18 Juin 10 Interview – Mike Ladd, un poète sans peur et sans reproche
Artiste visionnaire, pionnier du mélange des genres, Mike Ladd clôture la guerre opposant les Infesticons et les Majesticons avec un troisième volet intitulé « Bedford Park« . Dix ans après avoir entamé cette trilogie, il était temps de faire le point et d’en savoir un peu plus sur lui. Rendez vous donc avec un Américain à Paris pour un entretien fleuve, au fond d’une cour intérieure du neuvième arrondissement de la capitale. Mike Ladd avait mille choses à nous dire, à partager, on a bu ses paroles…
Quel a été ton premier contact avec la musique?
J’ai eu trois moments dans ma vie qui m’ont marqués. Le premier, c’est quand j’étais jeune: j’habitais avec ma mère, parfois aussi chez ma tante, et dans cette maison vivaient mes cousins et cousines, soit plein d’enfants sous le même toit, dans une situation un petit peu dure et on peut dire que c’était une maison vivante. J’ai vécu là-bas entre quatre et onze ans. Durant toutes ces années, chaque après-midi, quand je regardais la télé, mon cousin qui avait sa chambre au-dessus écoutait de la musique à fond, et j’entendais toutes les basses et batteries de Kool And The Gang, Funkadelic, Parliament, Earth Wind And Fire, le tout filtré par le plafond, en low pass en quelque sorte. A la même époque, quand j’avais six ans, j’avais un petit tourne disque et je faisais tout le temps tourner le « Sergent Pepper » des Beatles. Je prenais tous mes animaux en jouets, mes personnages, et je faisais un spectacle pour le disque, jusqu’à la fin de l’album qui finit sur quelque chose de dramatique. Et tous les animaux pleuraient. C’est le deuxième souvenir marquant pour moi… Le troisième, c’est le premier disque que j’ai acheté. C’était « Upside Down » de Diana Ross. A cette époque, ma mère était doyenne d’une Université, donc on nous donnait une maison pour vivre proche du campus. C’était une maison énorme, complètement vide. Seule ma mère l’habitait, avec quelques étudiants qui y avaient des chambres. Il y avait un fauteuil énorme dans une pièce, d’un style très 70, et une chaîne hi-fi que j’écoutais uniquement au casque. Il y avait une énorme collection de vinyls. La collection de ma mère, celle de mon père qui venait de décéder, celles de mes deux demi-frères. Je piquais « Axis: Bold As Love » et l’écoutais en boucle.
Quel disque a changé ta vie?
Il y en a trois. « Axis: Bold As Love » de Jimi Hendrix, une sublime compilation de punk/hardcore qui s’appelle « This Is Boston, Not L.A » avec The F.U’s, The Freeze, et tous les vieux groupes punk de Boston. Et Eric B and Rakim, leur maxi avec « My Melody ». Chaque fois, ces disques ont représenté une expérience unique, sonique. Pour Jimi Hendrix, je n’avais jamais entendu quelque chose comme ça, et c’est toujours vrai aujourd’hui. La façon qu’il a d’amener des effets m’a complètement retourné la tête. La compilation « This Is Boston, Not L.A », c’est quelque chose qui a plus à voir avec le style de vie. Le punk et le hip hop se sont très vite mélangés à Boston. Le message était le même. Pour Eric B and Rakim, « My Melody » m’a fait le même effet que « Sucker MC’s » de Run-DMC. Je me rappelle que j’ai écouté ces titres la première fois que je suis allé à New-York, sans mes parents. Ce sont des amis qui m’ont fait découvrir ça. J’avais quatorze ans, ils vivaient dans le Bronx. En arrivant dans ce quartier par le périphérique, en conduisant au milieu de ces « projects », et en entendant le son de Eric B and Rakim, cette lourdeur, c’était la première fois que j’entendais quelque chose qui sonnait exactement comme ce que j’étais en train de regarder. On entendait le Bronx, ça sonnait exactement comme l’espace que j’étais en train de traverser. C’est aussi la première fois qu’un groupe faisait quelque chose d’un peu psychédélique dans le hip hop. Je pourrais aussi citer des albums des Bad Brains qui m’ont marqué. Il y en a beaucoup.
Ces albums reflètent l’éclectisme de tes goûts musicaux et cela se reflète dans ta musique. D’ailleurs, « Bedford Park » est peut-être un des disques les plus rock que tu aies fait…
« Vernacular Homicide » était déjà très rock, mais c’est vrai que « Bedford Park » l’est lui aussi. D’ailleurs, il s’inspire beaucoup de cet EP et notamment du titre « Red-Eye To Jupiter ». Beaucoup de gens m’en parlent encore aujourd’hui, et j’avoue beaucoup l’aimer aussi. J’ai essayé de retrouver la même énergie.
Tu as pourtant commencé par une discipline très différente, le spoken word. Penses-tu que ta musique soit encore influencée par ces débuts, et pourrais-tu retourner vers cette discipline?
Avant ça, j’ai été batteur, pas très bon d’ailleurs. Mais c’est vrai que le spoken word a été une étape importante. Le faire aujourd’hui pour gagner de l’argent, je n’aime pas cette idée. Pour moi, si ce qu’on dit pour faire du spoken word ou de la poésie n’est pas fort, écrit sur une page, alors c’est inutile. Mon but a toujours été de faire de la poésie, plus que de faire du slam. C’est pour ça que je fais de la musique, c’est pour satisfaire cette envie. Je n’essaye pas d’être une rock star à travers la poésie. Ça, c’est plutôt triste. Ma musique est une réaction à ce qu’est devenu le spoken word et à ceux qui l’anime. Il y a beaucoup de poètes qui se déclarent comme tel parce qu’ils ont peur d’être Mc. Et je suis déçu par ça. On peut être un poète et un Mc. Etre un Mc, c’est déjà une forme de poésie.
Cette scène fait moins parler d’elle aujourd’hui que dans les années 90. Peut-être parce que les médias s’y intéressent moins…
Probablement. Le slam était de toute façon à son meilleur niveau quand il n’était pas encore touché par les médias. Dans les clubs, c’était une scène qui gardait un aspect démocratique. C’est d’ailleurs pour cela que ça a fonctionné. C’était une occasion que les gens avaient pour se connecter, pour échanger, alors que d’habitude ils n’avaient que les moyens technologiques des médias pour interférer entre eux. Là, la relation était en face à face, et les gens avaient besoin de ça. Les gens sont habitués à recevoir des informations par la télévision, la radio ou l’ordinateur depuis quelques années. Mais il y a cent ans, cela ne fonctionnait pas de la même façon. Les gens étaient capables d’écouter quelqu’un parler en public pendant des heures. Les grands orateurs pouvaient captiver un public plus longtemps qu’aujourd’hui. Les choses ont changé de façon drastique jusque dans l’ADN humain. Génétiquement, les gens sont habitués à recevoir des émotions, des informations par les voies technologiques. C’est aussi pour ça que le slam existe toujours paradoxalement, parce que des gens en ont encore besoin.
Pourrais-tu faire aujourd’hui un album 100% hip hop et surtout 100% digital, sans instrument?
Je peux définitivement en produire un. La question est plutôt: « est-ce que j’aurais la patience de le faire?« . Je pourrais difficilement te dire dans quelle direction exacte j’ai envie d’aller Je suis un Mc, et je fais ce que fais. J’ai des amis qui sont des Mcs virtuoses comme Busdriver, Beans, Sayyid, Priest et j’adore ce qu’ils font. Eux aussi vont dans des voies différentes et le font très bien. D’ailleurs, celui que je préfère, c’est Priest. Les Mcs que je préfère rappent comme ils parlent. Comme Vast Aire, Redman, Ghostface Killah. Quand tu parles avec Vast Aire, tu as l’impression qu’il rime en parlant.
Tu as participé à l’émergence de ce qu’on a appelé la scène « abstract » hip hop aux côtés justement de groupes comme Antipop Consortium, Company Flow, Cannibal Ox. Quel regard portes-tu sur le hip hop aujourd’hui?
Il y a quelque chose de très important, c’est que les jeunes qui écoutent ou font du hip hop aujourd’hui n’ont pas connu le monde sans rap. Ils n’ont pas idée de ce qu’était la vie sans hip hop. Aujourd’hui, c’est la norme, mais ce petit détail change tout. Aujourd’hui, ils doivent reprendre les choses, expérimenter pour donner quelque chose de nouveau. Si des groupes n’avaient pas fait la même chose avec le rock, ce ne serait pas devenu quelque chose de révolutionnaire. Il faut faire la même chose avec chaque genre musical. Chaque genre est sur terre pour être déconstruit et reconstruit. Il faut faire ça avec le rock, avec le blues. Avant ma naissance, il y a eu la même chose avec le jazz. Il y a eu des grandes batailles de rhétoriques pour savoir ce qu’était le jazz, à quoi il correspondait. Il y a tellement de mots qui le définissent. Pourtant, il n’y a pas de débat sur la musique en elle même, mais sur le nom qui a toujours été contesté. John Coltrane n’aimait pas le terme « jazz », et j’ai attendu d’avoir 38 ans pour le savoir (rires). Parce que, pour moi, je suis né dans le jazz, dans le rock’n’roll, dans le blues. Pour moi, c’est du concret. Pour ce qui est du hip hop, c’est la même chose, c’est quelque chose qui doit être malléable.
Pour toi, quelle est la prochaine évolution du hip hop?
Je ne suis pas sûr, mais ça peut venir d’un pays comme l’Afrique Du Sud. Ce qui se passe musicalement là-bas est fou. Il y a des a artistes complètement barrés là-bas, psychotiques, comme Die Antwoord. Tu connais? C’est un groupe « white trash » complètement déjanté. Leurs vidéos sont trash. Ils font une fusion de hip hop, d’acid trance, de pop, enfin de plein de trucs. Ça faisait longtemps que j’avais pas entendu quelque chose d’aussi spécial. M.I.A a su aussi être dans ce genre de registre fusion. C’est une des seules qui a su imposer un style universel à un niveau élevé du marché du disque, c’est à dire à piocher dans presque tous les genres. C’est pour ça que Die Antwoord est intéressant, parce qu’ils s’en foutent de tout mélanger, ils ne se mettent pas de limites. Je crois aussi que Guangzhou (Canton) est la ville à surveiller au niveau des artistes techno. J’ai écouté pas mal de son qui venaient de là-bas, et je me suis dit: « it’s the new Detroit!« . Il y a une grosse industrie qui est en train d’émerger dans ce coin là avec Hong-Kong. Si on devait trouver le Detroit d’aujourd’hui, ce serait Guangzhou ou Johannesbourg. Ce sont des endroits intéressants, l’avenir est peut-être là-bas.
Tu as collaboré avec Fanga, un groupe afrobeat de Montpellier. T’intéresses-tu a ce genre musical et à la musique africaine en général?
Ma mère avait des disques de Fela. Donc en grandissant, ce sont des albums que j’ai de plus en plus écouté. C’est un genre que j’apprécie. En plus, ma mère a développé une relation spéciale avec le Sénégal. Elle est persuadée que nous avons des origines sénégalaises, donc elle adore le Sénégal, et j’y suis allé quand j’avais douze ans. Je suis passé par le Zimbabwe aussi en 1989. J’ai eu un intérêt plus prononcé pour la musique sud-africaine à cette période. Je n’aime pas cette récupération marketing qu’il y a de la musique africaine. Si tu prends ce son et que tu l’associes à un groupe comme Vampire Weekend, je te mets mon poing dans la figure. Faire ce genre d’association c’est de la pourriture. David Byrne (Talking Heads) est un pionnier en la matière, lui peut revendiquer cette inspiration puisqu’il a contribué à ce qu’on appelle la « World Music ». Quand tu vois que ce qui a représenté la musique sud-Africaine, c’était Johnny Clegg & Savuka! C’est vraiment ridicule que ce soit lui qu’on ait choisi de faire tourner! L’homme en lui-même est respectable pour ce qu’il fait et est plutôt drôle. Mais c’est le fait qu’il soit l’unique représentant de la musique sud-africaine qui est dérangeant alors qu’il existe tellement de groupes intéressants. Personnellement, j’ai toujours écouté de la musique africaine, et je m’en suis servi dans ma musique comme pour un des samples de « Welcome To The After Future ». Pareil, la première fois que j’ai travaillé avec Saul Williams, on a utilisé un loop de Fela. C’était en 1994. Beaucoup d’artistes continuent d’ailleurs de jouer de l’afrobeat. Prends Tony Allen, ça fait des années qu’il en fait. C’est un genre encore très vivant.
Nous avons choisi trois de tes disques qui sont pour nous emblématiques de ta carrière. Peux-tu nous en parler? Le premier, c’est « Gun Hill Road » de The Infesticons…
Je ne savais pas, quand j’ai fait cet album, que deux autres allaient suivre. Il y a beaucoup de choses de Funkadelic dans ce disque. L’idée était d’être capable de faire quelque chose dans l’esprit d’une paire Parliament-Funkadelic. Je voulais faire quelque chose dans cet esprit, et Big Dada voulait faire quelque chose avec moi. En fait, j’ai voulu explorer les possibilités d’un mariage entre un groupe de rap et un groupe de punk rock. J’ai composé des titres durs sur MPC 3000 comme si j’avais trois jeunes punks comme audience dans un métro ou un garage (rires). Mais ça ne peut pas marcher comme ça. Je n’ai pas aimé ce disque quand je l’ai fini, je ne l’ai pas écouté pendant des mois. Et un jour que je conduisais entre Boston et New-York, je l’ai écouté et là, je l’ai trouvé vraiment bien. Et maintenant je l’aime. Le travail de l’ingénieur du son a été fantastique, c’est Pete Russell qui s’en est chargé. Il met une vraie dynamique dans les morceaux, des kicks très puissants. C’est lui qui a mixé les albums de Company Flow. Ces kicks, je les utilise d’ailleurs sur le nouvel album. Ceux qui m’ont beaucoup aidé sur le travail de post-production de cet album, c’est Antipop Consortium.
Infesticons – « Cave Theme » (from « Gun Hill Road »)
Ton nouvel album « Bedford Park » est plus chaotique, plus torturé, portant la marque des Infesticons. Même s’il contient des éléments des « Majesticons », ces derniers auraient-ils perdu la guerre?
Chaque grande guerre, chaque conflit concerne tout le monde. Ceux qui espèrent et ceux qui sont résignés vivent la même chose. Si tu prends l’Union Soviétique et l’Allemagne, il existait entre ces deux nations des échanges culturels jusqu’ à ce qu’il y ait une radicalisation entre eux. Dix millions de militaires soviétiques sont morts, huit millions de militaires allemands sont morts, et tu peux rajouter à cela autant de victimes du côté de la population. C’est quand même énorme pour deux pays qui avaient tellement de connections. Les Français et les Anglais se sont battus souvent dans l’histoire alors qu’ils sont cousins. Les génocides arrivent généralement entre les peuples qui ne se connaissent pas, même s’il y a des exceptions. Mais on peut faire autant de victimes en se connaissant très bien. C’est un peu ce qu’il y a dans « Bedford Park ». La réaction des Infesticons est stratégique, basée sur leurs propres attaques et leurs conséquences. De toute façon, au moment de « Bedford Park », la guerre est finie et les Infesticons ressortent enfin de leur blockhaus avec leur musique.
Cet album est uniquement disponible en digital et en vinyl. Pourquoi ce choix?
On avait l’obligation de choisir entre le vinyl et le CD pour des raisons budgétaires. Pour moi, le choix était facile. Je veux du vinyl chez moi, j’ai assez de cd. J’ai fait ce disque pour tout le monde, mais je l’ai fait aussi pour moi. Certains le téléchargeront certainement gratuitement, et achèterons peut-être le vinyl. Je ne veux pas arrêter de vendre des disques, mais j’aime moins le format CD.
Peux-tu nous parler de « Vernaculcar Homicide », notre second choix dans ta discographie?
La pochette rappelle les Bad Brains. La photo a été prise à Los Angeles. A l’arrière, tu as une photo de moi et de ma mère. Comme je te le disais tout à l’heure, « Bedford Park » est très inspiré de cet EP. J’ai fait ce disque juste avant le « Majesticons » qui était un bon exercice, mais qui m’a donné envie d’arrêter de travailler. Ça m’a pris du temps pour revenir. D’ailleurs, je ne sais pas ce que je vais faire maintenant. Je crois que je vais m’orienter vers des choses plus digitales. Pour en revenir à « Vernacular Homicide », c’est un disque que j’aime beaucoup, plus blues, plus rock. Tu sais que je n’ai qu’une seule copie de ce disque. Si tu veux des Majesticons en revanche, j’en ai un paquet à refiler (rires).
Le troisième disque que nous avons choisi, c’est le maxi « Activator Cow-Boy ».
J’ai utilisé des sons de GameBoy pour ce disque. Ça m’a amusé d’utiliser ces sons là, et puis j’avais envie de faire danser les gens avec ce maxi. C’est une musique que tu peux jouer dans des clubs pour faire bouger les gens. J’aurais peut-être dû faire plus de titres dans ce genre. J’aime ce que je fais, je n’ai pas besoin de faire autre chose, mais j’aurais peut-être pu gagner plus d’argent (rires). La plus grosse erreur que j’ai faite, c’est mon premier album « Easy Listening 4 Armaggedon » qui était plus posé, où il y avait une touche de spoken word. Un jour, un gars m’a dit que sa copine adorait cet album. Je l’ai pris comme une insulte. Alors que j’avais tort. Si j’avais continué de faire de la musique qui plaît aux filles, je serai riche maintenant (rires). L’erreur, c’est de ne pas avoir continué dans cette voie. Si tu fais un album et que ta copine aime ce que tu fais, c’est que tu es sur la bonne voie. Je prends sûrement plus de plaisir à faire ce que je fais aujourd’hui, mais je gagne moins d’argent. On joue toujours « Activator Cow-Boy » en live. C’est peut-être le morceau que j’ai le plus joué ces dernières années. J’aime faire de la musique pour danser, et c’est ce que je fais en ce moment.
Majesticons – « Piranha Party » (from « Beauty Party »)
Tu vis en France depuis quelques années maintenant, penses-tu que le public européen soit plus sensible à ton style?
Oui et non. A un niveau général, oui. Je peux faire un set en Angleterre par exemple avec un public très éclectique qui va apprécier de la même façon ce que je joue, et j’aime ça. Même si ce sont des gens qui, la plupart du temps, écoutent Lady Gaga. Mais c’est cool. Cela arrive parfois aux Etats-Unis, mais c’est plus rare. Ce n’est pas le même public là-bas puisque que c’est un pays de trois cent millions d’habitants. Il existe une proximité avec le public en Europe qui n’est pas forcément le même. Je dois être reconnaissant envers les gens qui me suivent depuis des années car je change de style à chaque disque. Je crois que ce n’est pas facile d’être fan de ce que je fais. En plus, je ne suis pas sur Twitter. Enfin, je l’étais, mais j’ai perdu mon mot de passe (rires). Je crois qu’il faut que je travaille sur ça maintenant. De toute façon, je n’ai pas le choix. Tout va tellement vite avec internet que c’est devenu incontournable, beaucoup de musique s’écoute online.
Mais tu restes un artiste tourné vers la scène.
J’ai toujours voulu proposer de bons concerts aux gens. J’ai un groupe qui m’accompagne depuis 1997. Au début, la formation se composait d’un batteur, d’un bassiste et d’un sampler. Puis parfois guitare et claviers venaient s’ajouter. Le live est de plus en plus important avec la crise de l’industrie du disque et les artistes le savent. On en revient à ce qu’on disait sur la proximité du public. Les gens ont besoin d’avoir un contact plus personnel. Atmosphere est ce genre de groupe qui donne beaucoup sur scène, qui propose vraiment quelque chose de fantastique. A la base, j’aime beaucoup le son qu’ils produisent. Je suis vraiment fan de ce que Ant fait en tant que producteur, mais encore plus de la façon dont il mène son business. A chaque concert, il parle à tout le monde, il va voir son public, et du coup les gens se sentent proches de lui. Il fait énormément de concerts. Aujourd’hui, il remplit des salles grâce à ça. C’est un artiste unique dans le monde du hip hop.
Quels sont tes projets?
Je travaille sur un EP qui est quasiment près et qui va sortir, j’espère, en septembre. J’aimerais aussi faire des choses avec des artistes français. J’aimerais faire quelque chose avec Casey avec qui j’ai déjà collaboré.
Le mot de la fin?
J’aimerais remercier les gens qui écoutent ce que je fais depuis maintenant dix ans, qui ont suivi les Infesticons. J’en profite pour le faire là puisque je ne peux pas le faire sur Twitter (rires). Je suis chanceux d’avoir des gens ouverts qui me suivent quelles que soient les choses que je produis. Je ne sais pas combien de temps cela va encore durer, mais cela fait dix ans, et c’est déjà beaucoup. Certains disent que ce que je fais, ce n’est pas de la musique « facile ». Moi, je trouve qu’elle l’est. Il faut sans cesse recréer un feeling quand tu produis, pour que ce soit naturel. La base est là.
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