06 Déc 24 Catchy Peril, le pari de la défiance et de l’exubérance
Notre premier contact avec Catchy Peril, ce fut le clip de Come Closer, mis en ligne au début de l’année. Ces regards farouches lancés à la caméra, ces claviers menaçants, cette mélodie tournoyante qui finit par partir en vrille expliquaient que l’on consente à s’exposer avec plaisir à ce nouveau péril venu du sud. Le quatuor marseillais – formé par les déjà expérimentés Benjamin Delair (Sirius Void, Bachir Al Acid, Jim Younger’s Spirit) à la guitare et au chant, Louise Baudu (1003, Time Structure) aux claviers et aux choeurs, Paul Blanes (The Seven Levels, Up) à la basse, et Kevin Plasse (Sandcastle) à la batterie – sortait quelques mois plus tard, en novembre, son premier EP Disco Sucks, mélodiquement bluffant, bouillonnant d’une énergie difficile à contenir et faisant se percuter sans complexe les genres – punk, disco, pop – pour un résultat des plus exaltants. Sur scène, Catchy Peril combine exubérance, morceaux redoutables d’efficacité qui feraient danser les morts et, surtout, une intensité dans la performance la rendant imprévisible et, pour cette raison, essentielle à vivre. Benjamin, le fondateur du groupe, accompagné de Paul lors de la première visio réalisée ensemble, nous présente un projet qui, au-delà de la musique, s’avère être une véritable raison d’exister.
Vous définissez le style de votre groupe comme étant du nuclear disco punk. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifie à vos yeux ?
Benjamin : Je préférerais que les appellations viennent des autres plutôt que de nous, dans la mesure où l’on peut se méprendre sur la nature esthétique de nos créations et que, donc, il peut y avoir un décalage entre ce que l’on veut faire et ce que l’on fait réellement. Mais il fallait bien avoir quelque chose qui ressemble à une carte de visite, et je voulais quelque chose de marrant et d’accrocheur. Comme le groupe se voulait hétéroclite dans ses approches musicales, des images en rapport avec des particules s’entrechoquant me semblaient appropriées. En ce qui concerne le disco punk, l’idée c’était de rassembler toutes nos influences : le punk première vague type The Damned dont on est de grands fans, le côté cold de Working Men’s Club que l’on kiffe parmi les groupes de la crankwave, l’électronique, la house et l’acid vers lequel Fat White Family et surtout Decius penchent souvent, le disco à la Giorgio Moroder ou le dark disco comme peut le faire Moravie, une DJ lyonnaise que l’on aime beaucoup, la new wave/pop/glam à la Alaska, un groupe espagnol de la Movida dont je suis amoureux de la chanson Bote de Colón. En fait, le Nuclear Disco Punk, c’est tout cela à la fois, et la référence ultime, c’est This Is Not A Love Song de PIL. Le titre Disco Sucks, ‘le disco, ça craint‘, pour un EP qui fait autant référence au disco, est une vanne, mais une vanne-coup de poing, qui n’est pas exempte de sens.
Qu’est-ce qui est à l’origine de votre vocation musicale ?
Paul : J’ai commencé la guitare à 17 ans. Je n’avais pas de passion jusqu’alors, et là, en jouant, je me suis dis : ‘c’est ça‘ !
Benjamin : Louise a commencé le piano à 5 ans. Ensuite elle a fait de la techno, pratiqué le jazz. Kevin a commencé la batterie à l’adolescence. En ce qui me concerne, dès l’école primaire , je faisais semblant d’être dans un groupe de rock. Ça a toujours été mon rêve de gosse. En sixième, je sors juste de Lorie (rires), et je me prends en pleine face American Idiot de Green Day. Dans la foulée, je vais à la bibliothèque municipale George Brassens de Vitrolles, et là je découvre des pochettes d’albums qui m’intriguent, une de Death et une de Queens Of The Stone Age. La claque. Je prends des cours de guitare et mon prof, au bout d’un mois, me fait jouer des reprises dans un repère de bikers, toujours à Vitrolles. J’avais 12 ans. En quatrième, j’écoute les Clash et les Sex Pistols, et je joue London’s Burning avec les potes du groupe dans lequel j’étais alors. C’est de l’excitation, mais qui amène bien au-delà de la musique, puisqu’en plus du son il y aussi des images. Je me souviens qu’à cette période où je commence à jouer du rock, je trouve un DVD dans la chambre de mon frère avec Fight Club écrit dessus et là je me dis ‘super, un film de karaté !‘ ; je le regarde, et puis… chaos technique ! Tout ça pour dire que lorsque tu lies l’image au son, il y a tout un dispositif qui se met en place au sein duquel tu vois apparaître une source de transformation intérieure énorme, conduisant à l’épanouissement. Je me suis rendu compte, peu à peu, que le mode de vie qui accompagne la pratique de la musique, ainsi que la discipline que celle-ci exige, me plaisaient. En fait, c’est plus que cela : ça me sauve. Si je n’ai pas ça, à quoi bon ?
Comment s’est formé le groupe ?
Benjamin : C’est assez récent, ça date de janvier 2023. En gros, j’ai cherché à monter une équipe. Je voulais driver le truc pour ne pas que l’inertie le fasse mourir. J’avais un set de morceaux, une direction artistique dans la tête, et je voulais trouver des gens qui soient capables de la réaliser musicalement tout en ayant le désir profond de le faire humainement. Ça a pris du temps. Le premier concert date du 10 novembre 2023, à Leda Atomica à Marseille, mais dans sa formation actuelle, le groupe n’existe que depuis le 31 décembre 2023, même si on se connaissait déjà tous avant.
Paul : On forme une très belle équipe. En tant que bassiste, je suis très content de jouer avec un batteur comme Kevin, capable d’être agressif mais aussi léger, ainsi qu’avec une super musicienne comme Louise, qui a une très bonne connaissance du son et des claviers. On est solides, les compos sont pop, accessibles à tout le monde, mais elles ont aussi une âme.
Benjamin : On peut avoir des goûts individuellement différents de la direction initiale, mais on a signé ensemble pour que celle-ci prédomine. J’ai amené la plupart des morceaux, réalisé de A à Z les arrangements de certains d’entre eux mais, petit à petit, à force de travailler ensemble, tout le monde s’est approprié le projet, au point que les autres peuvent parfois me reprendre lorsque ce que l’on joue ne correspond pas à ce qu’est Catchy Peril. On est ensemble, maintenant, l’énergie a pris.
Le groupe, depuis le début, a une identité visuelle très forte. Dès le clip de Come Closer, votre premier single, vous avez une posture particulière, déterminée, une manière très directe de regarder la caméra également, sans même parler de la façon de s’habiller, qui vous singularise.
Benjamin : C’est quelque chose que j’ai posé sur la table dès le départ : voilà l’univers, il y aura du maquillage, de la résille, de l’exubérance mais également, dans le même temps, de la défiance. Toutes ces contraintes avaient en réalité comme finalité de stimuler la créativité de chacun. Pour les regards, dans Come Closer, je me suis beaucoup inspiré de ce que j’ai vu au club de boxe de Saint Marcel, au ring olympique de Marseille, avec Jean Molina, le coach, qui l’est resté jusqu’à ses 90 ans, et qui a sorti cinq champions du monde, un type extraordinaire que j’ai eu la chance de rencontrer. Il y avait vraiment une ambiance à l’ancienne, sans cours : on y allait et on s’entraînait, simplement. Rien que dans les sparrings – et je ne te parle même pas des combats – on se prenait des coups dans la tête qui faisaient bouger le cerveau, et je peux te dire que les regards, dans ces moments là, quand tu sais que tu peux faire mal à ton adversaire et que lui aussi peut te faire la même chose, ce n’est pas du jeu. Pour le clip, je voulais que l’on essaye, ensemble, de regarder la caméra comme ça, dans cet état de tension vis-à-vis du monde extérieur qui permet de manifester de quoi on est capable vraiment. Pour le live, c’est exactement la même chose. En fait, j’estime qu’on a trop de chance de monter sur scène pour que ce soit juste un moment chill ou de simple rigolade. S’il s’agit de rire, c’est pour s’esclaffer jusqu’à la mort, et non pas rigoler avec condescendance, comme si cela nous était dû. On doit quelque chose aux gens qui sont venus nous voir, même s’ils ont payé cinq balles ou, même, s’ils sont venus gratuitement. La vie parfois est tellement pourrie, pleine de compromissions minables, d’exploitation, pour justifier que le concert soit important, comme un rituel magique, où l’exubérance doit jouer un rôle, une exubérance pas très éloignée de celle que l’on retrouve dans le carnaval, pendant lequel on brûle, après en avoir fait le procès, le Carementran (le Carême entrant, sorte de mannequin grotesque habillé de guenilles) sur lequel on projette toutes les figures persécutrices, particulièrement du pouvoir. Et faire de la scène, dans le rock, c’est émaner une énergie similaire : si ce n’est pas ça, franchement, je ne sais pas ce que c’est.
Le clip de Dancing, lui, est beaucoup plus festif et révèle votre recherche d’ambiguïté, que ce soit dans l’apparence ou dans la musique, puisque celle-ci oscille entre les genres.
Benjamin : C’est venu naturellement et ça c’est renforcé avec les personnages des sirènes. Je me représentais ces créatures sous-marines comme des êtres languissants, flirtant avec l’érotique, renvoyant à l’inconscient, mais qui, dans leur dimension fantastique, avait cette capacité de réenchanter le monde. Les paroles de la chanson sont assez désabusées et portent un regard critique sur un certain mode de vie de classe moyenne, assez standardisé, faite de possession d’objets manufacturés, qui finissent par nous emprisonner. D’où le refrain, Don’t feel like dancing, autrement dit ‘je ne veux pas de cette danse là‘. Les images du clip, elles, n’illustrent pas ces paroles, elles en sont plutôt le contrepoint : là où le monde est enkysté dans la matérialité, les sirènes renvoient à quelque chose de magique ; là où nos vies sont asséchées par notre sérieux, le personnage du guerrier courant après les hommes poissons verse du côté du cartoon. Les masques de poissons, d’ailleurs, ressemblent plus à des perroquets, ce sont les moins chers que j’ai trouvés sur internet et on dirait plutôt des masques d’aliens ou de l’étrange créature du lac noir (qui renvoie au film de monstre de 1954). C’est un clin d’oeil à l’imaginaire 80, celui des Cramps. C’était un gros délire, dans lequel on ne s’empêchait surtout pas d’explorer les aspects les plus extravagants de nous-mêmes, ce qui ramène d’ailleurs à la direction artistique visuelle du groupe, et à l’idée de lâcher prise qui l’accompagne.
Les paroles de Dancing, Don’t feel like dancing / Feel like dancing, ne manifestent-elles pas la contradiction dans laquelle on est quand on désire, puisqu’on éprouve du plaisir en désirant et de la déception une fois la satisfaction obtenue ?
Benjamin : Je n’ai pas beaucoup réfléchi à ça mais, effectivement, je suis satisfait quand des éléments contraires se rencontrent et produisent quelque chose de consistant. Je ne pourrais pas écrire quelque chose de trop militant, parce que nous nous plaçons tous, sans vraiment le savoir consciemment, dans des rapports de force qui nous poussent à avoir un genre de vie déterminé, et ce ne serait pas approprié, ni même efficace politiquement, de tacler des gens parce qu’ils seraient victimes de cette influence. A l’inverse, je ne pourrais pas écrire quelque chose de neutre, j’ai besoin d’équivoque, de contrastes. Les paroles de Dancing évoquent le confort, le supermarché, le barbecue bien rangé, le chien, les gosses, la pelouse synthétique, mais tout ça, moi, ça me fait vriller. J’ai besoin d’avoir des expériences comme hier soir où, au pied levé, je vais hurler dans un micro dans un cirque avec des motos qui me roulent autour sur un mur (il parle du concert de la veille, à la Cité des arts de la rue, mélangeant musique live et performance de motos tournoyant dans une sphère, ndr). Là, dans ce monde d’heureuse incertitude et d’aventure, je me sens vivant.
Pour rester sur les paroles, elles évoquent souvent la manière de se situer par rapport au monde extérieur et aux compromis que celui-ci nous impose. Elles semblent, en évoquant ces sujets, faire référence à des expériences personnelles, comme avec Deserve Better ou She’s Bored. C’est difficile d’écrire sur soi tout en faisant en sorte que les autres puissent également s’y retrouver ?
Benjamin : Si c’est bien fait, on peut partir de quelque chose de subjectif pour accéder à l’universel. Quand je parle de quelque chose de personnel j’essaye – j’essaye, je dis bien – de trouver quelque chose de percutant pour que cela puisse toucher quelqu’un qui n’a pas vécu la même chose. C’est Rick Rubin qui disait qu’il fallait toujours composer pour soi, parce que la condition pour toucher les autres, c’est d’être concerné personnellement par ce que l’on fait. Si on s’aliène au désir de l’autre, on perd l’essentiel du message que l’on voulait porter, et on perd dans le même temps le sens de la pratique : pour faire quelque chose, il faut bien désirer ce quelque chose, lui trouver un sens et une valeur. C’est le petit truc en plus par rapport à l’artisanat même si, en faisant de la musique, on reste toujours proche de l’artisanat, en ce sens qu’il faut donner à la création la part de travail qu’elle mérite. Deserve Better est effectivement né de l’expérience personnelle d’une double séparation, sentimentale et artistique, et constitue un mea culpa à propos de mon comportement d’alors. Il y a le chaud, avec la douceur et la mélancolie d’une demande d’amour, et le froid, avec la culpabilité et le désir de repentir. C’est un ami, BLMR, qui pour moi est le meilleur parolier en français de Marseille qui m’a dit un jour que les artistes ne sont pas là pour faire pleurer les gens, mais pas là non plus pour faire les béni-oui-oui, à parler de choses entraînant une joie désincarnée. Et c’est pour cette raison qu’il faut du chaud et du froid. She’s Bored, je l’ai composé en 2017 ou 2018, en ayant à l’esprit des filles que je connaissais et dans les yeux desquelles je pensais lire de l’ennui, l’ennui vis-à-vis d’un monde devenu terne, l’ennui vis-à-vis de liens sociaux appauvris. J’associe cette manière d’écrire, ce partage d’expériences personnelles, à la chanson française, que j’écoute beaucoup, et notamment Ferré, Brel, Brassens ou Barbara, mais également aux chants de gauchos argentins – les Milongas d’Atahualpa Yupanqui – ou à la chanson populaire politique espagnole, mexicaine ou cubaine, de tendance anarchiste. Ce sont des chants qui, avec beaucoup d’élégance, présentent des histoires banales, celles de monsieur tout le monde, pour en faire percevoir toute la profondeur.
Angry Kids est une exception sur l’EP, le chant y est en français.
Benjamin : On ne s’interdit rien, que ce soit dans le mélange des genres ou l’utilisation des langues. Le pari c’est de faire quelque chose de très affirmé pour que l’on nous reconnaisse, tout en ayant le plus de liberté possible. L’une de mes références pour écrire en français, c’est Nino Ferrer. J’adore sa fantaisie enfantine, sa manière de lister des éléments qui finissent par composer un tableau surréaliste, sans tomber dans la complexité du vocabulaire ou du concept. Angry Kids s’inspire de cette démarche. C’est une histoire qui se passe à Marseille, un type qui passe au mauvais moment au mauvais endroit et qui se fait abattre par des gamins à coup de airsoft, rue de Bruis, à côté de la Plaine. C’est un peu une galejade.
Quel regard portez-vous sur la scène rock de Marseille ?
Benjamin : C’est une scène florissante, qui ne fait pas de choix cornéliens entre approfondissement et élargissement. À Marseille, le rock est resté assez populaire, mais il se fait et se vit collectivement, dans un esprit DIY. On se bat ensemble, on ne se bat pas les uns contre les autres. En ce moment même, on est à la Cité des arts de la rue, qui a commencé en squattant les abattoirs Saint Louis avec l’exigence constante d’impliquer la population locale dans ses projets, et autour de laquelle on retrouvait des groupes, comme Leda Atomica, qui est devenu un label et dont le leader Phil Spectrum est mort en 2017. Ces gens ont développé un véritable tissu associatif, favorisant la solidarité, l’entente entre les groupes, et possédant la discipline nécessaire à un mode de vie libertaire. C’est Jearc, Jean Marc Pisani, une figure très importante de la scène locale à mes yeux, qui m’a initié à toute cette histoire. C’est avec lui que l’on a enregistré l’EP, il travaille dans un petit studio, le local 54, juste derrière le bar de la salle Leda Atomica – dont le régisseur est le fils de Phil Spectrum d’ailleurs – et propose pour 40 balles aux groupes qui y jouent un enregistrement 16 pistes de leur live, ce qui leur donne la possibilité de le mixer derrière. C’est ça la mentalité marseillaise, que l’on a héritée consciemment ou inconsciemment, et que l’on s’efforce de faire perdurer. On est tous bien conscients que l’on a la même position dans les rapports de force qui structurent l’industrie musicale, ce qui nous pousse à nous serrer les coudes. Les groupes qui apparaissent aujourd’hui s’appuient sur la solidité du tissu associatif, sur un réseau de salles petites mais interconnectées. Il y a un fil d’entraide : je t’aide aujourd’hui, non pas pour que tu me rendes la pareille un jour, mais pour que, t’ayant mis le pied à l’étrier, tu puisses ensuite en aider un autre. C’est dans cette démarche que l’on s’inscrit.
Quels sont vos projets, à court ou moyen terme ?
Benjamin : J’hésite encore. Je ferais bien un autre single. L’album, je ne sais pas, c’est coûteux, ça demande un investissement, ce qui implique de se demander s’il y aura un retour sur investissement. Penser album, c’est s’obliger à rentrer dans une logique entrepreneuriale, ce qui est prématuré vu que jusqu’à présent nous étions encore en auto production et que nous venons juste de rentrer en contrat d’accompagnement non exclusif avec un label local qui s’appelle Beside. Pour l’heure, l’objectif c’est de conquérir un public en dehors de Marseille, et nous avons 16 dates jusqu’en janvier (la tournée avec SoVox a commencé le 02 novembre, s’est terminée le 16 avec la realease party de l’EP à Leda Atomica à Marseille, et le groupe fera ensuite quelques dates seul, jusqu’au 25 janvier, ndr). Les six premiers mois de l’existence de Catchy Peril, on a quand même fait deux concerts à Paris, au Supersonic, et au petit club du Cirque électrique, grâce à Symphonie Dissonante, une orga punk DIY merveilleuse. En la matière, la date appelle la date, et la date appelle la rencontre. Si je devais résumer la suite de Catchy Peril, je me reposerais sur ses deux principes : de la tendresse, vivre fort et vite. Jamais l’un sans l’autre, sinon on est soit un ruminant soit un enculé (rires) !
Photos : Margaux Mullet, Laurent Bruguerolle (live)
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