Adrien Durand dévoile sa loser playlist, so why don’t you hear it ?

Adrien Durand dévoile sa loser playlist, so why don’t you hear it ?

Cela fait quelques années maintenant qu’Adrien Durand, sous sa casquette de journaliste, prend plaisir à coucher sur papier son opinion sur des sujets divers et variés. Sous l’égide de son projet d’édition indépendant Le Gospel, le bordelais soigne plus que jamais la forme depuis qu’il a lancé Le Gospel de Poche, petit nom donné à la branche livre de son activité via laquelle il signait il y a quelques mois le petit mais convaincant Je n’aime que la musique triste : 120 pages au cours desquelles il cumulait ses souvenirs et réflexions pour célébrer notre lien émotionnel et animal à la musique.

Fort de ce petit succès encourageant, il remet le couvert à l’occasion de la sortie de Je suis un loser baby, en finir (ou pas) avec les années 90. Un titre qui réveille instantanément la nostalgie de ceux qui ont fait leur culture musicale au cours de cette décennie passionnante, même si le sujet va au-delà en s’alimentant principalement des questions existentielles de son auteur. Car au fil de ces 17 textes courts, Adrien Durand tente d’éclaircir la subjectivité qui règne autour de la notion de réussite, différente selon chacun malgré le diktat d’une société actuelle qui fait tout pour l’uniformiser. La sienne – de notion – a forcément été formatée plus ou moins volontairement par le contexte dans lequel il a grandi, au fil de ces années 90 qui ont vu parmi les plus grands losers élevés au rang de mythe, devenus ‘des phares et des leaders dans notre vie’.

Ses pensées, on vous laisse aller les découvrir au sein du livre disponible depuis ce 1er juillet en suivant ce lien, et figurant parmi les lectures que l’on vous conseille ici pour cet été. En parallèle, on a demandé à l’intéressé de nous ouvrir sa discothèque et de nous en parler, plus précisément des morceaux qui ont accompagné ses récentes réflexions.

PLAYLIST COMMENTÉE

BECK
Loser

C’est le morceau qui (évidemment) m’a donné l’idée de ce nouveau recueil de textes. J’ai grandi avec cette esthétique de la lose revendiquée, de l’anti-ambition (au moins apparente) de toute la génération grunge, lo fi, slacker, et j’ai essayé de confronter cet héritage avec l’époque actuelle très versée dans une envie assumée de faire du blé et écraser les autres. Un peu comme dans Je n’aime que la musique triste, j’avais envie de démonter à la fois la contre culture avec laquelle j’ai grandi, raconter la perte des illusions adolescentes, et montrer qu’on n’est pas obligé de se faire rouler dessus par les travers de l’industrie musicale et du monde contemporain.

CIBBO MATTO
Sugar Water

J’adore ce groupe qui était signé sur Grand Royal, le label des Beastie Boys. C’est la grande époque des tentatives de crossovers : boîte à rythmes, hip hop, pop, electronica (je citerais aussi Cornelius, Buffalo Daughter et évidemment les Beastie Boys, Dust Brothers et co… dans ce créneau là). Un moment très stimulant dans la musique, avec des groupes qui ont clairement annoncé – avec beaucoup d’avance (et sans Internet) – l’explosion actuelle des esthétiques et des chapelles musicales.

LOW
Words

La grande grande époque de Low et du slowcore. Je trouve vraiment géniale cette idée de ramollir la musique au maximum, sortir des diktats de la radio, de l’idée de devoir danser ou ‘s’éclater’ en musique. Un peu comme certains l’ont fait avec le cloud rap. Si j’étais producteur de rap, je samplerais ce truc direct.

CRACKER
I Hate My Generation

L’archétype pour moi du single grunge MTV avec son slogan hyper premier degré, mais bon ça marche à fond. Le clip ressemble presque à une parodie de l’esthétique post In Utero. J’aimerais bien que quelqu’un fasse un long métrage dans ce délire (et non Under The Silver Lake ne compte pas).

GETO BOYS
My Mind Playing Tricks On Me

Je ne parle pas beaucoup de rap dans ce nouveau recueil étrangement, alors que c’est une musique que j’ai énormément écouté. Mais il y a un petit truc sur Geto Boys, groupe essentiel. La pochette de We Can’t Be Stopped m’avait énormément marqué quand je l’avais découvert avec le MC sur le brancard dont on n’a jamais su s’il s’était tiré une balle dans la tête ou si sa copine avait essayé de le tuer.

BEN LEE
I Wish I Was Him

Un morceau écrit par Ben Lee quand il avait 12/13 ans où il raconte qu’il rêve d’être Evan Dando des Lemonheads (qui est dans le livre d’ailleurs). Dans l’écriture, j’aime beaucoup jouer avec les musiciens comme s’ils étaient des personnages de fiction, et raconter la musique comme on écrirait un roman ou un scénario de film. Il y a une cover de ce morceau par Kathleen Hanna qui existe étrangement.

REM
Circus Envy

Je me fais toujours bâcher quand je dis qu’un de mes disques préférés est Monster de REM. Mais bon j’assume :). Un des meilleurs groupes du monde, un des meilleurs disques du monde. Point.

PATTI SMITH
Smells Like Teen Spirit

J’ai une sorte de rapport d’amour-haine avec Patti Smith (comme je l’avais raconté dans Je n’aime que la musique triste). Mais j’aime beaucoup cette cover de Nirvana. (Il y a aussi une très belle cover de Something In The Way par Tricky).

KORN
Blind

On oublie à quel point ce groupe a été important. C’était vraiment dingue de se prendre cette esthétique de white trash un peu gangsta qui faisait du métal ultra sombre en pleine gueule à 13/14 ans. Comme je le dis dans le livre, Jonathan Davis a vraiment été le Kurt Cobain des gens comme moi qui avait raté la grande époque de Nirvana.

SEBADOH
Prince-s

Pourquoi ce groupe n’est-il pas devenu plus connu ? Harmacy est pour moi un des meilleurs disques rock de tous les temps. Il est bourré d’idées et de culot (il commence par un slow très déprimé), les sons de guitare et de la batterie sont formidables. Lou Barlow est un chanteur exceptionnel. Vive lui.

WEEZER
Jamie

En voilà un groupe avec lequel il est compliqué de vieillir ! Mais en même temps, la trajectoire de Weezer incarne hyper bien une sorte d’obsolescence de la vision ‘alternative’. Un prisme très cool pour examiner nos contradictions.

TEAM DRESCH
Fagetarian & Dyke

J’ai découvert ce groupe il n’y a pas longtemps. J’aime beaucoup ce truc emo un peu grunge. Des fois, on dirait le Deftones de Adrenaline en plus lofi. Super disque.

BACHELOR
Stay In The Car

J’aime bien les jeunes groupes qui reprennent un peu l’héritage 90’s en ce moment, surtout les projets menés par des femmes comme Snail Mail ou Soccer Mommy. J’ai écouté ce morceau en boucle en écrivant un des textes du nouveau recueil.

JON HASSELL
Fascinoma

Ce disque n’a pas grand chose à voir avec les 90’s mais je l’écoute beaucoup en écrivant. Je pourrais monter un label simplement pour le rééditer. Hands In The Dark, si vous lisez ça, exaucez mon vœu.

SNEAK PEEK
Violence of Your Eternal Love

Sneak Peek est un duo parisien avec lequel je travaille depuis quelques années. Je leur ai trouvé l’étiquette ‘grunge digital’ qui leur va bien je trouve. Ils ont la même vision de la musique que moi, à la fois très ouverte et très obsessionnelle.

BOARDS OF CANADA
Music Has The Right to Children

Désolé, je n’ai pas réussi à choisir un seul morceau. Je devais écrire sur ce groupe, et puis finalement je l’ai coupé au montage. Boards of Canada est un groupe qui me fascine, et je suis super heureux de voir que les jeunes générations s’emparent de cette influence.

VINCENT GALLO
When

When est un des disques les plus importants de ma vie et un mystère total. J’aime beaucoup qu’il n’y ait pas vraiment eu de suite, que Gallo n’ait pas poursuivi sa carrière de musicien. Cela laisse l’impression d’une fulgurance inexpliquée. J’adorerais écrire un livre sur lui s’il était un peu moins con en ce moment. J’y viendrais peut-être quand on lui enlèvera l’accès aux réseaux sociaux.

BURNING HEADS
Gigi Pirate

On m’a beaucoup dit que je n’écrivais que sur des groupes US, ce qui est vrai et assumé. J’avais envie de finir cette sélection par les Burning Heads, que j’ai beaucoup vu en concert dans les 90’s, à l’époque où on avait le choix entre Mass Hysteria et Noir Désir dans la ville où j’habitais. Ils me donnaient un peu d’espoir sur ce que pouvait être la musique en France. Je suis retourné les voir il y a quelques années avec Adolescents, et c’était toujours aussi bien.

PLAYLIST

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