Interview : Brodinski (01-2009)

Interview : Brodinski (01-2009)

Petite présentation rapide pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de toi?

Je m’appelle Louis, je viens d’avoir vingt et un ans et, sous le nom de scène Brodinski, je suis Dj, producteur et remixeur pour des groupes ou des producteurs. D’une manière générale, je fais ce qu’on pourrait appeler de la techno.

Est-ce qu’après t’être fait connaître via des remixes tu prévois de lâcher du leste pour te concentrer sur la production?

Au delà des premiers remixes qui m’ont un peu servi de tremplin, le morceau « Bad Runner » m’a aussi bien aidé, c’est lui qui m’a permis de remixer des groupes comme Klaxons, Radioclit, Bonde Do Role ou Dj Mehdi plus récemment. Mais ceci dit, le remix reste mon exercice préféré. Non seulement parce que de toute manière je ne produis pas seul mais avec l’aide de Yuksek, mais aussi parce que ça demande moins de temps que la production d’un morceau. Je préfère remixer que produire, et je préfère être Dj que producteur.

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Malgré tout est-ce que tu bosses d’ores et déjà sur un premier album?

C’est dur à dire, mais disons que j’ai pas mal de collaborations qui se profilent avec des gens comme Riva Starr, Mowgli et plein d’autres artistes hyper intéressants issus de la nouvelle scène. Donc pourquoi pas un album de collaborations, mais rien n’est encore sûr. Actuellement, je dois faire une semaine de studio par mois maximum, c’est-à-dire cinq jours.

Tout s’est très vite enchaîné entre la sortie de ton premier maxi il y a tout juste un an et ta prestation de ce soir aux Transmusicales. J’imagine que ça doit te mettre la pression pour la suite…

Oui, mais en même temps, d’une manière générale, tout va très vite aujourd’hui grâce à Internet. Moi, en plus de ça, j’ai eu la chance d’arriver au bon endroit au bon moment, c’est ce qui m’a permis de faire la connaissance de beaucoup de gens et de vivre plein d’expériences qui me permettent aujourd’hui de tourner dans le monde entier. Et ce soir, je vis le fait d’être programmé aux Transmusicales comme une véritable consécration, identique à celle que j’ai vécue en participant à la « I Love Techno ». Tout ça, c’est le genre de choses qui rentrent bien dans le circuit vers lequel je suis en train d’aller. Sans être insolent, je me dis que j’ai montré un peu partout ce que je faisais et que maintenant je vais pouvoir vous le montrer à vous.

Brodinsky et son producteur dami Yuksek
Est-ce que l’aide de ton ami Yuksek est aussi importante aujourd’hui que par le passé?

Il est aussi présent qu’au début. Il co-produit toujours avec moi, même s’il agit un peu comme un pantin dans le sens ou je peux le diriger en fonction de mes inspirations. C’est hyper intéressant de travailler avec lui. Même si mes productions ne ressemblent pas du tout aux siennes, on a tous les deux un son assez fat et il est toujours présent derrière moi, un peu comme un grand frère. Concrètement, on se met tous les deux derrière la machine et on décide de qui va balancer quel effet, quel sample… Idem lorsqu’on travaille sur un remix: on se concerte pour savoir quelle partie de l’original on va garder, ce qu’on va bien pouvoir rajouter… On travaille beaucoup par sample et par cut. Yuksek a un super home-studio à Reims avec des hardwares et des softwares ce qui fait qu’on ne se délocalise jamais à Paris.

Est-ce qu’à l’inverse il te fait intervenir sur ses productions? Est-ce qu’il t’a déjà fait écouter des échantillons de son album à venir?

J’ai mon mot à dire mais pas plus que ça. Disons que je ne vais pas forcément l’aider sur les productions en tant que telles mais plutôt au niveau des idées. Je suis l’un des premiers à qui il fait écouter ses morceaux et je sais qu’actuellement son album est déjà prêt. C’est une bombe qui devrait sortir en février 2009 mais la date n’est pas encore définitive. Il reste encore des choses à gérer avec la maison de disque, des choses qui prennent pas mal de temps.

Est-ce qu’il y a d’autres producteurs avec lesquels tu souhaiterais collaborer à l’avenir?

J’aimerais bien bosser avec Zdar et Etienne de Crecy, d’ailleurs on en discute en ce moment. On a aussi une super collaboration avec Yuksek, mais je ne peux pas encore donner le nom du projet. On a déjà fait trois ou quatre morceaux, et ça part plutôt bien, j’ai vraiment hâte de voir ce que ça peut donner.

Et parmi les artistes présents ce soir aux Transmusicales ce soir? Je pense à Diplo qui fait un peu office de tête d’affiche…

Même si en France il est moins connu qu’ailleurs – je pense aux Etats-Unis notamment – et donc qu’on communique moins sur son nom, pour moi il reste le numéro 1. Et même s’il se retrouve à mixer au Guggenheim ou à l’after-party des MGMT, pour moi il reste surtout un putain de Dj Hip-Hop et un producteur de talent. Pas mal de gens dénigrent ses productions, mais pourquoi est-ce qu’on attend d’un mec qui a sorti la Baile Funk du Brésil qu’il sorte un album de Baile Funk? En ce moment, je crois savoir qu’il prépare son nouvel album et qu’il bosse sur pas mal de productions ragga. Il a produit « Paper Plane » de MIA, il a bossé avec Cat Power… C’est Diplo quoi, il n’y a rien à dire sur ce gars, il est énorme.

Quel matériel utilises-tu pour tes productions?

Principalement un ordinateur Macintosh avec le logiciel Logic, un synthétiseur Korg MS-20 dont Yuksek se sert pour les lives et que j’utilise aussi pour mes lignes de basse, une 808 et une 809 pour les kicks et beaucoup de samples de trucs récents ou pas, principalement de la techno pour les kicks. Actuellement, je ne fais pas de hip-hop mais sinon je piquerais beaucoup de samples de rap, de la même manière que Yuksek pioche pas mal dans des vieux trucs disco. Mais je me vois plus comme un mangeur de musique qu’un sampleur, je mange plus de cent morceaux par jour et si je télécharge un morceau d’Isaac Hayes qui me plait, je vais en télécharger deux milles dans la foulée. Le jour où je découvre un artiste, le lendemain j’ai tout ce qu’il a fait. C’est comme ça que je marche.

Tu n’as pas l’impression d’avoir été associé par erreur à la « French Touch 2.0 » compte tenu des productions techno que tu proposes? Les gens t’associent plus volontiers à Justice qu’à Popof alors que d’un point de vue musical c’est loin d’être évident.

Pour moi, Popof fait aussi partie des hommes de l’année. On ne se connaît pas vraiment, mais j’adore ses productions. D’ailleurs ce soir, sur scène, ce sera autant du Brodinski que du Popof. D’un autre côté, je suis aussi content de tourner avec des gens hyper talentueux comme Dj Mehdi. Lui aussi est dans mon top cinq des Dj’s mondiaux, c’est un vrai tueur, un mec hallucinant. J’aime aussi beaucoup ce que fait Solo, ancien membre d’Assassin, et plus généralement je me sens très proche de personnes qui sortent du Hip-Hop pour faire de la techno ou de l’electro. Moi c’est l’inverse, je viens de la techno, j’ai écouté que ça, beaucoup de son de l’Allemagne froide d’avant la chute du mur, et maintenant je me mets à écouter plein de vieux trucs Hip-Hop.

Est-ce que tu as une idée du public qui te suit? Davantage adepte des champ boueux ou des clubs parisiens?

Je pense que c’est un mélange des deux. Les free-parteux n’aiment pas forcément Brodinski et les mecs du Paris Paris ne le connaissent pas forcément pour les bonnes raisons, c’est parfois le problème avec la hype. Mais je n’ai rien contre ça, le Paris Paris reste un club que j’ai adoré mais où le public ne se déplaçait pas forcément pour la musique. Mais est-ce qu’il existe beaucoup de clubs en France dans lesquels les gens ne viennent que pour la musique?

Est-ce que tu as une recette particulière dans la préparation de tes lives, des figures imposées ou tu t’adaptes complètement au public présent?

Je n’ai aucune routine, ce n’est que de l’improvisation. Globalement, ça reste très techno mais par exemple, je ne sais pas pourquoi, lors d’une soirée à Vienne en Autriche je me suis mis à balancer du gros son electro et j’ai fini avec « A Milli », de la Baltimore, Format B… Plein de choses différentes. C’est ma façon de faire et c’est sûrement pour ça que mes trois idoles sont Ivan Smagghe, Damian Lazarus et Andrew Weatherall. Si actuellement je surfe sur une vague, ces trois-là restent mes points de repère.

Même dans le cadre de ta résidence aux soirées Panik?

De la même manière. Des fois, ça peut être hyper electro et la dernière fois que j’y ai joué c’était minimale à fond. Même si les gens ne suivent pas, tu dois tout faire pour qu’ils suivent, continuer d’offrir ce que tu veux parce si tu commences à te vendre, c’est fini. Et puis ça va dépendre des gens, de l’ambiance de la soirée, de mon état physique, si j’ai bu ou pas…

Comment ta musique est accueillie à l’étranger? Tu constates des différences notables entre la France et ce qu’il se passe ailleurs?

La France me paraît très particulière, mais il est encore trop tôt pour avoir un avis objectif. Par contre, pour moi les pays les plus fous sont la Belgique et l’Angleterre, j’y passe tous mes week-ends et hier encore j’étais à Newcastle. Mais la Belgique reste à part, là-bas ils passent de la techno à la radio depuis des années. La dernière fois que j’y suis allé, c’était il y a trois semaines avec Yuksek, Medhi et Surkin, et je crois que c’est là-bas que j’ai trouvé mon rôle de mec chargé de finir les soirées. C’est quelque chose qui me plait, d’autant que j’ai conscience de ne pas encore pouvoir être en « high level » dans une soirée avec Smagghe et Andrew.

J’ai lu que tu envisageais de créer ton propre label sur internet. C’est un projet qui est toujours d’actualité?

C’est toujours d’actualité mais pas pour tout de suite. Je vais peut-être m’associer à une structure existante, mais rien n’est encore fait. Dans tous les cas, il ne s’agirait pas de produire mais de signer des artistes et pas forcément des français. J’ai toujours l’idée de sortir un remix d’Amadou et Mariam par Caspa & Rusko, et le mois d’après d’inviter Brendon Moeller et Maurizio pour un track Basic Channel.


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