OI BOYS, crash convecteurs

OI BOYS, crash convecteurs

Depuis 2021, les Oi Boys font transpirer les fosses des festivals, les squats et les salles plus ou moins underground. Ceux qui découvrent alors sur scène leur street-wave-cold-dark-punk redoutablement efficace, rejoignent instantanément le rang des conquis. C’est dans l’atelier de Bat, autour d’une bière et avant de descendre à un énième concert dans une cave, que les deux acolytes reviennent sur une année 2022 traversée à 200km/h, au rythme imposé par des tournées qui s’enchaînent, un succès grandissant, et une petite ville de Metz toujours en toile de fond, qui semble garder jalousement ses rejetons comme une matrone borderline.

Il y a quelques temps, les Oi Boys ont soufflé leur première bougie avec l’anniversaire de la sortie du premier album. Quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler ?

Val : On est hyper contents, surtout que ce n’était pas gagné si on se replace un an auparavant. Quand tout a repris un cours normal, ce groupe nous a permis de faire plein de concerts, et de recevoir un très bon accueil. Tout cela s’est révélé très stimulant.
Bat : Ce contraste, entre l’année blanche en raison du Covid et la sortie de l’album qui marche bien pile au moment de la reprise des concerts, est super étonnant. On nous proposait plein de dates alors qu’on n’avait pas vu de shows depuis longtemps. Du coup, on a eu plein de connections : on a commencé par une tournée avec Utopie et Litovsk, on a aussi joué avec Syndrome 81, donc on a rencontré des gens de notre scène qu’on aimait bien, mais qu’on ne connaissait pas toujours personnellement. Commencer comme ça a été super. Puis, on a continué avec Zone Infinie et depuis, on enchaine les concerts. Jusqu’à maintenant, nous sommes super satisfaits.

Vous avez énormément tourné. Pour avoir assisté à plusieurs concerts, je peux témoigner que l’énergie que vous dégagez dans une salle est particulièrement intense. En composant l’album, vous pensiez déjà à la scène ?

Val : Non, pas du tout. À la base, on ne voulait même pas faire de concerts. On était que deux, avec un synthé et une guitare, et je n’avais pas forcément envie de jouer avec une boite à rythme. Du coup, on s’est posé la question, et on s’est dit qu’on était déjà bien contents des morceaux, d’avoir pu sortir quelque chose de physique. Le but n’était donc pas du tout de faire du live, mais de continuer à jouer de la musique tous les deux, parce qu’on avait un groupe avant qui n’existait plus, et qu’on s’était dit qu’il serait marrant de refaire un truc ensemble.
Bat : Même quand j’ai commencé à écrire, juste pour moi, je ne pensais pas du tout que ça allait sortir. Cette décision de faire des concerts ne vient d’ailleurs pas de nous : on s’est vus par hasard, ici dans cet atelier où on est actuellement, avec Bastien qui jouait dans Daïkiri et Dalida, et Alex (Les Sioux). On se faisait un petit brunch en bouffant du cheddar au whisky quand Bastien a lâché : ‘Venez, on fait des concerts’. On a d’abord refusé puis, finalement, on a réfléchi et on l’a rappelé l’après-midi même pour dire ok. Depuis, on n’arrête plus.
Val : On ne s’attendait pas du tout à ça. Dès que les gens ont vu qu’on commençait à faire des concerts, on a eu énormément de propositions. Ça a fait un effet un peu boule de neige, et on a réalisé qu’il y avait moyen de faire de belles tournées.

Ouais parce qu’en plus, ça prend super bien, il y a une vraie ferveur de la part du public…

Bat : Justement, pendant cette première tournée avec Litovsk, on a joué à Brest. On ne se rendait pas trop compte de l’écho qu’on pouvait avoir, même si nous savions que les gens aimaient bien parce que nous recevions plein de mails. On n’avait encore jamais trop chanté mes paroles en live et là, il y avait plus de 200 personnes, tout le monde les connaissait, ça gueulait de tous les côtés. On s’est regardé, et on s’est demandé ce qu’il se passait. C’était cinglé. C’est super agréable, évidemment !
Val : Ouais, c’était touchant. On était complètement à l’Ouest pour le coup, à l’opposé de chez nous, et les gens connaissaient déjà les paroles.

Revenons aux origines des Oi Boys. Comment est né ce projet ? J’aime bien l’anecdote de la brocante…

Val : Ce n’était pas vraiment en brocante, mais plus dans un truc genre Cash Converters. Je devais aller bouffer avec ma grand-mère dans un resto chinois à volonté, parce qu’elle m’emmène toujours dans ce genre de trucs en zone industrielle. J’étais en avance, donc j’ai fait un tour dans ce troc, j’ai vu ce synthé à 15 balles, et je l’ai chopé. J’ai joué un peu dessus, mais je ne savais pas trop quoi en faire. Du coup, je l’ai filé à Bat…
Bat : Hélas, il commence à déconner. J’ai du en racheter un il n’y a pas longtemps.

Donc les Oi Boys ont vu le jour grâce à la mamie de Val et aux buffets chinois à volonté…

Val : Un peu ouais. C’est grâce à Mamie Inès ! (rires)

Est-ce que vous comptiez déjà faire quelque chose avec Oi Boys avant cette année blanche, ou est-ce qu’on peut dire – comme c’est le cas de beaucoup d’albums ces derniers mois – que c’est un disque de confinement ?

Val : Non, ça a commencé bien avant. Le confinement nous a plutôt servi à peaufiner. Je crois que quasiment tous les morceaux étaient composés avant.
Bat : Pas tous, mais une bonne partie, oui. Disons que toutes les structures, les squelettes des morceaux étaient déjà là. S’il n’y avait pas eu de confinement, il y aurait quand même eu Oi Boys, même si ça aurait peut être été un peu moins travaillé. On savait qu’on voulait refaire un groupe ensemble après Divojugend, notre projet doom-spaghetti. Comme on est très potes tous les deux, c’était évident. Puis le fameux synthé est arrivé, et j’ai commencé à composer avec. Je suis batteur à la base, j’ai fait du piano aussi, donc j’ai les bases mais pas le doigté d’un pianiste. Du coup, je me suis mis à taper dessus comme sur un charley, et ça s’est créé comme ça, en faisant du synthé comme on fait de la gratte.
Val : Quand on a commencé, on savait que ce serait avec ce synthé, et avec le son de guitare que j’avais dans Divojugend. On voulait garder ce son plein de reverb.
Bat : C’est vrai que si t’écoutes Divojugend, tu retrouves plein de bases des Oi Boys. Il y a vraiment beaucoup d’accointances, sauf que c’était plus lent, qu’il y avait une vraie batterie. Mais c’est vraiment le même délire, avec nos deux voix, avec pas mal de delay dedans. Divojugend était un peu plus noise mais c’est la genèse du truc à la base.

Comment se passe la composition des titres ? L’écriture ? Chacun a t-il sa partie, ou est-ce une réflexion commune ?

Bat : Ça a un peu changé pour le deuxième mais, pour le premier, j’étais plutôt tout seul avec le synthé. J’ai écrit la base de la plupart des morceaux étant donné c’est moi qui fait la boite à rythmes et la basse (au synthé). Après, Val est arrivé, on a fait les guitares ensemble, puis on a retouché toutes les paroles. Quand un truc n’allait pas, il me disait de changer. Pour le deuxième, on compose plutôt ensemble. Maintenant, on fonctionne vraiment par résidences : on se pose pendant une semaine tous les deux, on se donne plein d’idées, on fait des vraies répétitions toute la journée, comme un groupe. C’est moins partitionné.
Val : Pour le deuxième, ça part plus d’un riff de synthé ou de guitare, et on teste des trucs. C’est un vrai laboratoire maintenant.
Bat : Voilà, on se renvoie un peu la balle alors qu’avant, j’avais quasi toute la structure, les paroles, les yaourts… On bossait dessus ensemble seulement après. Pour ce qui est des paroles, c’est surtout moi, même si Val écrit quelques trucs aussi.

On sent dans votre musique une influence nettement années 80 en raison du côté synthé et post punk. Vous faites notamment référence au Béru, à Camera Silens… alors que vous n’étiez pourtant pas nés. Comment s’est construit votre son ?

Bat : Le son du synthé, il date de la fin des années 70 si je ne dis pas de conneries, mais il a vraiment un son typé 80. C’est ce qui fait la base du truc et qui donne un côté new-wave, accentué par la boite à rythmes et les trois samples de mon autre synthé pourri. En vrai, si on l’avait fait avec une gratte et une batterie, ça aurait été du punk.
Val : Complètement, c’est le choix de l’instrument qui a orienté une sonorité, c’est certain.
Bat : Oui, parce qu’on chantait déjà de la même manière dans notre groupe de doom. Il y a aussi un côté un peu new-wave dans notre manière de chanter, mais on a mis du delay dessus. On en avait déjà à bloc avant. En fait, tout vient plutôt de la technique que d’un réel choix de faire un truc qui sonne 80. En plus, comme ce son eighties marche pas mal en ce moment, ce n’est pas quelque chose qui nous a attirés. Il n’a jamais été question de faire un truc à la mode.

Justement, vous avez ce côté 80 qui ne ressemble pas à tout ce qui sort actuellement. C’est aussi ce qui fait la force du groupe…

Bat : C’est parce qu’on a le cul entre deux chaises. Notre musique n’est pas vraiment new-wave, mais plutôt punk. C’est pour ça qu’on cite pas mal de groupes de punk : on vient beaucoup plus de là.
Val : Je n’ai pas de culture new-wave. Peut être un peu cold-wave, mais c’est hyper léger. On aurait fait ça avec une contrebasse et un violoncelle, ça aurait sonné encore différemment, mais le squelette aurait été identique.

Cette culture punk, elle est arrivée comment ? Vu que vous êtes de la fin des années 80, c’était déjà un peu fini, si j’ose dire…

Bat : C’était déjà un peu fini oui, mais il y a encore maintenant des jeunes qui écoutent du punk à 15 ans. Je pense que c’est vraiment le genre de truc vers lequel tu vas quand tu es adolescent, que tu ne te sens pas très bien, que t’es contre le système, que tu t’élèves contre plein d’injustices. Le punk, c’est comme un réflexe dans ces moments là. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui passent par là, qu’ils soient nés en 86 ou en 2002. Ça a été le cas pour nous.
Val : Le punk ne se résume pas à 1977. Il y a toujours eu des groupes, il y a toujours eu une scène. Je crois que mon premier contact avec cette musique, ça a été le skate, quand on jouait à Tony Hawk. Dans les vidéos, on entendait souvent des groupes de punk, et c’est le premier truc qui nous a fait entrer dedans. Après, on se passait des disques entre nous, et il y avait aussi encore pas mal de presse écrite. Ce n’était pas un truc mort. D’ailleurs, on écoutait surtout des groupes ‘vivants’, qui tournaient.
Bat : Encore aujourd’hui, il y a plein de groupes super cool qui collent justement un peu à cette ambiance qu’on a sur l’album, c’est-à-dire un truc un peu plus morose, post-punk justement.
Val : Ouais, du punk froid.

Du coup, qui sont les groupes actuels que vous écoutez, et dans lesquels vous vous retrouvez un peu ?

Val : Ceux avec qui on a tourné. Syndrome 81, Hinin, Litovsk, Zone Infinie, Utopie… Tous ces groupes là. Il y a une scène hyper riche en ce moment, avec plein de groupes qui voient le jour tout le temps.
Bat : Ce qui est cool, c’est qu’on ne joue pas qu’au sein de la scène punk. Il n’y a pas longtemps, on a partagé l’affiche avec Maria Violenza et Noir Boy George. On refait une tournée avec lui au mois de janvier. C’est plus riche et plus sympa de pouvoir changer de public. Comme on a le cul entre deux chaises dans notre sonorité, c’est important de respecter ça pour le live. Quand t’es jeune, t’as vraiment envie d’être dans le punk à donf mais, à 36 ans, tu ne veux plus t’enfermer dans un truc. Tu as besoin de découvrir d’autres choses.

Dans l’album, on note plusieurs fils conducteurs : l’amitié, un peu de nostalgie, et pas mal d’errances. On sent qu’il y a beaucoup de vécu dans vos morceaux. Est-ce qu’on peut dire que c’est un genre de témoignage de ce que c’est que d’être trentenaire dans une petite ville de province en 2022 ?

Bat : Oui vraiment, quand tu parles de l’âge, tu as complètement raison. Quand j’ai commencé à écrire les morceaux, je n’étais vraiment pas au top. Je pense que ça s’entend dans l’album. J’avais vraiment l’impression de ne pas vivre la vie que je voulais vivre à la base. J’ai écrit là dessus parce que ça me faisait un peu mal, donc j’ai pensé les paroles de manière cathartique parce que je n’avais plus le choix, parce que ça me faisait du bien, et je ne savais pas du tout que les morceaux allaient sortir. En effet, c’est vraiment ça : passer la trentaine, voir le temps qui passe, ne pas avoir d’enfant comme les autres, subir de temps en temps la pression sociale, et me dire que de toute façon j’en ai rien à foutre. Il y a ce truc d’être perdu entre deux eaux, d’être dans la fête à donf pendant un temps puis plus du tout, et se remettre au sport, vivre plein de choses qui déstabilisent. Le coup de la crise de la trentaine, c’est tout à fait ça.
Val : Et malgré tout, même sans se le dire, il y a aussi ce rapport au fait que Metz est une petite ville grise où tu tournes en rond. Souvent, on se dit qu’on en a ras le cul d’être ici, et qu’on aimerait bien être ailleurs. Sans qu’on veuille écrire explicitement là dessus, je pense que ça se ressent dans notre musique.
Bat : C’est sûr qu’on a ce côté spleen. Les groupes de Metz ne sont pas connus pour être de gros fans de Sinsemilia. C’est culturel et régional !

Justement, la pochette représente le Monument aux Morts de Metz en commémoration à l’Alsace et la Moselle rendue à la France en 1918. C’est quoi votre rapport avec votre ville ? Un mélange entre amour et haine ?

Val : C’est vrai qu’à la base, on est du coin, on s’est barrés un temps vivre ailleurs et, finalement, on est revenus… Parfois, ce côté circuit fermé donne clairement le sentiment d’étouffer ici. Je sors beaucoup en concert, et j’y vois tout le temps les mêmes personnes. C’est pour ça d’ailleurs que tourner beaucoup nous fait un bien fou. Ça nous sort un peu de là. Du coup, quand tu reviens, t’es content de retrouver ces gens-là.
Bat : Après, c’est aussi notre faute parce qu’on n’est pas emprisonnés par la ville elle-même. Nancy, c’est vite fait en train, on a Sarrebruck où il y a quand même pas mal de concerts cools, mais c’est vrai qu’on s’enferme facilement dans un quotidien. On en a beaucoup parlé, et ça revient pas mal dans l’album effectivement.
Val : Cette ville, on l’aime autant qu’on la déteste. Ce sont les gens que j’aime ici, plus que l’architecture. Même si c’est charmant, ce n’est pas la qualité de vie qui nous retient. Justement, le Monument aux Morts, ce n’est pas pour l’amour de la ville, c’est plutôt le point de ralliement pour prendre l’autoroute. On est tous roadies dans le groupe. Il y a donc cette symbolique là : le fait de se barrer.
Bat : Il est beau quand même ce monument, on le voit souvent. Au final, c’est un hasard qu’il ait fini sur la pochette. À la base, on avait fait des photos sur le parking du Cora à 7h du mat’ dans des caddies, avec une lumière rasante. Elles sont cool d’ailleurs, mais on ne les a jamais utilisées.

En parlant de votre vie de roadies, il me semble que le titre La Liste découle d’un événement qui s’est produit sur la route…

Bat : Ça vient un peu de ça, oui… On bossait sur un concert de Johnny Hallyday à Reims. Il y avait ce gars qui est booker et que j’aime vraiment bien. À ce moment là, j’étais en plein dans mon projet solo Le Seul Elément, et j’avais besoin de contacts à Riga. Tout le monde n’a pas des plans là-bas, du coup je lui ai demandé s’il pouvait m’en filer. J’étais dans un rapport amical, et lui s’est mis en mode très pro alors qu’on se connaissait bien, on faisait la fête ensemble, etc… Et il m’a répondu : ‘Mais tu veux ma liste ou quoi ?’. J’ai trouvé cette réflexion un peu cinglée, et plus encore de ne pas se filer un coup de main entre musiciens. Je tairai son nom parce que je l’aime beaucoup mais j’ai un peu halluciné. J’ai donc écrit là dessus pour parler de la différence entre le circuit pro, et celui alternatif où tout le monde s’entraide et se refile des plans.

Vous êtes tous les deux des touche-à-tout prolifiques. Vous avez d’autres formations musicales, vous êtes aussi illustrateurs de talent… Quels sont vos projets à venir ?

Bat : Je joue de la batterie dans Loth, un groupe de black métal. On va sortir un album d’ici quelques mois. Ça dépendra des délais de pressage, c’est toujours la guerre ça… Mais on reprend les concerts, c’est génial. Je joue aussi dans Bishop, mais c’est un peu flou concernant le live pour l’instant.
Val : Avec mon autre groupe, Frau Trofea, on part en studio dans deux semaines avec Monsieur Marcaille qui nous enregistre. On va essayer de sortir un vinyle. Côté dessin, j’ai des projets d’édition, je fais un bouquin avec Raniero et Nikus (Le Syndicat des Scorpions) sur le cinéma des années 80.

Vous avez acquis une certaine notoriété avec Oi Boys, mais ça ne vous a donc pas enfermés ou détournés de vos autres projets. En plus, vous n’avez pas fait de bourrage de crâne sur les réseaux puisque vous n’y êtes même pas, ça a vraiment marché à la seule force de la qualité et du bouche à oreilles…

Bat : Disons que ce n’est pas notre mentalité. On n’a pas de Facebook ou d’Instagram Oi Boys, surtout parce qu’on est feignants par rapport à ça. On s’en fout, en fait !
Val : Oui, puis ce n’était pas du tout notre projet principal. Ça l’est devenu par la force des choses parce qu’on nous a beaucoup demandés de jouer, et peut-être que le confinement a aussi ralenti les autres projets. Aujourd’hui, le but n’est pas du tout de s’enfermer là dedans, même si je suis absolument ravi de faire autant de dates, et j’espère qu’on pourra en faire encore plein. Mais j’ai aussi envie de pouvoir continuer à dessiner, et de faire de la place aux autres projets.
Bat : On a d’ailleurs prévu de faire moins de dates prochainement, parce que ça prend quand même beaucoup de temps. Mine de rien, quand on rentre de tournée, il nous faut plusieurs jours pour nous en remettre vraiment, et pour être productifs dans les autres domaines.

Photos : Titouan Massé

ECOUTE INTEGRALE


Tags:
Pas de commentaire

Poster un commentaire