31 Oct 08 Interview : Underground Railroad (10-2008)
On a l’impression qu’Underground Railroad vit, depuis ses débuts, un véritable conte de fée. Est ce également comme cela que vous appréhendez votre parcours ascendant?
Tout a évolué en positif depuis le début du groupe, c’est vrai. Mais les contes de fée, ça n’existe plus pour un groupe de rock alternatif formé après 2000. Maintenant, internet a mis la barre plus haute, et pour se différencier des autres, tu dois mettre les bouchées doubles ou triples. On avance, le public commence à nous suivre, on a ouvert pour des groupes très réputés, mais on continue à ne pas gagner un centime, de trimmer pour payer le loyer (le londonien est très cher)… On a perdu cette qualité de vie qu’on avait en France pour l’amour de la musique. On espère qu’on sera bientôt récompensé pour ces cinq années acharnées.
Votre départ pour Londres a été le détonateur de tout cela. Quelles ont été les raisons de ce départ?
Chercher un label et faire le maximum de concerts. Londres est une plateforme pour la musique. On y a trouvé une maison de disque, et tout est parti de là.
Effectivement, la rencontre avec One Little Indian en a été un autre. Comment s’est elle passée? Comment Underground Railroad a t-il séduit la structure et sur quels critères vous a t-elle convaincu de faire route commune avec elle?
Ils sont venus plusieurs fois nous voir en concert par pur hasard, ils ont aimés et sont revenus. On a signé peu de temps après, tout c’est fait naturellement. L’équipe est formidable, l’esprit est très punk rock et DIY, ils signent uniquement des artistes prêts à tout lâcher pour leur musique et qui s’autogèrent déjà.
Comment se passe la vie Anglaise pour chacun de vous? Qu’y avez-vous trouvé que vous n’auriez jamais rencontré en France, et quelles sont les principales difficultés auxquelles vous avez été confronté?
Les multitudes de rencontres qu’on a faites à Londres ont été précieuses: Remy Lamont qui fait toutes nos vidéos, Kirsty Harris qui a fait notre dernière pochette d’album… Il y a énormément d’artistes, tout spécialement à East London, Shoreditch, Stoke Newington ou nous habitons. Les difficultés sont parfois aussi la barrière de l’argent: c’est tellement cher que parfois tu dois te priver d’aller à une soirée, un concert, ou une expo parce que le prix du métro est exorbitant.
On peut lire certaines chroniques de la presse anglaise conseillant, peut être au second degré, d’occulter le fait qu’Underground Railroad soit français pour mieux l’apprécier. Est ce vraiment un tel fardeau d’être un groupe français à l’étranger? Conseilleriez-vous cette expérience à un autre groupe?
Etre français est au contraire un avantage, le public y trouve un certain exotisme. Nos paroles sont parfois épurées car notre anglais est plutot bon, mais certaines ne marchent pas, donc ça donne quelque chose de différent et séduisant. Pour tous les groupes prêts à tous les sacrifices pour leur musique, Londres est parfait pour évoluer si tu travailles sans relache.
Dans quelle mesure cette nouvelle vie a influencé votre nouvel album « Sticks And Stones« ?
« Sticks And Stones » parle sans arrêt des difficultés d’être expatrié sans argent dans une ville de fous, qui vit à 500 à l’heure. Ça nous a énormément inspiré.
Le travail de production de John Goodmanson vous a t-il influencé musicalement? Vous a t-il, par exemple, incité à approfondir un penchant pop cette fois plus prononcé?
Ce fut vraiment une bonne expérience, il n’a pas forcément élargi notre style car les chansons étaient déjà écrites. Mais il a peaufiné les arrangements et nous a aiguillé vers tel ou tel instrument pour arranger telle ou telle chanson. Le son est magnifique aussi.
Cette expérience de studio a t-elle provoqué des envies, une motivation, pour un futur troisième album?
Oui, on fera un autre album et on a déjà envie de chercher encore plus loin, d’utiliser des machines ou de vieux synthés analogiques. Enfin, on verra bien comment cela sonnera…
Vous êtes actuellement en tournée avec Nada Surf. Comment cela se passe t-il avec eux? C’est une opportunité de toucher un plus large public, mais comment vit-on le fait de jouer devant des gens qui ne viennent pas pour vous?
C’est vraiment un groupe exceptionnel, tourner avec eux est un vrai plaisir. Il n’y a pas plus simple, plus vrai, et plus intelligent. On adore ce qu ils font. Lors de ces quelques dates, à notre plus grande surprise, des gens étaient vraiment réceptifs à notre musique. On s’est aperçu en discutant avec Nada Surf, qu’on a exactement les mêmes influences, bien qu’on écrive de manière différente. Forcément, le public y a trouvé son compte et nous avons eu de très bon échos des fans!
Kill Me Now
Le mot de la fin…
See you on the other side.
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