Interview : Purr (01-1998)

Interview : Purr (01-1998)

Thomas (guitare) : Stéphane (basse) et moi, on se connaissait depuis l’école et on a fait des groupes jusqu’au jour ou on a décidé de jouer ensemble. Avant 1995, nous avions une chanteuse anglaise; nous avons ensuite rencontré Jérôme (batterie) par annonce. On a donc commencé à jouer, la chanteuse est partie, les concerts sont arrivés, le 45t sur Prohibited Records aussi en septembre 96. Puis, le label a décidé de faire un album avec nous et en ce moment, on le présente par le biais des concerts.

Vous êtes un groupe assez jeune et on ne ressent pas d’influences. Comment cultivez-vous cette personnalité ?

On écoute pas mal de choses: du jazz, de la jungle, de la techno. Ce qui nous intéresse est de faire un melting pot de tout ce que l’on écoute et de tout ce qui nous touche. On veut faire une musique assez colorée. C’est pour cela qu’on compose assez lentement parce qu’on cherche énormément, on bosse sur les structures.

Parlez-nous des voix sur votre album et comment les choisissez-vous ?

Les voix sont des dialogues de films samplés. La voix vient quand on en ressent le besoin, elle n’est donc pas forcément tout le temps là. En ce qui concerne les choix, on aime bien le cinéma et les dialogues de films sont un bon moyen de faire passer des impressions, des ambiances, de rendre hommage. Sur “Underwater”, il n’y a que des dialogues de films parce que nous ne trouvions pas de paroles accrocheuses. L’ambiance y est donc particulière. Mais, si on avait eu des amis acteurs, on aurait pu leur demander d’enregistrer des choses.

Vous jouez beaucoup sur les ambiances. Comment parvenez-vous à les mettre en avant ?

C’est beaucoup de travail sur la structure. Notre intérêt pour les morceaux est de faire évoluer des ambiances. II est très possible que dans un morceau, il y ait plusieurs ambiances. En fait, le principe est une histoire que l’on raconte cinématographiquement avec des images qui peuvent venir et se développent au fur et à mesure en répondant aux ambiances des chansons. Dans les morceaux qu’on est en train de travailler, les textes disent quelque chose et les ambiances influencent la manière de composer, la place des différents éléments.

A l’écoute, votre musique peut être un tantinet oppressante. Est-ce un reflet de votre personnalité quant à votre regard sur les choses ?

Ca reflète certainement une partie de notre personnalité que l’on a envie d’exprimer. Notre musique est assez triste, c’est une partie de nous parce que c’est ce que l’on ressent lorsque nous prenons nos instruments. Ca dépend de la personnalité de chacun: quand on voit Jérôme jouer, on voit que c’est un jeu libre, moi je suis un peu plus fermé, recroquevillé sur ma guitare, Stéphane est plus dans son trip. C’est pour cela que, sur scène, on aime bien jouer en ligne, assez serrés, pour faire ressortir l’unité du groupe et pas les particularités de chacun.

Comment s’est passé la rencontre avec Prohibited ?

C’était lors de notre premier concert à Paris, Nicolas de Prohibition était la. On a discuté avec lui, il a accroché notre musique. Il a tout de suite du voir quelque chose sur lequel il pouvait travailler : un groupe sans expérience avec quelque chose à donner, prêt à faire des choses, motivé. On a de très bons rapports avec eux, ce qui est très agréable parce que ça reste une petite structure avec des rapports de proximité, ce qui est vraiment important. Ces gens-là appartiennent à la scène depuis longtemps, ont une énorme expérience dont on peut aussi profiter. C’est l’idéal pour un jeune groupe comme nous. Et il se passe exactement la même chose avec Pregnant.

Avez-vous eu des échos de l’accueil de l’album ?

On sait que ça ne touche pas énormément de gens mais ça en touche quand même. On a bénéficié pas mal de la presse, des fanzines. On a des preuves tous les jours qu’il y a des gens qui apprécient ce que l’on fait. On doit vendre 1000 ou 1200 albums. Des gens nous disent que l’on est un groupe qui a surpris, et c’est bien…

Vous semblez attirés par la mer, pourquoi ?

C’est pour l’ambiance générale. On trouve que ça s’inscrit bien avec notre musique et ce que l’on est. L’eau est pour nous un élément important, avec toute une ambiance particulière : des moments de tension, un ciel hyper gris, chargé, ça pète, accalmie, gros soleil… C’est tout ça, un paysage, des images.

Quelles sont les retombées de premières parties telles que June Of 44 ou Chokebore ?

II y a des gens qui ne nous auraient pas vus si on n’avait pas joué en première partie de ces groupes-là. Tu acquières de l’expérience : tu vois des groupes qui sont rodés, qui sont sur scène comme chez eux. C’est enrichissant.

Quels sont vos projets ?

Tourner en France et en Europe. On a quelques dates en Suisse mais le problème est que nous n’avons pas de distribution à l’étranger. Quand ce sera fait, les choses seront plus faciles pour jouer ailleurs qu’en France. Y aller maintenant, c’est du suicide. Et puis, on espère qu’il y aura un deuxième album un jour.


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