MSS FRNCE, jeu, sept et match

MSS FRNCE, jeu, sept et match

MSS FRNCE fuit comme la peste (brune) les journées promotionnelles robotiques et dépourvues d’âme. Interviewer le groupe, c’est donc avoir l’assurance de le retrouver au complet, à la bonne franquette, autour d’un monceau de patatas bravas et de pintes. C’est aussi profiter d’une séance de sauna gratuite dans un studio moite pour une répétition assourdissante en vue de sa release party ce 10 avril dans la cale de Petit Bain. Pour nous, les quatre se sont épanchés sur leur tout beau tout propre EP VII, le nouveau rôle d’Antoine à la guitare, le soutien de la scène locale ou encore le nombre de bouteilles prises dans la gueule en plein DJ set.

La dernière fois qu’on s’est parlé, c’était pour la sortie de l’EP VI, le dernier avec Thibaut à la guitare. Là, on se retrouve pour parler de l’EP VII, le premier avec Antoine, son remplacant. Quelles surprises vous nous réservez pour le prochain ?

Jérémie (batterie) : Qui sait ? En tout cas, pour cet EP, on s’est plus penché sur le son et la création d’ambiances. C’est peut être ça la surprise. Vu que nous sommes un groupe toujours aussi spontané, les compositions sont venues d’elles-mêmes assez rapidement.
Antoine (guitare) : Nous avons vraiment réfléchi à la dynamique au sein des morceaux. L’ambiance se fait plus calme parfois pour pouvoir ensuite exploser avec encore plus d’efficacité.
Martin (chant) : Avant, on était punk. Maintenant, on se positionne après le punk, mais sans être post-punk. C’est la nouvelle vague.

Antoine, comment as-tu réussi à t’intégrer dans la sauce de la composition MSS FRNCE ?

Antoine : Au début, je voulais quand même réussir à capter ce que Thibaut faisait et ce qui faisait la force du groupe. Garder les guitares avec les rythmiques très rapides et efficaces, jouer beaucoup dans les demi-tons… Je n’étais pas forcément habitué à tout cela. Le morceau Les mardis de la Peur est par exemple basique et constitué d’une descente chromatique. C’est là que je me suis dit que je pouvais moi aussi faire des trucs à la MSS FRNCE. Puis j’ai vite été rassuré sur notre capacité à proposer de nouvelles choses, notamment à partir du moment où on a composé R FRNCE avec la présence de chorus.

MSS FRNCE, c’est un producteur différent pour chaque EP. Comment s’est passée l’expérience avec Henri d’Armancourt pour celui-ci ?

Jérémie : Pour la petite anecdote, j’ai vraiment tissé un lien avec Henri au festival Rock in the Barn. Il était à côté de moi quand le mec de Metro Verlaine nous a jeté son câble jack sur la tronche parce qu’il était énervé sur scène et que rien ne marchait. Il a d’ailleurs essayé de me casser la gueule en backstage quand je lui ai dit que c’était naze de balancer des trucs comme ça dans le public. En tout cas, c’est comme ça qu’on s’est rapproché tous les deux.
Antoine : Quand on est arrivé le jeudi soir pour enregistrer, on a mangé des pizzas sur de la terre battue. Le studio n’était même pas encore terminé. On était ses premiers clients et Henri était encore en train de visser les panneaux du son !
Jérémie : On avait envie de bosser avec quelqu’un qui allait nous sortir des prods punk qu’on faisait habituellement. C’était aussi l’occasion de se prendre trois jours hors du temps, dans une bulle à la campagne, en faisant venir nos meufs.
Antoine : C’était quand même le rush ! On a fini le dimanche soir à 23h30, puis on a tout remballé dans la voiture et, en réécoutant les mises à plat, on s’est rendu compte qu’on avait oublié mon solo dans R FRNCE… On a dû tout réinstaller ! Disons que c’était trois jours intenses !
Jérémie : Paradoxalement, c’est quand même la première fois qu’on se pose aussi longtemps pour travailler des compos. Henri s’est beaucoup impliqué dans la production des morceaux en nous donnant pas mal de conseils et d’indications. Sans sa petite patte, certains titres ne ressembleraient pas à ce qu’ils sont aujourd’hui.

Vous dite être allés à l’opposé de votre zone de confort pour cet EP. Vous pouvez m’en dire plus ?

Jérémie : On a pris le temps d’installer une ambiance, ce qu’on n’avait jamais fait. Implicitement, on se disait tous dans le groupe que prendre du temps était emmerdant, que tout le monde allait se faire chier – public compris – si on jouait des titres dépassant les deux minutes…
Jérôme (basse) : Plus ça va vite et moins les gens du public ont le temps de partir !

Vous n’avez toujours pas d’attaché de presse parce que, selon vous, personne ne peut défendre sa musique aussi bien que le groupe lui-même. Quel pitch d’inspiration start-up utiliseriez-vous pour vendre MSS FRNCE ?

Jérémie : Putain, on va encore passer pour des punks à chemises et des punks publicistes ! Martin a trouvé une formule que j’aime beaucoup : trop punk pour le commun des mortels et pas assez pour les hardcore-bonhommes. Je trouve que ça résume ce qu’on a fait avec Thibaut et ce qu’on fait aujourd’hui avec Antoine. C’est naturel pour nous d’être hors des clous, que ça soit dans la musique ou sur scène, et on s’en contente très bien. Puis si le groupe n’a pas d’attaché de presse, c’est aussi parce que nous n’avons pas de thune ! C’est un métier qui mérite rétribution et nous ne pouvions pas payer quelqu’un à sa juste valeur. On essaye donc de prendre les chemins de traverse, mais ce n’est pas évident. Sans prétention, je pense que c’est pour cette raison que nous avons réussi à avoir un petit statut à part. On est à côté de la scène française tout en ayant les pieds dedans. Ça fait vingt ans qu’on évolue dans le milieu punk. On sait ce qu’on aime et ce qu’on ne veut pas reproduire.
Martin : C’est cool de savoir se remettre en question. Les choses ne sont pas ancrées, d’autant qu’elles n’étaient pas forcément mieux avant…

Un des objectifs de MSS FRNCE est la paix dans le monde, mais aussi la paix et la tranquillité dans les salles de concerts. Quels sont typiquement les comportements qui vous révulsent le plus pendant un show ?

Martin : Les gens qui envoient leur cœur à la foule, si tu vois ce que je veux dire…
Jérémie : Quand t’es sur scène et que tous les regards se dirigent vers un endroit de la salle, tu sais qu’il y a un problème. Là, une atmosphère très pesante se met en place et, en général, c’est un gars violent et torse-poil qui fait chier. On déteste le pogo méchant, celui du gars égoïste qui prend toute la place au détriment des personnes aux alentours qui veulent passer une bonne soirée…
Martin : Il faut ni être donneur de leçons ni faire le keuf, mais vu que nous avons la possibilité d’être sur une scène et d’avoir un micro, on ne va pas se gêner pour signaler les comportements relous.

On peut aussi souvent vous voir faire des DJ sets à Paris. Vous avez des transitions de DJ qui marchent à chaque fois ? Ou des transitions qui bident mais sur lesquelles vous insistez en pensant que ça fonctionnera un jour ?

Jérémie : Tu peux passer de Bikini Kill à Rihanna en un clic si ta transition est bien faite et que tu as amené les gens à accepter ça. Notre heure de gloire à Martin et moi, c’est d’avoir fait danser 200 personnes dans l’ancienne coloc’ de Jérôme. Sur de la disco et de la pop !
Martin : J’adore passer des musiques qui n’ont rien à voir avec le lieu. A la Mécanique Ondulatoire, j’ai passé du Chagrin d’Amour et du Rihanna face à trois rockeurs accoudés au zinc qui se la collaient au Picon. J’ai essayé d’aller chercher un petit truc en eux que Justin Timberlake aurait pu réveiller ! Il m’est arrivé de passer une fois du Michel Sardou pour troller le public qui ne dansait pas, mais on m’a balancé une pinte de bière que j’ai réussi à esquiver. J’ai quand même laissé Les lacs du Connemara !
Jérémie : Moi aussi, je me suis pris une bouteille de vin dans la gueule en plein DJ set. Résultat : dents cassées, lunettes pétées et cicatrices. J’ai fini aux urgences, et aussi au tribunal.

MSS FRNCE a toujours mis un point d’honneur à soutenir la scène locale et les potes. Vous n’avez pas peur d’être accusés de nourrir l’entre-soi parisien ?

Antoine : Non… On parle par exemple souvent de Ligne Rouge car ce sont des potes qui nous ont toujours soutenu. On renvoie l’ascenseur. Cela n’a rien à voir avec un quelconque régionalisme.
Jérôme : D’ailleurs, sur le sujet de Ligne Rouge, tout le monde reconnaît la voix de Martin dans leur dernier EP mais personne ne reconnaît ma basse dans le premier !
Martin : Sans prétention, ça fait dix ans qu’on joue, donc on a aujourd’hui une petite reconnaissance. On dispose d’une tribune, notamment lors de ce genre d’interviews. Maintenant, si nous avons la possibilité de faire croquer des gens qu’on aime bien et dont la musique nous plaît, nous n’allons pas nous en priver ! Pourquoi on s’en empêcherait ?
Jérémie : Partager la scène avec des amis ne rend la soirée que plus intéressante. Quand j’étais un kid, j’étais content de voir que les groupes de première partie et les têtes d’affiche étaient vraiment super potes. Et je voulais en être. Il faut savoir mettre en avant les côtés positifs d’une scène, se soutenir, profiter et partager de la notoriété des uns et des autres. On invite Mary Bell sur la scène du Petit Bain parce qu’on a déjà partagé deux tournées avec elles. C’est à charge de revanche !

Pour notre première interview ensemble, je vous avais demandé quelles étaient vos plus grosses tartes sonores prises par des chansons très courtes. Cette fois-ci, et en l’honneur du plus long morceau de MSS FRNCE , De Plein Fouet présent sur ce dernier EP, je vais vous demander l’inverse : quelles sont vos plus grosses claques prises à l’écoute de titres interminables ?

Martin : Sans hésiter, des compos de Pink Floyd ! Il y a des chansons de 10 ou 15 minutes que j’aimerais infinies.
Jérémie : Je suis très fan de Fucked Up, je les suis depuis le début. Le groupe sort régulièrement des EPS basés sur les signes astrologiques Chinois, où les morceaux sont souvent longs. C’est parfois franchement chiant mais il y a toujours des éclairs de génie qui font que j’en ai pour mon argent et que j’y fonce tête baissée. J’ai réécouté Tool cette semaine aussi, et je me suis surpris à kiffer des longues compos d’une dizaine de minutes. Mais c’est quand même un sacré groupe de branleurs pour branleurs…
Martin : On a fait un concert à Strasbourg une fois qui était suivi d’un karaoké. Un mec a choisi un morceau de Tool. Dans mon souvenir et mon ressenti, ça a bien duré 25 minutes… Fallait oser !

Photos : Non2Non (header homepage), Shaa Photography (portraits), Titouan Massé (live)


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