Interview : Aina (01-2001)

Interview : Aina (01-2001)

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Etes-vous le nouvel AC/DC espagnol?

Non, je ne pense pas que nous soyons un super groupe de rock. Ce n’est pas notre influence principale mais quand nous avons rencontré Titi et Alvaro (respectivement guitariste et bassiste), qui sont frères, ils étaient véritablement influencés par le heavy métal et AC/DC. Deux ans après que nous ayons débuté le groupe, ils ont commencé à amener des cassettes en tournée. Au départ, on n’avait du mal avec cette musique et puis on s’y est mis. C’est marrant parce que la première fois que nous sommes venus au Mans, Matthieu avait fait une interview et avait mal interprété la chose en disant que Titi et Alvaro étaient fans de la scène de DC. Ce qui n’est pas réellement le cas, sauf exceptions. Pour en revenir à ta question, AC/DC n’est pas notre influence principale.

Parfois, vous sonnez tout de même très heavy…

Cela ne fait que deux ou trois ans que c’est le cas. Nous avons tiqué sur le deuxième album des Foo Fighters, Bluetip, bien sûr sur AC/DC, Black Sabbath, Queens Of The Stone Age… Et notre musique est devenue naturellement plus heavy tout en gardant les éléments qui ont fait son identité.

782357963_lEst-ce plus facile de jouer en France qu’en Espagne?

Ce n’est pas plus facile mais les conditions sont meilleures. Peut être que cela est dû au fait que nous ayons tourné la première fois en France avec des groupes tels que Seven Hate, Burning Heads ou Portobello Bones qui étaient déjà bien installés sur la scène française. Les choses se sont faites très facilement. Nous avons toujours eu de la nourriture, toujours été payé, avons eu parfois des chambres d’hôtel… Tout cela n’est pas possible en Espagne, même si nous ne sommes pas au point des USA ou tu es sûr de tourner à perte. En France, dans toutes les villes, il y a des associations qui organisent des concerts. Il y a une culture beaucoup plus rock en France qu’en Espagne qui fait que les choses sont ici bien faites. Nous sommes plus connus en Espagne puisque c’est de là que nous venons mais nous n’avons pas d’article dans des magazines comme c’est déjà arrivé en France, on ne joue que dans des bars… Nous sommes classés dans les 25 meilleurs albums espagnols, le second groupe live, mais cela nous importe peu. Nous ne devons pas avoir plus de 200 fans en Espagne. Pour en revenir aux USA, nous aimerions bien sûr y tourner, comme partout ailleurs, mais les conditions y sont beaucoup trop difficiles pour un groupe de petite notoriété comme nous.

Pourquoi pas un chant en espagnol?

Nous ne l’avons encore jamais fait. Quasiment tous les groupes que nous apprécions chantent en anglais. Tous les groupes de notre génération utilisent l’anglais comme pour être plus libres, se démarquer de certains groupes espagnols à qui nous ne voulions pas ressembler, et se faire sa propre identité. De toute façon, sans vouloir nous trouver d’excuse, cela sonne beaucoup plus avec un chant anglais qu’espagnol.

Les paroles sont elles aussi importantes que la musique dans Aina?

C’est Artur qui écrit toutes les paroles. Nous autres ne jouons aucun rôle dans ce processus. Les thèmes abordés sont assez personnels. La musique n’est pas plus importante mais c’est sur ce que je travaille donc je ne vais pas te dire le contraire. Je suis sûr qu’Artur attache énormément d’importance aux paroles puisque c’est sa contribution, en plus de celle musicale.

Quelles sont les qualités et défauts d’Aina?

Je pense que nous jouons bien tous ensemble. Nous sommes musicalement faits les uns pour les autres. Nous composons de manière assez simple mais en même temps le mélange de nous tous donne un résultat intéressant. A côté de cela, nous sommes trop noisy ce qui nous empêche de totalement nous comprendre lors du processus de composition. Nous jammons et chacun de nous fait sa partie sans véritablement prendre en considération ce que font ou disent les autres. Parfois nous sommes pris par l’enthousiasme de nos idées respectives et nous voulons y rester collés. Nous ne sommes pas passionnés par la composition en tant qu’individus. Cela vient quand nous sommes tous ensemble mais personne n’amène quoi que ce soit en répétition. Personne ne joue chez lui. Nous répétons trois ou quatre fois par semaine, ce qui est pas mal mais ne fait pas de nous des musiciens à part entière.

Quand j’écoute votre album, je trouve les morceaux un peu trop longs. Qu’en penses-tu?

Nous ne nous posons pas de question au sujet de la durée des morceaux. Nous les jouons comme nous les sentons et la fin vient naturellement. Nous n’analysons pas le morceau ensuite pour savoir s’il est trop court ou trop long. Pareil pour l’album. Avec un peu de recul, je pense que tu as raison…

Peux-tu nous dire comment se sont passées les deux années précédentes pour le groupe? Je crois qu’elles ont été assez difficiles non?

Difficile n’est pas le mot. Disons que nous avions tous des choses à faire en dehors du groupe. Nous avons sorti l’album, nous sommes partis en tournée européenne, Titi a commencé des études d’aviation qui lui ont pris pas mal de temps, nous avons sorti un split avec les Dusters puis nous sommes repartis en tournée avec eux. Quand nous sommes revenus à Barcelone, Artur est parti à Dublin pour six mois. Nous n’avons donc rien fait du tout pendant ce laps de temps. Juste avant qu’Artur revienne d’Irlande, je suis parti à Washington pendant un mois et demi. Malheureusement ou heureusement je ne sais pas, je suis tombé amoureux d’une demoiselle là-bas. Alvaro, lui, a travaillé avec sa mère dans la restauration de mobilier. Quand je suis revenu des USA, nous avons composé les nouveaux morceaux que vous avez entendu ce soir. Après l’été, je suis retourné à Washington; je suis revenu en Europe pour la tournée de Quixotic, groupe dans lequel joue ma copine; puis nous sommes retourné là-bas. Je ne suis revenu que mardi de la semaine dernière ou nous avons répété intensivement pendant deux jours afin d’être prêts pour cette tournée… Voilà en quelques mots les deux années passées de Aina…

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Avez-vous assez de morceaux pour un nouvel album?

Pas encore. Nous en avons six à tout casser, et je veux vraiment en écrire quatre autres avant mars. Nous comptons enregistrer à la fin du mois de mai pour que cela sorte vers la fin juin – début juillet. Nous ferons quelques concerts en Espagne puis nous referons l’Europe une nouvelle fois.

Toujours sur B-Core?

Oui, nous sommes bien chez eux. Ce n’est pas hyper top pour nous, financièrement parlant, mais c’est un tout petit label qui n’a pas vraiment le pouvoir ni la possibilité de proposer mieux. Aucun groupe du label ne lui apporte une réelle notoriété par le biais de la presse… Ce sont des amis plus qu’autre chose. Mais, pour être honnête, on n’a jamais eu d’autres propositions. Mais je n’aimerais pas être un nouvel At The Drive In, régulièrement dans Rock Sound avec des tonnes de kids fanatiques…

Serais-tu gêné dans cette situation?

Non car les kids sont les bienvenus et les gens à nos concerts ne sont pas toujours cools. Je ne veux pas créer une hype autour de nous. At The Drive In est le parfait exemple car ils sortent de nulle part, ils sont étiquetés comme LE « groupe émo » entre Promise Ring et Nation Of Ulysses… C’est un bon groupe, ils sont impressionnants sur scène, ils sont passionnés mais en même temps cela me gêne qu’ils deviennent une sorte de révélation, de nouvelle sensation rock aux yeux du monde, une nouvelle mode car je ne pense pas que leurs disques soient si bons que ça! Ce n’est pas ainsi que je veux voir Aina évoluer.

Allez-vous enregistrer l’album vous mêmes ou allez-vous faire appel à quelqu’un? Fred Norguet?

Nous n’allons pas retravailler avec Fred, non pas qu’il ne soit pas bon car il l’est vraiment. Nous cherchons toujours un studio…

Pourquoi Titi ne l’enregistrerait-il pas?

Non, il a arrêté cette activité. La table de mixage n’avait pas assez de boutons pour lui. Il en voulait plus donc il a choisi l’option de l’aviation.

Avec qui aimeriez-vous tourner?

Avec des groupes qui sont en même temps mes amis comme Farewell Bend, Bluetip, Burning Airlines, The Dusters… Si un jour nous devions tourner aux USA, j’espère que ce sera avec un de ces groupes.


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