14 Sep 11 Interview – Cults, dans le tourbillon de la vie
Coup de bluff ou coup de coeur de l’année? Les deux Cults se présentaient cet été sur la scène de la Route du Rock armés de leur premier album éponyme, et de « Go Outside », clairement une des chansons pop de l’année. L’occasion nous était donc donnée de les rencontrer, et de tenter de briser ce verni de surface pour découvrir un peu ce qui se cache derrière ce couple californien à la mode. Finalement, Cults s’est livré à l’exercice sans langue de bois.
Question con pour se mettre en route: d’où vient le nom Cults? C’était parce que The Cult était déjà pris ou quoi?
Madeline Follin: Non, nous n’avons pas réfléchi ainsi. Il se trouve que, dans nos chansons, on intègre parfois des samples tirés de discours de ministres religieux. A San Diego, ville d’ou l’on vient, il y a de nombreuses personnes totalement dévouées à différents cultes. C’est quelque chose qui parait très américain vu de chez les Européens. Ces croyances alimentées par des groupes religieux souvent bizarres sont une réalité chez nous. Surtout à San Diego ou ils sont partout. Ils font partie de nos vies en quelques sortes. On y est donc allé chercher naturellement notre nom.
Quand votre première chanson « Go Outside » est sortie, on a tout de suite pu constater un engouement pour le groupe: Pitchfork vous a encensé, un clip a été produit spécialement pour MTV… Comment avez vous vécu ça? Avez vous ressenti une grosse pression sur vos épaules ou, au contraire, étiez vous sereins et confiants du fait que vous aviez d’autres bonnes chansons sous le coude?
Je crois qu’au départ, quand les gens ont commencé à publier des choses sur nous et sur « Go Outside », on a pris un peu peur, on ne s’y attendait pas du tout. On venait de mettre une poignée de chansons en ligne sur le net, on ne pensait même pas que nos parents les écouteraient. Finalement, ça a commencé à tourner un peu partout, et là on s’est dit « putain de merde, on va devoir écrire dix chansons de plus comme « Go Outside » ». On a donc ensuite essayé de s’isoler un peu, de faire abstraction de tout ça, et de se concentrer sur la composition de l’album. Ca nous a fait peur, oui…
Cults est un groupe plutôt familial puisque vous êtes en couple, et que la maman de l’un de vous deux est votre manager. Est ce que ce contexte particulier est voulu pour travailler sereinement?
On est convaincu que le fait que ce soit ma mère le manager rend les choses bien plus simples. Il y a très peu de gens en qui on a confiance. Beaucoup de managers nous ont approché en voulant nous en mettre plein la vue. Ma mère a bossé dans le business de la musique pendant des années, donc le choix a finalement été simple. On a totalement confiance en elle et dans les décisions qu’elle peut prendre pour nous. Ensuite, le fait d’être en couple rend la vie en tournée bien plus supportable pour nous…
Brian Oblivion: On a moins de frustration sexuelle…
Madeline: (rires) hmm hmm
Vous êtes vous connus par le biais de la musique ou du groupe, ou tout est-il parti de Cults?
Brian: Je crois que tous les couples de jeunes se forment d’une certaine manière un peu autour de la musique. C’est un moyen comme un autre de faire des rencontres. On s’est rencontré au moment ou je suis parti en tournée avec son frère. Elle nous accompagnait. Ça a alors dérivé vers une relation poussée entre elle et moi avec la musique en toile de fond, beaucoup de discussions autour des artistes et des albums qui nous faisaient vibrer depuis tout petit. Au sein de Cults, on évite de penser à l’autre quand on écrit des chansons sinon on est trop fleur bleu quand on parle de notre relation, et ca ne fonctionne pas.
Madeline: Notre relation a forcément de l’importance dans le groupe, mais on tourne avec cinq autres musiciens, et l’on sait faire la part des choses. Ca ne doit pas devenir quelque chose d’envahissant pour les autres, sinon ça deviendrait invivable pour tout le monde.
Vous avez donc grandi à San Diego, mais vous avez ensuite déménagé à New York. Ce passage de la côte Ouest à la côte Est a-t-il eu une quelconque influence sur votre musique?
On a tendance à dire de notre album qu’il sonne plutôt californien en raison de son côté pop ensoleillée, alors que nos influences sont principalement new yorkaises. On peut citer Shangri-Las par exemple. Pour ma part, je ne crois pas que ce changement ait directement influencé notre musique. Ce qui a changé en habitant New York, c’est qu’on est devenu plus compétitif. Il ya tellement de bons groupes ici qu’on a vraiment envie de tout donner pour sortir un peu du lot. L’approche est très différente à San Diego ou les jeunes groupes jouent dans leur garage. Il y a un côté plus amateur, alors qu’à New York, le fait d’être constamment entouré d’artistes te pousse de manière instinctive à y aller à fond si tu veux faire connaitre ton groupe.
Sur votre disque, on retrouve pas mal de références au girls bands américains des annés 60, et même une certaine influence venant de Phil Spector quant à la production de l’album. Ces références font-elles vraiment partie de votre background musical?
Quand on s’est rencontré, on a comparé les disques que chacun aimait, et on se retrouvait sur des groupes comme les Shangri-las qu’on a cité auparavant…
Brian: Aussi, la musique que l’on aime n’est pas toujours la musique qui va nous inspirer au moment de composer. Il ya plein de groupes que l’on aime, et dont il est difficile de déceler l’influence sur notre album. En général, la musique des autres nous motive à creuser chaque fois un peu plus nos propres compositions.
On parlait il y a quelques minutes avec le groupe Low qui vous a précédé en salle de presse. Vous avez un point commun: celui d’être un couple dans la vie comme sur scène. Vous imaginez vous durer dix huit ans comme eux?
Madeline: Tu rigoles! On ne sera sûrement plus en couple, et le groupe n’existera plus…(rires)
Brian: (rires) Atteindre une telle longevité, c’est le but ultime, j’imagine que c’est celui de chaque groupe. Faire de la musique aussi longtemps que possible et que le public vous soutienne et vous suive tout au long de votre carrière… On sait que tout va très vite maintenant… Le succès, comme la chute qui peut le suivre… Donc on profite de chaque instant, on vit tout ça pleinement, et on en tire parti pour progresser, aller toujours plus loin tant qu’on reste motivé.
Vous avez l’air d’attacher pas mal d’importance à votre look. Est-ce quelque chose d’étudié au point de contribuer pleinement à l’image du groupe, ou est-ce tout simplement naturel chez vous?
Madeline: On te remercie du compliment, même si je pense qu’aujourd’hui par exemple, je n’ai pas fais du tout attention à cet aspect là. On est seulement descendu de l’avion pour venir ici directement (sourire)
Brian: En fait, notre producteur – Shane Stoneback – et moi, en plein milieu de l’enregistrement, on a commencé à venir au studio en costard/cravatte. Avant cela, on portait des tee shirts sans formes, des jeans troués. Ça peut paraitre un peu bête, mais on s’est mis dans la tête que si on s’habillait de manière plus formelle, on bosserait comme les gens qu’on admirait. Tu sais, comme les mecs de Mowtown qui allaient enregistrer tous les jours supers bien sapés. En gros, ils allaient au taf en costard. Après, certains nous ont demandé si le fait qu’on ait les cheveux longs tous les deux était calculé… Pas du tout, évidemment. On a finalement gardé cette façon de nous habiller, on trouve que ça correspond plutôt bien à notre musique. Et on aime ça…
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