08 Mar 08 Interview : Missill (03-2008)
Tu as commencé par le graffiti pour en arriver à la musique. Le parcours inverse aurait-il été possible? Pourquoi avoir rebondi ainsi? As-tu encore le temps de t’adonner à cette première passion?
C’est avant tout la musique et le hip hop qui m’ont amené vers le graff que j’ai commencé à pratiquer vers l’âge de 17 ans. Ensuite, j’ai rapidement appris à faire du graphisme et de l’illustration, de la 3D pour des flyers, des affiches, des pochettes d’albums, toujours en rapport avec la musique. Puis j’ai commencé à mixer. Le dj’ing a alors pris le dessus sur le graphisme, même si je trouve toujours le temps d’en faire. Un peu moins le graff par contre. C’est complémentaire et indispensable pour mon univers. Tout s’est fait progressivement et s’est enchaîné rapidement.
Tes sets en appellent à la diversité musicale, à casser les barrières et bousculer les esprits cloisonnés. As-tu le sentiment d’y parvenir désormais ou cette tâche apparaît-elle parfois encore bien difficile?
En général, ça se passe très bien, et je pense que c’est aussi pour cela qu’on me booke. Pour moi, il n’y a que deux styles de musique: la bonne et la mauvaise. Après, il y a une façon de la placer, et de l’apporter au public.
Es-tu du genre à adapter tes sets à ton audience, à les préparer à l’avance, ou à y aller de manière plus frontale en la poussant à écouter des choses vers lesquelles elle n’irait pas spontanément?
Je suis toujours à la recherche de nouvelles sonorités, de nouveaux tracks, c’est un travail de tous les jours… J’ai une soif de nouveautés, j’en veux toujours plus. La preuve, de mon côté, je fais des edits de tous mes tracks, des bootlegs, remixes, etc… afin d’apporter une touche plus personnelle à mes sets.
On retrouve d’ailleurs cette variété sur « Targets« , ton nouvel album. N’as-tu pas eu peur de prendre un risque démesuré en termes de cohérence du tracklisting?
Je voulais faire un album qui me représente, moi et mes sets. En ce qui concerne sa cohérence, elle se fait par une évolution dans le tracklisting: ça part de 90 bpm, et ça monte progressivement pour finir à environ 140. « Targets » est un condensé de sonorités urbaines et electros, c’est le résultat de mes années de recherches et de tournées. Je sais excatement le type de son que je souhaite obtenir et, cette fois, j’ai produis cet album avec une approche volontairement « dancefloor ».
En comparaison avec ton premier album, il met beaucoup plus en valeur ton sens de la production, sonne beaucoup plus personnel…
« Targets » est en fait mon premier album, puisque « Mash Up« , sorti en 2005, était un mix avec un travail d’edits, de remixes et de mix. Il ne comptait qu’ un morceau que j’avais produis moi même… Là, c’est mon premier album de productions personnelles, sachant que je me suis mise à la production il y a seulement trois ans.
Une telle palette de styles nécessite de se tenir constamment au courant de ce qui se passe sur le terrain. Quels sont tes secrets pour ne rien manquer de l’actualité musicale?
C’est beaucoup de recherches sur le net, de discussions avec d’autres artistes, djs, producteurs et labels avec qui je développe des affinités, et qui m’envoient leurs dernières productions. Et puis j’achète encore beaucoup de disques et de wave sur le net. C’est avant tout par passion, j’en ai besoin pour mon équilibre.
Les invités sont nombreux sur ce nouvel album, de la référence Dynamite Mc à la révélation beatbox Tez, en passant par BluRum13 ou Dj Netik. Obtenir leur contribution respective a-t-il été une lourde tâche? Certains ont il été réticents dans un premier temps? Y en a-t-il d’autres que tu aurais voulu voir apparaître et avec lesquels cela n’a pas pu se faire?
Je n’ai pas cherché à obtenir d’artistes « très connus ». Toutes les collaborations de cet album sont nées naturellement d’une envie réciproque de travailler ensemble. Ce qui, par ailleurs, a fait que les choses se sont faites plus rapidement. C’est juste le fruit de rencontres sur des tournées, clubs, festivals, et scènes. Il y avait aussi un autre MC anglais que j’ai contacté. Je voulais vraiment faire un morceau avec lui mais, dès le départ, ça a été une question d’argent et de négociation donc j’ai décidé de ne pas le faire. C’est important qu’il y ait un feeling qui passe. Donc dans l’ensemble, cela s’est fait de manière très fluide. Pour moi, ca a été une super expérience de pouvoir partager ces moments et ma musique avec tous ces artistes, moi qui suis plutôt habituée à travailler et jouer seule.
« Targets » est définitivement lié à tout l’univers graphique qui l’entoure. A ce propos, les persos Missill se multiplient à grande vitesse sur le net, et aussi avec ce jeu auquel chacun peut intégrer son perso. Peux tu nous en dévoiler le concept?
J’ai commencé par me faire un design de perso façon toyz, puis j’en ai fais pour mon crew et les artistes avec qui je collaborais. On s’en servait comme avatar Myspace, puis d’autres artistes m’ont demandé de leur en faire. Je commençais à avoir beaucoup de demandes mais je n’avais pas le temps d’en créer pour tout le monde donc j’ai pensé à développer ce module afin que chacun puisse s’en créer un. Je voulais partager mon graphisme tout comme je le fais avec la musique. Le module est en ligne depuis deux semaines et les retours sont très bons. Tout le monde est le bienvenu dans le Missill Riot Crew!
Discograph est à fond sur le projet pour la France. Mais peux-tu compter sur un tel soutien via un label étranger? La manière de travailler un album y est elle similaire ou, là encore, la culture locale fait le reste?
Nous avons de très bons retours à l’étranger, et il y aura des sorties dans de nombreux pays.Après selon les territoires, il y a forcément des retours différents, ainsi que diverses façons d’aborder les choses.
Il semble que ta musique t’ait emmenée aux quatre coins du monde. Quels souvenirs ramènes tu de ce genre de tournée? Quels sont les shows qui t’auront le plus marqués jusqu’ici et pourquoi?
J’ai eu la chance de beaucoup voyager ces dernières années, et de découvrir de multiples cultures, chose que j’adore. C’est un vrai bonheur de pouvoir partager sa musique, des moments magiques et découvrir tous ces pays grâce à mon métier. La musique est universelle et les gens à travers la planète en ont besoin. Tous ces voyages m’ont marquée à leur manière, et j’en garde beaucoup de bons souvenirs. L’Asie me marque toujours beaucoup et m’inspire pour le graphsime, que ce soit la Chine, Hong Kong, Taiwan, l’Indonésie, Les Philippines ou le Japon. J’ai aussi adoré les concerts en plein air en Australie, l’Argentine, le Brésil etc…
En tant que Dj, quelle est ton opinion sur le débat faisant rage entre les possibilités de mixer CDs et vinyls. Ou te places-tu en cette heure de bouleversements technologiques?
Je refuse de jouer des CDs, je n’arrive pas à retrouver les mêmes sensations. Je joue avec le système serato, des vinyls vierges reliés à mon ordi via un boitier, et qui me permettent de jouer tous mes fichiers wave. D’ailleurs, je refuse de jouer des MP3 car la qualité du son est largement infèrieure au wave, vinyl ou CD. Et j’achète encore beaucoup de disques vinyles que j’encode en wave pour pouvoir les lire sur mes serato.
Le mot de la fin…
Venez me rejoindre dans le MISSILL RIOT CREW, plus d’infos sur missill.com et myspace.com/djmissill.
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