Interview : Greg Graffin (09-2006)

Interview : Greg Graffin (09-2006)

Tu dis que Neil Young et Gram Parsons ont toujours été des influences musicales pour toi. Comment expliques-tu alors que, toute ta vie, tu te sois investi dans Bad Religion plutôt que dans une carrière solo?

Quand j’ai commencé Bad Religion, j’avais seulement quinze ans. J’étais un gamin passionné de musique, mais je n’avais vraiment aucune idée de la façon dont on pouvait se lancer en solo. J’ai donc rejoint mes amis Brett et Jay et nous nous sommes lancés dans un groupe punk. Bien que mes influences aient toujours été celles-ci, il faut bien avoir en tête que j’ai toujours adoré le punk rock et que je me suis toujours identifié aux chanteurs de ce genre musical.

Penses tu qu’un chanteur aux multiples influences améliore à lui seul son groupe de punk?

Bien sûr! Plus tes influences sont variées, plus tu produis quelque chose de très intéressant…

On a toujours associé ta voix à Bad Religion. Comment as-tu abordé ce nouveau disque pour qu’il ne soit pas seulement le nouvel album solo du chanteur?

Et bien, je pense que j’ai toujours eu un certain talent en matière d’imitation, ce qui est important pour un chanteur afin de convaincre encore plus son public. Aussi, jouer une musique ancienne revient à recréer une ambiance en y amenant ta propre patte, tes propres expériences. Je pense avoir atteint ce but sur « Cold As The Clay ».

Ta famille a toujours baigné dans la musique. Que pense t-elle de ta carrière avec Bad Religion? Avez-vous déjà eu des conflits de génération concernant la musique?

Non, absolument jamais. Mes parents et ma famille m’ont toujours supporté dans toutes mes initiatives. Ils m’ont toujours laissés me débrouiller seul et suivre mes volontés.

Pouvons nous dire que « Cold As The Clay » est une véritable preuve de maturité? Le retour vers le passé d’un homme désormais assagi?

Je ne sais pas. En général, je ne me trouve pas très assagi encore aujourd’hui. La moindre arrogance ou ignorance peut me mettre d’une mauvaise humeur incroyable. Mais je prends conscience aussi que je vieillis et je pense que la musique peut aider à suivre sa vie à condition d’accepter sa propre mortalité et de ne pas vouloir absolument rentrer en compétition avec des artistes plus jeunes qui ont l’oreille de leur propre génération. « Cold As The Clay » montre exactement cela, que je ne tente pas de concurrencer les plus jeunes, et aussi qu’il a un lien direct avec Bad Religion, l’autre partie très active de ma carrière musicale.

Ton premier album pouvait être interprété comme une thérapie d’une certaine manière puisque tu y parlais de problèmes très personnels comme ton divorce. Est-ce que « Cold As The Clay » est à considérer comme le deuxième chapitre de la biographie de Greg Graffin?

« Cold As The Clay » est plus une collaboration avec de très bons musiciens et un producteur redoutable qu’une séance thérapeutique. « American Lesion » était un disque plus personnel sur lequel j’ai tout produit et interprété. Il s’agissait plus d’un hommage à la composition et aux productions des années 70, donc la plupart des textes relataient de problèmes relationnels. Mais, ça ne lui enlève rien, chaque album est unique et intéressant. Enfin, je l’espère…

Selon toi, est ce que « Cold As The Clay » est de ces albums qu’on ne peut sortir qu’une fois son propre passé digéré?

Non, non… C’est plus le genre d’album que je peux composer et enregistrer quand je ne suis pas trop occupé avec Bad Religion…

David Bragger, Greg Graffin, Chris Berry

Pourquoi avoir décidé de partager le tracklisting entre tes propres compositions et reprises de chansons traditionnelles?

Les chansons traditionnelles constituent le tissu et la perspective des titres originaux. Par là, je voulais montrer qu’un bon morceau peut être écoutable pendant des siècles, et qu’il soit traditionnel ou fraîchement composé, il commence toujours par une simple mélodie accompagnée d’instruments acoustiques. La plupart des morceaux de Bad Religion sont partis de Brett, moi, et d’une guitare acoustique.

On peut lire à droite à gauche que Greg Graffin est le Bruce Springsteen du punk rock. Qu’en penses-tu?

J’accepte toutes les comparaisons, mais je suis rarement d’accord avec elles.

Julie Holland est sûrement l’artiste invitée la plus connue sur ton nouvel album. Comment cette collaboration s’est elle présentée?

C’est tout simple, nous appartenons au même label et Brett, en tant que producteur de ce disque, a pensé qu’il serait bon que je la rencontre. Ça n’a pas manqué, sa voix m’a captivé, et j’étais très heureux qu’elle accepte de chanter à mes côtés. Il s’est passé la même chose avec les Weakerthans, le backing band, qui sont d’excellents musiciens et qui figurent également au catalogue Epitaph.

Pour les Européens, ce nouveau disque peut paraître très conservateur. Comment est il accueilli aux Etats Unis ou la scène punk rock a tendance à rejeter l’Amérique et ses traditions?

Je ne prête pas du tout attention au buzz ou aux critiques, donc, à vrai dire, je ne sais pas trop ce que les journaux disent de moi ici. Ce qui me touche, c’est plutôt la bonne et chaleureuse réaction de tous les fans lors de mes concerts solo. Ils suivent tous Bad Religion depuis des lustres, et leur enthousiasme me motive à donner encore plus de prestations solo.

Brett Gurewitz a joué un rôle très important dans le son de cet album. Avais-tu besoin de l’enregistrer avec quelqu’un de très proche de toi? Est ce un trop plein de modestie qui t’a empêché de le sortir avant?

C’est toujours très spécial quand Brett et moi collaborons sur un projet créatif. Non seulement parce que c’est un signe très fort d’amitié, mais il y a aussi une joie invisible dans la création puisque le fait de travailler n’est plus une corvée mais un voyage avec un ami proche. Nous n’avons pas fait cet album plus tôt, tout simplement parce qu’il est très difficile de prévoir et planifier ce genre de chose en raison de notre emploi du temps respectif très chargé. Il n’y a qu’en janvier dernier où nous avons pu nous lancer sérieusement dans ce projet.

Aurons nous la chance de te voir en Europe avec tous les musiciens de cet album?

Je l’espère vraiment. J’attends désormais impatiemment des propositions.

Le mot de la fin…

J’espère fortement qu’à l’avenir, la musique jouée par des musiciens gardera toujours le dessus sur les ordinateurs…


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