
11 Oct 19 Frustration ne se reposera jamais sur ses lauriers
Voilà 17 ans que Frustration – groupe historique du label Born Bad – porte son post punk aux 4 coins de l’Hexagone et du monde, alignant parpaings glacés et beuglantes désabusées devant tous ceux qui viennent croiser sa route, le temps d’un concert ou d’un nouveau disque. C’est justement l’arrivée de son cinquième album So Cold Streams – à découvrir ici en intégralité avant sa sortie le 18 octobre – qui nous amène à rencontrer un groupe qui n’a rien perdu de son feu ni de sa verve, comme en témoigne le débit animé de ses membres pourtant pris depuis la veille dans l’expulsion de Main d’Oeuvres, à Saint Ouen.
Autour d’un verre, Frustration parcourt son histoire, redessine son identité et remet au centre quelques vérités, avec une conviction ne trahissant aucun signe de faiblesse. L’autocongratulation et les lauriers précoces attendront. En attendant, le quintet poursuit sa route avec l’envie insubmersible de ceux qui ont encore bien des choses à dire.
On va commencer par ce côté ‘désabusé’ que certaines personnes ont retrouvé à l’écoute de ce nouvel album…
Fabrice (Chant) : Les paroles sont peut être désabusées, mais si tu veux parler d’un disque de Frustration que je qualifierais plutôt de froid ou triste, c’est plutôt Uncivilized. On a eu quatre décès très proches il y a six ans, on a tous galéré, moi le premier. Toutes les paroles de cet album parlent des gens décédés. So Cold Streams, c’est déjà beaucoup moins personnel tant au niveau des paroles qu’au niveau musical. Le disque est plus mélancolique, plus ouvert par les instruments, parce que désormais on ne se refuse absolument rien. On aurait pu faire de la harpe et des hautbois, on l’aurait fait.
Vous avez toujours cette capacité à vous renouveler, mais sans faire bouger les fondamentaux de votre son. Concernant cet album, je pense aux cordes un peu orientales sur Slave Markets, le chant en français, ou cette intonation qui fait penser aux Smiths sur Lil’ White Sister. Est-ce que ces petites touches sont naturelles chez vous ?
Fred (claviers) : Je peux t’assurer qu’on ne réfléchit pas du tout à ça.
Fabrice : Sur Brume, ce sont des bruits de machine à écrire, personne n’en a encore parlé. Quand on me dit ça, je suis toujours un peu étonné étant donné que sur Too Many Questions, un de nos premiers morceaux sur Relax, Junior avait déjà mis de l’accordéon. L’histoire de se sentir libre ne date donc pas d’hier. On ne fait pas ça sur le ton de la rébellion mais, comme le dit Fred, on ne se pose pas trop la question. Si on peut, on peut.
Oui, c’est la même chose pour les sonorités de ta voix : tu tentes des choses puis tu vois ce que ça donne…
Oui j’écris comme ça parce que, au départ, je chante sans texte pour ne pas être handicapé. Je ne transpire pas l’envie d’écrire, je ne prépare rien à l’avance même si ça peut avoir les inconvénients de ses qualités. Je me concentre sur la ligne vocale et, pour l’écriture, je me laisse guider par la couleur du morceau, car ce n’est pas parce que les autres ne chantent pas qu’ils n’ont pas quelque chose à dire. Pour revenir aux arrangements, tout le monde va parler du oud sur Slave Market ou de la présence de Jason de Sleaford Mods sur le morceau, mais ça ne s’arrête pas là.
Après 17 ans, est-ce qu’il y a des pièges qui se tendent plus facilement dans la composition ? Est-ce que vous faites plus attention en studio à ne pas tomber inconsciemment dans la redite ? Est-ce que vous pouvez juger certaines choses comme trop évidentes par exemple ?
Fred : Le seul truc, c’est qu’il me tape sur les doigts dès que je fais un truc qui ressemble à DAF.
Fabrice : Non, ce n’est pas quand tu fais un truc trop DAF parce qu’on serait incapable de résister, mais plutôt quand tu fais un truc trop darkwave 90.
Vous débattez encore beaucoup des sonorités entre vous ?
Ah oui toujours, même après 17 ans. Perso, j’arrive à exprimer pas mal de couleurs avec ma voix, d’autant que j’ai eu la chance de prendre des cours cette année. Ça m’a permis d’ouvrir un panel encore plus large. Même s’il y a pire comme comparaison, je ne vais pas devenir l’avatar de Ian Curtis toute ma vie. Je sais le faire, j’aime ces ambiances là. Sur Pulse, je chante encore grave mais je ne suis pas venu dans le punk pour faire Fab et son orchestre. Ma voix n’est pas plus importante que les instruments.
Nicus (guitare) : Pour en revenir à ta question, effectivement, il y a des pièges qu’on peut appeler du Frustration Classic Shit, quand on fait un morceau où tu nous reconnais tout de suite. Ce n’est pas un piège, c’est notre ADN. On joue la musique qu’on a envie d’entendre et ça, ça en fait partie. L’exploration, les sons, c’est un autre travail qui ne m’appartient pas à moi en tant que guitariste parce que j’ai et aurai toujours le même son de guitare, avec très peu d’effets et toujours les mêmes réglages.
Après 17 ans, comment est-ce que vous percevez la trajectoire du groupe et le rapport de l’auditeur à la musique ?
Fred : Je pense qu’aujourd’hui, on a du bol que l’industrie ne se porte pas si bien. Parce qu’en fait, il y a eu un moment ou les maisons de disques allaient plutôt bien, même si leurs chiffres commençaient à décliner. Elles se sont mises à signer des groupes de rock, et donc tu as eu plein de groupes avec de bonnes intentions qui ont explosé en plein vol. Maintenant, ce n’est plus possible, les maisons de disques signent des trucs qui sont bankables et pas des petits groupes coco. Ces groupes là, ils suivent plutôt le schéma classique que nous on a suivi : la scène, je tourne, je fais un max de concerts, puis je vais faire un 45t et un album. Il y a un côté artisanal. Ça permet de ne pas brûler les étapes, de te poser.
Fabrice : On a eu une grande chance avec Frustration. Il y a cinq cornichons dans le groupe, et on a jamais eu de pétages de plombs comme ça a pu arriver chez des groupes d’amis. Personne a voulu faire de carrière solo par exemple. On a tous eu des groupes en dehors de Frustration, finalement tous se sont arrêtés. Personnellement, j’ai participé à deux groupes en 17 ans, les deux se sont arrêtés après quelques concerts et je garde de très bons contacts avec les gars. Ça n’empêche qu’on est plein de défauts, parfois je ne les supporte plus des fois, d’autres fois ils ne me supportent plus.
Fred : Pour la plupart, on est ensemble depuis plus longtemps qu’avec nos compagnes. Finalement, il y a un équilibre de vieux couple, avec ses hauts et ses bas.
Fabrice : Si je sentais le Fab devenir connard, je me rappellerais cette phrase à laquelle je pense toujours : le cadeau est trop beau pour le gâcher. Le truc dont on ne parle pas souvent, c’est qu’on fait tous de la musique depuis qu’on est minots, depuis qu’on a entre 17 et 23 ans. Pour ma part, j’ai commencé à beaucoup tourner avec mon ancien groupe à l’âge de 30 ans. Ce qui nous arrive là, alors qu’on a maintenant tous entre 48 et 54 ans, ça nous arrive tard. A la base avec Frustration, je voulais faire un truc post-punk, cold wave, et jouer 3 ou 4 fois dans l’année. Dans ma tête, c’était mon dernier groupe, j’étais fatigué, je voulais finir le truc, en plus Nicolas avait six autres groupes… Finalement, ça ne s’est pas du tout goupillé comme je le pensais. C’est une chance qu’on a eu, et on ne sait pas ce que demain nous réserve. Après, avec tous les synthés que Junior achète, je pense qu’il va finir comme le batteur de Def Leppard : tant qu’il n’en aura pas tout autour de lui, il ne sera pas satisfait, ce qui augure donc encore deux ou trois albums j’espère. Pour l’instant, chacun a ses qualités, on a tous des moments de stress qui ne tombent jamais au même moment. Moi, je suis super stressé de nature donc dans les moments un peu durs, je prends un peu de recul sinon je fais un ulcère ou j’explose en vol alors qu’eux, en sortie d’album, ils sont flippés. Bref, je pense que les gens nous aiment bien aussi pour notre côté artisan.
Peut-on revenir un peu sur la rencontre avec Sleaford Mods ? Qu’est-ce que ce groupe vous a apporté ?
Il a six ou sept ans, on a fait un concert avec nos copains de Blackmail à Chateauroux ou Laval. Dans une toute petite loge, ils nous passent ça et on se prend une tarte monumentale. Pour la Villette Sonique, les gars ont proposé que Jason vienne chanter sur notre reprise de Tweet Tweet Tweet. Bien que je vois bien les choses venir en général, j’ai pensé qu’il ne voudrait pas, mais il a accepté. Je pense que les gens font bien le rapport entre nous et le côté social et désabusé de Sleaford Mods. Pour le disque, ça s’est fait exactement de la même façon : et si on mettait Jason sur ce passage là ? Jason, est-ce que tu es ok ? On a reçu le morceau trois jours après, félicitations pour les paroles, il en a fait ni trop ni pas assez.
Au delà de la musique, est-ce que vous avez pu partager un peu plus que ces collaborations ?
Fred : C’est hyper compliqué parce qu’ils sont très occupés. Jason a des mômes, il tourne beaucoup… On lui a proposé de venir, de le défrayer, de le loger, de venir un week-end à Paris avec sa femme… Il nous a répondu qu’il aurait bien aimé mais qu’il n’avait pas le temps. Donc, les seules fois ou on a pu discuter, c’était backstage.
Fabrice : Il ne connait pas nos prénoms, à part Mark avec qui il est en contact. Ils ont joué l’année dernière, il y avait dix personnes dans les loges dont nous qui étions cinq. A Rock en Seine, on avait dessiné des bites partout sur leur tente, avec ‘wanker’ écrit partout, il est arrivé en slip en m’accusant, je n’étais pas fier… Voilà, après on est venu à leur concert lundi dernier, il avait oublié de nous foutre des invits. Merci ! (rire).
Parlons un peu de la pochette signée une nouvelle fois par Baldo. C’est important pour vous que chacune soit signée par le même artiste ?
Mark y tient beaucoup, moi non, même si j’adore ce qu’il fait. Je ne suis absolument pas quelqu’un de dépressif, mais je n’aime pas les gros changements. J’ai toujours besoin de m’imposer de grands coups de pied au cul. Après, j’ai beau dire que je ne suis pas content que les pochettes soient toutes de Baldo, j’en suis très rassuré en même temps. De nous cinq, je suis celui qui y attache le moins d’importance mais j’apprécie cette continuité intellectuelle. Il y a une forme de fidélité : Frustration, Baldo, Born Bad…
Justement, comment vous voyez le chemin parcouru main dans la main avec JB ?
Comment ça main dans la main avec JB ? Avec JB, on se sert la main, on se tend la main, mais on a fait plein de groupes qu’il n’a jamais signé, et ce n’est pas un problème. Ce qu’on aime bien avec lui, c’est qu’il ne nous casse pas les couilles, et on ne lui brise pas non plus. Nous sommes amis. On a été le premier groupe signé par JB, et crois moi que tu ne lui fais pas faire pipi dans les buissons s’il n’en a pas envie. Il est toujours cash, il donne son avis… Par exemple, on a enregistré un 45t avec deux titres en français (Autour de Toi, mdr). On lui en parle, il écoute et nous dit : ‘votre morceau sera bien pour les vieux giscardiens qui iront à Vulcania, je ne le sors pas‘. Ça ne m’a pas empêché de dormir. Aujourd’hui, tout le monde lui parle de ce disque, et il a fini par avouer que c’était un très bon 45t. Moi, ça me plait qu’il nous donne son avis. Pour So Cold Streams par exemple, on a du enlever deux titres sur les 11 enregistrés pour des raisons de longueur de face, dont un troisième en français dont il a jugé les paroles trop intimistes. Quelque part, il m’a empêché de tomber dans un truc que je regretterais maintenant…
Pourquoi tu regretterais ça ?
Parce que ce morceau parlait d’une personne avec qui j’avais été, à qui je disais des choses gentilles. Ce qui m’intéresse dans les paroles, c’est que les gens puissent s’y retrouver, pas qu’ils se disent ‘Fabrice Gilbert pense ça’. Si tu prends Too Many Questions, les gens ne s’intéressent finalement pas à ce qui se passe dans ma tête, mais dans la leur. Les morceaux qu’on a évincé n’étaient pas dans ce cas, ils ne parlaient pas à tout le monde.
C’est quelque chose auquel tu fais attention quand tu rechantes en français, sur cet album par exemple ?
Du tout. On est dans le même truc que Sleaford Mods. A vrai dire, Jason m’a comme redonné un coup de fouet dans ma manière d’écrire, il m’a challengé. Quand tu chantes en français, tu es beaucoup plus nu. Dans Empires of Shame par exemple, quand je parle de colonialisme boomerang, cela aurait pu être mal assimilé si cela avait été chanté en français. En anglais, c’est passé sans aucun problème. Inversement, il y a aussi des choses que je ne pourrais pas chanter en français, et ce n’est pas une histoire de cacher quoi que ce soit grâce à la langue.
En quoi Jason t’a redonné un coup de fouet donc ?
Quelque part, j’ai eu un déclic devant cette liberté musicale, puis devant le personnage qu’est Jason qui représentait comme un challenge pour moi. J’ai vu arriver ce mec là, le plus révolté et working class même s’il n’aime pas ce mot, avec un tee shirt infâme et des chaussons de danse plutôt qu’avec un feu de plancher et des Doc Martens… J’ai eu une révélation devant sa maîtrise du fond et de la forme. Je me tarde d’être autant dans le fond que lui. Quelque part, Sleaford Mods s’est avéré être une influence importante dans mon choix de chanter dans ma langue natale sur certains morceaux. Comme le furent Sonic Youth avec les guitares atonales, comme Shellac nous a aussi pété la gueule. Après, on ne fera pas un album entièrement en français.
Photos groupe : Titouan Massé
Photos live : Céline Non
SOUL GLO – 32
Pat : Un groupe de Philadelphie que je viens de découvrir, et qui melange HxC, noise et hiphop. 32 est tiré de leur dernier LP, The Nigga In Me Is Me, titre d’album parfait. Ça ressemble un peu a Ho99o9, en plus underground. J’adore ce genre de groupe qui pioche dans tous les styles avec plein de morceaux différents. Ce n’est pas juste de la fusion dégueulasse.
DIVISION FOUR – I Was Walking
Nicus : Entêtant comme une mélodie de Carlos ou Annie Cordy, dépouillé comme un maraîcher rouennais, répétitif jusqu’à l’exact et parfait moment où tu te dis ‘ok, ça suffit maintenant … mais je vais me le remettre quand même !‘. Pas un accent, pas un relief, la platitude maîtrisée. Superbe.
F. LAMARQUE – Le Temps du Muguet
Pat : C’est une chanson que je fais en balance parfois pour faire ‘marrer’ les autres. Je l’ai apprise au collège, en cours de musique, et je m’en suis toujours souvenu. Maintenant, je la chante à ma fille pour l’endormir. La mélodie est superbe, et il y a une version des Choeurs de l’Armée Rouge trés sympa aussi. C’était la chanson émotion.
SECTION 25 – DIRTY DISCO
Fabrice : Ce morceau est tiré du premier album des mancuniens dont Ian curtis a sorti le premier 45t. Cet album me rend dingue. Je danse souvent tout seul en l’écoutant en entier.
ANNEES ZERO – Ville Morne
Mark : Le premier EP d’Années Zero est sorti l’année dernière. Ils sont de Lille, avec des membres de Traitre et de Kronstadt. Les textes en français sont très bons. Ce groupe incarne parmi d’autres une nouvelle scène mélangeant punk Oi et Hardcore.
BLACK EASTER – What The Fuck
Nicus : Si je n’avais dû faire qu’un morceau, ça aurait été celui-là (à égalité avec le Requiem de Mozart). Ça ne réinvente pas la roue, mais ça pue la rage. Vie de merde, mort de merde.
THE REMAINS – You’ve Got a Hard…
Fred : Ce groupe, et ce morceau notamment, m’ont ouvert de nouveaux horizons au milieu du marasme new-wave des années 80.
THE CHATS – Temperature
Nicus : C’est frais, c’est court, c’est vénère… Une belle montée en intensité. Ce morceau donne envie d’aller faire un stage en Australie.
MARTIN DUPONT – Just Because
Mark : Un titre culte, un classique de la wave française des années 80. Ils sont de Marseille. Tubesque.
LORDZ OF BROOKLYN – L.O.B. Sound
Fabrice : Ce morceaux est extrait du premier album sorti en 1995. C’est un de mes disques préférés pour réparer mes bagnoles. Je ne m’en lasse pas… depuis sa sortie !
CRACK CLOUD – Philosopher’s Calling
Fred : Un synthé joué à un doigt, et un groove à faire danser un mort. Crack Cloud, ce sont de jeunes canadiens très doués.
VIAGRA BOYS – Sports
Mark : Ils viennent de Suède, ont sorti leur premier album l’année dernière, et ça défonce tout. Ce titre est une ôde ‘second’ degré au sport !
EARTH DIES BURNING – Bowling for Food
Pat : J’ai pris une grosse claque quand Mark m’a fait écouté ce groupe, une sorte de Screamers pré-adolescent avec un saxo du début 80. Leur moyenne d’age ne dépassait pas 14 ans a priori. C’est bien barré. J’aimerais tellement découvrir des groupes actuels dans la même veine, avec cette même rage et sincérité.
PUBLIC INTEREST – Design Flaw
Fabrice : Ce sont mes chouchous. Il viennent de Portland. Je peux écouter ce titre 8 fois par jour. Exactement tout ce que je ressens de la vie est dans ce morceau.
INSTITUTE – Dazzle Paint
Pat : C’est le tube du dernier LP, plus punk qu’auparavant. On sent la touche anglaise un peu, ça rafraîchit quand beaucoup de groupes ne ‘font’ que du ‘postpunk’. Les mecs viennent de la scène hardcore, on le sent bien dans les morceaux, ça me parle pas mal.
CONSTANT MONGREL – Experts in Skin
Fred : C’est le dernier 45t sorti par ces australiens. Un tube parfait.
THE BETTER BEATLES – Penny Lane
Mark : Ce morceau est un ovni datant de 1981, signé par un groupe de jeunes américains à la Devo. Cette version est bien meilleure que l’originale !
JOHN CARPENTER – Assulat on Precinct 13
Fred : John Carpenter, c’est le maître absolu. Et le film est un chef d’oeuvre.
Ettab
Posté à 15:36h, 30 avrilMerci pour cet interview à la fois intéressante et complète.