Interview : Thunder Express (06-2007)

Interview : Thunder Express (06-2007)

« Republic Disgrace » est comme un nouveau départ pour Thunder Express. Avec le recul, quel regard portes-tu sur « We Play For Pleasure », le premier album? Qu’est ce qui a motivé ce déclic qui vous a poussé à revoir vos ambitions à la hausse pour ce nouveau disque? Quelles étaient-elles d’ailleurs exactement?

Robert Dahlqvist: Je pense toujours que « We Play For Pleasure » est un bon album. C’était le tout premier et je n’étais pas encore très confortable en tant que chanteur et compositeur principal. Avec « Republic Disgrace », ce nouveau disque, j’ai voulu faire quelque chose de différent. J’ai donc demandé à Mattias de Soundtrack Of Our Lives qu’il m’aide pour tout cela et qu’il le produise. Au moment de l’enregistrer, j’avais plusieurs disques, plusieurs références en tête, dont « Some Girls » des Rolling Stones et « Then Play On » de Fleetwood Mac. En gros, je voulais quelque chose de décontracté.

Logo de Thunder Express

En fait, pourquoi as-tu monté Thunder Express il y a quelques années?

J’ai tout simplement eu besoin de faire quelque chose quand nous avons décidé, avec The Hellacopters, de se payer une année sabbatique. J’avais aussi écrit quelques morceaux qui ne convenaient pas au groupe, donc j’ai trouvé que c’était une bonne idée d’en faire quelque chose alors que j’avais du temps devant moi. Je suis très fier de l’avoir fait.

Tous les musiciens qui t’entourent sont très occupés avec d’autres groupes ou autres projets musicaux. Comment et pourquoi as-tu choisi ce line up? En quelque sorte, cherchais-tu des musiciens qui avaient la même disponibilité que toi ou plutôt la garantie d’une solide expérience partagée?

J’ai fait appel à des gens que je sentais capables d’amener quelque chose de spécial et de personnel à ce disque. Bien sûr, parmi eux, il n’y a que des amis. Pour moi, c’est très important d’avoir du bon temps en studio, de boire une bière ou deux et d’enregistrer ensuite.

Tous les musiciens de Thunder Express, comme Robert Pehrsson par exemple, ont beaucoup d’influences musicales. A t-il été difficile de se mettre d’accord sur le tracklisting de « Republic Disgrace »? Tout le monde en est-il content? Qui a canalisé toutes ces idées?

Thunder Express

Etant donné que je compose tous les morceaux, je m’accorde le dernier mot. Mais, évidemment, nous en avons parlé tous ensemble, et Mattias Barjed s’est également beaucoup impliqué étant donné qu’il a produit le disque. Aujourd’hui, tout le monde semble ravi, mais effectivement Mattias et moi avons apporté beaucoup d’idées.

Thunder Express a des allures de line up all stars. Est-ce que tout le monde sera dans les rangs du groupe pour le prochain album ou n’était-ce prévu que pour « Republic Disgrace »?

Jens, Robert et Jesper seront à coup sûr de la partie pour le prochain album. Mais je ne sais pas si nous aurons autant d’invités. Ce serait fun de faire quelque chose d’autre sur le prochain disque. On verra ce qui se présentera à ce moment-là.

En effet, beaucoup de musiciens de la scène rock suédoise ont collaboré à ce disque. Franchement, sont-ils tous des amis ou y avait-il des intentions commerciales cachées derrière certains d’entre eux?

Intentions commerciales, ce n’est pas comme ça que je qualifierais ces participations. La plupart d’entre eux sont des amis. Et comme je te le disais auparavant, j’ai pensé que toutes les personnes présentes en studio pouvaient amener quelque chose de spécial à « Republic Disgrace ».

Au delà de Mattias Barjed, Soundtrack Of Our Lives est très impliqué dans ce disque. Peux-tu nous parler des relations que tu entretiens avec ce groupe?

Déjà, je suis complètement fan de Soundtrack Of Our Lives et ce, depuis leur premier album. Je les ai connus quand j’ai commencé à tourner avec The Hellacopters il y a quelques années. Nous sommes devenus très bons amis, à force de discuter, de se bourrer la gueule sur les festivals en Scandinavie et en Europe. Et quand j’ai demandé à Mattias de produire le disque, il était facile d’ouvrir la porte aux autres membres du groupe. Ils sont tous de très bons musiciens et Ebbot écrit de très bons textes.

La scène suédoise fait preuve d’une vraie solidarité mais semble partagée en deux familles, celle du rock et celle du punk. Est-ce que ces deux familles travaillent régulièrement ensemble en Suède?

Je ne suis vraiment pas sûr qu’il y ait deux clans en Suède. Je pense qu’il y en a plutôt une centaine. Mais, pour moi, il ne s’agit que d’une immense et heureuse famille. Et je pense que si les gens veulent travailler avec les uns ou les autres, c’est qu’ils ne se soucient pas de l’appartenance musicale mais bien qu’ils partagent la même vision des choses.

Quelles sont les raisons d’une telle hyperactivité en Suède?

On m’a posé cette question tellement de fois… Je n’ai franchement pas de réponse. Je ne sais vraiment pas, désolé.

D’autres personnes ont écrit la plupart de tes textes. Est-ce frustrant quelque part de ne pas chanter ses propres mots? Comment as-tu travaillé avec eux?

Non, moi je trouve ça cool. Je leur ai demandé tout simplement parce que je pense qu’ils sont meilleurs que moi dans ce registre. C’est donc un réel plaisir de les chanter. En gros, j’ai enregistré quelques démos avec une guitare acoustique et en chantant les mélodies, et eux y ont posé les mots. C’est tout, et ça a très bien marché ainsi.

Ton cousin, Anders Osborne, en a écrit quelques-uns. Peux-tu nous le présenter? Aviez-vous déjà travaillés ensemble auparavant?

Il est parti à la Nouvelle-Orléans à la fin des années 80, et il écrit des chansons et tourne aux Etats Unis depuis des années. Vous pouvez visiter son site ici. Cette collaboration entre nous deux fut la première.

Parlons maintenant du clip de « New York Gold ». T’habilles-tu souvent en femme dans la vie de tous les jours?

(rires)

Non, non, c’était la toute première fois et je dois avouer que ce n’était pas drôle du tout. Le temps à New York à ce moment-là était horrible, froid et pluvieux. C’était donc une journée interminable. Mais ça valait le coup car je trouve le clip plutôt réussi.

Thunder Express sonne parfois beaucoup comme certains groupes des années 70, je pense aux Rolling Stones notamment. Est-ce que cela souligne un manque d’intérêt pour les groupes actuels? Quels sont les disques que tu écoutes le plus souvent?

Je pense que la scène musicale d’aujourd’hui est parfois navrante. Je veux dire par là qu’il y a très peu de bons groupes, mais qu’ils ne bénéficient pas de l’attention qu’ils méritent. Toute la culture MTV, American Idol et toutes ces merdes ont vraiment détruit tout ce que j’aime question musique. Ce n’est qu’une histoire d’argent rapidement gagné, de coup de coeur du mois… C’est triste! Sinon, Tom Waits, les Rolling Stones, Humble Pie, J.Geils Band, Marc Lanegan sont de ceux que j’écoute le plus souvent.

Tu participes souvent à des projets musicaux de certains de tes amis. Est-ce le genre d’expérience que tu acceptes systématiquement? Si non, quels sont tes critères de sélection?

L’important pour moi est que j’apprécie la personne ou le groupe avec qui je dois travailler. Mais ce qu’il y a de plus primordial, c’est bien sûr que j’aime sa musique. Dans le cas contraire, il me semble difficile de faire quelque chose de bien.

Qu’en est-il de The Hellacopters actuellement?

Nous sommes juste en train de finir notre nouvel album. Il est vraiment très bon! Nous allons faire quelques concerts cet été, en Finlande et en Suède. Et j’espère vraiment que le reste de l’Europe suivra plus tard dans l’année.

The Hellacopters n’ont pas toujours eu l’attention qu’ils méritaient. Quelles sont les leçons que tu as retenues avec eux que tu as pris soin d’appliquer avec Thunder Express?

« N’ais pas de trop grands espoirs et gardes bien les pieds sur terre« . Pour ma part, je suis juste fier de pouvoir faire de la musique tout le temps. J’adore la musique et c’est la seule chose que je veuille faire. Ca marchera peut-être un jour, on ne sait jamais…

Et comment gères-tu ton emploi du temps entre ces deux groupes?

C’est parfois très difficile, mais tout s’arrange du moment que nous communiquons parfaitement. C’est aussi important de prendre un peu de recul pour se relaxer, même si ce n’est que pour quelques jours.

Quand tu jettes un oeil sur ta carrière, à toutes ces années dévouées au rock n’roll, de quoi es-tu le plus fier?

D’avoir ouvert pour les Rolling Stones, ça c’était quelque chose d’incroyable. Mais, honnêtement, il y en a tellement que c’est difficile de tous les énumérer.

Quand pourra t-on vous voir en France?

Nous travaillons là-dessus actuellement. Probablement en septembre. J’ai hâte!

Le mot de la fin?

Soyez cool, toutes les personnes que vous rencontrez mènent une lourde bataille. Love and Respect.

Ecoutez un extrait ici et .


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