01 Jan 98 Interview : Bluetip (01-1998)
Une petite présentation de Bluetip…
Le groupe est composé de Jason, à la guitare et au chant, moi même, Dave, à la guitare, Aaron à la batterie et Jack à la basse. Bluetip a été créé à la fin mars 1995 avec un autre batteur que Aaron a remplacé. Nous avions une grosse opportunité d’écrire des chansons et partir en tournée alors que avions encore jamais joué à Washington. Nous avons donc fait 8 morceaux et nous sommes partis en tournée 3 mois plus tard. Nous avons ensuite enregistré un 7″. La tournée était très dure car nous n’étions pas connu. Dave et moi jouions dans Swizz ensemble et nous voulions absolument refaire quelque chose. Au retour de la tournée, nous avons enregistré un album avec Ian Mc Kay sur Dischord. Nous sommes ensuite repartis en tournée, avons ré-enegistré quelques 7″. En ce moment, nous sommes en pleine tournée européenne et nous allons retourner aux USA pour enregistrer notre prochain album qui sortira à la fin du printemps 98.
Comment vous-êtes vous retrouvés sur Dischord ?
Avec Swizz, nous avons joué de 87 à 90. On jouait avec Fugazi et tous les groupes de Washington. La scène de DC est très solidaire, j’ai fait du dessin pour Dischord donc quand je ne jouais pas, j’étais toujours en contact. Quand Bluetip était prêt à enregistrer, j’ai demandé à Ian de le produire et il a tellement aimé qu’il a voulu le sortir sur Dischord.
Le fait que Dischord ne produise que des groupes de Washington, trouvez vous cela trop sectaire ou êtes-vous d’accord avec cette démarche ?
C’est dans ce but qu’ils ont créé leur label. Dés le début des années 80, ils ne voulaient sortir que des groupes de Washington pour être une sorte de document portant sur la scène musicale locale. Aujourd’hui, beaucoup de labels font cela pour mettre l’accent sur leur scène. Si vous écoutez tous les groupes Dischord, ils sont tous différents mais ils sont de DC et ils sont très actifs. The Make Up ne sonnent pas comme Fugazi qui ne sonne pas comme Bluetip qui ne sonne pas comme Smart Went Crazy ! Ils sont de Washington, ce sont des amis. Je suis d’accord avec cette démarche, car si Dischord n’avait pas été là, je ne suis pas sur que l’on connaîtrait aujourd’hui des groupes de Washington, car c’est une petite ville. Swizz n’était pas sur Dischord, mais Dischord connaissait et aidait financièrement Swizz. C’était tout comme.
Fugazi vous a-t-il influencé d’une manière générale ?
Fugazi a influencé énormément de groupes, musicalement car ils ont manifestement apporté quelque chose de nouveau à ce que l’on peut appeler du hardcore. Encore, la manière dont il gère leur groupe, toutes les situations… Ils font très attention à tout. C’est dans ce sens qu’ils servent d’influence, grâce à leur esprit Do It Yourself. Vous ne devez pas aller sur une major, vous ne devez pas dépenser de l’argent dans une promotion gigantesque. Tel est leur discours et leur attitude envers la musique.
Jawbox a quitté Dischord à cause d’un manque de moyens…
Jawbox était bon sur Dischord, ils y ont sorti pas mal de trucs. C’était une décision très dure à prendre. Quand tu es chez Dischord, tu dois travailler en dehors du groupe, tu ne peux donc pas être en sécurité financière seulement avec le groupe. Jawbox voulait en vivre, ils sont donc allés chez une major. Malheureusement, ils ont rencontré le même problème que tous les autres. Eux pensent d’abord à la musique, la major pense au profit. La major n’est pas attentive au groupe. Je pense que jamais Jawbox n’obtiendra autant de soutien que chez Dischord. II n’existe pas de conflit entre Jawbox et Dischord, tout le monde respecte leur décision.
Comment sont les relations entre tous les groupes Dischord ?
Avec les Make Up, nous nous rencontrons souvent, on discute, même si on n’a jamais fait de concerts ensemble. Nous sommes amis. Je ne connais pas les Smart Went Crazy, mais je suis sur que ce sont des mecs cools. Washington est une petite ville et on obtient toujours du soutien. Des groupes nous prêtent du matériel, Fugazi nous a donné des informations pour que notre tournée européenne se passe bien. C’est pour cela que je dis que la scène de DC est solidaire. Nous ne connaissons pas tout le monde chez Dischord, mais ces groupes nous soutiennent quand même ! Et nous leur rendons autant que nous le pouvons.
Revenons en à Bluetip, de quoi parlent vos textes ?
C’est la première fois que je chante dans un groupe, et je n’ai pas l’habitude d’écrire des textes. Je parle de choses très personnelles telles que l’amitié, les problèmes, les émotions. Le dernier album était triste à cause des sujets des textes, car quand je les ai écrits, je n’étais pas très heureux. Nous ne nous limitons pas à un certain style de texte, nous ne sommes pas un groupe engagé, nous parlons juste de nos situations personnelles. Peut-être que ça évoluera avec le temps. Nous donnons également de l’importance aux mélodies comme ça, l’auditeur peut choisir: s’il n’aime pas les textes, il s’en tient aux mélodies.
Le public de la côte ouest est-il attiré par votre musique ?
Nous sommes allés trois fois sur la côte ouest et après trois tournées, on peut dire que l’on a un certain public là-bas. Beaucoup de gens croient que les habitants de la côte ouest n’écoutent que du hardcore straight edge ou du hardcore mélodique. Certains aiment notre musique, d’autres non. Le public répond présent dans des villes comme Los Angeles, San Diego.
De France, on a l’impression qu’à l’ouest il n’y a que du mélodique. Comment expliquez-vous cela ?
Je pense que Chicago a un son bien à lui, tout comme Washington. Cela est du au fait que les musiciens changent au sein des groupes, on voit les groupes en concert et c’est pour cela que chaque groupe sonne comme tous les autres groupes locaux. Fat Wreck Chords et Epitaph courent après les médias et parviennent à être populaires auprès des kids. Quand nous avons commencé, c’était pareil, nous écoutions les Dead Kennedys, Black Flag parce que c’était les plus connus mais pas spécialement les meilleurs. Quand nous avons découvert Minor Threat, on était sur le cul d’autant plus qu’ils étaient de DC et qu’on avait juste à traverser la rue pour les voir. Soul Side,tous les groupes comme ça, vous les voyez souvent et ils vous inspirent. Pour en revenir au mélodique, c’est très populaire, mais beaucoup de gens détestent cela. Moi-même, je n’aime pas, je trouve que c’est une musique pour gamins; mais, c’est juste mon opinion personnelle. Nous, on ne peut pas jouer avec des groupes mélodiques, car le public ne correspond pas à notre style. On a fait des concerts avec les Vandals, Strung Out et c’était flagrant que notre musique n’intéressait pas le public. Ce sont deux scènes différentes.
On dirait que Chicago et Washington sont deux énormes laboratoires de recherche musicale, qu’en pensez-vous ?
Chicago a son son même si il y a beaucoup de choses différentes là-bas. Beaucoup de gens de DC aiment Chicago et en sont inspirés, tout comme les gens de Chicago respectent Washington. II existe un certain renouveau dans ces deux villes. Quoiqu’on en dise, Fugazi est un groupe expérimental.
Que pensez-vous de Karaté sur Southern Records ?
Southern fait partie de Dischord, ils sous traitent, mais je ne connais pas vraiment Karaté, je ne peux donc pas juger.
Quand est prévu votre prochain album ?
Il devrait sortir au printemps 98, entre temps nous irons au Japon, nous essayerons de retourner en Europe maismoins longtemps, car c’est très fatiguant. Nous sommes crevés et on a besoin d’une bonne douche ! Je voulais ajouter que j’ai vraiment apprécié cette tournée européenne. Les gens et les organisateurs sont très solidaires et même bien plus que dans beaucoup d’endroits aux USA. C’est une approche différente de la musique. Les gens viennent au concert même s’ils ne connaissent pas vraiment. Peut-être qu’en partant, ils vont se dire qu’ils détestent mais qu’au moins ils se seront déplacés et ils auront vus. Aux USA, ils vont au ciné ou voir leurs groupes favoris, un style spécifique.
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