01 Jan 01 Interview : Sonic Sum (01-2001)
Nous sommes Sonic Sum, un groupe de hip hop en provenance de New York mais d’origines différentes. Notre bassiste vit à New York également mais est de Dublin à la base, les Djs viennent de Washington et New York et il y en a un qui a des origines françaises.
On ressent beaucoup d’influences musicales à l’écoute de « Sanity Annex ». Est-ce qu’il reflète vos influences à vous ou est-ce un pur hasard ?
Nous écoutons du hip hop mais également du rock avec des groupes tels que Black Sabbath ou Led Zeppelin. Mais nous sommes principalement hip hop dans nos goûts même si il peut y avoir des incursions de tous styles.
Les titres de vos morceaux semblent être très inspirés par la science fiction. Est-ce que c’est quelque chose que vous aimez ?
Oui bien sûr. Nous apprécions les choses créatives et la science fiction répond tout à fait à nos attentes. Nous lisons pas mal de livres de ce genre, nous matons des films également alors il est fort possible que ce genre d’ambiance soit retranscrit dans nos morceaux que ce soit au niveau musical ou au niveau des textes.
Est-ce que le morceau « Flat Land » fait référence à Edwyn A. Abbot ?
Non. Cela fait référence à plusieurs choses mais surtout à pas mal d’endroits aux Etats Unis, à des régions sèches et désertiques de certains Etats comme la Californie. C’est en fait une critique de la gestion du territoire par le gouvernement. Il y a très peu d’endroits dans ce pays ou l’on peut admirer des champs de fleurs. Les buildings poussent de partout et c’est dommage. C’est une retranscription des images qui me viennent à l’esprit lorsque je vois tout cela, toute cette pollution.
Il y a beaucoup d’instruments tout au long de votre album. D’après vous, est-ce que le hip hop américain prend une tournure plus éclectique avec toutes ces expérimentations ?
C’est le genre de hip hop que nous aimons et que nous voulons faire à tout prix. Certains d’entre nous sont musiciens, d’autres producteurs et nos sensibilités respectives nous amènent à faire ce genre de musique. Nous appréhendons le hip hop avec ce côté musical. Beaucoup de groupes maintenant empruntent cette voie, tentent de fusionner les genres et mélangent les machines aux instruments. Nous n’avons rien à voir avec tous ces groupes commerciaux qui font tourner des boucles à n’en plus finir. Nous sommes attachés aux racines sans pour autant sonner old school, loin de là. Nous poussons notre musique à un niveau d’expérimentation plus élevé afin d’avoir ce son live. Nous aimons et voulons faire de véritables morceaux.
Depuis que Bush a été élu aux Etats Unis, avez-vous l’impression que les groupes de hip hop américains sont plus engagés qu’auparavant ?
C’est un peu la même chose, il n’y a pas eu de changements véritablement notoires. C’est plus subversif. Les groupes ont toujours à l’esprit la lutte contre le pouvoir. Clinton a voulu être le président du monde et il n’est plus au pouvoir maintenant. Un autre l’a remplacé mais a les mêmes ambitions. Quel que soit le président, les choses sont toujours les mêmes. Donc, forcément, le discours des détracteurs est le même.
On a l’impression que la censure, par exemple, est plus importante depuis le début de l’ère Bush…
Non, c’est la même chose. Tout le monde continue de dire ce qu’il a envie. Le rap est moins politisé que dans les années 80, car il s’est élargi et ne touche plus uniquement les gens lésés. L’esprit de révolte y est moins présent même si il y a toujours des groupes sur le front. De plus, le hip hop est tellement devenu un business que la plupart des rappeurs sont des capitalistes et adhèrent plus facilement à la politique actuelle. On peut quasiment maintenant distinguer les rappeurs à grosses voitures et les groupes engagés dans un combat idéologique.
Pensez vous que le mouvement expérimental de plus en plus important va effacer l’image du gangsta rap ?
Ce sont deux choses complètement différentes. C’est la même chose que dans le rock ou vous avez les puristes et les groupes qui drainent une mauvaise image. Nous n’aimons pas les Puff Daddy et consorts. Ce n’est pas du hip hop selon nous, ils n’orientent pas les kids vers le côté musical du hip hop et ils les influencent avec leurs textes néfastes et sans véritable fond.
Pourquoi avoir signé sur Ozone ? Pour être libre artistiquement ?
Nous ne sommes pas liés à Ozone par un contrat comme certains groupes peuvent en avoir avec des maisons de disque plus importantes. Ozone nous manage et sort notre musique, c’est plus une collaboration. Nous voulons contrôler le maximum de choses concernant notre musique et ils respectent cela car ils sont dans le même état d’esprit que nous. Nous sommes totalement libres chez eux… De plus, ils nous permettent de prendre part à des tournées avec des groupes tels que Antipop Consortium ou Mike Ladd, également signés chez eux. Ca facilite énormément de choses pour nous. C’est quand même mieux de travailler avec eux qu’avec des gens qui ne comprennent rien à ce que nous faisons et attendons.
Vous faites vous mêmes les pochettes de vos disques et le site internet du groupe. Selon vous, est ce pour vous une manière d’exprimer votre côté hip hop ?
Cela nous permet encore une fois de contrôler notre image et de faire en sorte que les visuels soient en total accord avec la musique. C’est souvent le contraire dans le hip hop alors si cela peut en plus nous démarquer des autres. Le site n’est pas encore totalement terminé. Pour l’instant, il y a le contact, quelques infos, du son qui permet aux gens de faire connaissance avec notre musique.
Quel est selon vous, l’importance de ce nouvel outil de communication ?
Cela permet de toucher le maximum de personnes même quand tu es un petit groupe sans véritables supports de promotion. Un groupe peut grâce à cela rester totalement indépendant sans se mettre de barrières. En plus, ce n’est pas négligeable au niveau de l’information. Cela permet aux gens de mettre un visage sur les musiciens, d’en savoir plus sur les groupes qu’ils apprécient tout simplement.
Quels sont les projets du groupe ?
Nous travaillons sur un nouvel album qui sortira normalement au début 2003. Avant cela, nous allons sortir un maxi qui va sonner rock tout en étant hip hop. Il marque une certaine évolution, une nouvelle expérimentation sonore. Il n’y a pas de featurings de prévus pour l’instant, mais c’est possible que d’ici là…
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