Mogwai, interview en capitale

Mogwai, interview en capitale

Un nouvel album, et Mogwai investit le Casino de Paris ce 28 octobre pour un concert exceptionnel. L’occasion de rencontrer Mogwai se faisant rare, Mowno la saisit. C’est Dominic (basse) qui nous répond…


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L’INTERVIEW EN INTEGRALITE…

Votre récente tournée aux Etats Unis s’est terminée plus tôt que prévue en raison de l’état de santé de votre batteur, Martin. Comment va t-il désormais?

Dominic Aitchison: Il va bien, il est complètement guéri… Il s’est fait remplacer son pacemaker il y a quatre semaines environ, et… ouais, il commence doucement à retrouver son endurance, il a pu assurer sur scène sans problème. Il a le moral!

Du coup, commencez-vous cette tournée européenne sereinement?

Ouais, c’est tout bon, même si on ne peut pas jouer aussi longtemps que d’habitude. Là, on fait un concert d’une heure et demie, alors que pendant la tournée américaine on jouait beaucoup plus longtemps. On doit faire un set beaucoup plus court, mais ça peut être un truc finalement très positif… Certains trouvaient que deux heures, c’était un peu long…

Votre dernier album, « The Hawk Is Howling« , est beaucoup plus calme que les précédents. Comment l’avez-vous abordé?

Couverture de The Hawk Is Howling de Mogwai

On l’a pas abordé différemment des disques précédents. On n’était pas délibérément parti pour faire un disque plus calme. Simplement, c’est comme ça que ça s’est fait. En principe, on enregistre un certain nombre de chansons, et puis on prend celles qui nous plaisent le plus. Si elles sont plus calmes, c’est comme ça, il n’y a pas de plan défini à l’avance. On se fie seulement à notre ressenti.

Il semblerait que votre expérience pour la bande originale du film « Zidane » vous ait pas mal influencé pour ce nouveau disque. Est-ce quelque chose que vous avez apprécié au final? Etes vous prêt à rééditer ce genre d’exercice?

Absolument. On a vraiment passé un bon moment à faire le disque « Zidane ». L’enregistrement d’une B.O, c’est très différent d’un album studio classique. C’est une expérience assez intense parce que vous avez des délais beaucoup plus courts, et évidemment il faut faire en sorte que ce que vous faites colle avec les images, donc… C’est assez différent, mais c’était très amusant. Je crois que, s’il y a des similarités entre ce disque et la B.O, c’est sûrement dû au fait que certains morceaux du nouvel album ont été enregistrés pour la bande originale d’un autre film. Mais ils n’ont jamais été utilisés, on s’est fait virer… Comme on les avait et qu’on les aimait bien alors, on a juste décidé de les adapter et de les mettre sur « The Hawk Is Howling ».

Comment Douglas Gordon a t-il réussi à vous convaincre pour illustrer les images de « Zidane »?

Ça n’a pas été difficile… On l’avait rencontré avant, lors de fêtes à Glasgow. Il parlait de football à pas mal des gars parce qu’il a une grande passion pour ce sport. Ils avaient l’habitude de se disputer. Je ne sais pas, pour une raison ou une autre, on est les premiers auxquels il a pensé. Peut-être parce qu’il savait qu’on avait une affection partagée pour le foot. Ça avait tout l’air d’une bonne première B.O à faire, et un film intéressant de surcroît, alors on n’a pas eu à y réfléchir tant que ça.

Si on vous laissait le choix d’un film pour en faire la B.O, lequel choisiriez-vous

Oh, je ne sais pas! On ferait n’importe quoi du moment que ça a l’air intéressant. Je suppose que pour être réaliste, ça devra être un film à petit budget, indépendant, parce qu’on n’aime pas trop qu’on nous dise quoi faire. Et plus il y a d’argent en jeu, plus il y a de gens qui te disent ce que tu devrais être en train de faire. On n’a pas l’habitude de ça, on tient à notre liberté.

Ce nouveau disque laisse beaucoup plus de place au synthé. Comment cet instrument s’est-il imposé durant la composition?

Pas mal des morceaux ont été écrits par Barry. Comme le clavier est son instrument principal, les chansons qu’il écrit lui offrent logiquement un rôle important. Mais, encore une fois, il n’y a pas eu de décision consciente d’avoir plus de claviers et moins de guitares. Tout s’est fait naturellement.

Crois-tu qu’il soit possible que, à l’avenir, Mogwai se tourne vers l’electro, comme Radiohead a pu le faire avec « Kid A » et « Amnesiac »?

Non, j’en serais vraiment surpris. On aime trop nos pédales de distorsion. C’est tellement marrant de jouer de la guitare, que je ne pense pas qu’il y ait de grandes chances qu’on fasse un album électronique un jour. Marier acoustique et électronique nous va très bien. Après, on dit ça, mais je n’ai aucune idée de ce qu’on va faire ensuite. Mais je serais surpris que ça change beaucoup.

Beaucoup de groupes profitent de leur exposition médiatique pour faire passer des messages. N’est-ce pas un luxe que vous refusez en optant pour le tout instrumental?

C’est juste… Mais faire passer ton message à travers la musique, c’est quelque chose de difficile à faire, surtout quand on en vient à un sujet comme la politique. C’est très dur de parvenir à ce qu’il soit bien compris, malgré le fait qu’on soit des gens avec des opinions assez prononcées. On préfère donc séparer les deux. Si les gens veulent savoir ce qu’on pense, ils peuvent nous demander, et on leur dira. Mais je n’ai pas vraiment le sentiment que ça ait une place dans notre musique.

C’est aussi un moyen d’obliger les gens à interpréter votre musique, et à aller chercher réponses à leurs questions en l’écoutant…

Oui, la facilité pour les gens de laisser parler la musique, de se faire leurs propres images, c’est le principal atout de l’instrumental. Pour nous, ce n’est pas un problème, je veux dire qu’on est contents que ce soit comme ça. C’est assez intéressant quand les gens te disent ce que tout ça veut dire pour eux aussi, c’est bien.

Vous jouez désormais plus souvent vos nouveaux titres en live. Est-ce désormais un élément essentiel pour qu’ils figurent au sein du tracklisting d’un album?

La raison pour laquelle on joue les nouveaux morceaux, c’est qu’on fini par en avoir marre de jouer les anciens! Ils nous fatiguent, alors on les laisse un peu de côté. Au lieu de cela, on se fait vraiment plaisir à jouer les nouveaux titres, ce qui ne satisfait peut-être pas une certaine frange de notre public qui ne vient pas pour cela… Évidemment, ça fait un long moment qu’on est là, alors les gens seraient contents d’entendre seulement tout notre ancien répertoire. Mais avec le groupe, ce qu’on aime, c’est le fait d’écrire de la nouvelle musique et de la jouer. Ça garde les choses intéressantes, au moins pour nous! Et puis tu es un peu obligé de jouer ton nouvel album sur scène.
Mogwai – "Scotland’s Shame" (Starlight Ballroom, Philadelphia 9/19/08)The best bloopers are a click away

En tant que pilier de la scène rock indé, quel regard porte Mogwai sur son évolution?

Ça change tellement vite. Il y a beaucoup de gens qui disent, surtout quand ils deviennent plus vieux comme nous: « la scène n’est pas aussi intéressante qu’elle était quand j’étais ado ». Mais je ne crois pas que ce soit nécessairement vrai. Il y a toujours de la bonne musique, et il y en a toujours beaucoup de mauvaise. Par moments, il faut fouiller pour trouver, mais je ne crois pas qu’il y ait de quoi s’inquiéter. Je ne crois pas que la scène soit dans un pire état qu’à l’époque où l’on a commencé.

A quoi vont ressembler les prochains mois de Mogwai?

On va juste beaucoup tourner jusqu’à l’année prochaine. Je crois qu’après les festivals de l’été prochain, on va commencer à écrire le prochain album. Celui-ci était le dernier pour notre label actuel, et il est fort probable que le prochain paraisse sur notre propre structure, qu’on s’occupe de tout nous-même.

Y a t-il des groupes ou chanteurs avec lesquels tu aimerais particulièrement travailler?

Je crois qu’on essaie de faire la plupart des choses nous-mêmes. Dans le passé, on avait différentes personnes qui chantaient sur les disques, mais c’est assez frustrant puisque ça incombe qu’ils ne puissent pas être joués en live. C’est pas très marrant, alors on a décidé de tout faire nous-mêmes. Mais je ne sais pas, si quelqu’un nous demandait de faire quelque chose avec nous, on n’aurait certainement pas d’hésitation. Mais personne n’a demandé, alors je ne sais pas… Et nous je ne crois pas qu’on aille spécialement courir après quelqu’un pour faire quoique ce soit. Il y a toujours des groupes avec lesquels on veut partager l’affiche. En général, c’est le fait de n’avoir jamais vu un groupe en live qui nous décide à le choisir. On se dit: « je les adore eux, mais je ne les ai jamais vus jouer. On n’a qu’à leur demander de venir ».

Traduction: Daniel


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