25 Oct 19 Johnny Mafia ménage sa monture pour aller loin
Johnny Mafia parcourt les nationales françaises depuis un an et la sortie de Princes de l’Amour, son deuxième album produit par Jim Diamond (White Stripes). C’est donc avec un mélange d’impatience et d’excitation que nous attendons notre rendez-vous avec les quatre bourguignons. Devant les salles d’interview du festival Cabaret Vert, on perçoit déjà des éclats de rire se perdant parmi les réverbérations des basses en provenance de la grande scène. Une bière, trois cigarettes et quelques blagues plus tard, c’est à notre tour de passer un moment privilégié avec les quatre canailles du punk à la française, sourires et bonne humeur en prime.
Vous n’avez pas arrêté d’enchainer les tournées depuis la sortie de Princes de l’Amour. Comment vivez-vous tout ça ? Vous arrivez à tenir le rythme ?
Ecoute, ça se passe super bien, on n’est pas trop fatigués car on prend soin de nous. En fait, on n’est pas tout le temps en tournée, on regroupe deux ou trois concerts à chaque fois, donc on n’a pas trop le temps d’être sur les rotules. Pour l’instant, on a tourné dans à peu près toutes les régions sauf dans le Sud Est. La France, c’est quand même un beau pays, le plus beau du monde (rires), mais on aurait quand même envie de faire les Dom Tom, même si ce n’est pas encore programmé pour l’instant…
Vous incarnez désormais un des nouveaux visages du garage punk à la française, avec des groupes comme Blue Orchid ou encore Equipe de Foot. Comment vivez-vous cette montée en puissance ?
C’est un peu pompeux quand même (rires). Mais si tu parles de ces groupes comme autres visages, on est très fiers. Ce sont des super potes d’ailleurs. Blue Orchid, on les connaît depuis un moment : on était potes avec eux avant même qu’ils aient leur groupe. En gros, on est de l’Yonne, tout au nord de la Bourgogne, et eux viennent d’une cité médiévale nommée Clamecy. On a eu l’occasion de passer dans le coin et de les rencontrer il y a maintenant 8 ou 9 ans.
Aujourd’hui, vous vous retrouvez ici avec Oh Sees, Courtney Barnett, Foals… Ca vous fait quelle impression ?
En fait, c’est déjà arrivé ! (rires) D’ailleurs ce n’était pas Thee Oh Sees avant ? C’est comme Maître Gims: il paraît qu’il ne faut plus l’appeler comme ça maintenant, mais juste Gims. Dans le doute, on l’appellera Maitre Oh Sees.
Vos concerts ont fait beaucoup pour votre réputation. Vous préférez jouer dans des salles intimistes ou sur de grosses scènes comme celle sur laquelle vous allez jouer ce soir ?
On préfère jouer dans des petites salles avec beaucoup trop de monde. Parce que le problème avec les festivals, c’est que même s’il y a toujours beaucoup de monde, ça fait toujours moins de monde que quand il y a moins de personnes dans les petites salles. Tu me suis ?
Oui… Revenons à votre dernier album maintenant. Comment avez-vous vécu le fait de changer de producteur et de label ? Est-ce que ça a été une expérience riche en enseignements ?
Pour Michel Michel Michel, on avait ni label ni producteur. On a fait ça nous-mêmes en quelques sortes. Du coup, pour Princes de l’Amour, c’était notre toute première fois avec un producteur, et un vrai. On avait aussi plus de pression car c’était notre deuxième album, et que le deuxième album c’est toujours un peu un test : si ça chie dans la colle, c’est difficile de rattraper le coup. C’est un peu mort ou vif. Sinon, concernant la collaboration avec Diamond, ça c’est super bien passé. C’est vraiment un chouette mec, humainement super. Puis il a du goût, il a vite compris où on voulait en venir.
Et vous pensez continuer avec lui pour vos prochains projets ?
Non, on ne pense pas car c’était quand même pas assez bien (rires). Enfin, c’était vraiment bien mais ce n’était pas génial, et nous on recherche le génial. Plus sérieusement, on aimerait juste trouver quelqu’un qui puisse nous enregistrer, car on n’a pas les moyens pour être vraiment produits par des gens en studio pendant 15 jours. Nous, ce qu’on veut, c’est être enregistré de façon très convenable. Et puis au delà de ça, le réel problème quand on met l’aspect financier de côté, c’est qu’on aimerait bien s’occuper nous-mêmes de la production. Les idées et les arrangements à rajouter sur les enregistrements, on pense être capable de le faire nous-mêmes. Après, Jim n’a rien imposé, il nous a simplement donné quelques conseils qu’on a suivi à bon escient.
Avez-vous déjà d’autres projets dans la tête après la tournée des Princes de l’Amour ? Des dates prévues à l’étranger par exemple ?
Oui, on va partir en Belgique fin septembre début octobre (l’interview a eu lieu en août, ndr). On va aussi sortir un 45 tours avec Not Scientist, et fin octobre on jouera avec eux dans le Sud de la France qu’on considère un peu comme l’étranger aussi (rires). Il était aussi question qu’on joue en Angleterre, mais le mec qui devait nous faire tourner s’est retrouvé avec un truc chelou, une histoire de côte dans le poumon, ou quelque chose du genre (rires). Autrement, on va aussi sûrement faire une ou deux dates en Espagne.
Maintenant que vous semblez avoir trouvé votre identité, pensez-vous continuer à explorer ces sonorités garage punk, ou aimeriez-vous à terme aborder d’autres styles ?
On n’a déjà pas pensé à travailler le garage punk, donc on ne va pas penser à travailler d’autres styles (rires). Non, en fait là, on est en train de se mettre dans un truc qui sera un peu moins garage, dans un mood un peu plus festif. Comme à chaque fois, on a l’impression de faire un truc exceptionnel car personne arrive à nous trouver une étiquette mais en fait, on ne l’est pas tant que ça : il y aura toujours quelqu’un pour nous en coller une qui sera tout à fait vraie.
On sent une certaine sympathie, une bienveillance en vous, et vous semblez entretenir des liens assez forts avec votre public. Le rapport avec lui est-il quelque chose de fondamental pour vous ?
On ne se place pas tellement dans le clivage groupe vs fans : si on rencontre des gens cools, tant mieux; et si on rencontre des gens un peu moins sympathiques, on passe notre chemin. Mais on rencontre quand même beaucoup plus de gens très sympas, avec qui on s’entend très bien. Pour tout t’avouer, il y a beaucoup de groupes avec qui on est devenus potes au fil des tournées alors qu’avant de jouer avec eux, on avait de gros doutes.
Vous vous imaginez où d’ici un an ?
Au Stade de France, au Zénith, ou médecins peut être, pour soigner des pneumothorax ? (rires) Non, plus sérieusement, sûrement en préparation avec la Juventus de Turin, ou en train de fêter la quatrième ligue des champions de Zidane !
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