
18 Mai 23 Pamplemousse, le soleil et l’amer
De retour sur leur île après une tournée de neuf dates en métropole, les Réunionnais de Pamplemousse ont pris le temps de répondre à quelques-unes de nos questions. Une visio d’un hémisphère à un autre pour une interview chaleureuse avec Sarah Lenormand et Nicolas Magi, au cours de laquelle nous avons parlé de leur troisième album Think about It, de batterie, d’Afrique, d’Amérique et de live…
Quel est votre ressenti après cette tournée de quelques dates en métropole ? Vous avez notamment fait un Trabendo soldout en première partie de Fuzz !
Nicolas : Ce concert à Paris a été parfait ! Tout le monde avait le sourire, était heureux, et la salle était déjà pleine pour nous. Les gars de Fuzz étaient cools aussi. Bref, c’était très bon enfant. On nous a souvent dit que ce n’était pas facile de faire une première partie à Paris, pourtant notre premier concert en métropole a eu lieu à Petit Bain, en ouverture d’Unsane, et ça s’était déjà passé comme ça. Pareil pour l’ensemble de la tournée : tout le monde nous a très bien accueilli. En comparaison avec la dernière fois où nous sommes venus, il y avait relativement plus de monde aux concerts. On ne remplit pas forcément les salles, mais on note plus d’engouement par rapport à cet album.
Comment expliquez vous cela ?
Nicolas : A l’époque du premier album, nous étions trois très bons amis. On était toujours fourrés ensemble, on répétait tous les jours, et notre bonne humeur s’entendait dans les micros. Pour High Strung, on avait changé de batteur. Ça a été une période plus compliquée, et ça c’est ressenti aussi à travers un album plus noir, plus dur. Là, on s’est de nouveau retrouvé sans batteur, du coup on a décidé de rester en duo. On a vraiment pris du bon temps à composer les morceaux, sans trop se prendre la tête sur quelle direction prendre. Ça fait de Think of It un disque plus coloré, plus positif. Là aussi, ça s’entend.
On y trouve notamment des titres plus indie comme Cactus ou One Million Doors…
Nicolas : Mais on aime aussi ce genre de musique !
Sarah : J’ai commencé la batterie pour cet album, donc on a dû chercher des parties de guitare et du chant qui puissent coller sur une batterie qui soit la plus simple possible. Il en est sorti ce genre de morceaux plutôt jolis, sans qu’on se pose la question s’ils étaient pop ou non.
Justement Sarah, comment s’est passée la transition à la batterie ?
Sarah : Quand Nicolas m’a proposé de prendre la batterie afin qu’on reste un duo, l’idée n’a pas été difficile à accepter mais, en pratique, ça a été assez compliqué. Je n’en avais jamais joué, et comme je suis impatiente de nature, j’avais envie de réussir très vite des choses difficiles. Il y a donc eu un mois ou deux assez frustrants. Physiquement, ce n’est pas évident non plus, surtout pour les bras ! Mais ça m’a quand même plu, donc on a bossé et j’ai fini par accepter de rester sur des choses intéressantes mais simples.
En tout cas, vous semblez avoir trouvé le bon format. C’en est donc définitivement fini de Pamplemousse en trio ?
Nicolas : Trouver des gens parce qu’il faut faire de la musique, ça devient vite chiant. Tu sais, j’ai passé huit ans sans faire partie d’un groupe. On me proposait des trucs, mais ça ne m’intéressait pas. Moi, j’ai besoin d’être en famille. Maintenant qu’on a trouvé la bonne formule, j’espère qu’on va pouvoir enchaîner les albums. Mais après, on n’est pas fermé non plus…
Sarah : Si un jour on rencontre quelqu’un avec qui on s’entend super bien, qu’il prend la basse, la batterie, ou qu’on joue à deux guitares et que ça colle, pourquoi pas !
Mais il y a une scène rock à la Réunion ? Des groupes que vous croisez souvent ?
Nicolas : ‘Scène’ est peut être un grand mot, mais on est bien loti quand même. Il y a au moins un bon groupe par genre musical. Il n’y a ni scène noise, ni scène punk. Côté noise, Risque Zéro est là depuis longtemps et fait beaucoup de bruit. Il y aussi le festival Rock à la Buse où sont déjà passés La Jungle, Johnnie Carwash, Jessica 93, Frustration ou The Ex. Il se passe donc des choses, mais si tu ne tournes qu’ici, tu as quand même vite fait le tour.
Les gens de la métropole ont toujours l’air surpris que La Réunion puisse produire un groupe aussi punk que vous. Est-ce que cette réaction vous surprend, ou vous agace ?
Nicolas : Oh non, ça nous fait rire. On sait que ce n’est pas tous les jours qu’un groupe débarque de la Réunion. Ce n’est pas du tout un truc qui nous agace.
Et est-ce que vous avez des contacts avec le continent africain ? Je crois que le clip de Vicious Mind a été tourné en Afrique du Sud…
Nicolas : On a déjà joué dans un festival à Madagascar, sur une plage. Pas mal de groupes d’Afrique du Sud sont venus à la Réunion aussi, notamment les Make Overs qui ont tourné avec The Limiñanas en métropole, ou Black Lung avec qui on a sympathisé. Ce sont eux qui on fait le clip de Vicious Mind d’ailleurs. Ils nous demandent souvent de venir chez eux. On aimerait bien, mais c’est une histoire de finances : ça nous coûte déjà une blinde de venir en métropole, et c’est quand même ce que l’on privilégie.
Tant qu’on est sur la géographie, pas mal de titres de votre dernier album évoquent l’Amérique… Fat Hollywood, Mexican Boy, Derry, Maine, la ville fictive où se déroule les livres de Stephen King…
Sarah : C’est moi la fan de Stephen King ! Derry est la ville où se déroule des atrocités normales ou paranormales, et ça collait avec le texte qu’avait écrit Nicolas sur les péchés…
Nicolas : Après, il faut savoir que les titres de nos chansons ne sont jamais en lien direct avec les paroles. On brouille les pistes. Mexican Boy, c’est juste que ma guitare est mexicaine. Fat Hollywood parle de ma détestation de la cocaïne. C’est une image sur un rail de coke. Donc, nos titres sont un peu des jeux de piste.
J’imagine que tourner quand on est basé à La Réunion demande une sacrée logistique. Est-ce que vous avez néanmoins prévu de revenir en métropole prochainement ?
Nicolas : Ce qui change pour nous, c’est qu’on travaille maintenant avec un tourneur, Coming Sounds. Comme l’album est bien accueilli, on va venir en métropole tout l’été. Les festivals sont déjà tous bookés, mais on va essayer de faire des concerts par ci par là. Après, il y a une autre tournée qui est en train de se monter pour l’automne.
Sarah : C’est plus simple pour nous depuis qu’on n’est plus que tous les deux. On n’a plus à composer avec une troisième personne qui a aussi son travail, sa famille…
Nicolas : Et puis, pour nous, tourner en métropole est toujours l’occasion de rencontrer d’autres groupes qu’on ne verrait jamais autrement. Par exemple, à Nantes, on a joué avec Basic Partner. Ce sont des gars de Clavicule et de Tickles, ils nous ont bien scotché. Donc, c’est toujours enrichissant.
Sarah : On est aussi passé faire un coucou au studio Black Box. Ça nous a fait plaisir. Du coup, on a déjà envie d’enregistrer le quatrième album.
Vous y travaillez déjà ?
Nicolas : On a déjà un ou deux morceaux qui prennent forme, mais la priorité est quand même à la tournée.
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