16 Jan 12 Interview – The Glitch Mob, idées de grandeur
C’est dans le cadre du festival Ground Zero, devenu incontournable depuis une poignée d’années, que la Glitch Mob américaine a déplié sa béquille dans le Nord de la France pour l’une de leurs rares dates dans l’Hexagone. Une aubaine donc pour rencontrer edIT, Boreta et Ooah, trois garçons charismatiques et extravertis sur scène, paradoxalement humbles et peu bavards devant notre micro. Affichant chacun un projet solo à l’efficacité incontestable (surtout pour le génie edIT), le trio s’amuse à pousser le glitch vers des contrées plus pop et grand public en conservant toutefois une énergie et des structures singulières. Habitués aux grosses salles qu’ils remplissent sans mal chez l’Oncle Sam, ils font face ce soir-là aux cent personnes que peut accueillir la Péniche de Lille, manquant de la faire chavirer à chaque break. Entretien au bord de l’eau…
J’imagine que ça fait un bout de temps que vous n’avez pas joué dans un si petit lieu…
edIT: Oh oui… Très longtemps! C’est une superbe opportunité de jouer si près des gens. On a joué dans plein de gros festivals, dans des grosses salles, donc c’est sympa de revenir à des petites salles. Je trouve ça marrant.. et à la fois un peu fou.
Avant l’album « Drink The Sea », je ne connaissais The Glitch Mob qu’à travers des remixes, des mixtapes, et vos projets solo respectifs. Comment avez-vous passé le cap de l’album?
Boreta: Tu as raison. Au départ, quand on a commencé The Glitch Mob, c’était juste une collection de productions, et on faisait à trois de la musique dancefloor au tempo hip-hop, avec des sons intéressants. On ne se concentrait pas vraiment sur l’idée de raconter une histoire avec la musique. Au moment de « Drink the Sea« , on avait un peu de temps dans nos vies respectives, et je pense que ce qui nous a influencé, c’est d’avoir des choses à dire à travers la musique, des émotions que l’on voulait exprimer à cette époque. C’est pour ça que la musique est si cinématique, et le résultat plutôt intéressant, surtout au niveau des structures des chansons.
De mon point de vue, l’album est moins dancefloor que vos productions isolées. C’est plus personnel, on peut l’écouter à la maison. Avez-vous réellement pensé au futur live en le composant?
edIT: Un petit peu, mais pas tant que ça. On pensait surtout aux structures, au feeling. Ensuite, on est revenu dessus et on l’a repensé pour pouvoir le jouer live. Mais pendant l’écriture de l’album, on faisait un focus sur l’histoire qu’on voulait raconter, à l’expérience que ça allait engendrer en l’écoutant à la maison ou au casque, beaucoup plus qu’à la manière de le transférer sur scène. On joue encore beaucoup de morceaux de l’album, mais pour la plupart, on a réfléchi pour les adapter en concert.
A quoi le live ressemble t-il?
Ooah: Il n’est finalement pas si différent de l’album. C’est réinterprété, mais on garde à la fois un feeling live et on s’assure que le spectateur ne soit pas perdu. Par exemple, il y a certains morceaux assez linéaires ou trop longs sur l’album. Si tu les écoutes seuls, ils ont un sens. Mais en live, on fait tout pour ne pas perdre l’attention des gens, et enchaîner les morceaux rapidement.
Boreta: Et surtout conserver une certaine énergie, du mouvement.
Ooah: Mais tu reconnaîtras les morceaux, ils sont juste légèrement modifiés au service de l’expérience live!
Vous avez des visuels?
edIT: Non, pas de vidéo. Quand on tourne aux Etats-Unis, on a une grosse production visuelle, mais quand on tourne en Europe, c’est un peu plus compliqué, et un peu trop gros… Surtout pour une salle comme celle-ci! (rires)
Ooah: Là, c’est juste de la musique! Mais c’est une bonne chose pour nous de ne pouvoir compter que sur nos productions. Aux USA, on met beaucoup d’énergie pour que le show en entier fonctionne, qu’il s’agisse de la partie visuelle, des lumières ou du son. Ça nous fait donc aussi plaisir de venir et de juste jouer notre son!
Que signifie ce titre, « Drink The Sea »?
edIT: Je pense que ça les interprétations peuvent différer selon les personnes. Mais globalement, l’idée générale de boire la mer est assez énorme, l’image est d’ailleurs impossible. Ça peut donc être interprété de différentes façon. C’est difficile de dire aux auditeurs ce qu’il faut penser de ce titre, il faut juste retenir que l’idée qui se cache derrière a un rapport avec la performance, avec quelque chose de grand et gros!
Un peu comme le titre du dernier EP, « We Can Make the World Stop »…
Boreta: Oui, c’est énorme aussi, ca va au delà du rationnel! Mais ce n’est pas forcément une chose qu’il faut s’imaginer dans la pratique, il faut plutôt la ressentir.
Parlons de cet EP, en particulier les deux premiers morceaux que sont « We Can Make the World Stop » et « Warrior Concerto ». Ça ressemble à du gros son électro français comme Justice, Daft Punk ou Krazy Baldhead. Que pensez-vous de cette comparaison?
edIT: Oui, il y a définitivement ce parfum particulier qui plane sur notre musique et celle de ces gars. En fait, on est potes avec les mecs d’EdBanger. On communique régulièrement avec Busy P par e-mail et on a remixé Krazy Baldhead.
Boreta: Je pense que, quand tu as une influence en musique, ça sort tout seul. On ne s’assied jamais en studio en se disant « on va faire un son à la Justice« . Peut être que ça se termine comme ça tout simplement parce qu’on est fan de Justice. On adore aussi les Daft, ils sont l’une de nos plus grosses influences. Quand on se pose en studio, on écrit juste de la musique, et ensuite ça peut sonner comme eux, naturellement. En tous cas cette comparaison est un compliment pour nous!
Vous avez remixé les Daft Punk, la vidéo de votre version de « Derezzed » est d’ailleurs excellente. Si on vous avait demandé de réaliser la B.O. de « Tron Legacy », qu’auriez-vous répondu?
Tous: Oh oui!! (rires)
Boreta: On est super intéressé par ce genre de trucs, mais les Daft Punk ont vraiment fait du super boulot avec cette B.O.! Ce soundtrack est incroyable.
Ooah: Cinéma ou non, si le projet a un rapport avec la musique, ça nous intéresse.
edIT: On a eu beaucoup de propositions de ce genre, mais on était trop occupé!
Boreta: Un jour, on le fera…
Vous avez du temps pour travailler sur vos projets solo?
edIT: Un petit peu. En ce moment, on se focalise sur The Glitch Mob, d’autant plus qu’on est en train d’écrire un nouvel album. On produit aussi des morceaux chacun de notre côté, mais rien d’énorme pour l’instant.
N’est-ce pas trop difficile de travailler à trois sur un projet? Qui prend la décision finale?
edIT: On la prend tous.
Ooah: Il n’y pas de leader. On partage tout, chacun de nous ajoute des éléments différents. Comme on a sensiblement le même background musical, c’est facile de converger vers un moment où l’on se dit: « ça, on aime tous les trois« . On met le point final ensemble!
Que peut-on attendre de The Glitch Mob en 2012?
Boreta: Un nouvel album!
Ooah: Et on vient de sortir une mixtape intitulée « More Voltage« .
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