais pas de ça. Je voulais faire quelque chose de différent. C’est ce qui rend les choses plus compliquées. A vrai dire, les premières chansons que j’ai écrites pour cet album sonnaient trop comme si elles sortaient des sessions de ‘Hand. Cannot. Erase.’. Je ne les ai pas gardées. Il m’a fallu quatre, cinq chansons avant de me dire : ‘Ça y est, j’ai trouvé la direction, c’est un pas en avant, c’est différent de ce que j’ai fait avant’. A cela s’ajoute tout ce que j’écoute pendant la période de composition, tous ces disques dont on a parlé avant et qui ont eu une influence sur moi. J’écoute Mark Feltham et je me dis ‘Whouah… Ce son… Ça fait un moment qu’on n’a pas entendu Mark Feltham sur un album !’. Donc ces albums ont une influence sur la composition de mes morceaux, ainsi que ce qui se passe dans le monde, etc. Mais l’une de mes plus grandes influences finalement, c’est ce que j’ai déjà fait et que je ne veux pas refaire ! Comme tous les musiciens, j’ai des clichés auxquels je reviens sans cesse, qu’il s’agisse de paroles, de mélodies ou d’accords… Parfois c’est important d’avoir conscience de ça, de se dire : ‘Non, tu as déjà fait ça, essaye autre chose’.

Quand on achète un album de Steven Wilson, on a une expérience totale, à la fois sonore et visuelle. Les booklets sont très travaillés, l’artwork est toujours très poussé, il y a souvent des éditions doubles avec des mix 5.1… As-tu toujours envisagé ton travail comme un tout ?

Oui, à tel point que je n’ai jamais compris que ce ne soit pas le cas de tout le monde ! Si tu tiens tant à faire de la musique, à sortir des albums, pourquoi ne pas étendre ça à l’artwork, au site internet, aux concerts, aux tee-shirts… Toutes ces choses sont une extension de ce que je suis. Merde, c’est ton art ! C’est comme si tu faisais une œuvre d’art magnifique, que tu l’emballais dans un sac pour ramasser les merdes de chien et que tu le jetais par la fenêtre ! Non ! (rires) Fais en quelque chose de beau, quelque chose que les gens veulent posséder, qu’ils veulent chérir et exposer sur leur étagère comme ils exposeraient une peinture. Je pense que le fait d’avoir grandi à la fin de la grande époque du vinyle a joué dans tout ça. Acheter un vinyle, l’ouvrir et le mettre sur sa platine, c’était une expérience magique ! Ça revient à la mode, heureusement. Puis le CD est arrivé, et ce n’était ni de l’art, ni du logiciel, on était quelque part entre les deux… Je me suis un peu rebellé contre ça en montrant qu’on pouvait toujours avoir ce côté artistique très fort. Et je pense que l’industrie du disque revient un peu à ça : le vinyle revient en force et aujourd’hui il n’y a pas un disque qui ne sorte pas dans une édition spéciale, même si la plupart du temps elles n’ont rien de ‘spéciales’ justement, car ils n’ont pas réfléchi à ce qu’ils allaient mettre dedans ! J’ai la chance de travailler avec Lasse Hoile qui fait des choses magnifiques et qui me permet de sortir ces disques très travaillés.

J’ai apporté trois disques qui sont tous très importants dans ta discographie. Tout d’abord ‘In Absentia’ de Porcupine Tree, avec lequel j’ai découvert ton univers il y a 15 ans et qui est un mix parfait de rock progressif, de metal et de pop : sans doute le meilleur que tu aies fait avec le groupe, non ?

C’est également mon préféré de Porcupine Tree. Quand on a enregistré cet album, j’avais la meilleure sélection de chansons dans laquelle piocher. Très souvent, on a la pression quand on fait un album et on se retrouve à enregistrer ce qu’on a sous la main : si on doit faire dix chansons, on prend les dix chansons qu’on a sous la main, on les enregistre et on sort l’album. Alors que mes meilleurs albums sont ceux pour lesquels j’avais beaucoup de matière et pour lesquels j’ai pu choisir les meilleures chansons à partir de ça…

Le deuxième album est ‘Together We’re Stranger’ de No-Man, ton projet avec Tim Bowness. Peut-être la musique la plus planante que tu aies jamais écrite… Et pourtant ce groupe que tu as formé à la fin des années 80 reste peu connu en-dehors de tes fans !

Ce n’est pas une musique accessible immédiatement… C’est très beau et c’est vraiment un album dont je suis très fier. C’est épique, éthéré, il y a beaucoup d’ambient et de choses très planantes, la voix de Tim est magnifique…

Tout ça, Porcupine Tree, No-Man, c’est du passé pour toi ?

Je pense… On en revient à ce que tu disais tout à l’heure sur le fait que je suis très prolifique… C’est vrai, mais je pense que je ralentis un peu la cadence ces derniers temps. Aujourd’hui, j’ai ce besoin de sentir que chaque album que je fais est le meilleur possible. Et ça devient de plus en plus dur, ça me prend de plus en plus de temps. Je n’ai pas envie de dire à Tim : ‘Oh, j’ai deux semaines de libre en novembre, faisons un album de No-Man en vitesse’… Ça ne marche pas comme ça. Même chose pour Porcupine Tree. A chaque fois, c’est un an et demi de ma vie pour faire un album, le produire, le promouvoir et le jouer sur scène. Je suis très heureux actuellement avec ma carrière solo et je ne veux pas m’arrêter là. Je n’ai donc pas le temps de faire un album de Porcupine Tree ou de No-Man comme il faudrait.

Enfin, ‘The Raven That Refused To Sing’. Ton troisième album solo était un hommage à l’époque dorée du rock progressif des années 70. As-tu conscience d’avoir sorti un album qui tient la comparaison avec tous ces grands disques de l’époque et qui sonne quand même comme un album de Steven Wilson ?

Déjà quand on l’enregistrait, j’espérais qu’il transcenderait ses influences. Tu sais, quand on écoute un album, n’importe lequel, on peut entendre des influences. On se dit : ‘Tiens, ils ont écouté le Velvet Underground’, ‘Tiens, ils ont écouté Can’ ou ‘Ah, ils ont été influencés par les Bee Gees’… Pour moi, la différence entre un bon artiste et un artiste lambda, c’est que l’artiste lambda est incapable de dépasser ses influences… Les bons artistes, quoi qu’ils fassent, sonnent comme eux. Je crois que c’est Bob Dylan qui a dit : ‘Un artiste moyen est influencé par, un grand artiste vole…’ (en fait, cette citation est attribuée à de nombreux artistes comme Picasso, Faulkner ou encore Stravinsky, ndr) Ce qu’il veut dire par là, c’est que l’artiste moyen sonnera toujours comme une copie, alors que les bons artistes auront toujours leur propre son, même s’ils empruntent à d’autres. Et j’espère que j’appartiens à la seconde catégorie, que mes disques sonnent comme des disques de Steven Wilson et pas comme les albums de tel ou tel artiste. J’ai volé des trucs pour ‘To The Bone’, mais j’espère que ça ne s’entend pas trop ! Après, je suis le plus mal placé pour juger ma propre musique, je suis en quelque sorte le seul à ne pas me voir dans le miroir. Ce qui est sûr, c’est que la chanson-titre de ‘The Raven…’ est sans doute la plus belle que j’ai écrite et, rien que pour ça, je suis fier de cet album.

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