Pogo Car Crash Control, piranhas en pleine foncedalle

Pogo Car Crash Control, piranhas en pleine foncedalle

Hormones pompées à bloc, la puberté c’est pour la vie. Pogo Car Crash Control et la frénésie adolescente gerbent encore leurs mots durs sous couvert de punk transpirant, et le virus n’a fait qu’amplifier la sudation. Discussion avec le groupe à l’occasion de la sortie de son nouveau double single, Aluminium.

Louis : Sans qu’on s’en parle avec Olivier, on lisait tous les deux des trucs assez sci-fi, et on s’est dit ‘putain, faut faire un album qui parle de robots et de voyages temporels.

Quatre piranhas en pleine foncedalle, Olivier, Lola, Louis et Simon refusent catégoriquement de nous lâcher les guiboles. À peine un an après leur deuxième album, Tête Blême, paru en France et au Québec, voilà que le troisième pointe déjà le bout de son nez avec un retour en studio prévu pour janvier 2022. Depuis leur première sortie, Crève, en 2016, les joyeux lurons enjambent les marches par douzaines en foutant à l’amende l’essentiel des groupes de rock français pseudo-établis, le tout avec une humilité réjouissante et un style impeccable. Deux morceaux de plus dans le holster, des textes inspirés par Philip K. Dick et Blade Runner : une esthétique qui colle parfaitement aux mutations soniques du groupe depuis Tête Blême. Plus de métal. Toujours du punk.

Louis : Moi, je n’avais pas envie qu’on devienne complètement un groupe de métal. Je pense qu’on fait tout avec une énergie, un noyau un peu punk. C’est ça qui nous anime vraiment depuis le début. […] Je dirais qu’on fait du grunge hardcore trash.

Le premier titre, Aluminium, lourde un métal progressif aux refrains teintés de mélancolie épique qui rappelle certains morceaux de Gojira, l’acné en plus. Criminel Potentiel, deuxième morceau, fout le feu avec un riff d’une simplicité déconcertante, quelques ponts aux effets surprenants, et un couplet basse-batterie. On reconnaît là les origines hardcore du groupe.

Sur la touche depuis la sortie du premier EP en 2019, Suicide Collectif – side-project grindcore enregistré chez The Psychotic Monks – ne donne pas de nouvelles, mais il n’est pas question de lever le drapeau blanc : ‘Avec Pogo, on peut tout faire‘.

Louis : On écoute beaucoup de hardcore. En ce moment, il y a Turnstile. […] À la base, à Paris dans les années 2010, on grandissait un peu avec toute la scène garage, Fidlar, Bass Drum of Death, Ty Segall, etc… Maintenant, la scène garage s’est un peu essoufflée, et la nouvelle scène où il existe justement encore un peu une ‘scène’, où tu revois toujours les mêmes têtes, c’est un peu la scène hardcore. Je me souviens avoir découvert Terror il y a 5 ou 6 ans, et ça déchire.

Un double single emballé dans un artwork qui suinte d’influences D.I.Y, allier l’image à la musique depuis le début avec la patte BD indé de Baptiste Groazil : une atmosphère puérile et résiliente, crachée inlassablement à la tronche d’un public sensible à la richesse de leur identité. Dans la lignée de groupes comme Stupeflip pour lequel ils avaient ouvert en 2018 à la Flip Party, Pogo Car Crash Control déroule son univers en toute cohérence, quelques comics d’Alan Moore glissés sous le pieu à côté de la littérature d’anticipation. Encore un doigt d’honneur aux géniteurs bien pensants et à un monde trop fade.

Louis : Ce n’est pas un truc qu’on avait dès le début. On un toujours kiffé les dessins, la BD, les trucs un peu graphiques. Du coup, c’était un peu naturel pour nous d’en venir à des pochettes dessinées. […] L’image qu’on se fait s’est faite avec le temps, ce n’est pas un truc où on s’est dit ‘tiens il faut qu’on mette ça et ça sur les réseaux’. Les paroles sont aussi empreintes d’une certaine sincérité, donc c’est un truc qui vient assez naturellement, on essaye de pas trop mentir sur notre image.

Touché pas coulé, les dates reprennent doucement après le cataclysme Covid, et ce n’est pas une tournée annulée au Canada qui suffira à saper les ambitions internationales du groupe. Le choix de la francophonie réduit peut-être les opportunités : ‘On ne regrette pas parce que c’est ce qui a fait notre personnalité aussi. […] Ce côté punchliner, on trouvait ça cool. Nous, à la base, on faisait des concerts devant nos potes‘. Mais les portes du nouveau monde restent grandes ouvertes. Comme Guerilla Poubelle, Pogo car crash control pourrait bien exporter son punk abrasif au Québec, son vacarme psychotique y étant déjà distribué par le label Hell For Breakfast.

Louis : On a une histoire sulfureuse avec le Canada et le Québec. Quand on a commencé à bosser avec Slam Disques et Hell for Breakfast, une tournée était prévue directement au printemps. On est venu il y a quatre ans, on devait revenir l’année suivante, et c’est tombé à l’eau cette année à cause d’histoires de contrats d’édition. L’année d’après, ça ne s’est pas fait à cause du Covid. […] On a jamais eu de vraie tournée internationale en dehors de la francophonie. […] Le Québec, c’est hyper punk, super rock’n’roll. Quand on s’est promené dans Québec, on a été hyper étonnés. A un moment, on est tombé dans une boutique de fringues et ils passaient du METZ. On hallucinait, on était en mode : ‘Mais jamais t’entendrais ça à Paname dans une quelconque boutique.

Dans nos souvenirs, le ciel n’est pas si couvert, l’horizon se dégage peu à peu après une errance culturelle de presque deux ans : deux Bataclan annulés, et une flopée de concerts assis n’ont pas tari l’enthousiasme d’aucun des blondinets de Pogo Car Crash Control. Une date prévue au Trabendo le 12 mai 2022 pourrait bien sonner la fin d’une longue ère d’austérité. Laissons enfin les lourdes bourrasques déferler des amplis sur-chargés. Dicter le rythme à nos corps anémiés.
Dans un grand pogo.

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