07 Oct 13 Interview – Disclosure, band of brothers
Guy et Howard Lawrence sont les deux frères qui composent le duo Disclosure. Omniprésents cet été, au lendemain de la sortie de leur premier album ‘Settle’ qui s’est notamment permis d’aller déloger Daft Punk et Queens Of The Stone Age de la plus haute marche des charts anglais, ils étaient à La Route du Rock ou ils ont offert au public de Saint Malo une prestation pour le moins efficace. C’est là que nous les avons rencontrés. Entretien avec les petits princes du UK garage.
Qu’est ce que cela peut représenter pour deux jeunes mecs comme vous de se placer à la première place des charts anglais en détrônant Queens Of The Stone Age?
Guy Lawrence: C’est fou! On était vraiment loin de penser qu’il pouvait nous arriver un tel truc… C’est notre premier disque, et arriver à bousculer un groupe comme Queens Of The Stone Age, c’est grand pour nous. Ça nous a un peu chamboulé, vraiment, mais pour nous c’est superbe, ça veut dire que ça plait aux gens, et donc qu’on a certainement fait du bon boulot… La semaine précédente, c’était Daft Punk qui était numéro un. Et ça, c’est encore plus significatif pour nous… On a délogé l’une de nos plus grandes influences de la première place! Vu la promo incroyable qu’ils ont réalisé, ça nous semblait absolument impensable, on pensait qu’ils allaient rester tout en haut durant des semaines et des semaines…
Vous êtes originaires de Surrey, une petite ville située entre Brighton et Londres. D’où vous vient cette culture club?
Quand j’ai commencé à sortir, j’allais à Brighton dans des clubs de dance music. Il y a une importante culture en matière de musique électronique dans cette ville. Mais à Surrey, il n’y a pas grand chose qui soit connecté avec la musique, il n’y a pas de scène musicale, il fallait bouger pour ça…
Cette absence de scène dont vous parlez, vous l’avez comblé en collaborant avec Alunageorge et Jessie Ware par exemple?
Peut-être oui, même si on a chacun un style différent. Jessie est tournée vers la soul et des influences des années 80, Alunageorge est plus R’n’B… Des styles différents, mais finalement on se retrouve un peu tous autour des éléments électroniques de nos musiques. On n’est peut-être pas une scène, mais une grande équipe, tournée vers la dance music.
Comment se fait le choix d’un featuring pour vous? Est-ce la musique qui vous dicte?
Howard Lawrence: Ce qui est important pour nous, en plus de la voix des ces artistes, c’est leur talent d’écriture. À chaque fois que l’on fait une collaboration sur un track, on bosse les paroles avec l’artiste en question. Sinon ça perdrait du sens pour nous. On ne veut pas juste avoir de bonnes voix qui accompagnent nos compositions, on veut que ces artistes se sentent chez eux, qu’ils soient partie intégrante de Disclosure, même si c’est juste le temps d’une chanson. Dans le cas de Jamie Woon, évidemment il a une voix géniale, mais ce qui nous attiré avant tout est son talent pour l’écriture. On est très fan de ce qu’il a fait auparavant. C’est comme ça que l’on voit les choses quand on pense à un featuring.
Votre premier album est bourré de featurings de renom: Alunageorge, Jessie Ware, Kamie Woon… Avez-vous déjà quelqu’un en tête pour un prochain EP ou LP?
En fait, pour celui-là déjà, on aurait aimé avoir un artiste de hip hop sur l’un de nos morceaux. Finalement, ça ne s’est pas fait. C’est donc quelque chose que l’on veut concrétiser pour nos prochaines productions. On est des grands fans de J-Dilla par exemple. C’est quelqu’un qui nous a beaucoup inspiré, et on aimerait donc mélanger notre musique avec un flow hip hop pour voir ce que ça peut donner. Je suis convaincu que ça pourrait fonctionner! Je crois que ce serait une évolution naturelle pour nous. Mais pour l’instant, on se concentre sur d’autres choses, notre tournée par exemple…
Avez-vous envie, ou avez vous déjà reçu des propositions pour produire d’autres artistes?
Guy: On en a envie, oui, et on a reçu beaucoup de propositions pour produire ou remixer des chansons d’autres artistes. Mais jusqu’à maintenant, on a du dire non à presque tout le monde. On aimerait pouvoir le faire, vraiment, mais on n’a pas le temps, c’est ingérable pour nous. La tournée dans laquelle on est immergé nous prend beaucoup de temps, il y a peu de temps libre, et toute notre énergie est concentrée pour le live.
Revenons donc sur cette tournée… Cet été, vous avez participé à 43 festivals, un peu partout dans le monde… Il y a de quoi devenir fou avec un tel rythme, non?
Tu l’as dis! Il y a de quoi devenir fou et péter les plombs… Le rythme est infernal, pas ou peu de pause. Mais on ne va pas se plaindre pour le coup: on fait ce qu’on aime le plus, donc c’est cool, c’est ce que l’on voulait…
Vous êtes frères, Howard est le plus jeune de vous deux (19 ans), Guy (22 ans) est donc l’ainé. Mais qui de vous deux prend soin de l’autre?
Howard: Ben, c’est le plus jeune qui prend soin du plus grand (rires). Guy boit un peu, moi je ne bois pas. Donc parfois, c’est moi qui modère et joue le rôle du capitaine de soirée (rires).
N’est-ce pas compliqué, pesant même parfois, d’être toujours ensemble en étant frères?
Guy: On dit toujours qu’on n’est pas des frères comme les autres. Sinon, je pense que l’on n’aurait pas pu former un groupe ensemble. On est frère, mais avant tout de grands amis.
Howard: De plus, en tournée, on est une équipe de dix personnes. Donc, finalement, on n’est pas toujours l’un sur l’autre, on partage beaucoup de choses avec notre équipe. Ca rend nos relations fraternelles plus faciles. Mais comme t’a dit Guy, on s’entend à la perfection, donc les choses se passent bien généralement.
Guy: Finalement, je crois qu’on a de la chance d’être ensemble. Quand je vois le nombre de djs qui parcourent le monde seuls, cela doit être plutôt ennuyeux…
J’ai la sensation que tout le monde vous demande de vous justifier de vos influences, du fait d’être si jeunes et si influencés par une musique et une époque que vous n’avez pas vécu… D’après vous, la jeunesse est-elle incompatible avec une bonne culture musicale?
Howard: Avec internet, tout le monde peut avoir accès à la musique. On n’a donc pas nécessairement besoin d’avoir vécu cette époque de clubbing des années 90 pour y trouver nos influences, et nous les approprier.
Guy: On comprend ces critiques, même si on les trouve un peu légères. Ok, on n’a pas pleinement vécu les années 90, on n’a pas cette expérience que d’autres ont eu. Mais je peux t’assurer qu’on a acheté tous les disques de garages de ces années là, on les connait sur le bout des doigts, on les a étudié. Notre expérience vient de la musique, pas du clubbing. Puis si les gens critiquent, on ne les oblige pas non plus à nous écouter…
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