Make-Overs – Un reptile, six tonnes de chair et le contrôle total

Make-Overs – Un reptile, six tonnes de chair et le contrôle total

Depuis près 10 piges, et autant d’albums et de maxis, Make-Overs inscrit Pretoria et l’Afrique du sud en général sur la carte mondiale de la scène garage. Un garage vicieux, hyper-puissant, créatif, à ranger sans problèmes entre The Oh Sees ou The Men première époque.
Adorable duo à la ville, Andreas et Martinique se sont mis à table pour Mowno, juste avant de monter sur les planches des Trans, en toute fin d’année dernière. Au menu ? Un club africain au nom de reptile, leurs impossibles influences, et la nécessité de changer de label à chaque album.

Vous entamez votre tournée européenne par Rennes et les Trans, ça vous fait quoi ?

Make-Overs : Ça nous intimide pas mal en fait. Mais on est évidemment ravis et impatients. Ouvrir notre première tournée européenne par les Transmusicales, c’est génial. Ceci étant, le reste des concerts aura lieu en Europe de l’Est, dans des lieux beaucoup plus petits, principalement dans le réseaux non-profit et Do It Yourself, les conditions devraient donc être beaucoup plus proches de ce que l’on connait par chez nous.

Justement, d’ici, on voit assez bien à quoi ressemble la scène hip-hop en Afrique du Sud, avec Die Antwoord, Ben Sharpa ou DooKoom, mais pour le rock indé ça encore reste assez flou…

Ouais, je crois que DooKoom tourne même plus en Europe que chez nous au final. Tous les deux, on écoute beaucoup de hip-hop, de soul music, James Brown… On écoute aussi pas mal de noise et de pop. Finalement, on n’écoute pas le genre de musique que l’on joue. Après, en ce qui concerne Make-Overs, disons qu’on évolue vraiment dans une scène qui tient dans un mouchoir de poche. Il y a peu de groupes, mais ils se renouvellent, donc ça c’est plutôt cool. La scène se structure aussi autour de ses lieux de diffusion, comme le Winston Pub à Durban ou le Nile Crocodile à Pretoria.

Damn, vous avez un lieu qui s’appelle le Crocodile du Nil, ça tue !

Ouais, c’est cool. Mais bon, c’est un tout petit milieu, il est très difficile de faire vivre un groupe de façon alternative là-bas. Il y a de très importantes disparités entre les villes sud-africaines, et notre société fait face à des inégalités très importantes, ainsi un très fort taux de pauvreté.

Oui, l’explosion de la scène garage n’est pas vraiment la priorité n° 1 pour l’Afrique du Sud. En même temps, c’est votre vie, votre passion, qu’importe le lieu finalement…

Oui c’est ça. Après tu rencontres le réel. Tu te rends compte que beaucoup d’endroits où tu joues veulent d’abord vendre de l’alcool. Et que ce sont plutôt les Dj’s qui ont la côte actuellement parce qu’il n’y a qu’une personne à défrayer. Tu commences à jouer devant dix personnes pour finir devant deux mecs. À part nous, personne ne croyait en Make-Overs au début. Il nous a fallu convaincre nos potes, le public, progressivement. C’est un process hyper long et éreintant. Mais tant qu’on fait les choses à l’instinct, ça reste naturel pour nous. Étrangement, il y a quelques années, une vague improbable de groupes de néo-métal sud africains a émergé. Des groupes complètement calqués sur le modèle américain, donc musicalement ce n’était pas fou, mais ça a ouvert pas mal de portes pour les groupes de rock en général. Et pour nous aussi par la même occasion.

Jusqu’à vous faire signer sur un label français…

Tu as entendu parler de Six Tonnes de Chair Records ? Écoute, on a sorti un deux titres chez eux aujourd’hui-même. En fait, on change de label tout le temps, on aime bien. L’idée d’appartenir à une seule maison ne nous met pas trop à l’aise, on veut garder notre liberté de manoeuvre. Et puis, on ne veut pas être un poids répété pour un label, on ne sait que trop bien la pression que ça peut représenter pour une structure indé de sortir un album. Enfin, ça nous permet de toucher des publics différents à chaque sortie, puisqu’on va s’installer dans des catalogues internationaux et des réseaux très différents. Les seuls à qui on continue de dire non, c’est Universal, ou Sony plus récemment.

Ça impacte sur vos allers-retours en studio ?

À nos débuts, on a expérimenté de gros studios, et ça n’a pas été fructueux. Depuis, on réalise tous nos albums nous-mêmes, du début à la fin. On est devenu complètement exclusifs avec l’enregistrement, c’est comme un enfant à qui on ne veut pas céder la garde. Du coup, on a zéro recul sur ce qu’on fait, et dans le même temps on maîtrise tout ! Actuellement, et pour la première fois depuis des années, on enregistre à Paris avec un ingé incroyable. On a déjà mis six titres en boite en deux jours ! On pense revenir en avril pour en enregistrer six autres, tous très différents de ce que nous avons pu sortir à ce jour. L’album devrait sortir cet été et la cover sera signée Anton Kannemeyer, l’auteur de Bittercomix, un dessinateur culte pour nous et un des premiers a avoir pris position contre l’Apartheid, bien avant la chute du régime.

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