Interview : Alias (11-2002)

Interview : Alias (11-2002)

La presse qualifie souvent ta musique de goth hop. Qu’en penses tu? Acceptes-tu cette étiquette?

Quand j’ai enregistré “The Other Side Of The Looking Glass”, j’étais dans un état dépressif. Je venais de quitter le Maine pour la Californie. En plus de cela, c’est une blague entre nous de qualifier notre musique ainsi même si je pense que ce n’est pas totalement juste. J’accepte cette étiquette car je comprends que les gens voient ma musique ainsi du fait qu’elle soit très sombre et déprimante.
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Comme beaucoup d’artistes Anticon, tu ne fais pas appel à un Dj. Quelle est son importance pour toi? Est-ce une manière de se démarquer de la scène hip hop en générale?

Nous ne faisons pas réellement partie de la scène hip hop musicalement. Beaucoup d’entre nous n’attachent pas plus d’importance que cela au hip hop. Notre musique est très influencée par le rock et les musiques électroniques qui sont deux courants musicaux très intéressants. Je pense que beaucoup d’artistes hip hop incluent des parties scratchées à leurs compos uniquement pour répondre à la définition basique du hip hop. Ce n’est pas que les Djs ne sont pas importants pour nous mais ce n’est pas intentionnel. Nous proposons une musique qui nous vient naturellement et dont le deejaying de fait pas partie.


Tu as composé “Inspiration Passing” avec ton jeune frère. Qu’est ce que cette expérience vous a apporté à tous les deux?

En fait, c’est le premier morceau que j’ai fait pour cet album. Il parle de notre grand mère qui est décédée et qui a tenu un grand rôle dans notre éducation musicale. Elle jouait très bien du piano. Nous étions vraiment bien tous les deux et assez sûrs de nous. Quand j’ai terminé ce morceau, nous sommes vite allés chez nos parents pour leur faire écouter. C’était vraiment cool de collaborer avec lui d’autant plus qu’il n’avait que douze ans à cette époque. Je prévoie de faire d’autres productions avec lui car il est très doué, autant pour la guitare, que la flûte, la clarinette ou le piano. Ce n’est pas évident car il est de l’autre côté du pays. Il est plus influencé par le jazz mais j’essaye de l’initier au hip hop. Il n’a encore que seize ans et il est peut être encore un peu jeune.

Préfères tu produire ou chanter?

Produire. Tu contrôles plus l’émotion qui se dégage d’une composition, et tu fais vraiment ce que tu veux.

Tu fais tout tout seul. N’as tu pas peur de manquer de recul sur ton travail parfois?

Non, parce que tout le monde dans Anticon fait écouter ses morceaux aux autres afin d’avoir des avis. Nous sommes tous honnêtes les uns avec les autres donc ce n’est pas un problème. Au contraire, ce sont des conditions idéales.

Est-ce que “3 Phase Irony” était pour toi un disque test avant cet album?

En quelques sortes car le disque n’était pas vraiment facile à trouver. Notre distribution était moins bonne à ce moment-là. Je l’ai sorti afin de créer une sorte de buzz autour de mon travail et de bien préparer le terrain de “The Other Side Of The Looking Glass”.

Tu as récemment travaillé sur les productions du prochain album de Sole. Peux tu nous en parler et le comparer avec “Bottle Of Humans”?

C’est assez similaire au précédent mais il marque l’évolution de Sole. C’est un peu plus mature dans le contenu de ses textes, les arrangements des morceaux. J’ai joué quelques parties de guitare dessus, il y a également du clavier. C’est un album un peu plus musical et moins basé sur le sampling. C’est un très bon album et je suis très fier d’y avoir participé. Il n’est pas encore sorti donc j’attends impatiemment l’avis des gens.


Tu as également travaillé avec The Roots ou Dj Krush. Qu’as tu fait exactement avec eux?

En fait, j’ai fait la première partie de The Roots quelques fois. Au sujet de Krush, moi et plusieurs membres d’Anticon ont participé à son dernier album. C’était dingue car nous avons tous grandi avec sa musique. C’était comme une consécration. Jel a fait un remix d’un de ses morceaux et suite à cela, il nous a demandé de venir à Tokyo pour un de ses concerts de soutien au peuple afghan. Là, il nous a proposé de poser sur son album et nous avons bien sûr accepté. Il nous a donné l’instrumental pour que nous travaillions et nous l’avons enregistré en Californie puis retravaillé avec lui. Nous avons fait également le concert fêtant la sortie de l’album. C’est un mec très cool à l’énergie positive. C’était comme un rêve. Tout comme celui que je réalise en ce moment en tournant en Europe. Je n’aurais jamais pensé faire tout cela.

As tu l’impression d’aborder une nouvelle thérapie à chaque album?

Oui, complètement. J’ai commencé à travailler sur un nouvel album qui sera beaucoup plus positif, plus énergique et moins déprimant. Je suis mieux dans ma tête maintenant, je suis épanoui. Avant, je devais assurer mon taf quotidien pour vivre, alors que maintenant je vis de la musique. En plus, je suis entouré de gens bien donc c’est beaucoup plus facile de faire une musique plus joyeuse. Ce prochain album sera très bon et très différent.

Comment expliques-tu le fait que beaucoup de productions Anticon aient le même son?

Je vois ce que tu veux dire. Nous avons la même éthique de travail, nous écoutons tous la même musique donc tout cela joue énormément sur le choix de nos sons. Nous essayons d’avoir un nouveau son, de nous démarquer afin d’avoir une personnalité musicale bien marquée. Certains puristes de hip hop n’accrocheront pas sur notre musique et nous dénigreront. Peu importe…

Peux t-on dorénavant parler d’un style Anticon?

On peut le dire. Je pense qu’Anticon a désormais son propre son et son propre style. Cela est illustré par quelques articles de presse au sujet d’autres artistes hip hop, c’est donc que cela doit être vrai. C’est plutôt bien d’être une référence.

Est-ce que toi tu reconnais des influences Anticon chez les autres groupes?

Bien sûr. Nous écoutons parfois des démos de jeunes groupes qui sonnent un peu comme nous. Ils ont un peu le même son et la même manière d’écrire. C’est très flatteur de voir que tu touches des gens dans le bon sens.

Quels sont tes projets pour les mois futurs?

Je travaille sur mon prochain album, je voudrais également enregistrer un album uniquement instrumental. Ca ne sera sûrement pas chez Anticon mais sur un label qui aura une meilleure distribution. Je viens de finir un remix qui sera sur une compilation du label français Goom. Voilà, je vais continuer à faire de la musique et rencontrer des gens.


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