Mermonte avance avec ses idées bien au sec

Mermonte avance avec ses idées bien au sec

Collectif à géométrie variable depuis ses débuts en 2012, avec comme principal axe de rotation le talent intarissable du multi-instrumentiste rennais Ghislain Fracapane, Mermonte continue d’avancer sans jamais prendre l’eau. Devenu un des exemples les plus parlants de la créativité émanant de la scène rock hexagonale, ce projet de grande envergure n’hésitant pas à sauter d’influences pop à d’autres plus post-rock est sur le point de sortir Variations, un quatrième opus d’abord pensé comme une bande originale de film avant de finalement prendre la forme d’un nouvel album. Pour l’occasion, on a demandé à trois de ses membres – Ghislain bien sûr, mais aussi Eléonore et Julien – de nous parler plus précisément de chacun des titres de cette énième réussite, fidèle à la réputation de ses auteurs. Un album une nouvelle fois très orchestral, non dénué de forts engagements, que vous pouvez découvrir ci-dessous en avant-première exclusive, jusqu’à sa sortie le 30 septembre chez Room Records.

TRACK BY TRACK

VARIATION I

Ghislain Fracapane : A l’origine, cet album devait être construit comme une B.O. de film. Le but était d’utiliser deux ou trois mélodies, et les arranger pour en faire des actes. Ce thème est la base de ce travail. Au vu des nombreuses compositions que nous avions, j’ai changé d’avis pour finalement faire de Variation un véritable album.

CONSUME

Ghislain : Consume a été écrit juste après notre troisième album, avec l’envie de pousser un peu plus loin notre technique d’écriture. Dans ce morceau, Pierre Marais parle du besoin de notre surconsommation afin de se sentir libres et vivants.

IT WON’T LAST LONG

Ghislain : C’est un morceau que j’ai composé lors d’un jour de l’an. J’ai voulu composer quelque chose de léger, contrairement à ce que j’avais l’habitude de faire. Dans ces paroles, Pierre traite de la difficulté qu’ont les couples de se mettre en accord, et de la volonté d’essayer de trouver un moyen d’y remédier.

IN CIRCLES

Eléonore : J’ai reçu ce morceau au tout début du premier confinement, et j’éprouvais le besoin d’écrire un témoignage sur cette période étrange et inédite. Je pensais à tous ces gens coincés dans leurs petits appartements, qui devaient tourner en rond, vivre avec la solitude, et la peur. La première semaine, j’avais un rendez-vous chez le dentiste qui étonnamment n’avait pas été annulé, je me suis donc retrouvée à me balader dans les rues vides de Rennes avec ma dérogation. J’avais à la fois une sensation de panique totale, mais aussi une sorte d’espoir, comme si un autre monde était possible après tout ça. Le plus grand défi, c’était le placement des textes, avec ces questions réponses de voix masculine/féminine, comment rendre intelligible le propos alors que chaque chanteur ne dit que deux ou trois mots à la fois.

UNDERWATER

Eléonore : Cette chanson me tient particulièrement à cœur. Ce texte est un exutoire à ma colère. La colère d’une femme confrontée trop souvent à des discriminations de genre, qui a grandi professionnellement dans un milieu très masculin, et qui a besoin de se soulager du poids du patriarcat. J’avais envie d’imaginer un monde où les femmes ne subiraient plus de violences, où elles accèderaient aux mêmes opportunités que les hommes, où elles seraient enfin libérées de leurs entraves. Plus besoin de se cacher, plus besoin d’avoir peur, plus besoin de s’adapter : nous serions libres. J’adore le fait que ce soit un duo, que ce thème soit aussi porté par une voix masculine, car c’est un sujet qui doit transcender les genres et ça me donne toujours des frissons quand j’entends Ghislain chanter son couplet. ‘I Always, feel pain, when I see the many sorrow daughters Who complain, that it’s so hard, hard to be tough so they hide from the others‘.

VARIATION II

Ghislain : Cette mélodie est la même que Variation I. Je suis un grand fan du film de John Carpenter, que j’ai dû regarder beaucoup trop tôt d’ailleurs, et qui m’a beaucoup marqué. J’ai voulu lui rendre hommage en reprenant les idées qu’avait posées Ennio Morricone sur cette B.O. très synthétique.

ANIMALS

Eléonore : Pour ce texte, je savais dès le début qu’il y aurait le mot Animals dans le refrain, ça sonnait super, le placement était parfait, c’était une évidence. Ça fait presque dix ans que je suis végétarienne, on est tous sensible à la cause dans ce groupe, j’avais envie de pousser un coup de gueule contre la race humaine qui se pense si réfléchie mais qui continue à foncer droit dans le mur. Au final, ne sommes-nous pas tous des animaux ? Pourquoi est-ce qu’on continue à se penser au-dessus des problématiques de la souffrance animale, de l’élevage intensif, des désastres écologiques engendrés ? C’est quand même assez dark donc j’ai voulu terminer le texte sur une note plus joyeuse. Peut-être qu’avec un peu de bienveillance, un peu d’amour, on pourra changer ce monde ? A nous d’être acteur pour penser ce futur nouveau.

PROMISED LAND

Julien : C’est un sujet auquel je pense souvent, et qui me percute invariablement. Celui de ceux qui doivent fuir ! Peu importe la cause exacte de ce départ, il répond toujours à une pulsion de vie, ou de survie dans bien des cas. Que peut ressentir un être humain qui a déjà tout quitté, traversé une montagne d’épreuves en tout genre, et qui s’apprête à traverser une mer coûte que coûte ? C’est le thème de ce texte, un désir de vie irrépressible mué par une désespérance totale. C’est malheureusement un thème parfaitement d’actualité ! Dans la musique de Ghislain, la première partie est très sombre, avec des guitares très imposantes et graves, alors que la seconde moitié de ce titre ouvre sur quelque chose de très lumineux. Il y a donc une sorte de ‘happy end’, il faut que certaines histoires finissent bien !

RHYTHME INTERDIT

Ghislain : Dans ce morceau, j’ai voulu parler de la difficulté que nous avions de nous mettre à nu. De la peine que nous avons d’ôter notre masque en société. Embrasser ou enlacer nos amis est extrêmement complexe lorsque nous devons montrer aucune fragilité devant les autres. Le moyen le plus simple est d’utiliser des substances comme l’alcool ou des drogues afin de pouvoir montrer de l’affection envers nos proches. Je me suis aussi amusé à écrire une mélodie sur un rythme que tout batteur s’interdit de faire car il est très ‘bateau’. C’est généralement le premier rythme que nous apprenons.

VARIATION III

Ghislain : Cette musique est écrite comme un générique de fin. Nous reprenons la mélodie qui tourne pendant l’album pour en faire une musique à la manière de Lalo Schifrin ou Ennio Morricone.

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