Arthur Satan, la face cachée du diable

Arthur Satan, la face cachée du diable

Effleurer les accents de Marc Bolan, s’adonner à quelques contours grunge, convoquer piano et mellotron : voilà autant d’humeurs et d’incarnations qu’Arthur Satan a fait siennes le temps de sa première escapade en solo sortie chez Born Bad. Chute à la fois libre et maitrisée, So Far So Good reflète une évolution du garage vers les tubes 60’s, à la fois clin d’oeil au passé et amour de toujours.
Autour de ce déroulé logique pour Arthur, gravitent des constantes auquel il n’aura pas dérogé le temps de ce nouveau chapitre : art de la débrouille pour arriver à ses fins, modestie et partage dès lors qu’il s’agit de repenser et de bouleverser ses morceaux pour la scène, et surtout un goût plus que jamais affirmé pour l’indépendance. Celle des moyens, du parcours, à la fois autodidacte et fier. Un modèle quelque part, même s’il s’en défendrait sûrement.
A la croisée de tous ces chemins, il fallait donc l’interrompre durant sa résidence à Angoulême pour entendre et questionner ce que ce musicien toujours en mouvement avait à nous dire sur son parcours, son lien à la pop, et ses envies futures.

Tu as sorti ton premier album solo il y a quelques semaines, et tu es actuellement en résidence. Comment ça se passe ?

Arthur Satan : On se prépare à jouer dans des salles type SMAC, équipées de système. C’est un processus habituel durant lequel on répète le set, les morceaux pour bosser le son. Comme on est un groupe très récent, avec seulement trois concerts à notre actif, on a fait que travailler à l’arrache jusqu’à maintenant. Là, on a eu le temps de peaufiner et d’essayer des trucs sur les morceaux folk qui me font littéralement me chier dessus. Jusque là, on ne jouait pas les ballades du disque parce qu’on avait l’habitude de jouer rock. Maintenant, on adapte avec une guitare folk ou je chante presque tout seul à certains moments.

Être seul sur scène en acoustique, c’est vraiment quelque chose qui t’angoissait ?

Oui. Même quand je fais des trucs dans mon coin, je joue avec des potes. J’adore être entouré mais là, ce sont des trucs tellement calmes que c’est dur de jouer avec tout le monde. Je pense que je vais souvent faire des pains mais ce sera mignon car maladroit. Jouer seul pour moi, ça n’a pas d’intérêt, je déteste ça. Quand j’enregistre seul, je considère ça comme un laboratoire : je mets mes idées en place, j’ai déjà les arrangements dans ma tête, donc ça va très vite. Mais quand il s’agit de jouer de la musique, on devient un vrai groupe, on travaille ensemble, on échange, les autres apportent des idées. Je ne veux pas que les gens viennent aux concerts pour vivre la même expérience que s’ils étaient assis dans leur salon, je veux les surprendre. Puis jouer avec des amis, c’est quand même cool. D’ailleurs, je ne cherche pas forcément des gens qui sont bons mais ceux avec qui je m’entends, vu qu’on va passer pas mal de temps ensemble.

Comment vois-tu déjà évoluer l’album maintenant qu’il prend forme sur scène ?

C’est assez puissant en fait. Ça reste pop mais c’est devenu plus lourd. On a énormément adapté les morceaux. Il y a des trucs qui sonnent un peu à la Crazy Horse, avec des longs solos. On ressent un peu le truc à la JC Satan qui est vraiment notre façon de jouer, notre ADN, et on a du mal à le quitter. Du coup, on a essayé de remettre un peu de dynamique, avec des moments extrêmement calmes avec presque rien. C’est ce qu’on travaille. On a eu de très bons retours suite aux premiers concerts, les gens ne s’attendaient pas à quelque chose de puissant comme ça.

Est-ce que le challenge est aussi de ne pas trop se rapprocher du son JC Satan ?

Pour que ce soit bien pour tout le monde, c’est à dire le public et nous, il faut que ça reste naturel. Si on se force, ça devient posé et moins communicatif. Je ne veux pas que le public ait l’impression de voir un spectacle, je veux qu’il ressente aussi ce qu’on ressent sur scène. Parfois, lorsqu’il y a trop de travail ou que le morceau est trop complexe, il nous arrive de simplifier pour rester proche des gens. Ca arrive beaucoup dans la variété. Des artistes se mettent au dessus des gens qui les regardent, en voulant les bluffer. Je préfère ceux qui apprécient de se mêler à eux, qui gomment les distances. C’est comme avec les musées d’art contemporain : des gens n’osent pas y entrer parce qu’ils s’y sentent cons, parce qu’ils croient être bêtes à ne pas comprendre le sens de quelque chose. Lors de certains concerts, tu as vraiment l’impression qu’on parque les gens pour leur faire admirer un artiste sans les laisser se questionner sur la manière dont s’est fait, sur le pourquoi du comment. Moi, j’aime qu’on voit les ficelles. On s’amuse sur scène, on est potes, on sourit tout le temps, on regarde les gens… Il y a ce naturel agréable, une certaine nonchalance, et je suis assez content de ça. Je n’aime pas les gros concerts, les très gros festivals. Quand tu arrives avec tes costumes, ta mise en scène, tes danseurs, tu es obligé de faire constamment la même chose sur scène, tout est millimétré. Ça doit être dur de s’amuser dans ces conditions. Je suis un peu con avec mes théories, mais c’est comme ces artistes qui sont toujours beaux en photo. Pour moi, ce sont souvent des gens qui ne le sont pas assez dans leur musique. Quand tu es à fond dedans, tu finis toujours par crier, par avoir une tête de noeud toute rouge…

Tu as des exemples de groupes qui t’ont marqué dans ce genre de contexte, qui ont réussi à laisser parler leur spontanéité ?

Il n’y en a pas tant que ça. J’ai bien aimé Parquet Courts. C’était marrant, ils avaient l’air de ne pas être à leur place et pourtant le concert était super. Tu te sentais presque dans leur salon à certains moments alors que tu étais entouré de 5000 personnes. Mac Demarco aussi est super fort pour ça. Il discute, il s’amuse, il prend plaisir, il ne se contrôle pas… Ça me rassure les gens comme ça. On fait juste de la musique, et il n’est pas normal de trouver normal qu’on nous accorde un tel statut.

Tu as déjà ressenti ça avec JC Satan ou pas du tout ?

Non, on a jamais eu de succès. On a gagné un certain respect de par notre façon de faire de la musique, de par certains concerts qu’on a fait. On nous connait mais dans un milieu très restreint. Moi, je suis toujours une tête de noeud au RSA qui dessine chez lui. Je ne suis pas attiré par ça, je suis bien tranquille dans mon coin. On verra, peut être que je deviendrai un gros con si ça marche. Là, tu pourras écrire que je suis un gros taré d’avoir dit tout ça. (rire).

Cet album, c’est ton rapport à la pop, une mise en lumière de ta vision du genre ? Comment s’est construit ce projet solo ?

Je n’avais jamais imaginé faire un album solo, y compris quand j’ai composé ces morceaux. Je ne m’arrête jamais d’écrire, je suis tout le temps en train d’enregistrer, et je déteste garder des choses dans mon ordinateur. Tant que ce n’est pas sorti, tu peux toujours retoucher quelque chose, et je déteste ça. J’aime quand les choses s’arrêtent et qu’on passe à autre chose. Là, j’étais vraiment content de cette série de morceaux, j’ai pris du plaisir à la faire, j’aimais bien l’écouter. Du coup, je les ai tous arrangés dans le même esprit, je suis allé dans ce truc sixties, et je ne me suis dit qu’à ce moment là que je pourrais peut être en faire un album. J’ai appelé JB de Born Bad, et s’il m’avait dit non, je les aurais mis sur internet, je m’en foutais. Je n’aurais même pas cherché de label.

Tu parles d’une orientation sixties. Qu’est-ce qui a été déterminant dans ta volonté d’aller dans cette direction ?

C’est juste naturel ! Ce n’est pas si sixties que ça. Les gens disent ça parce que j’ai beaucoup parlé de références de cette époque, mais quand tu écoutes, c’est relativement moderne. Je n’ai pas essayé d’enregistrer avec un style sixties. Je dirais plutôt que c’est présent dans le style d’écriture, dans la façon de composer les morceaux. L’ambition dans les arrangements, cette façon de quitter la notion d’un riff = un morceau. Parfois un riff, ce n’est rien, et c’est la façon dont tu l’habilles qui crée tout. Ca se faisait beaucoup chez les Beatles ou les Kinks qui brodaient leurs idées autour de quelque chose de simple. J’avais envie de travailler sur ça : j’écrivais instantanément des arrangements, plutôt que des riffs.

Et c’est quelque chose de différent comparé à ce que tu faisais avant ?

Ce n’est pas différent, c’est une évolution naturelle. Ça fait 15 ans que je compose. Au début, comme tout le monde, je trouvais un riff de guitare, je posais un lead, je chantais dessus et ça faisait une chanson. Aujourd’hui, j’ai un peu fait le tour de ça, ça ne fonctionne plus, je fais différemment. Parfois, c’est désormais un son – une fuzz, un synthé, des choeurs ou même une ambiance – qui va m’inspirer un riff. Je pense les morceaux d’une manière un peu plus riche, je m’attarde moins sur l’envie d’écrire trois accords bizarres. Sur cet album, c’est deux accords, les plus simples du monde, ceux que tout le monde a joué. La différence, elle se fait sur ce que j’y ajoute jusqu’à ce que ça ne ressemble plus à quelque chose de standard. Aujourd’hui, les orchestrations et leur pouvoir de transformation m’attirent, et cette approche m’a donné des idées que je n’aurais pas eu autrement. Certains morceaux n’ont quasiment pas de guitare par exemple, ce qui est incroyable en ce qui me concerne.

Tu as fait du bricolage en fait ?

Je suis guitariste mais ce n’est pas la guitare qui m’inspire. Parfois, je fais trois notes de piano, et ça me donne plein d’idées, parce que je ne suis pas habitué à ce genre de son, et donc je suis plus dans la découverte et la curiosité. Je sais quoi faire avec une gratte et donc j’ai des automatismes alors que je n’en ai pas avec les autres instruments. J’ai donc dû trouver des méthodes. Par exemple, vu que je ne sais pas jouer de piano des deux mains, je me suis entrainé plusieurs jours de suite à la main gauche jusqu’à avoir l’automatisme, puis même chose à droite avant de rassembler les deux pour faire un piano entier.

C’est ta période rock de papa finalement ?

C’est ce que je n’arrête pas de dire oui… Je suis étonné que les gens veuillent encore écouter de la musique de vieux. Non mais, il y a ce truc dans la musique qui fait qu’on apprécie toujours plus les premiers albums des groupes, puis ensuite on trouve qu’ils en font trop. Ou alors ils commencent en indé, puis on les jugent trop connus. Je pense qu’il y a toujours un public parce que le musicien a toujours envie d’aller voir un peu plus loin. Qu’on n’ait pas envie de le suivre, c’est autre chose. Peut être qu’on arrivé à ce moment là : les anciens, qui préféraient le garage de JC Satan, vont peut être nous trouver un peu chiant. Mais ce qui est cool, c’est que notre musique s’ouvre à d’autres gens. C’est agréable d’avancer, de ne pas rester coincé. Je connais peu de groupes qui n’ont jamais fait ça. Même des Jay Reatard, Oh Sees ou Ty Segall finissent toujours par mieux enregistrer. C’est un processus naturel : si tu es curieux en musique, c’est logique d’évoluer.

C’est vrai qu’on regrette toujours un peu la spontanéité des débuts d’un artiste… Mais ça ne peut pas être un reproche tant ça ne se rattrape jamais.

Oui puis je trouve ce genre d’expression un peu galvaudé. La spontanéité, ça veut dire quoi ? Parce que le groupe a fait à l’arrache et sans moyen ? Tu peux écrire très spontanément des morceaux. Il y a des titres du disque que j’ai écrit entièrement et enregistré en une journée. Et je ne retouche jamais rien, donc c’est finalement assez spontané aussi. J’ai fait l’album en quelques semaines, il est sorti à l’arrache, entre deux albums Born Bad parce que ce n’est pas trop son style de musique à la base… Finalement, il en a vendu pas mal. C’est bizarre parce qu’il y a eu de l’argent de dépensé, du travail effectué, mais cet album est tout aussi spontané que d’autres qu’on a fait avec JC Satan ou autres.

Tu parlais des Beatles et des Kinks. Il y a d’autres artistes de cette époque qui sont importants pour toi ?

Il y en a qui me fascinent toujours dans leur façon d’écrire. Kevin Ayers par exemple. Des mecs qui sont un peu les seconds couteaux de cette époque alors qu’ils avaient pléthore d’idées incroyables dans chaque morceau. Ce sont un peu des laborantins de la musique qui ont sacrifié le single pour défricher. Ils inspirent de par leur méthode d’écriture. Ils sont avides de notes, de textures, de découvertes de sons. Les Beatles et les Kinks y arrivaient en multipliant les tubes, et puis tu as des mecs qui sont allés un peu plus loin, avec moins de moyens. Nous, on est aussi des seconds couteaux aujourd’hui : on ne sera jamais connu mais on continue d’avancer, avec ce qu’on a, en toute indépendance.

Et quel regard portes-tu sur les anciens qui sont toujours là, comme Bob Dylan ?

Je ne suis pas très Bob Dylan, il me fatigue un peu. Sans vouloir adopter un discours passéiste, j’avoue que plus on complexifie le travail dans la musique, moins elle est bien. Les tables de mix deviennent trop compliquées par exemple. Avant, elles avaient cinq boutons et on n’a toujours pas réussi à sortir des chefs d’oeuvre comme les Beatles ou Kinks ont pu en faire. C’était plus simple, plus direct, les choix étaient plus faciles à faire. Quand ces mecs comme Dylan reviennent aujourd’hui, ils perdent la force de leur son, leur impact, les petits défauts qui faisaient leur charme. C’est comme les vieux qui essayent de continuer à être jeunes. Quand on a joué avec les Stooges avec JC Satan, j’ai trouvé ça un peu pathétique. Tu es content de voir le mec qui s’amuse, mais il faut accepter sa vieillesse et faire la musique qui correspond à son âge, ou à peu près. Je ne pense pas que j’aurai envie de faire du garage quand je serai vieux parce que je n’aurai plus l’énergie pour y mettre de la qualité. Par contre, je serai sûrement plus apte à faire des trucs folk. Il faut laisser la place au naturel, ne pas faire quelque chose de sportif si tu es fatigué (rire). C’est un avis, pas une critique, chacun fait ce qu’il veut.

Parlons un peu de ta voix qui se module davantage sur cet album. Difficile en ce qui me concerne de ne pas penser à T-Rex sur She’s Hotter Than The Sun, il y a des effluves de grunge sur Summer… Te-sens tu plus libre sur ce point ?

Je suis un fou d’harmonie. Je ne suis pas un grand chanteur, mais j’arrive à harmoniser mes mélodies assez naturellement. Dans Satan, on gueulait plus. Là, j’ai découvert ce que je pouvais faire avec ma voix. C’est dur quand on ne s’assume pas chanteur, mais j’ai essayé de mettre un peu de théâtre dans ma voix. Les Kinks faisaient ça par exemple, et aujourd’hui on est un peu timide avec ça, on s’attache plus à chanter correctement, avec efficacité. Eux chantaient comme s’ils incarnaient un personnage, et ça donnait beaucoup de dynamique aux morceaux. Ça fait peur, on se sent ridicule, mais j’avais envie d’apprendre à faire ça parce que ça peut donner de grandes chansons. Je découvre tout ça, mais c’est super agréable.

Le fait d’avoir enregistré en solo a peut être facilité la chose, non ?

Oui peut être, mais maintenant je vais le faire en concert donc ça va me sevrer. Je suis pas trop flippé à la base pour le live, mais c’est nouveau parce qu’on entend beaucoup de choses. Avant, tout était masqué par le bruit. Là, je suis plus à nu, du coup c’est important de mieux habiter les choses, et de théâtraliser un peu. C’est amusant en plus, mais un peu flippant (rire).

Maintenant que la vie reprend un peu partout, comment vois-tu la vie culturelle à Bordeaux ? L’émulation est-elle la même qu’il y a quelques années ?

La ville a tué sa culture indépendante. Les salles ont été fermées, on n’a plus rien. Par contre ce qui est assez beau à Bordeaux, c’est qu’il y a constamment des scènes, des groupes, et des gens pour composer. Nous, on est un peu plus vieux donc on a nos automatismes, on a beaucoup tourné, on a notre réseau en France et en Europe, et on n’a pas forcément besoin de Bordeaux pour avancer, d’autant que je n’ai jamais prétendu représenter une ville ou quoi que ce soit. Pour nous, ça reste assez facile de donner l’image d’une ville qui bouge parce qu’on va un peu partout. Aujourd’hui, il y a des jeunes comme TH Da Freak qui prennent la relève, qui se bougent tout le temps cul, qui créent des labels, qui aident plein de gens, qui multiplient les initiatives. Il faut compter sur cette nouvelle génération, mais le problème reste qu’elle n’a pas de salle pour jouer. Il n’y a plus de cave, plus de club, c’est dramatique, et la ville s’en fout. Bordeaux est en pleine gentrification. Du coup, avec Dorian de JC Satan, on a acheté une baraque à la campagne pour que dalle, et on va y construire un studio. Si je peux partir vivre là bas, je vais le faire, je n’ai plus d’intérêt à rester ici.

En parlant d’indépendance, c’est quelque chose qui te tient à coeur ? J’imagine que tu as du être sollicité par de plus gros labels durant ta carrière…

Je ne veux pas convaincre parce que les gens font ce qu’ils veulent mais c’est important que les jeunes qui font de la musique l’entendent. L’indépendance n’est pas un milieu, ce n’est pas l’underground. Être indépendant, c’est être sûr de pratiquer comme on le veut, et ça implique de faire beaucoup de choses soi même. C’est pour ça qu’on aime enregistrer nous-mêmes. Quand on fait des disques, on les propose finis au label. On laisse à personne le choix de notre musique. Nous contrôlons notre plaisir de créer, parce que c’est intime. Je ne demande pas aux gens de rester constamment dans leur coin, mais dès que tu es reconnu, tu rentres dans des machines plus grosses et l’important reste d’y survivre. Quand on a cette éducation, on s’en sort mieux par la suite, on ne tombe pas dans les griffes du marché de la musique, de la variété. Cette façon de faire nous protège contre ce qu’on aura à affronter après. Ce n’est pas être con de prendre son temps et d’acquérir de l’expérience. On ne peut pas laisser les gens nous dominer.
Avec JC Satan, j’ai rencontré des directeurs artistiques de gros labels et les discussions m’ont déplu. Bien qu’ils nous aient vus en concert, ils orientaient instantanément le groupe vers quelque chose qui ne lui ressemblait pas, parce qu’ils voyaient du potentiel dans les ballades alors que nous, on voulait faire du rock et qu’on rendait volontairement nos ballades plus puissantes. C’était pathétique, malsain. Si tu aimes quelqu’un, tu le prends tel qu’il est et tu n’essayes pas de la façonner. C’est un non sens, un label est censé accompagner un artiste qui l’a fasciné. Il faut de l’expérience pour répondre à ce genre de chose, pour cerner rapidement à qui tu as à faire. On a déjà rencontré des gens qui se sont laissés charmer et qui sont passés à la trappe. Là, quand tu t’es fait une idée d’une réussite potentielle, c’est dur de retomber dans l’anonymat. Moi, j’aime être un anonyme qui est toujours là. On ne sera jamais reconnu mais ce qu’on fait est pérenne, des salles sont toujours prêtes à nous faire jouer, restent curieuses, et c’est l’essentiel. Pas besoin de faire un coup d’éclat pour aussi vite disparaitre.

Quels sont tes projets au delà d’Arthur Satan en cette rentrée, et même un peu plus tard ?

Là, on va beaucoup jouer en 2022. J’ai aussi d’autres groupes, enregistré d’autres disques. Avec des membres d’Arthur Satan, on joue aussi au sein de Desdemona qui sortira peut être son album en janvier. Je joue aussi avec Mandango qui est hyper bourrin et qui pourrait sortir en 10’’ via des potes aux Etats Unis. Je ne m’arrête jamais de toute façon. Tant que j’ai des idées, je les enregistre. Il faudra combiner tout cela… Puis j’aimerais faire un dernier album de JC Satan…

Tu sais déjà que ce sera le dernier ?

Bah, je trouve qu’on a fait le tour et si je continuais à enregistrer pour JC Satan, ça aurait tendance à maintenant virer naturellement vers Arthur Satan. Il faut savoir s’arrêter pour ne pas devenir des vieux qui ne soient plus capables de faire ce qu’ils faisaient auparavant. Je suis prêt à monter un autre groupe, avec les membres de JC Satan, mais pour faire autre chose. L’idée de clôturer quelque chose te lance dans une autre dynamique, plus saine. Il faut que j’en discute avec les autres parce que je ne vais bien sûr pas décider tout seul. Mais mieux vaut s’arrêter quand on est content de ce qu’on a fait, plutôt que quand on doute.

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