Bambara en fait toujours toute une histoire

Bambara en fait toujours toute une histoire

S’il est commun chez les romanciers de s’isoler pour de longs mois afin de construire leur récit, ça l’est beaucoup moins au sein des groupes de rock. Pourtant, les Américains de Bambara s’évertuent à créer des mondes pour chacun de leurs albums. Dans ces univers lynchiens teintés de références gothiques, Reid Bateh (chant et guitare) déploie des villes sombres qu’il peuple de personnages complexes souvent damnés. Si l’ambiance générale des textes tend à conserver le même socle, la musique, elle, n’a eu de cesse de poursuivre sa mue. De Dreamviolence sorti en 2013 à Stray paru en 2020, Reid – aux côtés de son frère Blaze Bateh (batterie) et de William Brookshire (basse) – a laissé hurler un post-punk saturé de distorsion et de murs de son. Si l’on écoutait attentivement, on pouvait cependant deviner la lumière qui gagnait en puissance sous cette masse ténébreuse. Subtilement, des cœurs féminins venaient adoucir l’ensemble, les cuivres ajoutaient de la profondeur et le tout gagnait en clarté. C’est sous cette nouvelle augure que le trio proposait l’EP Love on my Mind en 2022, et Birthmarks sonne comme l’aboutissement de ce disque transitoire. Lors de notre rencontre, les trois compositeurs nous guident à travers ce tableau gothique. On passe ainsi des notes de piano et des strates vocales de Face of Love au jazz spectral d’Elena’s Dream, tout en conservant la fougue des débuts avec Pray to Me, entre autres. Enfin, vous l’aurez compris, si le monde de Bambara semble passer sous une relative éclaircie, le trio nous l’assure : il n’a rien perdu de son mordant.

La production de Love on My Mind, votre EP de 2022, n’avait pas été un processus facile. Vous aviez décidé de repartir de zéro après une première version. De son côté, comment s’est déroulée la création de Birthmarks ?

Blaze : Ça n’a pas été simple non plus. On est tellement perfectionnistes que, même quand on pense avoir terminé l’album, une fois les titres enregistrés en studio, on se rend compte des différences qu’il y a entre nos démos et le produit fini. C’est à ce moment-là qu’on peut réellement comprendre la chanson et ce dont elle a besoin.
Reid : Et que tu réalises à quel point tu es loin de la ligne d’arrivée. Mais oui, c’est exactement ce qu’on a fait cette fois-ci. Nous sommes allés à Ramsgate pour enregistrer l’album au Royaume-Uni. On y est resté trois semaines avec notre producteur, Graham Sutton. Après ça, on pensait qu’on en aurait fini avec la musique, mais il s’est avéré que ce n’était en fait que le début, un autre début. On a utilisé tous les enregistrements, mais pas de la manière dont on avait l’intention de le faire. On a finalement réécrit toutes les chansons en fonction de ce qu’on avait appris en studio, ce qui a pris beaucoup de temps.
Blaze : Oui et heureusement, Graham est excellent au mix. Il faisait de la Drum & Bass dans les années 90, et il est devenu vraiment très doué pour travailler la batterie et les percussions. Dans beaucoup de nos chansons, on a utilisé les batteries enregistrées en Angleterre, mais on est ensuite revenus à New York où l’on a réécrit les rythmiques. Au final, il a pu tout assembler. C’était comme une conversation continue par e-mail. Je dirais que cela a pris environ deux ans, du début à la fin.

C’était votre première fois avec Graham ?

Blaze : Oui, nous sommes fans de lui depuis le début de notre vingtaine. Bark Psychosis était l’un de nos groupes préférés et, dès qu’on a eu un budget pour enregistrer un album du début à la fin, on l’a contacté. Il a tout de suite accepté. C’était vraiment notre premier choix.

Au fil des ans, votre musique s’est complexifiée et enrichie de nombreuses textures. Quelle a été son approche de votre son, et pensez-vous qu’il l’a appréhendé de manière intéressante ?

Reid : Oui, c’est sûr. Il a une sorte de compréhension innée de la façon dont on apprécie les textures et la gestion de l’espace dans les compositions. Il nous a vraiment aidés à gérer ce second aspect d’une manière qu’on n’avait jamais expérimenté par le passé. Avant, on avait l’habitude d’empiler un tas de textures les unes sur les autres et d’avoir ces énormes murs de sons. Avec lui, nous nous sommes concentrés sur des sons plus subtils, qu’on pouvait allonger et triturer pour créer de l’espace. Ce n’était pas comme un énorme mur, mais plutôt comme des sons plus précis qui auraient le même effet sans prendre autant de place. Ça nous a permis d’obtenir un ensemble qui sonne plus clair. Je pense que ça a été vraiment utile. Il nous a aussi aidés à réfléchir à certains types de textures qu’on n’utilisait normalement pas, ce qui est cool.
Blaze : Aussi sur des choses comme la production de la batterie, ou comment créer de l’espace en la traitant d’une certaine manière. Dans le passé, on n’avait pas trop touché au son de cet instrument. On faisait généralement en sorte que tout sonne comme en live, peut-être avec un peu de distorsion ici et là. Mais en affectant la batterie comme on l’a fait, ça a finalement créé un son et un espace qui fonctionnaient par eux-mêmes.
Reid : Oui, et ce son avait suffisamment de personnalité pour ne pas avoir à y ajouter beaucoup d’éléments.

Dans Birthmarks, l’approche sonore semble suivre la voie de votre dernier EP. Le son est plus clair, moins noise et agressif, même si la tension et l’obscurité sont toujours présentes. Aviez-vous l’intention d’aller dans cette direction lorsque vous avez travaillé le son de l’album ?

Reid : Oui, exactement, c’est en quelque sorte une progression naturelle. En prenant de l’âge, on a l’impression que cette agressivité n’a plus sa place dans la musique. Cela dit, si vous nous voyez en concert, ça va toujours être complètement fou, agressif et brutal. Les sujets dont on parle et le genre d’émotions qu’on cherche à communiquer sont juste différents. Je ne sais pas si cela a juste à voir avec le fait qu’on vieillit, mais on essaie d’aller vers la nouveauté. Les choses qui nous intéressent maintenant ne sont plus celles de l’époque de nos premiers disques. Mais qui sait ce que sera notre prochain album ? Peut-être du putain de black metal ? (rires).
Blaze : Je suis content de cet album parce que j’ai l’impression qu’on s’est surpris nous-mêmes sur pleins de points, ce qui est toujours agréable. On a vu qu’on pouvait garder un son authentique avec un ensemble de textures et de rythmes totalement différent.

Reid, je sais que, depuis le début de Bambara, tu as simplifié le son de ta guitare pour le rendre plus organique. L’instrument est moins présent tout au long de l’album, en particulier sur la chanson d’introduction. Comment l’as-tu abordé pour Birthmarks ?

Reid : Oui, j’ai l’impression que ça va de plus en plus dans ce sens, comme sur Love on My Mind où elle était aussi un peu moins présente. Je voulais que la guitare ne soit utilisée que lorsque c’était absolument nécessaire. Il y a tellement d’autres sons intéressants qu’on voulait explorer ! Utiliser uniquement la guitare, ça ne fait que nous garder dans le même genre d’espace mental, comme si c’était juste une chanson rock avec un guitariste qui joue à fond. Maintenant, je veux juste qu’elle soit mélodique ou atmosphérique. Tu sais, il y a beaucoup de raisons différentes pour lesquelles on utiliserait une guitare dans une chanson mais, au lieu de commencer par un riff, on a voulu aborder les compositions par d’autres angles et voir où on voulait placer la guitare après ça.
Blaze : Oui parce que, dans beaucoup de nos chansons, la mélodie de guitare prenait beaucoup de place au détriment du chant. Sur cet album, on a voulu se concentrer sur les voix et les harmonies, réfléchir à ce qu’on pouvait en faire en l’abordant comme un élément de fondement plutôt que comme un ajout.
Reid : Oui, et je suis moins intéressé par l’idée de faire en sorte que la guitare ne sonne pas comme une guitare. De nos jours, on trouve plus intéressant d’utiliser directement d’autres instruments. Si on veut que ça sonne comme autre chose, pourquoi ne pas juste ajouter des cuivres, des violoncelles et des sons étranges ou des boucles vocales au lieu d’utiliser un million de pédales ? Autant laisser la guitare être une guitare, quitte à ce qu’elle ne soit pas aussi prépondérante.

Vous avez également continué à ajouter des éléments externes à votre son, en invitant plusieurs musiciens à se joindre à vous sur vos projets. Pouvez-vous nous donner un aperçu des personnes avec lesquelles vous avez collaboré sur Birthmarks, et ce que vous attendiez de leur musicalité ?

Blaze : Sur le premier morceau, il y a Emma Acs. Elle est basée au Danemark et joue dans Evil House Party et Crack Cloud. Elle a aussi un projet solo. On l’a rencontrée à Copenhague la dernière fois qu’on y a joué. Elle assurait notre première partie et elle est montée chanter Mythic Love avec nous. Je crois que c’était la première fois qu’on la rencontrait. On lui a envoyé cette première chanson, elle l’a enregistrée, et ça a fait des allers-retours.
Reid : Elle a fait un super taf. Ensuite, Bria Salmena a chanté sur Face of Love et Elena’s Dream, le monologue. Elle avait déjà chanté les chœurs sur Mythic Love, et on l’a aussi faite revenir pour Because You Asked. J’adore tellement sa voix.
Blaze : Jeff Tobias a aussi joué du saxo sur Because You Asked et Elena’s Dream. On a toujours des parties pour lui en tête. Il est aussi originaire d’Athens, en Géorgie, on le connait depuis des années. Il a également joué sur Shadow on Everything. Quand il vient au studio, on fait toujours la même chose : on lui donne juste un mood et il se lance. On l’enregistre, on fait des coupes et on finit par ajouter ses lignes mélodiques dans des compositions où il n’était même pas censé apparaître. Comme Because You Asked.
Reid : On a aussi des trompettes dans Letters from Sing Sing. Beaucoup de vibraphone de Cory Bracken également. Il joue la mélodie sur certaines compositions, et on l’a aussi utilisé pour les sons harmoniques.

Le saxophone continue d’ailleurs d’explorer différentes directions sur Birthmarks, créant une atmosphère spectrale sur Elena’s Dream, puis ajoutant de la dissonance sur Because You Asked. Vous en avez déjà donné quelques éléments, mais comment incluez-vous ces instruments dans la composition ?

Reid : Cela dépend de l’instrument ou de la chanson. Parfois, on a une partie écrite, comme pour Letters from Sing Sing. On laisse toujours une petite place à l’improvisation, mais on savait ce qu’on voulait pour celle-là.
Blaze : Mais même pour celle-là, Jeff a créé un nouveau son et l’a utilisé comme texture tout au long de la chanson. Au début de Face of Love, notre amie Mary-Lou joue de la harpe. C’est elle qui a composé sa partie, juste en s’amusant dans la tonalité.

Du coup, ça me donne l’occasion de vous demander : en termes de composition globale, comment travaillez-vous à l’élaboration de vos titres ?

Reid : Là aussi, cela dépend un peu de la chanson. On peut les aborder de n’importe quelle manière. Cela peut venir de moi qui écris quelque chose à la guitare, d’une ligne de basse ou de quelque chose que Blaze a écrit sur Logic. Ou encore une piste basée sur une tonalité, un rythme de batterie ou une mélodie vocale. Ça peut être n’importe quoi. Tant qu’un élément nous fait ressentir quelque chose de spécial, on part de là, on le complète et ça peut aller dans tous les sens.
William : Parfois, on écrit même une partie pour compléter une chanson et on se dit que c’est trop cool pour n’être que ça, et qu’elle doit être un titre à part entière. Par exemple, il y avait une sorte de bridge dans la chanson Smoke sur l’album, et on s’est dit qu’il était suffisamment intéressant pour être la fondation d’une nouvelle composition.
Blaze : Quand la musique est terminée, les paroles arrivent. Reid disparaît tout le temps dont il a besoin pour les écrire. On considère toujours la musique comme la construction d’un monde sans habitants, que Reid peuple ensuite.

Tu l’as déjà mentionné, Blaze, mais les voix sont vraiment l’élément central de l’album. Avec tous les chants féminins, les dialogues et les harmonies que vous créez, cela donne une impression spectrale et abstraite. Était-ce une façon pour vous de raconter l’histoire de Birthmarks d’une manière différente ?

Reid : Absolument, on a toujours voulu raconter les histoires de différentes manières, pas seulement dans les textes mais en faisant aussi passer beaucoup de sentiments et de sensations. Le fait d’avoir des voix féminines aide beaucoup à installer un thème, surtout sur un disque qui parle d’être hanté par le passé et par des personnes spécifiques de notre existence. C’est comme si des sortes de voix spectrales flottaient autour de toi, et que tu ne pouvais pas t’en débarrasser. Tu ressens les choses naturellement, musicalement, sans avoir à l’entendre directement dans les textes.
Blaze : Sur cette tournée, on a une guitariste avec nous. Elle a une très belle voix, donc on pourra transposer ça en live.

En parlant de l’histoire, d’un album à l’autre, vous adoptez toujours une approche différente de la narration. Quel est le thème central de Birthmarks ?

Reid : Celui-ci est plus dans la veine de Shadow on Everything. C’est une histoire complète du début à la fin sauf que, cette fois, elle n’est pas dans l’ordre. C’est mon histoire la plus complexe à ce jour, et je voulais qu’elle paraisse plus simple. C’est celle que j’ai eu le plus de mal à écrire, qui a le plus de strates et de choses qui se passent sous la surface. Mais si tu veux résumer, tu peux prendre la chanson Because You Asked qui est la seule à ne pas être liée à la narration. C’est comme Sweat sur Stray, qui était plus liée thématiquement que narrativement au reste de l’album. Dans Because You Asked, j’explore le fait d’être hanté par des choses disparues ou perdues, qui perdurent en fantômes dans ta tête. Sur le fait que tu désires qu’elles soient toujours là, pour ne pas les perdre. Cela m’a conduit à plonger dans cette idée de réincarnation au sens littéral. J’ai voulu l’utiliser comme métaphore et me plonger dans les études scientifiques qui ont été menées au fil des ans sur ce sujet. J’ai lu tout un tas de choses et j’ai basé une grande partie de ce qui arrive aux personnages sur cette idée de réincarnation, sur le fait que les choses ne disparaissent jamais vraiment. C’est pour ça que l’histoire s’étend sur différentes générations. Certaines compositions se déroulent au milieu des années soixante, d’autres de nos jours, mais il n’y a que des allusions aux époques dans lesquelles elles se déroulent parce que je déteste quand les auteurs divulguent ces détails. Ça a donc été très difficile de garder tout cela au premier plan, sans que ça ne devienne évident ou clinique. Il fallait que ce soit subtil. Mais oui, la base, c’est cette notion de hantise, de réincarnation, et l’idée de ce que cela signifie pour les personnes qui y sont confrontées, celles qui sont prises dans ce cycle.

Pour Stray, tu as utilisé de vieilles photos trouvées dans des friperies. Pour Shadow on Everything, tu as créé toute une ville comme un romancier. As-tu un processus d’écriture et des techniques que tu utilises, ou travailles-tu plus à instinct ?

Reid : Un peu des deux car je veux que les chansons soient écrites avec le cœur, qu’elles soient quelque chose que je ressens et que j’exprime au travers d’histoires. Certaines de ces compositions ont débuté individuellement avant que je ne décide de les relier toutes. Les concepts des chansons sont juste des sujets dont j’ai besoin de parler. J’invente alors des personnages pour ne pas avoir à écrire de manière purement personnelle. En ce qui concerne le processus, j’ai tendance à totalement m’isoler pendant une période prolongée. Celle-ci a été la plus longue d’ailleurs, c’était complètement fou ! Ça a été bien plus long que prévu parce qu’on pensait avoir fini l’album, que je me mettrais donc à l’écart et ne parlerais plus à personne pendant des mois. Sauf que rien était finalement terminé ! Pendant cinq mois, j’ai écrit du lever au coucher, sans laisser de place à quoi que ce soit d’autres. Dans ces moments-là, je suis dans mon monde et j’y reste.

William et Blaze, est-il facile pour vous d’entrer dans ce monde et de le ressentir lorsque vous jouez les titres ?

William : Oui, c’est super excitant quand ce processus est sur le point de commencer. Plus tard, lorsqu’on enregistre les voix, j’entends sous un nouveau jour toutes ces chansons dans lesquelles j’ai navigué pendant cinq mois. Les textes complètent définitivement les compositions, leur donnent leur forme finale. C’est tellement vrai que, parfois, lorsque nous jouons en live, j’écoute Reid autant que moi et Blaze tant ses paroles sont cruciales, et aussi importantes que la mélodie selon moi.

Et est-ce que cela a parfois un impact sur les chansons au niveau instrumental ? Est-ce qu’il vous arrive de les retravailler ?

Reid : Oui, ça arrive. Je suppose que j’écris les paroles après que la chanson soit terminée, parce que j’ai besoin de ressentir ce qu’elle me demande d’écrire à son sujet. Elle dégage un sentiment qui indique quelle partie de l’histoire lui attribuer. En général, ce n’est pas vraiment un changement d’ambiance qu’on opère parce que l’ambiance est déjà là. Il s’agit plutôt de prolonger certaines parties. Mais quand j’en fais trop, Blaze et William me rappellent à l’ordre : ‘Mec, on ne peut pas couper un peu ?‘. J’écris aussi des variantes pour chaque ligne au cas où on me demande de la fermer un peu (rires). On détermine aussi les parties les plus essentielle pour travailler autour.
Blaze : Oui, c’est important de toujours rester réactif, parce que tu peux tomber dans des impasses. Ça permet de garder l’excitation et d’explorer toutes les sensations des chansons. Mais oui, les sections que nous devons prolonger pour les paroles sont un beau défi musicalement : il faut que ça reste intéressant et précis tout en sublimant les textes.

Tu as été beaucoup influencé par des artistes extérieurs à la musique, comme les romanciers du Southern Gothic, mais aussi des photographes comme Nan Goldin. Par qui as-tu été inspiré lors de la composition de Birthmarks ?

Reid : C’est difficile à dire… Pour Sing Sing par exemple, j’ai fait beaucoup de recherches sur l’histoire des exécutions, notamment dans les années 60 et 70 en Géorgie. Mais là je ne parle que pour les textes, je ne sais pas ce qu’il en est de la musique. Qu’en pensez-vous ? Je ne sais pas, j’ai l’impression qu’on a eu les mêmes influences toute notre vie, on les aborde simplement différemment.
Blaze : En ce qui me concerne, je voulais vraiment explorer la production en studio. Je ne veux plus faire en sorte qu’on sonne aussi proche que possible du live. Donc, j’ai écouté des choses comme Massive Attack ou Portishead, des projets où le studio compte presque comme un membre supplémentaire du groupe.
Reid : On a toujours voulu avoir un son cinématographique, évoquer des images. Les films ont donc toujours eu aussi une grande influence sur nous.
Blaze : Je me souviens que, dans notre studio, il n’y avait toujours qu’une poignée de DVD, et Blade en faisait partie. On l’a regardé plusieurs fois, il nous a obsédé (rires).
Reid : Je doute fortement qu’il ait exercé une quelconque influence, mais c’était là (rires).

Le titre de l’album m’évoque l’idée des souvenirs de l’endroit où l’on a grandi, que l’on porte en nous comme une tâche de naissance. Quels éléments de votre Sud natal sont encore présents en-vous aujourd’hui, et vous influencent, même inconsciemment ?

Reid : C’est bizarre, je crois que je n’ai jamais eu envie d’écrire sur le Sud quand j’y vivais mais, depuis qu’on a déménagé, j’ai l’impression que toutes mes histoires se passent là-bas, en Géorgie notamment. J’ai l’impression qu’il m’est impossible d’écrire avec assurance sans être imprégné du sujet, du lieu de l’histoire. J’ai besoin de vivre ou d’avoir vécu là ou elle se déroule  pour vraiment donner l’impression d’y être. Me documenter puis transposer ce que j’ai appris de manière assez réelle ne suffit pas. J’ai toujours été fasciné par l’attitude et le charme des gens du Sud des Etats-Unis. Ils ont une manière singulière d’aborder les sujets lourds, toujours avec le sourire et des petites blagues, même quand la situation est grave. Je n’ai jamais vu ça ailleurs ! Plus je m’éloigne de tout ça, plus ça a tendance à ressortir.

Le processus d’écriture et l’atmosphère cinématographique sont des piliers de la musique de Bambara. Aimeriez-vous donner vie à vos histoires dans différents médias, qu’il s’agisse de romans, de nouvelles ou de films ?

Reid : J’ai écrit un roman il y a quelque temps, mais j’écris en suivant toujours le même processus, quel que soit le support. J’aimerais en faire plus, c’est sûr, mais c’est difficile d’avoir du temps entre le groupe et mon travail au bar. Ce serait cool de transformer notre musique en courts métrages. Toutes ces choses nous plaisent, c’est juste une question de temps et d’argent.
Blaze : Avec un peu de chance, cet album nous permettra de faire de notre musique notre métier à plein temps !

Photos : Jason Thomas Geering, Alex Hall

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