18 Mai 11 Interview – Pour ou contre Hushpuppies?
Les Hushpuppies ont une réputation qui les suivent. Celle de faire du rock pour ados, que la petite sœur écoute en buvant ses premières bières, en se lançant dans ses premiers pogos. Comme son nom l’indique, le dernier album « The Bipolar Drift » est le début d’une nouvelle ère pour le quintet perpignanais qui a rendez-vous avec le public de Tourcoing pour partager de nouveaux morceaux plus matures, plus réfléchis et plus éclectiques. Interview « Pour ou Contre » dans les loges du Grand Mix avec Olivier, le chanteur bavard, et Marc, le bassiste discret.
On va faire une petite interview « pour ou contre »…
Marc: Avant de commencer, je m’allume une clope, vous êtes pour ou contre? (rires)
Pour ou Contre: la Teenage Party d’hier? (soirée réservée au moins de 18 ans, la veille du second concert dans la même salle, ndlr)
Olivier: Pour, à fond. Mais un peu contre quand même. Pour, parce que ça reste un concert, c’est super de toucher les gens qui ne viendraient pas forcément dans un autre cadre que cette soirée là. Un peu contre parce que c’est difficile de jouer devant des gamins comme ça parce qu’ils sont excités. C’est toujours le même rapport qui s’installe. Ils donnent tout, ils s’arrêtent, ils donnent tout… Tu peux pas vraiment créer de lien sur la continuité du concert. C’est bien quand il y a des gamins devant parce qu’ils pogotent, ils sont tout excités. Et derrière, il y a d’autres gens avec lesquels tu peux vraiment installer une relation, parler…
Pensez-vous faire du rock pour ados?
Je pense que ça vient du fait que lorsque l’on a commencé avec les Hush à Paris, c’était en même temps que cette vague de baby rockers. Après, je trouve ça bien, faut pas avoir honte de faire de la musique pour ados! Sur ce troisième album, on voulait justement évoluer, ne pas refaire la même chose qu’avant. On a intégré d’autres sonorités, d’autres influences, et je pense que pour les ados c’est moins facile d’accès de toute façon.
Pour ou Contre: la fin du label DiamondTraxx?
Contre, forcément contre! Pas forcément parce que c’était notre label et qu’on s’est trouvé un peu en galère pour ce troisième album. C’est toujours triste de voir un label mettre la clé sous la porte, parce qu’il n’y avait pas que nous. Il y a Nelson aussi qui sont aujourd’hui encore plus dans le caca que nous. C’est toute une équipe qui s’est arrêtée. On se voit toujours, ça c’est sûr, mais c’est plus pareil.
Ça ne vous a pas trop perturbés dans la composition de l’album?
C’est arrivé un peu en plein milieu. On arrivait en fin de contrat, donc je pense qu’on aurait pu continuer avec eux si cela avait été possible. On avait envie aussi de voir si on pouvait pas le faire nous-mêmes, ou trouver un autre label, voir ce qui se passait autour. Ça nous a un peu freinés, on a quand même mis trois ans pour sortir cet album. Mais de toute façon, on s’était dit qu’on irait jusqu’au bout des morceaux pour aboutir à ce que je t’ai dit tout à l’heure: faire des chansons plus éloignées de ce qu’on a fait avant.
Ça n’a pas été trop dur de rebondir et de trouver un autre label?
Ça nous a permis d’avoir un retour sur nos maquettes et de retravailler sur nos morceaux. Pas forcément en fonction de ce que les labels nous disaient car on n’était pas toujours d’accord. Mais du coup, ça nous a fait retravailler des morceaux que l’on croyait finis. Puis on a pris la décision de le produire nous-même. C’est là qu’on a rencontré Axel Concato qui a réalisé notre album. C’est à partir de ce moment que tout s’est enchaîné, on savait qu’on allait enregistrer dans tel studio, à telle date, avec lui. Ça s’est un peu précipité, les arrangements sont arrivés, il a trouvé de nouvelles sonorités à ajouter. Voilà, il a tiré les morceaux vers ce qu’ils sont aujourd’hui.
Pour ou Contre: se creuser la tête pour trouver un titre d’album?
J’allais dire pour, mais non, plutôt contre en fait! Ca vient plus ou moins tout seul. On n’a pas trop galéré pour trouver, c’était moins dur que pour « Silence Is Golden »! Et puis je trouve que ça claque un peu mieux!
Qu’est ce que ça veut dire « The Bipolar Drift »?
Cette dérive bipolaire, c’est un peu la nouvelle direction que l’on a pris. C’est pas vraiment une direction, mais plutôt nous qui assumons nos influences. On ne s’est pas mis de bâtons dans les roues cette fois-ci, à se dire « ce morceau est trop électro, trop disco, trop ceci cela, on va rester rock, on va essayer de garder notre énergie live etc…« . Là on s’est plutôt dit: « c’est pas grave si ce morceau dure deux heures avec des passages krautrock, si celui-là est plus dansant, on va aller à fond là-dedans« . Ce titre vient aussi d’une théorie fumeuse d’un scientifique qui s’appelle Lawrence Lawford qui est notre backdrop sur scène, et qui explique que l’Homme est toujours confronté à des choix à faire, qu’il a l’impression de décider, mais la décision ne viendrait pas de lui mais de son environnement, de facteurs extérieurs qui influeraient sur ses choix. L’Homme ne serait pas du tout conscient et maître de ses actes. On lui a piqué le nom, The Bipolar Drift, c’est aussi pour ça que ça n’était pas compliqué à trouver!
Pour ou Contre: les pochettes un peu chelous…comme la vôtre!
Non je suis pas d’accord, elle est pas chelou!
Ah si! Le grand écart est en rapport direct avec le titre?
J’aime bien les pochettes chelous, mais genre celle de Tame Impala, des trucs un peu psychés, kaléïdoscopiques. Là, c’est vrai qu’elle est un peu psyché, mais très belle. On a fait un topo sur le concept du Bipolar Drift à un illustrateur qu’on aime beaucoup qui s’appelle Julien Paco. Il a toujours cet univers rétro-futuriste, en collage. Il nous a donc fait cette illustration, la danseuse qui fait le grand écart entre deux falaises, et on trouvait que ça illustrait très bien ce concept du cul entre deux chaises.
Pour ou Contre: chanter en français?
Pour ceux qui chantent en français, pour, mais pour les Hushpuppies, contre! Le français, ça n’est pas dans nos influences, on a grandi avec des mentors et des groupes qu’on admire et dont on voulait se rapprocher. C’était jamais des groupes français donc c’est venu naturellement de chanter en anglais. En fait, on ne s’est jamais posé la question! Ca n’est pas du jour au lendemain qu’on va s’y mettre, ça ne le fera pas.
Jamais essayé?
Si, on a fait deux morceaux, mais un peu à part. Il y avait un truc qu’on faisait en live qui s’appelait « ça peut plus durer comme ça ». C’était une espèce d’engueulade, le monologue du mec qui disait « tu fais pas la vaisselle, t’as grossi, t’as les pieds froids, ça peut plus durer comme ça!« . Il y en a une autre qui s’appelle « Natacha » qui est d’ailleurs sur un 45 tours en vente en ce moment. C’est le Pop In, un bar parisien où l’on va souvent, qui sort des 45 tours tous les 3 mois avec des artistes différents. Le premier, c’était Herman Düne, le second c’est nous, et le prochain sera Zombie Zombie. Le concept, c’est un morceau du groupe en face A et une reprise en face B. Et Nico, qui s’occupe du Pop In record, aimait beaucoup « Natacha » qui était en fait un remake de « Melody Nelson ». On s’est un peu sorti les doigts du cul pour faire des paroles en français! Je trouve ça super dur. Là, on a fait un beau texte, et c’était notre bijou en français. Mais ça reste un morceau à part! On a donc fait ce 45 tours, et on s’est demandé ce qu’on allait mettre comme reprise sur la face B. Du coup, on a fait un autre morceau en français qui s’appelle « Fais-Moi Jouir » de Patrick Coutin. Le français se limite à ça pour les Hushpuppies.
Sur scène vous êtes cinq. Pour ou Contre: un membre supplémentaire ou des featurings?
Euh… Je dirais… Je peux pas vraiment répondre à ça car ce n’est pas moi qui décide, c’est nous cinq. Mais je pense qu’on doit déjà accueillir notre nouveau bassiste Marc!
Marc: Pour!
Olivier: Nous, on aime bien répéter avant d’aller sur scène, faire ça bien, et en amont. Et avec un featuring, ça remettrait un peu ça en question. Mais pourquoi pas! Ca ne s’est jamais présenté et on n’est pas du genre à proposer ça à qui que ce soit. Plutôt l’inverse, quelqu’un qui aurait envie de faire un featuring avec nous!
Pour ou Contre: les remixes?
Pour. On en a fait plusieurs sur nos maxis, c’est pas mal d’en avoir un en face B!
Des projets en termes de remixes?
Non, pas vraiment pour le moment. Par contre, il y avait un mec de Toulouse qui s’appelle Florent Rémi, qui nous avait fait sa version de « You’re Gonna Say Yeah » qui était vraiment excellente. C’était lui au piano, une chanson toute calme, toute simple, ré-orchestrée en ballade.
Pour ou Contre: quitter Perpignan pour habiter Paris?
Pour, forcément. Mais, c’est pas à cause de la musique qu’on est monté à Paris. En fait je suis parti à Paris pour bosser et petit à petit, Franck, Cyril et Wilfried sont montés aussi pour la même raison. Et c’est une fois qu’on s’est tous retrouvés là, un peu par hasard, qu’on s’est réuni à nouveau pour jouer ensemble!
Pour ou Contre: les pancartes « Sold out » pour les concerts d’Hushpuppies?
Pour! Je milite pour ça!
Y a t-il des villes dans lesquelles c’est plus fréquent que d’autres?
Oui, Perpignan. A Angers, en Bretagne… A Paris, non. Chaque fois que ça a été Sold Out, c’était le jour du concert, mais pas un mois avant! Forcément pour.
Et à l’étranger, ça marche comment?
L’album sort en mai en Allemagne, mais les deux premières tournées se sont bien passées. On y est déjà passé et à chaque fois il y avait entre 100 et 200 personnes, ce qui est plutôt pas mal pour un groupe pas super connu. En Espagne, c’était pas mal aussi, on y a fait une dizaine de dates. Après, on a fait des trucs épisodiques en République Tchèque, à Hong-Kong, en Russie. C’est toujours bien de jouer à l’étranger parce que l’accueil est différent. En France, il n’y a pas vraiment cette culture du groupe rock. On sera toujours catalogué groupe français qui chante en anglais. Alors que quand on va en Allemagne, les gens ne se posent pas la question, ils nous considèrent comme n’importe quel groupe international et c’est sympa!
Pour ou Contre: faire la grande scène des festivals?
Pour! Mais ça dépend à quelle heure… Mais quelle que soit l’heure, le festival, c’est vraiment un truc à part. Déjà, tu joues un peu moins longtemps, il y a le côté festif, c’est l’été la plupart du temps, tu vois du monde…
Marc: Y a le côté barquette de frites/saucisses!
A choisir, vous préférez plutôt l’ambiance festival ou petites salles comme le Grand Mix ce soir?
Olivier: Je n’ai pas de préférence, ce sont deux choses totalement différentes, c’est comme si on te demandait si tu préférais ton père ou ta mère! T’as du mal à choisir quoi… Ou est-ce que tu préfères avoir 50 canards qui te suivent toute ta vie ou avoir des dents en mousse? C’est un peu chiant pour choisir! (rires) En festival, tu peux toucher des gens qui viennent pas forcément pour toi. Y a ce côté où tu te vends, t’essayes de gagner des fans. Alors que dans une salle, à priori les gens viennent te voir donc, quand tu montes sur scène, ce n’est pas le même rapport.
Pour ou Contre: les groupies?
Pour! Hein, Marc?
Marc: Ca dépend lesquelles.
Est-ce que c’est une légende?
Olivier: Non, il y a toujours des groupies, ça c’est sûr. Mais après, ce qu’il y a derrière la groupie, oui c’est sans doute une légende. Après ça dépend, en France c’est souvent des groupies de 14-17 ans…
Faut faire attention…
Ah, tu vois, il y a un espèce de sous-entendu! Non, pour moi en tant que chanteur, c’est un mythe justement. Mais bon, la groupie, ça reste une groupie, elle t’amène des cadeaux, une bouteille de whisky, tu l’invites dans les loges, c’est cool! On a des gens comme ça qui nous suivent. Il y a différentes sortes de groupies. Souvent, c’est la gamine de 14 ans qui te regarde avec des yeux comme ça, et avec qui tu ne peux pas parler parce que ça devient tout de suite hystérique!
Pour ou Contre: les pogos au premier rang?
Pour. Pas besoin d’épiloguer là-dessus!
Question inévitable. Pour ou Contre: le mp3?
Je dirais Pour. Aujourd’hui les gens achètent un disque sur iTunes ou sur internet, sans parler du téléchargement illégal. Après, s’ils veulent l’objet, on voit aussi le retour du vinyle, et souvent on a avec le coupon pour télécharger le mp3. Et je suis pour le mp3 en mauvaise qualité. Comme ça les gens reviendront vraiment à savoir ce que c’est qu’un vrai disque, à regarder une pochette.
Donc c’est un contre masqué.
Un peu oui.
Marc: Pour le mp3, mais pas pour remplacer l’objet. C’est un plus.
Olivier: La musique, ce n’est pas qu’un truc que t’écoutes. C’est aussi un objet, une pochette, un travail, un ordre des morceaux. Moi, je suis pour écouter un album dans l’ordre qu’a choisi l’artiste.
L’album de Hushpuppies uniquement en digital, j’imagine que c’est contre?
Oui, parce que sinon je ne l’aurais pas dans ma discothèque! C’est pas que je les écoute trop souvent nos disques, mais j’aime bien les avoir à la maison…
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